Maurice Chevron
Maurice Chevron, né à Paris 3e le et mort à Paris 16e le [1], est un parfumeur français des années 1920 aux années 1940, pionnier dans la création de parfums de synthèse.
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Naissance | |
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Décès |
(à 65 ans) 16e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Maurice Eugène Xavier Chevron |
Nationalité | |
Activité |
Conflit |
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Biographie
En 1901, il était entré comme apprenti aux Etablissements DARTHAIL à Asnières. En 1904, il part en Ecosse, puis en Allemagne pour se perfectionner en parfumerie, savonnerie et cosmétique et apprendre les langues. [2]
En 1906, Fred Firmenich, alors directeur de Chuit, Naef & Cie, avait rencontré ce jeune Français alors âgé de 19 ans qui y poursuivait sa formation de parfumeur. Il avait été impressionné par son talent, son enthousiasme, son goût du travail.
Maurice est surpris à Hambourg par la déclaration de guerre en 1914 et aussitôt interné à Holzminden, en Basse-Saxe. En 1916, CHEVRON obtient d'être transféré en Suisse au camp d'internement de Spiez, mais l'inactivité lui pèse: c'est contre sa nature. Par l'entremise du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), il obtient le poste de délégué à Bâle de la «Fédération Nationale Française d’Assistance aux prisonniers de guerre militaires et civils». Dans ce poste, il montre de si bonnes qualités d'administrateur qu'en 1919 il reçoit de nombreux témoignages d'admiration et de reconnaissance des dirigeants de la Fédération et du Ministère de la guerre. On le proposera pour une décoration qu’il refusera[3].
En 1920, il devient directeur, à Paris, des Établissements Chuit, Naef & Cie, qui, plus tard, deviennent la Société Firmenich & Cie.
Or, dès 1920, une tendance nouvelle apparaissait sur le marché de la parfumerie : la diversification de la haute couture vers la parfumerie. Parmi les couturiers qui furent des précurseurs, citons Charles Frederick Worth, Paul Poiret, Coco Chanel, Jeanne Lanvin, Jean Patou.
La Fédération voudrait conserver sa collaboration quelques mois encore. Mais lui veut rentrer en France et retrouver le métier qu'il aime. Fred Firmenich lui propose alors la succession de M. BEROU et la représentation exclusive des produits de NAEF & Cie en France, ce qu'il accepte avec enthousiasme. Il fonde sa société et prend ses quartiers au 11 de la rue Vézelay à Paris.
Maurice est un travailleur infatigable, passionné par son métier. Il est un fin parfumeur, un «grand nez» combiné avec un excellent talent de vendeur. Il sait convaincre et peut donner à ses clients des conseils techniques de première valeur. Avec ses multiples créations, il enrichira considérablement la collection des produits NAEF. Il l'étendra en particulier vers des produits plus élaborés qui intéresseront l'une ou l'autre maison de parfumerie ou de haute couture. Ses nouvelles compositions permettront d'attaquer les savonniers avec plus d'efficacité et de chance de réussite en France, et partout ailleurs dans le monde.
Maurice CHEVRON, en plus de son travail de la semaine, passe tous les dimanches matin à composer, rue Vézelay, devant sa balance, placée sur une très haute console, adaptée à sa taille (il mesure plus de 1,90 m). Il n'a pas de laborantine et fait tous ses mélanges lui-même. Chaque semaine, il crée de nouvelles compositions.
C'est l'époque particulièrement brillante de la grande parfumerie parisienne qui lance alors ses extraits les plus prestigieux dont beaucoup occupent aujourd'hui encore une place importante sur le marché mondial. «Chanel 5», «Shalimar» de GUERLAIN, «Arpège» de LANVIN, «Soir de Paris» de BOURJOIS, «Emeraude» de COTY, «Nuit de Noël» de CARON, «Crêpe de Chine» de MILLOT. Il faut démontrer aux parfumeurs de ces maisons l'apport bénéfique, original et enrichissant des spécialités CNC. Ils en font usage avec succès.
D'autres maisons recherchent des produits plus élaborés et c'est là que Maurice Chevron montre tout son talent. Chez Jean Patou, par exemple, bien qu'il y ait un excellent parfumeur, Henri Almeras, Maurice CHEVRON réussit à faire adopter trois compositions CNe. Le choix chez PATOU a lieu in vivo. Les parfums sont essayés et flairés sur de ravissants mannequins généreusement dénudés. Il n'est pas surprenant que les compositions ainsi choisies soient successivement commercialisées sous les appellations «Amour Amour», «Moment suprême» et enfin «Joy».
Les grandes maisons ne voulaient à aucune condition que leur utilisation de parfums synthétiques soit connue. C'est la raison pour laquelle les fabricants de parfums ont vécu dans l'ombre pendant de très nombreuses années et étaient pratiquement inconnues du public[4].
En août 1937, ils formèrent la société FIRMENICH & Cie, Paris. Maurice CHEVRON en devint le directeur général et on conserva les mêmes locaux à la rue Vézelay, où il restera jusqu'à ce que la mort le terrasse brutalement en 1952, quelques mois avant son ami Fred Firmenich[5].
Notes et références
- Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 16e, n° 1317, vue 13/20.
- Germaine Chevron, épouse de Maurice Chevron, Tant va la vie,
- « Ordre de rapatriement militaire de Maurice Chevron, 1919 », sur Archives de la ville de Paris
- Roger Firmenich, De Chuit & Naef à Firmenich SA, Genève,
- Industrie de la Parfumerie 1943-1953, Paris, Industrie de la Parfumerie, (lire en ligne), pp. 141-142
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