Massacre de Ballymurphy

Le massacre de Ballymurphy désigne la mort de onze civils causée par le régiment de parachutistes de l'Armée britannique  à Belfast, en Irlande du Nord, entre le 9 et le , au cours de l'Opération Demetrius. Ce massacre est aussi appelé Belfast Bloody Sunday, en référence à un autre massacre de civils par le même bataillon, quelques mois plus tard.

Massacre de Ballymurphy

Un mural de Belfast rend hommage aux victimes du massacre

Date 9-11 août 1971
Lieu quartier Ballymurphy, Belfast, Irlande du Nord
Victimes 11
Auteurs 1er bataillon du Régiment de parachutistes
Guerre Conflit nord-irlandais
Coordonnées 54° 34′ 30″ nord, 5° 58′ 26″ ouest

Déroulement

Le conflit nord-irlandais était en cours depuis deux ans et Belfast était particulièrement affectée par la violence sectaire. L'armée britannique avait été déployée en Irlande du Nord en 1969, à la demande de la police royale de l'Ulster, dépassée par les événements.

Dans la matinée du , les forces de l'ordre lancent l'Opération Demetrius. Le plan était d'arrêter et interner toute personne soupçonnée d'être membre de l'Armée républicaine irlandaise provisoire. Le régiment de parachutistes chargé de l'opération est le même que celui responsable ultérieurement du Bloody Sunday dans Derry, le [1].

En réaction à l'arrivée des troupes britanniques, des scènes de panique ont lieu dans les quartiers catholiques et des barricades sont érigées. La population se prépare pour une émeute et certains jeunes confectionnent des cocktails Molotov, mais l'utilisation d'armes à feu n'est pas prévue[2]. Le quartier protestant voisin n'est séparé alors que par une barrière de moins de 2 mètres de haut : des heurts ont lieu entre les deux communautés, avec des jets de pierre et quelques tirs au fusil de chasse, faisant au moins un blessé. L'armée s'interpose pour faire cesser les heurts. Les catholiques proches de la rue Singmartin quittent alors leur maison. Les tirs mortels commencent peu avant la tombée du jour. Selon la déclaration des soldats du régiment parachutiste, ils ont répliqué à des tirs de militants républicains alors qu'ils entraient dans la zone de Ballymurphy[3]. Cependant, aucune arme n'est retrouvée sur les cadavres[2].

En conséquence, la population catholique devient majoritairement républicaine[2].

Victimes

Plaque commémorative.

Six civils ont été tués le  :

  • Francis Quinn, âgé de 19 ans est abattu par un tireur d'élite  en allant porter secours à un homme blessé[4],[5].
  • Fr. Hugh Mullan, âgé de 38 ans, prêtre catholique, abattu par un tireur d'élite en allant porter secours à un homme blessé[6].
  • Joan Connolly, âgée de 50 ans, abattue alors qu'elle tournait le dos à la base militaire[7].
  • Daniel Teggart, âgé de 44 ans, porteur de 14 impacts de balles. La plupart des balles ont probablement été tirées alors qu'il était allongé au sol car elles sont rentrantes dans le dos[8].
  • Noel Phillips (20), abattu alors qu'il tournait le dos à la base militaire[9].
  • Joseph Murphy (41), blessé alors qu'il tournait le dos à la base militaire. Il est ensuite emprisonné par l'armée, et déclare peu avant de mourir de ses blessures avoir été battu et s'être fait tirer dessus en prison. Une deuxième balle découverte à l'exhumation de son corps en semble confirmer ses dires[10].

Un civil a été tué le , et quatre autres le  :

  • Edward Doherty, âgé de 28 ans, abattu alors qu'il marchait le long de Whiterock Road[11].
  • Jean Laverty, âgé de 20 ans reçoit une balle dans le dos et une autre dans la jambe.
  • Joseph Corr, âgé de 43 ans, reçoit plusieurs balles et meurt de ses blessures le [12].
  • Jean McKerr, âgé de 49 ans, est blessé par balles alors qu'il se tenait devant une église. Il meurt de ses blessures le [13],[14].
  • Paddy McCarthy, âgé de 44 ans, meurt d'une crise cardiaque pendant l'interpellation. Selon sa famille, les militaires lui auraient mis le canon d'une arme dans la bouche et appuyé sur la détente, l'arme ayant été préalablement déchargée[15],[16].

