Mine d'uranium de Tortkuduk

La mine d'uranium de Tortkuduk est une zone de production d'uranium localisée dans le district de Sozak de la région du Kazakhstan-Méridional, à l'ouest du désert de Muyunkum, à environ 250 km au nord de la ville de Chimkent et 290 km à l'est de la ville de Kyzylorda. Le village le plus proche, Suzak, se trouve à 70 km vers le sud-ouest.

Mine de Tortkuduk
Steppes du Kazakhstan
Ressources
Exploitant
Ouverture
2007
Pays
Division administrative
Subdivision administrative
Coordonnées
44° 30′ 29″ N, 69° 12′ 29″ E
Localisation sur la carte du Kazakhstan
Localisation sur la carte d’Asie

Le gisement de cette mine, aussi connu sous le nom de Muyunkum nord[1], est exploitée par la société KATCO, dont le siège social se trouve à Almaty. Il s'agit de la mine d'uranium la plus importante du Kazakhstan. Quatrième mondiale après la mine d'uranium de McArthur River (Canada), Olympic Dam (Australie) et la mine d'Arlit de la Société des mines de l'Aïr (Niger), elle fournit environ 5 % de la production mondiale d'uranium[2].

A 40 km en direction du sud-ouest se trouve une seconde zone de production d'uranium exploitée par KATCO depuis 2004 : la mine de Muyunkum. En 2015, Areva étudie une troisième zone de production - South Tortkuduk - en prévision de la fermeture prochaine des 2 mines de Tortkuduk et Muyunkum[3].

Histoire

En 2001, les équipes d’Areva ont commencé à faire des sondages et des études de faisabilité[4]. Après 3 années de tests, le développement industriel du site de Tortkuduk a démarré en , à la suite de la signature d'un contrat entre Areva et KazAtomProm[5]. La production d'uranium a commencé, selon les sources, 18 mois plus tard[4] ou en 2007[1]. En 2009, une deuxième usine d'extraction d'uranium est construite à une cinquantaine de kilomètres du premier site, à Muyunkum[4]. Le procédé de cette nouvelle usine permet de concentrer l'uranium, puis ces concentrés sont transportés par camion à l'usine principale de Tortkuduk pour y finaliser le traitement[6].

Tortkuduk atteint une production de 2 608 tonnes d'uranium en 2011[2], puis 2 550 tonnes d'uranium en 2013[7]. En 2012, l'usine kazakhe de Katco compte 1 000 salariés[8]. En 2017, l'usine ne compte plus qu'environ 800 salariés[9].

En 2014, le gisement est exploité au moyen d'un champ de puits de 3 500 forages en activité[10]. Environ un millier d'employés, en majorité des Kazakhstanais, sont logés et nourris à la base-vie, un grand bâtiment en étoile avec cantine et salle de gym[11]. L'alcool est interdit sur le site[12].

En 2015, Areva envisage de renouveler les équipements miniers (sondeuses) de Katko et prépare le forage des avant puits de South Tortkuduk Ikansk[13].

En , un accord entre Areva et Kazatomprom est signé à Astana pour exploiter le gisement uranifère de South Tortkuduk[14].

Technologie

Le gisement d'uranium, situé à environ 300 mètres de profondeur[15], est exploité selon le procédé de lixiviation in situ[10]. Ces forages injectent de grandes quantités d'acide sulfurique dans le sous-sol pour dissoudre l'uranium, puis au bout de quelques mois, d'autres forages repompent la solution à la surface : elle contient à peine 0,1 gramme d'uranium par litre[15].

La solution est ensuite traitée dans l'usine située à proximité. L'usine produit du tri-oxyde d'uranium (U3O8) à partir des jus de production en provenance du champ de puits. Pour concentrer ces jus en uranium, on utilise des résines d'ammoniac, puis l'uranium est précipité par calcination[16]. L'exploitant extrait de cette solution des concentrés d'uranium de l'ordre de 75 à 80 % d'uranium[10]. Les équipements de la mine sont alimentés en électricité par des lignes à haute tension, qui sont remplacées par des générateurs de secours en cas de tempête[11].

Selon le quotidien économique les Échos, la lixiviation in situ possède un handicap majeur : l'exploitant doit sans cesse trouver de nouveaux terrains pour accroître sa production, ce qui permet aux autorités kazakhes de contrôler ses partenaires étrangers en leur accordant les permis d'extraction[8].

Transports

En 2015, la mine est équipée d'un parc de 350 véhicules (voitures, minibus, poids lourds, foreuses, etc.)[11].

Les concentrés d'uranium obtenus sont mis en fut puis expédiés par le train. Une partie est expédiée en Chine[15]. Une autre partie est transportée jusqu'à Saint-Pétersbourg (Russie), avant d'être acheminé par bateau via le canal de Kiel jusqu'à Hambourg (Allemagne), puis transporté à nouveau en train à travers toute la France jusqu'à l'usine Areva Malvési (Narbonne)[17].

Risques de contamination

Selon le Commissariat à l'énergie atomique, la lixiviation in situ nécessite un bon isolement du gisement vis-à-vis du réseau hydrogéologique[16]. Selon l'association écologiste allemande Robin Wood, le processus de lixiviation in situ affecte la nappe phréatique, et les effets à long terme sont incertains[18].

Areva promet qu'il n'y a aucun risque puisque tous les puits sont rebouchés une fois épuisés, ce qui est démenti par des écologistes[19].

Références

  1. (en) « The 10 biggest uranium mines in the world », sur http://www.mining-technology.com/, (consulté le ).
  2. (en) Uranium 7 - Mines - 8/02/12, nucleotidings.com.
  3. « Offre d'emploi Ingénieur Réservoir ISR (F/H) », sur http://www.hanploi.com/, (consulté le )
  4. Kazakhstan, le nouvel eldorado du nucléaire - Teddy Seguin, 2009.
  5. (en) http://www.mining-atlas.com/operation/Tortkuduk_Uranium_Mine.php.
  6. « Responsable méthodes h/f », sur http://www.metalemploi.org/, (consulté le ).
  7. World Uranium Mining Production - World Nuclear Association, octobre 2014.
  8. Areva joue gros au Kazakhstan - Les Echos, 25 avril 2012.
  9. Les nouvelles routes de l'uranium - L'Usine Nouvelle, 27/10/2017
  10. Sur la route de l'uranium au Kazakhstan - France Info, 23 novembre 2014.
  11. « Il bichonne les engins miniers au Kazakhstan », sur http://www.franceinfo.fr/, (consulté le ).
  12. « Un week-end a Tortkuduk, Kz », sur http://lekazak.over-blog.com/, (consulté le ).
  13. « Stage Ingénieur Forage », sur http://www.jobenergies.com/, (consulté le ).
  14. Accord au Kazakhstan pour Areva - 10/04/2017
  15. « Tortkuduk, l’uranium du bout du monde », sur http://www.lefigaro.fr/, (consulté le ).
  16. [PDF] Le traitement des minerais d'uranium - H. Kerdjoudj - Commissariat à l’Energie Atomique.
  17. Narbonne : Un convoi d'uranium à destination de Malvézy contesté - L'Indépendant, 13 novembre 2014.
  18. « Des militant(e)s manifestent contre le transport d’uranium dans le port de Hambourg »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) - Communiqué de Presse de Robin Wood, 10 novembre 2014.
  19. « De l'uranium sous ses pieds au Kazakhstan », sur http://www.franceinfo.fr/, (consulté le ).

Voir aussi

  • Portail de la mine
  • Portail du nucléaire
  • Portail du Kazakhstan
  • Portail de l’énergie
  • Portail de l’histoire militaire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.