Michele Pantaleone

Luigi Michele Pantaleone (Villalba, - Palerme, ) est un homme politique et sociologue italien.

Michele Pantaleone
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Député régional
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Biographie
Naissance
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(à 90 ans)
Palerme
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Parti politique

Membre du PSI sicilien puis proche du PCI, il milite après la Seconde Guerre mondiale au sein du mouvement paysan et antimafia. Il est l'un des pionniers de l'étude des relations entre le monde politique sicilien et la mafia.

Biographie

Fils de Gennaro Pantaleone, avocat républicain et antimafieux, Michele Pantaleone grandit à Villalba, fief du puissant mafieux Calogero Vizzini. Ayant refusé d'épouser un nièce de don Calò, il dit être resté célibataire pour éviter de provoquer la colère meurtrière du parrain, aux côtés duquel il est nommé adjoint de Villalba par les Alliés[1].

Géomètre de formation[2], devenu secrétaire du Parti socialiste à Villalba, il y organise le 16 septembre 1944, un meeting avec le premier secrétaire du Parti communiste sicilien qu'il secourt lorsqu'il est visé par des tirs de grenades et des balles alors qu'il accusait Vizzini de d'exploiter les paysans[3].

Il est élu député régional au sein du Blocco del Popolo lors des élections régionales de 1947 en Sicile, en remplacement de Pompeo Colajanni également élu par le collège de Palerme[2].

Alors que plusieurs syndicalistes et communistes sont tués par la mafia[1], Pantaleone, par ailleurs membre de la direction de la Ligue des coopératives[2], soutient l'occupation de terres incultes et commence à écrire sur les exactions de la mafia dans plusieurs journaux de gauche, malgré des menaces[1]. Après avoir collaboré avec Danilo Dolci[4], il publie, avec le soutien de Carlo Levi qui signe la préface, Mafia e politica all’origine di « Cosa Nostra » en 1961, « essai fondateur sur les liens entre politique et mafia en Sicile »[5].

Aux élections régionales de 1967, il entre à nouveau à l'Assemblée régionale sicilienne à la faveur du désistement de Colajanni qui préfère représenter le collège d'Enna à celui de Caltanissetta et siège parmi les communistes[2] avec lesquels il se brouille plus tard[1].

En 1969, il publie Antimafia occasione mancata qui s'appuie sur les travaux de la Commission parlementaire antimafia partiellement diffusés auprès du grand public[6], et dans lequel il dénonce les « occasions manquées » judiciaires pour lutter contre la mafia au profit de « basse politique ». Il est l'auteur de 14 livres et 5 000 articles[1] (parus dans L'Ora, I Siciliani, Stampa sera, Giornale di Sicilia, L'Espresso, L'Europeo…[7]) consacrés à Cosa nostra, et figure comme l'un des premiers dans les années 1960 à étudier en détail le phénomène mafieux sicilien[5].

Ses écrits lui valent plusieurs procès en diffamation, de la part notamment de Bernardo Mattarella qui le fait condamner[1], et de Calogero Volpe à la fin des années 1960 pour lequel il est relaxé, et de Giovanni Gioia en 1975[8], contre qui il gagne également après avoir bataillé avec la commission antimafia pour obtenir les documents consacrés au député[9].

Il témoigne plusieurs fois auprès de la Commission parlementaire antimafia[10] et, dans les années 1980, les juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino le sollicite pour mieux comprendre les rouages du crime organisé local[1]. Menacé, il bénéficie d'une protection[11].

Dans sa propriété de Villalba, appelée Carrubbo, il plante 312 oliviers[1].

En 2017, la municipalité de Palerme donne son nom à une rue[7].

Ouvrages

En italien
  • I casi di Villalba ovvero del malcostume amministrativo del paternalismo e delle complicità. Un Grosso scandalo che va oltre i confini di un piccolo paese, Turin, Priulla, 1957.
  • Alcuni aspetti dell'economia agricola siciliana, Palerme, La cartografica, 1960.
  • Mafia e politica, all’origine di « Cosa Nostra ». 1943-1962, Turin, Einaudi, 1962.
  • Mafia e droga, Turin, Einaudi, 1966.
  • Antimafia: occasione mancata, Turin, Einaudi, 1969.
  • Il sasso in bocca. Mafia e Cosa nostra, Bologne, Cappelli, 1970.
  • L'industria del potere, Bologne, Cappelli, 1972.
  • La mafia oggi, in La mafia, Catane, LiTES, 1972.
  • L'antimafia in tribunale, Naples, Centro editoriale del Mezzogiorno, 1976.
  • Un processo a Palermo, Palerme, Misuraca, 1979.
  • A cavallo della tigre, Palerme, Flaccovio, 1984.
  • Il sonno e la ragione. Cultura, editoria ed informazione in Sicilia oggi, avec Giuseppe Zagarrio, Nino Recupero, Giancarlo Lo Curzio e Graziella Priulla, Pozzallo, Culturanuova, 1984.
  • Mafia: pentiti?, Bologne, Cappelli, 1985.
  • Mafia e antimafia, Naples, Pironti, 1992. (ISBN 88-7937-038-3).
  • Omertà di stato. Da Salvatore Giuliano a Totò Riina, Naples, Pironti, 1993. (ISBN 88-7937-084-7).
En français
  • Mafia et politique, Gallimard, 1965 (ISBN 978-2070248889)[12]

Notes et références

  1. (it) « pantaleone lo scittore della mafia - la Repubblica.it », sur Archivio - la Repubblica.it (consulté le )
  2. (it) « Pantaleone Luigi Michele | ARS », sur www.ars.sicilia.it (consulté le )
  3. (it) « Villalba 1944 quando la mafia sparò su Li Causi e i suoi contadini - la Repubblica.it », sur Archivio - la Repubblica.it (consulté le )
  4. « Danilo Dolci Le « Gandhi du Mezzogiorno » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. Jacques de Saint-Victor, « Justice et politique en Italie : les procès de mafia (xixe-xxe siècle) », Histoire de la justice, vol. 2017/1, no 27, , p. 115-132 (lire en ligne)
  6. Jean-Louis Briquet, Mafia, justice et politique en Italie : l'affaire Andreotti dans la crise de la république, 1992-2004, Karthala, (ISBN 978-2-84586-833-5, lire en ligne), p. 98
  7. (it) Flavia Fruscione, « Palermo, intitolazione di una via a Michele Pantaleone | Magaze.it » (consulté le )
  8. « La commission anti-Mafia communique certains dossiers à la justice », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  9. « Italie », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  10. « DISSOUTE APRÈS TREIZE ANS D'ACTIVITÉ La commission parlementaire anti-Mafia paraît avoir échoué dans sa mission ROME, CAPITALE DE " L'HONORABLE SOCIÉTÉ " », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  11. (it) « PALERMO, UNA CITTA' SOTTO SCORTA - la Repubblica.it », sur Archivio - la Repubblica.it (consulté le )
  12. « LE MONDE À TRAVERS LES LIVRES », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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