Enquête

En 2016, Sir Declan Morgan, a demandé une enquête portant, entre autres, sur le massacre de Ballymurphy[17],[18].

Cependant, le financement de ces enquêtes n'a pas été approuvé par l'Exécutif d'Irlande du Nord, présidé par Arlene Foster, membre du parti unioniste démocrate. Cette décision est critiquée par Amnesty International[19],[20],[21].

En , à la suite des conclusions de la justice irlandaise qui estime que les soldats britanniques ont fait un usage « disproportionné » de la force et sont responsables de la mort de neuf des victimes, le Premier ministre du Royaume-Uni Boris Johnson présente les excuses « sans réserve » du gouvernement britannique[22].

Voir aussi

Références

  1. « Bishop Backs Army Killings Probe - Northern Ireland, Local & National - Belfasttelegraph.co.uk », BelfastTelegraph.co.uk, (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Ian Cobain, « Ballymurphy shootings: 36 hours in Belfast that left 10 dead », sur The Guardian, (consulté le )
  3. « Ballymurphy families meet First Minister Peter Robinson », BBC News, (lire en ligne)
  4. CAIN - Index of Deaths (9 August 1971), caian.ulst.ac.uk; accessed 29 August 2017.
  5. « Ballymurphy shootings: 36 hours in Belfast that left 10 dead », The Guardian, (lire en ligne)
  6. « Fr Hugh Mullan », ballymurphymassacre.com (consulté le )
  7. « Joan Connolly », ballymurphymassacre.com (consulté le )
  8. McDonald, Henry, « Were Bloody Sunday Soldiers Involved in 'Ballymurphy Massacre'? », Guardian.co.uk, (lire en ligne, consulté le )
  9. « Noel Phillips », ballymurphymassacre.com (consulté le )
  10. Gerry Moriarty, « Bullet found in body of exhumed Ballymurphy massacre victim », Irish Times, (consulté le )
  11. CAIN - Index of Deaths - 10 August 1971
  12. « Joseph Corr », ballymurphymassacre.com (consulté le )
  13. CAIN - Index of Deaths (11 August 1971), cain.ulst.ac.uk; accessed 29 August 2017.
  14. « John McKerr », ballymurphymassacre.com (consulté le )
  15. CAIN - Index of Deaths - Sudden deaths due to heart problem during an incident, cain.ulst.ac.uk; accessed 29 August 2017.
  16. « Paddy McCarthy », ballymurphymassacre.com (consulté le )
  17. Vincent Kearney, « The Troubles: Judge begins review of inquests », BBC News, London, UK, (lire en ligne, consulté le ) :
    « There are 56 cases involving 97 deaths. … The stalled inquests into the Army shootings of 10 people in Ballymurphy, west Belfast, in 1971, and of five more civilians in nearby Springhill a year later, were examined on the opening day in Laganside Courts. »
  18. « Legacy inquests in Northern Ireland 'can be dealt with in five years' », BBC News, London, UK, (lire en ligne, consulté le ) :
    « After a review of more than 50 outstanding cases it has been decided that all are suitable for inquest. »
  19. Vincent Kearney, « Lord Chief Justice legacy inquests plan put on hold », BBC News, London, UK, (lire en ligne, consulté le ) :
    « A radical plan by Northern Ireland's most senior judge to deal with inquests into some of the most controversial killings of the Troubles has been put on hold. The Stormont Executive failed to sign off on a request for funding. »
  20. Henry McDonald, « NI first minister accused of delaying justice over Troubles inquests », The Guardian, London, UK, (lire en ligne, consulté le ) :
    « Foster, the leader of the Democratic Unionist party (DUP), confirmed she had used her influence in the devolved power-sharing executive to hold back finance for a backlog of inquests connected to the conflict. »
  21. « Northern Ireland: victims betrayed as First Minister blocks 'Troubles' inquest plan », Amnesty International UK, (consulté le )
  22. « Irlande du Nord: Boris Johnson présente des excuses pour les fusillades meurtrières de 1971 », sur lefigaro.fr, (consulté le )
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