Merle blanc
Le merle blanc est un merle noir (Turdus merula) atteint de leucistisme ou d'albinisme. Ces anomalies de pigmentation sont peu courantes chez cette espèce, le merle blanc est donc devenu un symbole de rareté.
Il ne faut pas confondre ces oiseaux avec l'espèce Coracina newtoni appelée aussi « merle blanc » ou « tuit-tuit » sur l'île de La Réunion, espèce menacée que l'on entend encore chanter parfois au-dessus de Saint-Denis[1],[2].
Description
Voir article principal Merle noir.
Normalement noir avec un bec jaune, il arrive parfois qu'un merle ait un problème de pigmentation, d'origine génétique, qui peut porter sur tout ou partie du plumage et du corps.
Le merle blanc albinos, c'est-à-dire dont les cellules sont incapables de synthétiser la mélanine qui colore normalement son corps de brun-noir, aura un plumage entièrement blanc, des yeux et pattes rouge rosés mais le bec jaune grâce à la présence d'autres pigments (caroténoïdes)[3].
Le merle blanc leucistique, c'est-à-dire dont les pigments ont des problèmes pour migrer dans les cellules, pourra présenter seulement quelques plumes blanches ou bien, au contraire, quelques plumes noires résiduelles, avec toutes les possibilités intermédiaires, selon le degré d'atteinte de sa pigmentation. Si les pattes ou le bec peuvent être décolorés également, l'œil, quant à lui, reste noir.
La couleur de ces oiseaux les expose plus à l'attaque des prédateurs. Il faut ajouter que les merles albinos ont une déficience visuelle. Beaucoup plus sensibles à la lumière, ils atteignent rarement l'âge adulte, contrairement aux individus leucistiques.
Le merle blanc dans la culture
Symbolisme
- « Un merle blanc » est, dans le langage familier, une expression désignant une chose exceptionnelle ou rarissime (étonnamment « le loup blanc », à peine moins rare, est lui réputé être « connu », mais en fait également pour l'originalité de sa couleur[4].)
- « C’est le merle blanc. » : se dit par extension de quelqu’un qui possède des qualités très difficiles à réunir.
- Pour défier quelqu’un de faire une chose qu’on regarde comme impossible, on dit quelquefois : « Si vous faites cela, je vous donnerai le merle blanc, un merle blanc. »
Le merle blanc est aussi utilisé pour expliquer la différence entre une croyance et une proposition scientifique : si l'on dit « Dieu existe et il ne se montre pas aux mortels. » c'est une croyance irréfutable, en revanche si l'on dit « tous les merles sont noirs » il s'agit d'une proposition réfutable car il suffit de trouver le fameux merle blanc pour la mettre en doute[5].
Le nom de « Merle blanc » est aussi choisi comme marque commerciale pour la notion d'exception qu'il véhicule.
Conte
Le merle blanc est un conte populaire français (conte-type 550). Il a pour protagoniste un oiseau magique, capable de rajeunir autrui à volonté. Un roi vieillissant confie à ses fils la mission de lui amener cet oiseau. Par son pouvoir sur l'écoulement du temps et sa capacité à restaurer le pouvoir de la royauté, le merle blanc rappelle Merlin. Sa blancheur est une marque de sa nature féerique, un motif fréquent dans l'univers celtique[6].
En musique
L'écrivaine d'expression française et interprète de chants traditionnels Taos Amrouche est surnommée « le merle blanc de Kabylie »[7].
Le Merle Blanc, Opus 161, est une polka fantaisie du compositeur Eugène Damaré.
Divers
- Alfred de Musset a écrit Histoire d'un merle blanc.
- Le Merle blanc est un film français de Jacques Houssin, une comédie sortie en 1944[8].
- « Le merle blanc existe, mais il est si blanc qu'on ne peut le voir, et le merle noir n'est que son ombre. » — Jules Renard
- Vers de Georges Brassens qui évoquent le « merle blanc » comme symbole de rareté en lieu et place de l'expression plus courante « perle rare » :
"En attendant le baiser qui fera mouche,
Le baiser qu'on garde pour la bonne bouche,
En attendant de trouver, parmi tous ces galants,
Le vrai merle blanc,
En attendant qu' le p'tit bonheur ne t'apporte
Celui derrière qui tu condamneras ta porte
En marquant dessus "Fermé jusqu'à la fin des jours
Pour cause d'amour" (in Embrasse les tous)
- La Porteuse de pain (de Xavier de Montépin), I/XVIII
- «– Tout simplement une bonne porteuse !
- – Rien que ça !… fit le Tourangeau en riant. C’est le merle blanc, les bonnes porteuses… Depuis quinze jours, chez ma patronne, nous en avons changé quatre fois.»[9]
- « Un homme parfaitement bilingue est donc un oiseau très rare, une sorte de merle blanc. » — Julien Green
Notes et références
- Ile de la Réunion : Faune
- Le Merle Blanc
- Photo d'un Merle blanc albinos
- L'origine de l'expression semble être que le loup de couleur claire était facilement repéré et signalé par le bouche à oreille, devenant donc "connu comme le loup blanc".
- La psychanalyse est une escroquerie page 2
- Philippe Walter (dir.) (trad. Jean-Charles Berthet), Le devin maudit : Merlin, Lailoken, Suibhne : textes et étude, Grenoble, ELLUG, coll. « Histoire, Cultures et Sociétés Moyen Age européen », , 252 p. (ISBN 2-84310-018-6 et 9782843100185, lire en ligne), p. 14-15
- Maxime Ait Kaki, dans Les États du Maghreb face aux revendications berbères 2003, Volume 68, Numéro 1, pp. 108
- Le Merle blanc
- Wikisource "la porteuse de pain" I/XVIII