Max-Alain Chevallier

Max-Alain Chevallier, né le à Cercoux (Charente-Maritime) et mort le à Strasbourg, est un pasteur français, théologien protestant, exégète du Nouveau Testament, dont les travaux sur le Saint-Esprit ont marqué une étape dans la recherche théologique. Il est professeur à la faculté de théologie protestante de Strasbourg et président de l'université des sciences humaines de cette ville en 1971-1973.

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Biographie

Max-Alain Chevallier est né le , à Cercoux, où son père, Adrien Chevallier, est pasteur. Côté paternel, depuis le XVIe siècle, sa famille saintongeaise est rattachée à la communauté réformée. Son père meurt le à Alès, d’une péritonite, laissant trois fils orphelins. Sa mère, Marthe Marion, est d'abord institutrice dans les environs d'Alès, puis directrice de l'Ecole Jeanne d'Albret à Paris [1] ; côté maternel, les familles sont protestantes, originaires de Valence et d’Annonay

A partir de 1927, il effectue ses scolarité primaire et secondaire à Alès[1]. L’été 1939, il est bachelier (Lettres, puis maths). Il veut devenir pasteur mais entreprend d’abord des études littéraires : en 1939-40, « hypokhâgne » à Bordeaux ; en 1940-41, « khâgne » à Lyon. Il passe les certificats correspondants et est alors titulaire d’une licence de lettres. En 1941-42, il est aux chantiers de jeunesse. Il prolonge de juillet à , avec la responsabilité d’assistant de groupe. En 1942-43, il intègre la faculté de théologie protestante de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand.

En , Max-Alain Chevallier est de la classe requise pour le STO, en Allemagne. Il arrive à y échapper : au moment du départ en gare de Dijon, il est envoyé à Paris pour une formation à la JOFTA (Jeunesse ouvrière française au travail en Allemagne), pour l’encadrement des jeunes. Après divers délais, il démissionne, arrive à se procurer de faux papiers et peut vivre en réfractaire au STO. Dès , il entre à la faculté de théologie protestante de Paris, où il passe deux ans. Il réussit en 1945 l’examen de fin d’études et soutient sa thèse de baccalauréat en théologie le . Encouragé à poursuivre vers la licence en théologie en 1945-46 il poursuit sa formation à l'université de Bâle, où il suit les cours du théologien suisse Karl Barth puis, en 1946-1947 à la faculté de théologie de Strasbourg. Il réussit les examens de licence en . Durant l'été 1947, sachant l’allemand, il est appelé par Madeleine Barot, responsable de la Cimade, à ouvrir la baraque en bois de cette organisation à Mayence, pour renouer le dialogue avec les étudiants allemands[2]. À son retour, à la fin de 1949, il reprend ses études à Strasbourg durant quelques mois, puis il est appelé à devenir secrétaire général de la Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants, la « Fédé », fonction qu'il occupe de l'été 1950 jusqu’à l’été 1954.

En 1954-1955, il bénéficie d’une bourse du Conseil œcuménique des Églises au Westminster College (en) de l'université de Cambridge, où il rédige sa petite thèse, qu'il soutient à Strasbourg et publie en 1956. Il réalise sa thèse de doctorat d'État, intitulée « Esprit de Dieu, paroles d'hommes : le rôle de l'esprit dans les ministères de la parole selon l'apôtre Paul »[3], en 1966 à Strasbourg.

Famille

Le , à Paris, Max-Alain Chevallier épouse Marjolaine Cuénod Chevallier, membre du mouvement protestant Jeunes Femmes, cofondatrice du groupe Orsay en 1979, spécialiste du théologien Pierre Poiret et maître de conférences honoraire à la faculté de théologie protestante de Strasbourg[4]. De cette union naissent quatre enfants[5].

Pasteur en Algérie (1955-1963)

En et jusqu’en 1961, Max-Alain Chevallier est pasteur de la paroisse d’Hussein-Dey, banlieue est d’Alger. Il est élu président de la région Algérie de l’Église réformée de France. En , l’indépendance de l'Algérie est proclamée. Le départ massif des Européens a pour conséquence la fermeture d’une vingtaine de paroisses. Il n’en reste que trois : Alger, Oran et Constantine. Il doit gérer tous ces changements puis, en , quitte l’Algérie.

Théologien et enseignant-chercheur en Nouveau Testament (1963-1989)

Il est nommé au , maître assistant de pédagogie religieuse à la faculté de théologie de Strasbourg, tout en travaillant à sa thèse de doctorat, qu'il soutient le [6]. Il est alors nommé maître de conférences en Nouveau Testament, et en 1969 professeur sans chaire, puis occupant un poste récemment créé.

Président de l’Église réformée de France (1977-1980)

Max-Alain Chevallier, est élu membre du conseil national de l’Église réformée de France en 1974. En , il est élu président du Conseil, lors du synode national de Dourdan. Il occupe cette fonction durant trois ans, jusqu’au synode de , tout en gardant son poste à l'université de Strasbourg. Dans le même temps, il est vice-président du Conseil de la Fédération protestante de France.

De 1980 à 89, il reprend à plein temps ses fonctions d’enseignement et de recherche, avec un temps partiel à la faculté de théologie protestante de Montpellier durant l'année 1988-1989.

