Mikhaïl Kalinine
Mikhaïl Ivanovitch Kalinine (en russe : Михаил Иванович Калинин), né à Vierkhniaïa Troïtsa le 7 novembre 1875 ( dans le calendrier grégorien) et mort à Moscou le , est un révolutionnaire, homme politique et dirigeant soviétique, président du Præsidium du Soviet suprême, et donc dirigeant de jure de la RSFS de Russie, puis de l'Union soviétique de 1919 à 1946.
Pour les articles homonymes, voir Kalinine.
Mikhaïl Kalinine Михаил Калинин | |
Portrait photographique de Mikhaïl Kalinine en 1920. | |
Fonctions | |
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Président du Præsidium du Soviet suprême de l'URSS | |
– | |
Président du Conseil | Viatcheslav Molotov (1930-1941) Joseph Staline (1941-1953) |
Prédécesseur | présidence collective (1922-1938) |
Successeur | Nikolaï Chvernik |
Membre du Præsidium du Comité central exécutif de l'URSS | |
– | |
Prédécesseur | poste créé |
Successeur | poste aboli |
Biographie | |
Date de naissance | 7 novembre 1875 ( dans le calendrier grégorien) |
Lieu de naissance | Vierkhniaïa Troïtsa Empire russe |
Date de décès | |
Lieu de décès | Moscou, RSFSR Union soviétique |
Nationalité | Russe (de 1875 à 1917) Russe (de 1917 à 1922) Soviétique (de 1922 à 1946) |
Parti politique | POSDR (1898-1903) POSDR(b) (1903-1918) PCP(b) (1918-1946) |
Conjoint | Ekaterina Lorberg (née en 1882, mariés de 1906 à 1946, décédée en 1960) |
Enfants | Valérien (1904 - 1947) Julia (1905 - ?) Alexandre (1908 - 1988) Lydia (1912 - 1961) |
Religion | Aucune (athéisme) |
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Dirigeants de l'URSS | |
Biographie
Issu d'une famille russe paysanne pauvre de la région de Tver, Kalinine travaille avec son père dans l'agriculture puis en usine à Saint-Pétersbourg en 1889, dans le Caucase, puis à Reval (Tallinn), au gré de ses arrestations et de ses exils. Ouvrier métallurgiste — il est à partir de 1896 tourneur aux usines Poutilov — il adhère au Parti ouvrier social-démocrate de Russie dès sa fondation en 1898 dans la faction bolchévique partisane des théories de Lénine.
Arrêté et exilé pour la première fois en 1899, il fait la connaissance de Staline l'année suivante à Tiflis, ville où ils militent ensemble. Peu après, il participe aux actions révolutionnaires du parti lors de la révolution russe de 1905 dans la capitale. Quelques années plus tard, il retrouve Staline en 1912 au bureau russe du comité central et collabore alors à la fondation du journal la Pravda. Arrêté à Petrograd en 1916, exilé en Sibérie orientale, il est libéré par la révolution de Février. Il se déclare alors favorable à un soutien critique au gouvernement provisoire et opposé aux « thèses d'avril » de Lénine.
Lors du passage à l'insurrection, il adopte une attitude temporisatrice. Après la révolution d'Octobre, il devient maire de Petrograd et l'un des membres du Comité exécutif central (CEC), puis membre du Bureau politique du parti. La mort de Sverdlov lui permet de devenir Président du CEC, c'est-à-dire en position (nominale) de chef de l'État. Ce choix aurait été fait au nom des origines rurales de Kalinine, Lénine désirant renforcer les liens entre la classe ouvrière et la paysannerie. Quoi qu'il en soit, il conserve ce poste durant 23 ans (si on compte à partir de la création de l'URSS et l'instauration de la présidence du Présidium du Soviet qui lui échoit alors), jusqu'à sa démission quelques mois avant son décès.
Pendant la guerre civile, il organise le train d'agitation de la révolution d'Octobre qui a pour objectif de rallier ouvriers et paysans aux « rouges ». Pendant toute la suite de sa carrière politique, Kalinine est membre (suppléant ou titulaire) du Politburo et soutient Staline, sauf en 1929-1930 où il apparait, très timidement, proche de l'opposition de droite et réticent à la collectivisation et la dékoulakisation. Il argumente d'ailleurs contre Staline sur ce point et est accusé par ce dernier de « défendre les koulaks »[1] ; Staline lui gardera rancœur de cette opposition.
