Matrices gamma

Les matrices gamma forment des ensembles de matrices conventionnelles respectant des relations de commutations spécifiques.

Matrices de Pauli

Matrices de Pauli au sens strict

En deux dimensions et avec la métrique euclidienne cet ensemble de matrices s'identifie aux matrices de Pauli. Elles sont définies comme l'ensemble des matrices complexes de dimensions 2 × 2 suivantes :

(où i est l’unité imaginaire des nombres complexes). Les matrices de Pauli sont les génératrices du groupe SU(2).

Extension à la matrice sigma 0

Au sens large, telles les Trois Mousquetaires elles sont en fait quatre si on leur adjoint la matrice identité:

Matrices de Dirac

L'origine de ces matrices remonte aux tentatives de linéarisation par Dirac de l'équation de Klein-Gordon. Les matrices gamma sont en fait partie intégrante de l'équation de Dirac.

Matrices gamma au sens strict

En notations contravariantes (voir Vecteur contravariant, covariant et covecteur), les matrices de Dirac, de dimension quatre, sont constituées par l'ensemble . Lorsqu'on parle de matrices gamma sans autre précision, on fait référence à ces matrices de Dirac. C'est ce que nous ferons dans la suite de cet article.

D'une manière condensée on écrit cet ensemble comme suit : avec

Extension à la matrice gamma 5

Restons en notations contravariantes et définissons par commodité une matrice en prenant le produit imaginaire des quatre matrices de Dirac comme suit:

.

Bien que utilise la lettre gamma, ce n'est pas l'une des matrices gamma au sens strict. Le numéro 5 lui a été attribué du temps où l'ancienne notation de était "".

Intérêt de travailler avec des matrices gamma

En principe, une matrice complexe 4x4 contient 16 éléments ayant chacun une partie réelle et une partie imaginaire, donc 32 paramètres au total. On pourrait donc penser que toute matrice 4x4 est une combinaison linéaire de 32 matrices indépendantes. Toutefois la propriété d'herméticité exigée de ces matrices réduisent ces 32 paramètres à 16 combinaisons bilinéaires indépendantes permettant de former des scalaires de Lorentz de la forme et de construire des lagrangiens mettant en jeu des fermions. Voici deux manières équivalentes de présenter ces 16 éléments:

  • première schématisation (dite de Pauli)
Les différentes lignes de ce tableau peuvent être désignées comme suit : I,
(voir le point "utilisation du symbole de Levi-Civita" pour plus de détails sur les crochets d'antisymétrisation)


  • deuxième schématisation
Pour la démonstration de l'indépendance des éléments I, on peut consulter la référence [2].


Les matrices sont définies plus loin dans cet article.


Technologie des matrices gamma

Représentations des matrices gamma

Les matrices gamma font l'objet de plusieurs représentations. La plus immédiate est la représentation de Paul Dirac (appelée aussi la « représentation standard »). Par la suite d'autres représentations ont été élaborées à partir de celle de Dirac.

Ainsi celle de Hermann Weyl s'obtient en effectuant une transformation unitaire à partir de celle de Dirac.

, où sont des matrices identité (2x2).

Quant à la représentation de Ettore Majorana, elle est obtenue à partir de la « représentation standard » à l'aide de la matrice unitaire U suivante :

Cette représentation de Majorana a la propriété intéressante que toutes les matrices sont imaginaires pures, ce qui rend les calculs commodes quand on considère les opérateurs de conjugaison de charge et de parité.


Représentation de
Dirac (D) Weyl (W) Majorana (M)

On peut facilement voir à l'examen du tableau comparatif ci-dessus que la représentation de Weyl n'est autre que celle de Dirac où l'on a permuté (anticommuté) les matrices et .

Antisymétrie du produit de deux matrices gamma

On constate aisément que quand et sont distincts on a



Exemple (en représentation de Dirac)

Montrons que

Ainsi

Alors que

Relations d'anticommutation

On va maintenant généraliser l'exemple ci-dessus et le couler dans la relation d'anticommutation standard, relation vraiment fondamentale car c'est sur elle que l'algèbre de Clifford a été développée.

est le symbole de l'anticommutateur
est le tenseur fondamental ici défini au moyen de la métrique de Minkowski par


pour
et est la matrice identité 4x4. (le plus souvent omise)

Remarques :

1. Par la suite quand nous parlerons de la relation standard d'anticommutation nous l'appellerons simplement relation d'anticommutation.

2. Comme est un indice muet on peut le remplacer dans l'expression ci-dessus par . Il vient :

Si on multiplie les 2 membres de cette égalité par le tenseur on obtient

Comme est un nombre on peut le permuter avec une matrice de sorte que l'expression peut être développée comme suit:

Si on observe que et qu'on modifie dans ce sens le membre de droite

On est alors prêts pour appliquer la règle de contraction des indices de sorte d'obtenir



ou encore

Sur cette égalité, dont en guise de démonstration et pour reprendre les termes de W. Pauli nous ne montrerons ci-dessous qu'une spécialisation numérique, on peut voir que la propriété d'antisymétrie des produits de matrices est aussi de mise avec une matrice .

