Massacre de Ngarbuh
Le massacre de Ngarbuh est un massacre survenu le pendant de la crise anglophone au Cameroun[1], perpétré par des éléments de l'armée camerounaise, accompagnée de milices Mbororos, dans le quartier Ngarbuh à Ntumbaw, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun[2]. Le bilan annoncé serait de 23 civils morts calcinés, dont des femmes enceintes et des enfants.
Massacre de Ngarbuh | ||
Date | ||
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Lieu | Ntumbaw, région du Nord-Ouest, Cameroun | |
Victimes | Civils | |
Morts | 23 | |
Auteurs | Armée camerounaise | |
Motif | Lutte contre les séparatistes | |
Guerre | Crise anglophone au Cameroun | |
Coordonnées | 6° 20′ 52″ nord, 10° 46′ 13″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
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Divers témoignages et sources accusent l'armée camerounaise[3]. Yaoundé, dans un premier temps, accuse les séparatistes anglophones.
Une enquête, exigée par des organismes internationaux, est prescrite par le Président Paul Biya. Le rapport est publié - fait inédit au Cameroun le 21 avril 2020 - et incrimine des éléments des forces de défense camerounaises.
Contexte
Depuis fin 2017, dans un contexte de conflit opposant les forces de défense et de sécurité camerounaises à des rebelles séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des exactions ont lieu où les belligérants s'accusent de crimes contre les civils[4].
Déroulement
Le , vers 14h, des membres des forces de défense et de sécurité répliquent à une attaque de séparatistes lors d'une patrouille dans le quartier de Ngarbuh, situé dans la ville de Ntumbaw; événement pendant lequel des civils se retrouvent entre deux feux. Environ 800 villageois auraient quitté les lieux[5] pour se réfugier dans le centre-ville.
De témoignages prétendent que des membres de la communauté Mbororo[6] ont servi de miliciens pour accompagner les soldats de l'opération[7].
Vicitimes
23 personnes sont tuées dont 15 enfants (11 filles dont neuf âgés de moins de 5 ans), une mère enceinte et deux femmes qui portaient leurs bébés[8],[9]. Le gouvernement parle de 5 morts[10],[11].
Réactions
Société civile et organisations internationales
L'opposition et les ONG locales accusent le gouvernement d'avoir perpétré le massacre afin de lutter contre des groupes armés séparatistes anglophones et plusieurs réclament une enquête internationale[12].
Emmanuel Macron demande à Paul Biya de faire réaliser une enquête impartiale[13].
Human Rights Watch
Ce qui s'est passé à Ngarbuh n'a pas été un incident malheureux comme les autorités ont dit mais un massacre délibéré[14] de civils perpétrés par les forces de sécurité camerounaises[15], promettant des éléments crédibles qui réfutent le nombre de victimes officiel ainsi que la dynamique de l'incident tels que décrits pas les autorités. Des images satellite prises avant et après l'attaque sont compatibles avec les incendies et non des explosions.
Le 25 février 2020, le rapport est publié sur le site web de l'organisation[16].
Organisation des Nations Unies
L'ONU a réclamé une enquête « indépendante, impartiale et complète » aux autorités camerounaises, promettant un appui technique[17].
Gouvernement
Dès la parution d'images de corps des victimes, les autorités affirment que des soldats avaient été attaqués par sept terroristes et que les militaires, en se défendant, avaient tué les 7 terroristes[18].
Le 19 février 2020, Emmanuel Sadi, ministre de la communication dément l'implication des soldats camerounais dans le massacre[19],[20].
Le gouvernement remet en cause la méthode d'investigation 'à charge' des ONG[21] et affirme que l'explosion de réservoirs de carburant provoquant un incendie est le responsable de la mort d'une femme et de quatre enfants étant des dégâts collatéraux[22],[23]. Accusant les allusions au massacre par l'armée de fake news[24],[23].
Armée
Le ministère de la défense commence d'abord par démentir le massacre[25],[26],[27].
Le , le Ministre de la Défense crée une commission d’enquête[28]
- faire la lumière sur les circonstances
- établir les responsabilités des différents acteurs.
Le , l'armée camerounaise admet être responsable du massacre, regrettant « un malheureux accident »;
Presse
Le , La présentatrice de la CRTV -Adèle Mbala - parle d’« allégations mensongères » et de « prétendus massacres » et livre la réaction du ministre René Sadi qui dément l’implication de l'armée sur les massacres de Ngarbuh[29].
