Martin Drolling

Martin Drolling[1], né le à Oberhergheim (Haut-Rhin), et mort à Paris le , est un peintre français de portraits et de scènes de genre.

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Martin Drölling
Naissance

Oberhergheim (Haut-Rhin)
Décès
Nom de naissance
Martin Drölling
Nationalité
Activité
Formation
École des beaux-arts de Paris (depuis le )
Élève
Lieux de travail
Enfants

Biographie

D'origine alsacienne, Martin Drolling naît dans une famille nombreuse dont le père, Martin Drölling, clerc du tabellion local, a épousé Catherine Schobler. Il découvre la peinture par hasard et décide d'en faire l'apprentissage. Malgré quelques réticences, son père signe le contrat pour quatre années avec un peintre local. Un conflit éclate bientôt entre le maître et l'élève qui n'a plus rien à apprendre de son patron. Il le quitte pour poursuivre son apprentissage à Strasbourg où il partage l'atelier avec le peintre Maratti.

Il s'installe à Paris, où il entre à l'école des beaux-arts le [2]. Il obtient un contrat chez un marchand qui lui offre 30 sous par tableaux. Lorsqu'il achève sa formation artistique vers 1780, il épouse Madeleine Welker, qui meurt peu après[3].

Il se remarie le avec Louise Elisabeth Belot[4], fille d'un marchand de couleurs pour peintres, avec laquelle il a trois enfants. L'aîné, Michel Martin Drolling, naît en 1789 et sera également peintre. Le deuxième, Marius, naît le . Sa benjamine, Louise-Adéone Drölling, dite « Madame Joubert », naît en 1797[5] et deviendra elle aussi peintre.

Le couple emménage rue de Seine. Il reçoit les conseils d'Élisabeth Vigée Le Brun qui l'emploie comme assistant pour la peinture d'objets dans ses toiles. Elle le présente à Jean-Baptiste Greuze. Il montre de l'habileté pour les scènes d'intérieur, les copies et les portraits.

Il commence par travailler à la manufacture de Dihl et Guérhard, dite aussi manufacture du duc d'Angoulême, au 22 rue de Bondy (actuelle rue René-Boulanger) à Paris 10e arrondissement[6], dans l'ancien Hôtel de la marquise de Ferrières. C'est là qu'il rencontre Alexandre Brongniart, nommé directeur de la manufacture nationale de Sèvres en 1800.

De 1802 à 1813, il œuvre en qualité de peintre-décorateur à la Manufacture nationale de Sèvres. Son épouse meurt en , il élèvera seul Michel-Martin et Louise-Adéone, alors âgés de 14 et 6 ans.

Il lutte toute sa vie contre la pauvreté. En 1816, il met un tableau en loterie pour payer son logeur[7]. Il meurt à Paris le , à quelques jours de l'ouverture du Salon qui verra la foule se presser - enfin ! - devant ses tableaux.

Légende des « cœurs des rois »

Martin Drolling est associé à une légende selon laquelle le peintre aurait acquis 45 cœurs de la maison de France (récupérés dans le cadre de la Révolution française) aux côtés d'un autre peintre avec la réalisation de brun momie comme objectif. Le pigment obtenu par Drolling aurait notamment été utilisé pour l'Intérieur d'une cuisine. La légende tire potentiellement son origine de déclarations d'un homme nommé Schunck, rapportées par G. Lenotre le dans Le Temps. La légende n'est cependant pas avérée[8].

Œuvres

Dessins, aquarelles

  • Portrait de sa femme et de son fils Michel-Martin, dessin, musée Magnin, Dijon

Peintures

Portrait de la fille de l'artiste, musée Magnin, Dijon.

Peintures sur porcelaine

  • Vers 1800, Une nymphe et un Amour, assiette en porcelaine, montée en tableau connue par l'inventaire après décès de Dilh qui l'avait chez lui.
  • 1800, Portrait de Dihl, peinture sur porcelaine dure, production de la manufacture de porcelaine Dihl et Guerhard[16], musée national de Sèvres.
  • Avant 1812, Service à thé qui figure sur le portrait qu'il a fait de sa fille en 1812 conservé au musée des beaux-arts de Strasbourg.
  • 1812, Barbier Égyptien, assiette en porcelaine, datée de 1812 mettant en scène trois personnages (deux hommes et un enfant), sujet copié d'après une œuvre de Dominique Vivant Denon, musée national de Sèvres.

Salons

Collections publiques

Correspondance

Une partie de sa correspondance, est conservée au département des arts graphiques du Musée du Louvre, principalement les lettres qu'il adresse à son fils Michel-Martin et à sa fille Louise Adéone soit 28 lettres autographes à son fils Michel-Martin et 37 lettres de Michel-Martin à son père au cours de son séjour à Rome entre 1811 et 1816. Cette correspondance, augmentée de plusieurs lettres conservées par les descendants du peintre, a été déchiffrée par Carole Blumenfeld et publiée en 2009 dans le Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français.

Élèves

Référence dans la littérature

Balzac le mentionne pour illustrer le raffinement du corsaire qui a enlevé la fille du Marquis d'Aiglemont dans La Femme de trente ans : « on voyait çà et là des tableaux de petite dimension, mais dus aux meilleurs peintres : […]un Gérard Dow éclipsait un Drolling »[13],[17].