Max-Alain Chevallier est chevalier des Palmes académiques (1987).

En été 1989, il prend sa retraite. Un cancer se déclare début décembre de la même année et il meurt le [7].

Responsabilités institutionnelles et éditoriales

  • Dès 1965, il est membre de la Société internationale du Nouveau Testament, Studiorum Novi Testamenti Societas (SNTS).
  • Après les événements de , où la faculté de théologie est très engagée, Max-Alain Chevallier est nommé, jusqu’en 1971, président du « Conseil transitoire » de la faculté, chargé à titre provisoire d’exercer les fonctions de doyen. Il est doyen du au .
  • Il est nommé pour l’année 1970, vice-président du Conseil transitoire de l’université de Strasbourg, au moment où est décidée sa partition en trois universités distinctes.
  • Nommé en janvier 1971 président de l’université de sciences humaines, il prend ses fonctions en février de la même année. Il en démissionne en , à la suite de nouvelles et sérieuses turbulences étudiantes[8]. Il reprend ses fonctions d'enseignement et de recherche à la faculté de théologie.
  • A partir de 1976, invité régulier des Colloques pauliniens organisés par les bénédictins de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome.
  • En 1979, il est membre protestant de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible (ACFEB)

Publications

Monographies

  • L’Esprit et le Messie, dans le Bas-Judaïsme et le Nouveau Testament, Paris, PUF, 1958, 154 pages.
  • Esprit de Dieu, paroles d’hommes. Le rôle de l’esprit dans les ministères de la parole selon l’apôtre Paul, Paris, Delachaux et Niestlé, 1966, 251 pages.
  • La prédication de la Croix, Paris, Cerf, 1971, 104 pages.
  • L’analyse littéraire des textes du Nouveau Testament. Conseils aux étudiants, Paris, PUF, 1977.
  • Souffle de Dieu. Le Saint Esprit dans le Nouveau Testament, Paris, Beauchesne, (coll. ‘Le Point théologique’), 3 volumes :
    • Volume 1, Ancien Testament, hellénisme et judaïsme, la tradition synoptique, l’œuvre de Luc, 1978, 264 pages. Traduction en espagnol : Aliento de Dio. El Esperitu Santo en el Nuevo Testamento, Antiguo Testamento. Helenismo. Judaismo. La Tradicion sinoptica. La obra de Lucas, (Colleccion Koinônia N° 15), Salamanca, Secretariado Trinitario, 1982.
    • Volume 2, L’apôtre Paul. Les écrits johanniques. L’héritage paulinien. Réflexions finales, 1990, pp. 265 -663.
    • Volume 3, Etudes, 1991, 195 pages.
  • L’Exégèse du Nouveau Testament. Initiation à la méthode, Genève, Labor et Fides, 1984, 124 pages. Seconde édition, revue et corrigée, Labor et Fides, 1986.
  • Relire le Notre-Père, Paris, édité par Réforme, 1990, en feuilleton dans l’hebdomadaire ; puis réédité en volume : 124 petites pages, 4e édition 2009).

En collaboration

  • Traduction œcuménique de la Bible (TOB) Nouveau Testament, Traduction et annotation de l’évangile de Luc, avec le père mariste, Augustin Georges, 1972.
  • « La discipline dans l’Église », Cahiers de Christ seul, Montbéliard, éditions mennonites, no 1, 1990. Il est indiqué sur la couverture : « par Samuel Gerber avec la collaboration du professeur Max-Alain Chevallier ».

Notes et références

  1. Bolle 1993, p. 127.
  2. La ville, sous contrôle des troupes d’occupation françaises, est détruite à 80%. On vient d’y ouvrir une université qui n‘existait pas avant guerre, cf. Marjolaine Chevallier, « Présence de la Cimade auprès des étudiants de Mayence » in Kirchliche Zeitgeschichte 14 Jahrgang, Heft 2, 2001, KZG, sous titre : Themenschwerpunkt. Kirchen und Religionen. Frankreich-Deutschland Antagonismen und Annäherung im 19. Und 20. Jahrhundert, p.487-512.
  3. Thèse d'État, 1966, notice Sudoc .
  4. Bolle & Cabanel 2015, p. 681-682.
  5. Théo Trautmann, « Marjolaine, Emma, Rosette Chevallier », sur NDBA, Fédérations des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, (consulté le ).
  6. Esprit de Dieu, paroles d'hommes : le rôle de l'esprit dans les ministères de la parole selon l'apôtre Paul, Impr. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1966, 251 p. (thèse de doctorat)
  7. https://deces.matchid.io/search?q=Max-Alain+Chevallier
  8. Lettre de démission du Président Max-Alain Chevallier, du 12 septembre 1973, Université des Sciences humaines, Cabinet du Président (Strasbourg), 20 p.

Annexes

Bibliographie

  • Pierre Bolle et Patrick Cabanel, « Max-Alain Chevallier » dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. 1, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 681-682 (ISBN 978-2846211901)
  • Pierre Bolle, « Max-Alain Chevallier », dans André Encrevé (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5 Les Protestants, Paris, Beauchesne, (ISBN 2701012619), p. 127-128.
  • Christian Wolff, « Chevallier, Max-Alain (1922-) », in Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 6, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, Strasbourg, 1985, p. 505-506

Liens externes

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