Vision 4 parle d'une cabale des ONG et de tentatives de déstabilisations contre le Cameroun[30].
Le , Équinoxe Télévision affirme que des éléments de l'armée sont impliqués dans le massacre[31].
Le , Vision 4, réputé proche du gouvernement fustige le rapport de Human Rights Watch [32]
Le , la presse diffuse le communiqué de la présidence de la république donnant résultat de l'enquête[33],[34].
Le Equinoxe Télévision réaffirme qu'elle était la seule sur le terrain pour des enquêtes et la seule à avoir vérifié sur le terrain l'implication des éléments de l'armée camerounaise[35].
Personnalités publiques
Sur la télévision publique, le Pr Matthias Eric Owona Nguini met en doute le rapport de Ilaria Allegrozzi [36],[37],[38],[39]. Il déclare le 3 mars 2020 que le dit rapport est supprimé du site internet de Human Rights Watch. Équinoxe Télévision dément cette information; ce qui ouvre un différend entre la chaîne de télévision et le Matthias Eric Owona Nguini.
Ilaria Allegrozzi accuse à son tour le Pr Matthias Eric Owona Nguini de fake news[40].
Enquête officielle
Membre de la commission d'enquête
Officiers de l'armée et de la gendarmerie et Mr Chemuta Divine Banda (CNDHL), Mgr George Nkuo (Diocèse de Kumbo), Mr Ahmadou Baba Sale (Imam de Ntumbaw), Mme Mih Bibiana - Dighambong CEO de (BIHAPH), Mr Chenwi Chrysantus Shu
Conclusions et déroulement selon les enquêteurs
(Communiqué de Ferdinand Ngoh Ngoh)
- Ngarbuh, devenu un centre de regroupement des terroristes sécessionnistes servait de pôle logistique de ravitaillement en armes des groupes sécessionnistes qui se livraient à des vols de bétail, viols, agressions, etc.
- le Chef de Bataillon Nyiangono Ze Charles Eric - formé à Saint Cyr[41] - de la BIM de Nkambé autorise une mission de reconnaissance le 12 février 2020.
- Le Sergent Baba Guida conduit la mission depuis la base de Ntumbaw le 13 février 2020 à 22 heures avec un effectif de trois militaires et deux gendarmes.
- Il se fait accompagner par dix-sept civils locaux et se divisent en 2 groupes vers Ngarbuh 2 et Ngarbuh 3.
- Sur Ngarbuh 3, Baba Guida et le gendarme Sanding Sanding Cyrille et le Soldat de 1re classe Haranga et dix membres du comité de vigilance donnent l'assaut; cinq terroristes sont abattus, des armes saisies, trois femmes et dix enfants ont péri.
- Ils incendient pour masquer.
- À Ntumbaw, le Sergent Baba Guida fait un compte rendu volontairement biaisé.
Responsabilités
L'enquête accuse et ouvre une procédure disciplinaire contre
- le Chef de Bataillon Nyiangono Ze Charles Eric pour non présence sur le théâtre des opérations. Le Sergent Baba Guida pour manque de maîtrise de ses hommes, d'avoir ordonné l’incendie de maisons et travesti le compte rendu de l’opération et son bilan ;
- Le gendarme Sanding Sanding Cyrille, le Soldat Haranga et dix membres — non identifiés et recherchés — du comité de vigilance local engagés à Ngarbuh 3 ont a participé à une opération ayant causé la mort et des incendies.
Les corps des victimes seront exhumés pour recevoir une sépulture et leurs ayant droit recensés et indemnisés.
Suite judiciaires
Les militaires concernés sont arrêtés et mis à la disposition du Tribunal militaire de Yaoundé[42].
Le , débute le procès sur ce massacre au tribunal militaire de Yaoundé. Une de 4 militaires accusé est porté disparu et les 17 membres du comité d'auto-défense mis en cause sont non identifiés[43]. Le procès est renvoyé.