La légende des "cœurs des rois" est également reprise dans un roman Isabelle Duquesnoy, L'Embaumeur Ou l'Odieuse confession de Victor Renard - Édition La Martinière (ISBN 978-2-7324-8354-2).

Notes et références

  1. Son nom s'orthographie également Drölling. En allemand le « ö » se prononce « eu », il signe d'ailleurs parfois Drelling.
  2. Laetitia Levrat, op. cit., p. 14
  3. Laetitia Levrat, op. cit., p. 15.
  4. Née en 1761.
  5. Elle épouse en premières noces l'architecte Pagniere, et en secondes noces M. Joubert. Elle est l'une des rares peintres femmes de son époque. Ses œuvres sont conservées aux musées des Invalides, Carnavalet, et Saint-Louis dans le Missouri).
  6. Régine Plinval de Guillebon, op. cit, p. 136 : « Dihl & Guérhard avait fait l'acquisition d'un quadrilatère inclus dans la rue du Temple, rue Meslay, Bd Saint-Martin »
  7. Lettre à son fils le , conservée au Musée du Louvre, département des arts graphiques.
  8. Læticia Levrat, Martin Drölling (Bergheim 1752-Paris 1817) : un état de la question, (lire en ligne), p. 44.
  9. en, « Joseph Merceron, avocat au Parlement de Paris [Joseph Merceron, lawyer to the Paris Parliament] », sur National Gallery of Australia (consulté le ).
  10. Martin DROLLING, « Baptiste aîné », notice de l'œuvre, sur Base La Grange - Comédie-Française (consulté le )
  11. date connue par la lettre à son fils datée du 11 mars 1813 conservée au département des arts graphiques, Musée du Louvre
  12. « Intérieur de Cuisine », sur Notice du Louvre (consulté le )
  13. Françoise Pitt-Rivers, Balzac et l’art, Paris, Sté Nelle des Editions du Chêne, , 159 p. (ISBN 2-85108-799-1), p. 100
  14. Œuvre aujourd'hui disparue dont il ne reste qu'une gravure. Elle fut considérée par la critique comme étant son œuvre la plus aboutie.
  15. Dont le glacis aurait été réalisé à partir de mummie, substance à base de cœurs de souverains acquis par Louis François Petit-Radel, selon une légende née sous la plume de Lenôtre en 1905 et démontée en 1957 par Suzanne Dagnaud, que cite Laetitia Levrat]. Sources : André Castelot, L'Histoire insolite, Paris, Perrin, , 427 p. (ISBN 2-262-00248-7), p. 171
  16. C'est par erreur que la RMN attribue ce portrait au fils de Martin qui n'avait que 11 ans à cette date. Voir Régine Plinval de Guillebon, op.cit, p. 298.
  17. Honoré de Balzac, La Femme de trente ans (lire sur Wikisource), « Les Deux Rencontres ».

Source et bibliographie

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • Laetitia Levrat, Martin Drolling thèse , 2009-2010.
  • Sur la famille Drölling, on consultera Le Nécrologe Universel du XIXe siècle, dirigé par E. de Saint-Maurice Cabany, t. 6, Paris, 1851, p. 291-298. [lire en ligne]
  • Dictionnaire Bénézit
  • Léonce Bénédite, Histoire des Beaux-Arts 1800-1900, éd. Flammarion, s.d. [1909].
  • Edmond Bapst, Un enfant de Bergheim, Martin Drölling, La Vie en Alsace, 1934.
  • Isabelle Blondé, « Martin Drolling, Droelling, Der(l)ing (dit le Vieux) », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 8, p. 699
  • Denis Lecoq, Drölling Martin
  • Gérard Lemaire, Histoire du Salon de Peinture, éd. Klienksieck, Paris, 2004.Mémoire de maîtrise en histoire de l'art, Université de Strasbourg, 1982.
  • Edouard Charton, Le Magasin pittoresque de 1899 (BNF Gallica), vol.17, no 67, p. 92-93.
  • Collectif, Encyclopédie des gens du monde, répertoire universel des sciences, des lettres et des arts. Salon de 1798, article sur Martin Drolling, Paris, Librairie Treuttel & Wurtz, 1837, vol.8, p. 594.
  • Louis Desiré, L’Intérieur d’une cuisine, dans Le Magasin Pittoresque, 1999, vol. 17, no 67. p. 92-93.
  • André Girodie, La noce de village de Martin Drölling , dans les Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 12e année, Paris, Strasbourg Istra, 1933, p. 123-128.
  • Frère Édouard Sitzmann, « Martin Drölling », Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Paris, Édition du Palais Royal, 1909, T.I, p. 402.
  • Marcelle Brunet, Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, Office du livre, 1978, p. 256.
  • Régine Plinval de Guillebon, Faïence et porcelaine de Paris, XVIIIe - XIXe siècle, Dijon, Éditions Faton, 1995, p. 95-97-135-137.
  • Jean-Louis Schlienger, Drölling: le peintre du clair-obscur dans Saisons d'Alsace, 2004, p. 88.
  • Carole Blumenfeld, « Les conseils avisés d'un peintre à son fils : la correspondance entre Martin Drölling (1752-1817) et Michel-Martin Drölling (1786-1851) », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, Année 2009, p. 279–333
  • Ressources relatives aux beaux-arts :

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