À l'été 1930, il est mis en cause par Staline dans l’affaire du « Parti industriel », dans lequel Staline tente de faire condamner cet homme à femmes pour détournement de fonds au profit d'une jeune ballerine[2]. Kalinine demande pardon, mais Staline l'attaque de nouveau en septembre, l’accusant de fréquenter ce « scélérat » de Rykov. Il est de nouveau pardonné mais ne s'oppose plus jamais à Staline[3].
Sa femme Ekaterina est arrêtée et déportée en , pour des paroles critiques envers Staline. Elle n'est libérée du Goulag qu'en 1946, l'année du décès de son mari. Impuissant à aider sa propre épouse, Kalinine l'est tout autant pour répondre aux multiples appels à l'aide qui lui parviennent de toutes parts, à l'exemple de Nadejda Kroupskaïa, l'épouse de Lénine, elle aussi beaucoup sollicitée. Sa popularité est réelle comme le montre le courrier abondant qu'il reçoit de beaucoup de citoyens soviétiques de base qui ont longtemps persisté à voir en lui un recours. L'historienne Sheila Fitzpatrick mentionne qu'entre 1923 et 1935, son cabinet est l'objet de plus de 1,5 million de demandes d'aide écrites et orales. Elle souligne que Kalinine, du moins avant les Grandes Purges de 1937, est un des dirigeants les plus compréhensifs et serviables auprès de la population soviétique.
Ce « vieux bolchévique » extrêmement populaire et inoffensif — il est surnommé « papa » et le « doyen de village pansoviétique »[4] — symbolise, à la tête de l'État, la permanence de la tradition révolutionnaire. Le , Kalinine serait un des responsables soviétiques, à l'instar de Kaganovitch, qui sans le signer, soutinrent l'ordre d'exécution de 25 700 Polonais faits prisonniers par l'Armée rouge (massacre de Katyń).
Kalinine reste président du Présidium du Soviet suprême de l'URSS jusqu'à sa démission le , très peu de temps avant sa mort.
Vie privée et personnalité
Simon Sebag Montefiore le décrit comme un « ex-paysan au regard doux, portant des lunettes rondes, un bouc et des moustaches tombantes »[1].
Kaliningrad
Les autorités soviétiques, reprenant la tradition impériale russe, avaient pris habitude d'honorer les principaux dirigeants du parti décédés — et parfois vivants — en donnant leur nom à des villes : ainsi de Lénine (Léningrad, Oulianovsk, Leninabad), de Sverdlov (Sverdlovsk), de Dzerjinski (Dnieprodzerjinsk), de Frounze, Joseph Staline pour (Stalingrad) etc. L'URSS ayant annexé, après la Seconde Guerre mondiale, une partie de l'ancienne Prusse-Orientale, la capitale Königsberg fut renommée Kaliningrad[5]. Ce nom lui est resté depuis lors, à l'inverse de Tver, sa ville natale, qui, nommée Kalinine, en 1931, de son vivant, a retrouvé son ancien toponyme en 1990.
Le nom de Kalinine a aussi été attribué à titre honorifique à la 2e division de fusiliers motorisés de la garde, unité d'élite de l'armée de terre russe, en 1946[6].
Distinctions
Bibliographie
- Sheila Fitzpatrick, Le Stalinisme au quotidien, Flammarion, 2002.
- Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin. Staline et le Bureau politique dans les années 1930 : les jeux du pouvoir, Paris, Seuil, coll. « Archives du communisme », 1998, 331 p.
- Simon Sebag Montefiore (trad. de l'anglais par Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz), Staline : La cour du tsar rouge, vol. I. 1929-1941, Paris, Perrin, , 723 p. (ISBN 978-2-262-03434-4).
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Notes et références
- Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 101.
- Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 107.
- Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 110.
- Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I.
- Pascal Cauchy, Königsberg, trophée de l'Armée rouge, Communications, Année 1992, 55, p. 67-76
- http://деятельность.минобороны.рф/news_page/country/more.htm?id=12241056@egNews
Liens externes
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