Notes et références
- « Conflit. Au Cameroun anglophone, l’armée accusée d’avoir tué des femmes et des enfants », sur Courrier international, (consulté le )
- « Cameroun anglophone : après la mort de 22 civils, l'armée admet un "malheureux accident" », sur LExpress.fr, (consulté le )
- Deutsche Welle (www.dw.com), « Human Rights Watch accuse l'armée camerounaise de massacre de civils à Ngarbuh | DW | 25.02.2020 » (consulté le )
- « Plus de 100 personnes ont été enlevées par des séparatistes armés », sur VOA (consulté le )
- « Reportage TV5 sur le massacre »
- « Human Rights Watch blame Cameroon forces, armed Fulani for Ngarbuh killings », BBC News Pidgin, (lire en ligne, consulté le )
- « Youtube »
- « PAUL BIYA EN ROUTE VERS LA CPI: LES PREUVES DU GÉNOCIDE BRANDIES PAR… | | Coups Francs », (consulté le )
- « Questions après un massacre au Cameroun anglophone », sur LEFIGARO (consulté le )
- La rédaction, « Massacre de civils à Ngarbuh : L’évêque de Kumbo communique le véritable bilan ? », sur Actualité Ivoire - Infos, (consulté le )
- « Un village du Cameroun anglophone cible d'une attaque armée, 14 enfants tués », sur France 24, (consulté le )
- « Massacre de Ngarbuh : Tous pour une enquête – -**Le Quotidien Le Jour**- » (consulté le )
- « Massacres de Ngarbuh : Emmanuel Macron pour une enquête impartiale – -**Le Quotidien Le Jour**- » (consulté le )
- « Cameroun-Massacre de Ngarbuh : des militaires aux arrêts », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
- Deutsche Welle (www.dw.com), « Human Rights Watch accuse l'armée camerounaise de massacre de civils à Ngarbuh | DW | 25.02.2020 » (consulté le )
- Human Rights Watch | 350 Fifth Avenue et 34th Floor | New York, « Cameroun : Massacre de civils dans la région séparatiste », sur Human Rights Watch, (consulté le )
- « Massacre au Cameroun : l’ONU exige une enquête « indépendante, impartiale » – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- « Interview porte parole de l'armée sur CRTV »
- « Point de presse de René Sadi, Ministre camerounais de la communication lors du massacre »
- « Massacre de Ngarbuh au Cameroun : exaction, bavure ou manipulation ? – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- Investir au Cameroun Télécom, Banque, Energie, Com, Média, Droit, Assurances, Gestion publique, Tourisme Economie, « Incident de Ngarbuh : Yaoundé remet en cause les méthodes d’investigation de Human Rights Watch », sur Investir au Cameroun (consulté le )
- « Les autorités affirment avoir ouvert des enquêtes sur les incidents de Ngarbuh », sur VOA (consulté le )
- « Incident de Ngarbuh: Le Cameroun clarifie la situation », sur 237online.com, (consulté le ).
- « Cameroun/Fake news de Donga Mantung: L'ONU préoccupée par le cas Allegra Maria Del Pilar BAIOCCHI », sur 237online.com, (consulté le ).
- « Site web du Ministère de la défense »
- « Au Cameroun,l'armée dément le massacre des populations du village Ngarbuh dans la Région du Nord-Ouest », sur Les Scoops d'Afrique, (consulté le )
- « TV5 »
- Deutsche Welle (www.dw.com), « Massacre de Ngarbuh : l'armée camerounaise se défend et rejette le bilan | DW | 19.02.2020 » (consulté le )
- « René Sadi, ministre de la communication sur la chaîne publique CRTV »
- « Affaire Ngarbuh : CRTV, Equinoxe, Canal 2 et Vision 4 , qui croire désormais ? », sur www.camerounweb.com (consulté le )
- « Débats sur Équinoxe Télévision »
- « Analyse de la chaine de télévision Vision 4 suite au rapport à charge de Human Rights Watch sur les massacres de Ngarbuh »
- « Ngarbuh : les conclusions de l'enquète », sur Cameroon Radio Television, (consulté le )
- « Cameroun: le régime Biya reconnait la responsabilité de l'armée dans le massacre de Ngarbuh », sur BENIN WEB TV, (consulté le )
- « Debriefing du rapport d'enquête sur le massacre de Ngarbuh par Équinoxe Télévision »
- « Interview de Pr Owona Nguini »
- « Interview sur CRTV »
- « Interview par Vision 4 (Média Pro-gouvernemental) »
- « Interview H »
- « Crise Anglophone. Massacre de Ngarbuh : Human Right Watch accuse la CRTV et Owona Nguini de propagation de fausses nouvelles », sur www.msn.com (consulté le )
- Arrêté du 12 juillet 2006 portant attribution du diplôme de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr pour l'année 2006 (lire en ligne)
- « Au Cameroun, trois militaires inculpés pour le massacre de Ngarbuh », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Cameroun – Procès du massacre de Ngarbuh: Un militaire aurait pris la fuite », sur www.msn.com (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
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