Spécialisation numérique

Montrons dans la représentation de Dirac que
Ainsi


et

La somme donne bien la matrice nulle.

Relations de commutation

En notant le commutateur par le symbole
on définit couramment deux matrices d'usage pratique:
où les matrices sont appelées les matrices de spin.

À noter les quatre relations de commutation:


Identités propres

Les matrices gamma font l'objet de propriétés d'hermiticité telles que les relations d'anticommutation soient respectées.

NumIdentité propre
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10



Identités utiles

Les identités qui suivent découlent des relations fondamentales d'anticommutation ainsi que des identités propres, de sorte qu'elles sont valables dans n'importe quelle base ou représentation.

Identités de contractions
NumIdentité de contraction
1
2
3
4



Identités de produits de matrices différentes
NumIdentité de produit
1
2
3



Identités d'antisymétrisation

Les trois premières identités ci-dessous sont en fait des définitions indépendantes les unes des autres, aucune d'entre elles ne se déduisant des deux autres.

NumIdentité d'antisymétrisation
1
2
3
4et bien d'autres... (voir référence [12] pour un inventaire complet)



Identités de traces

Les identités de trace sont particulièrement utiles lors de la résolution des diagrammes de Feynman en physique des particules. Ci-dessous nous en avons relevé quelques-unes tout en étant bien conscient que cette liste est susceptible d'être enrichie.

Pour prouver ces identités on fera appel

à trois propriétés de l'opérateur trace :
  • tr(A + B) = tr(A) + tr(B) (additivité)
  • tr(rA) = r tr(A)
  • tr(ABC) = tr(CAB) = tr(BCA) (cyclicité)
ainsi qu'à celles du symbole de Levi-Civita (voir le point "extension à la matrice " ).


NumIdentité de trace
1
2La trace de tout produit d'un nombre impair de est nulle.
3La trace du produit de par un nombre impair de est aussi nulle.
4
5
6
7
8
9
10



Identités de Chisholm

Ces remarquables identités ont permis la mise au point d'algorithmes très puissants visant à simplifier les calculs de produits ou de traces impliquant un grand nombre de matrices gamma. (voir référence [15])

Notations utilisées ci-dessous:

  • = un produit d'un nombre impair de matrices gamma =
  • = un produit d'un nombre pair de matrices gamma =
  • L'indice R signifie que l'on prend le produit de matrices gamma dans l'ordre inverse.
Ainsi :
=
=
  • Le prime dans est là pour attirer l'attention sur le fait que le nombre pair de matrices gamma est obtenu en multipliant un nombre de matrices impair par une seule matrice gamma de sorte que


NumIdentité de Chisholm
1
2
3



Voir aussi

Symbole de Levi-Civita
Matrices de Pauli
Matrice de Dirac
Vecteur contravariant, covariant et covecteur
Trace (algèbre)
Opérateur trace

Références

  1. Mark Srednicki, Quantum Field Theory (2007), Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-86449-7) Voir chapitre 47.
  2. A. George, Srednicki Chapter 47 - QFT Problems & Solutions (2013)
  3. Michio Kaku, Quantum Field Theory, ISBN [0-19-5009158-2], appendix A
  4. A. Zee, Quantum Field Theory in a Nutshell 2e ed.(2010), Princeton University Press: Princeton, New Jersey. (ISBN 978-0-691-14034-6).
  5. M. Peskin, D. Schroeder, An Introduction to Quantum Field Theory (Westview Press, 1995) (ISBN 0-201-50397-2) Voir chapitre 3.2.
  6. Claude Itzykson et Jean-Bernard Zuber, Quantum Field Theory (1980), (ISBN 0-07-066353-X).
  7. Jean Hladik, Le calcul tensoriel en physique (1993), Masson, Paris, ISBN [2-225-84144-6]
  8. Yves R. Talpaert, Tensor Analysis and Continuum Mechanics (2002), ISBN [1-4020-1055-9]
  9. Paul Adrien Maurice Dirac, Les principes de la mécanique quantique (2009), Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, traduction de la 4e éd., ISBN [978-2-88074-800-5]
  10. W. Pauli, « Contributions mathématiques à la théorie des matrices de Dirac », Ann. Inst. Henri Poincaré, vol. 6, , p. 109 (lire en ligne)
  11. W.A. Horowitz, Traces of Gamma Matrices (november 17, 2010)
  12. J. B. Formiga, A list of identities made with products between two different generators of the Clifford algebra (September 27, 2012), Centro de Ciências de Natureza, Piaui, Brazil
  13. Jean-Pierre Derendinger, Théorie quantique des champs (2001), Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, ISBN [2-88074-491-1]
  14. V.I. Borodulin, R.N. Rogalyov, S.R. Slabospitsky, CORE, COmpendium of RElations (1995), version 2.1, Institute for High Energy Physics, Protvino, Moscow, Russia
  15. Jos Vermasen, Introduction to FORM, Part 5 Miscellaneous topics - Gamma Matrices, http://www.nikhef.nl/~form/maindir/courses/course1/sheets5.pdf
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