Massacre du Templo Mayor

Le massacre du Templo Mayor est un épisode décisif de la conquête de l'Empire aztèque qui a lieu dans la capitale aztèque Mexico-Tenochtitlan le ou le , selon les sources.

Ce massacre de la noblesse aztèque par des Conquistadors, pendant la fête de Toxcatl, marque le début de la guerre - jusqu'alors, les Espagnols étaient les hôtes du souverain Moctezuma II.

Histoire

Alors qu'Hernán Cortés est à Mexico-Tenochtitlan, il apprend que d'autres conquistadors sont arrivés sur la côte, et notamment Pánfilo de Narváez, arrivé à Cuba avec l'ordre de l'arrêter. Cortés est alors obligé de s'absenter quelques semaines de Mexico, pour combattre Narváez. Durant son absence, il confie la ville à Pedro de Alvarado. Moctezuma II demande à Pedro de Alvarado l'autorisation de célébrer Tōxcatl (en) (fête aztèque en l'honneur du dieu Tezcatlipoca). Pedro de Alvarado accepte.

Le jour dit (vingt jours après le départ de Cortés, selon les Annales de Tlatelolco), les Espagnols en armes entrent dans le temple où se déroule la cérémonie, et massacrent toutes les personnes présentes - dont une grande partie était la noblesse aztèque. L'attaque commence alors que les musiciens sont en train de jouer. Le récit des mains coupées des musiciens, notamment, prend place dans l'iconographie et les récits de l'époque. Cet épisode poignant est largement décrit, dans quasiment toutes les sources de l'époque - ne laissant aucun doute sur la véracité des faits.

Ainsi, dans le chapitre XX du Codex de Florence, par exemple: "Lorsque la fête se célébrait, lorsque déjà l'on dansait et déjà l'on chantait, lorsque danse et chant se mêlaient... alors, il sembla aux Espagnols que le moment était venu pour massacrer, aussitôt, alors, ils parurent. Ils étaient préparés pour la guerre. Ils ont fermé toutes les issues par lesquelles on pouvait sortir: la Porte-de-l'Aigle, le côté de la Pointe-du-Roseau, et la Porte-du-Miroir-à-Serpents. (...) Plus personne n'allait pouvoir sortir. Alors, ils sont entrés dans la cour du temple pour massacrer les gens. (...) Ils ont entouré ceux qui dansaient. Ils ont frappé les mains du joueur de tambour, ils sont venus trancher les paumes de ses mains, toutes les deux; ensuite, ils ont tranché son cou, et son cou est retombé au loin. (...) Et c'est en vain qu'alors on courait. On ne faisait que marcher à quatre pattes en traînant ses entrailles; c'était comme si on s'y prenait les pieds lorsque l'on voulait s'enfuir. On ne pouvait aller nulle part."

Dans les Annales historiques de Tlatelolco: "Ceux qui chantaient les hymnes n'avaient pas de vêtements. Tout ce qu'ils portaient, c'étaient leurs coquillages, leurs turquoises, leurs colliers, leurs panaches en plumes de héron, leurs pieds de chevreuil. Ceux qui jouaient du tambourin, nos chers petits vieux, qui avaient leurs sonnailles en calebasse: c'est d'abord eux que les Espagnols ont attaqués. Ils leur ont coupé les mains, il leur ont coupé la tête. Aussitôt, ils sont morts. (...) Ils nous ont attaqués, ils nous ont massacrés pendant trois heures. Ils ont massacré les gens dans la cour du temple. Puis ils ont pénétré dans l'édifice pour tuer tout le monde, ceux qui portaient l'eau, ceux qui avaient apporté la nourriture des chevaux, ceux qui broyaient le maïs, ceux qui balayaient la terre, ceux qui montaient la garde."

Les seuls survivants du massacre furent ceux qui firent semblant d'être morts: "Certains se sont échappés parmi les morts, ils sont entrés sous les corps de ceux qui étaient vraiment morts, tout simplement en faisant semblant d'être morts, et là ils se sont bien échappés. Mais si quelqu'un palpitait encore, et que les Espagnols le voyaient, ils le criblaient de coups. Et le sang des vaillants guerrier a couru comme s'il était de l'eau." (Codex de Florence, XX)

Selon une version espagnole visant à minimiser l'atrocité de cette attaque, les conquistadors auraient eu vent d'une rébellion en cours et auraient ordonné le massacre de manière préventive.

Le massacre du Templo Mayor provoque une telle stupéfaction, que la population entière se révolte contre les Conquistadors. Lorsque Cortés revient, la population de México-Tenochtitlan est hostile. L'empereur Moctezuma est fait prisonnier par les Espagnols, puis tué. S'ensuit l'épisode de la Noche Triste, où les Espagnols sont obligés de fuir la capitale.

Représentations dans les arts

Ce massacre forme le début de l'intrigue du film mexicain La otra conquista (L'Autre Conquête) réalisé par Salvador Carrasco en 1999, et qui se concentre par la suite sur la confrontation entre la religion aztèque et la foi catholique des religieux espagnols venus convertir les indigènes[1].

Notes et références

  1. The Other Conquest (1999), fiche sur le site du New York Times dans la rubrique "Movies", 28 février 2008. Page consultée sur l'Internet Archive dans sa version du 28 février 2008. Page consultée le 30 août 2020.
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