Collier cervical
Le collier cervical, ou minerve, également appelé collet cervical au Québec, est une attelle permettant d'immobiliser les vertèbres cervicales, c'est-à-dire le cou : il restreint les mouvements de la tête par rapport aux épaules. Il est généralement utilisé en cas de chute de hauteur et d'accident de la circulation, ou d'atteinte à la tête (plaie au menton, à la face ou sur le cuir chevelu, bosse, enfoncement, trouble de la conscience) lorsque le choc a pu provoquer une lésion des cervicales.
Les habitudes de langage veulent que le terme « minerve » soit utilisé pour désigner des contentions du cou posées en milieu médical, tandis que le terme « collier cervical » désigne des dispositifs provisoires utilisés en milieu pré-hospitalier. Il n'existe toutefois aucune définition officielle différenciant ces termes bien que dans les faits, on utilise plus le terme de collier cervical pour le dispositif mettant en repos complet les cervicales donc avec un appui mandibulaire et un appui sternal alors que la minerve (souvent en mousse) ne tracte pas les cervicales mais empêche juste les mouvements cervicaux.
Différents modèles
Il existe deux modèles de colliers cervicaux : les modèles en mousse et les modèles rigides.
Les modèles en mousse sont constitués d'une bande de mousse dense épaisse recouverte d'un film plastique lavable que l'on enroule autour du cou. Ils présentent deux bosses vers le haut et une bosse vers le bas entre les deux :
- les bosses vers le haut sont destinées à maintenir les côtés du menton, pour éviter la rotation de la tête ;
- la bosse vers le bas s'appuie sur la poitrine et évite la flexion du cou vers l'avant.
Ces modèles sont moins efficaces que les modèles rigides.
Les modèles rigides sont constitués de deux pièces de plastique souples, capitonnées par de la mousse. La première pièce fait le tour du cou (partie grise sur la photo), une fois enroulée, elle présente une grande rigidité dans l'axe du cou ; elle présente une bosse vers le bas qui s'appuie sur la poitrine. La deuxième pièce (partie jaune sur la photo), rivetée sur la première, prend la forme du menton et l'immobilise.
Il existe plusieurs tailles de colliers cervicaux, selon la morphologie de la victime (tour et hauteur de cou) ; on a en général six tailles de collier : nourrisson, enfant, et quatre tailles adulte (sans cou, cou court, moyen ou long). Les colliers peuvent se serrer plus ou moins, permettant de s'adapter de manière plus précise au tour du cou ; certains modèles rigides sont réglables en hauteur, ce qui permet de n'avoir qu'un seul collier adulte.
Mise en place d'un collier cervical
Dans le cas d'une suspicion de traumatisme de la colonne vertébrale, la pose du collier cervical est systématique. Le collier doit être posé le plus tôt possible, après réalisation des gestes de maintien des fonctions vitales : arrêt des hémorragies et libération des voies aériennes.
Dans le cas d'une personne consciente, pour la mise en place du collier, la tête doit être mise dans l'alignement du torse, en position neutre. Durant toute la manœuvre, un sauveteur maintient la tête en position ; si la victime est allongée, il est à genoux dans l'axe de la victime, les avant-bras reposant sur ses cuisses, et si la victime est assise (en général dans une voiture), il se met derrière elle, ses avant-bras reposent sur le dossier du fauteuil ; il tient la tête en prise latéro-latérale.
Dans le cas d'une personne inconsciente, qui respire normalement, et en l'absence d'une équipe médicale, la mise en PLS sera prioritaire. Le collier cervical n'interviendra, peut-être, que lors de l'arrivée des secours médicaux. Si on suspecte un traumatisme de la colonne vertébrale, le collier cervical est posé avant la mise en PLS, qui sera réalisée à deux secouristes[1].
Limites du collier cervical
Le collier cervical, même dans sa version rigide, n'immobilise pas complètement : il permet encore 25 à 30 % des mouvements de flexion et d'extension, ainsi que 50 % des mouvements de flexion latérale[2]. Une fois posé, il faut donc continuer à maintenir la tête, notamment si la victime est agitée, et ce jusqu'à complément de l'immobilisation : matelas immobilisateur à dépression, attelle d'extraction (type Kendricks extrication device ou KED) ou calage et sanglage sur un plan dur. Si la victime est calme, qu'on lui a bien expliqué qu'il fallait qu'elle reste immobile, on peut lâcher la tête si nécessaire (par exemple si l'on a besoin du secouriste pour autre chose)[3].
L'usage répété du collier cervical à visée antalgique, en traitement des torticolis ou douleurs musculaires cervicales par exemple, peut présenter l'inconvénient à terme de réduire la capacité musculaire naturelle de soutien de la tête et de favoriser la fonte musculaire ou l'enraidissement des articulations. La diminution de la capacité musculaire peut entrainer des difficultés à la stature ou à la mobilisation, et augmente potentiellement le risque de suraccident et de syndrome douloureux chronique.
Effets délétères
Les indications de la pose d'un collier cervical ont largement diminuées ces dernières années, à mesure qu'un nombre croissant d'études démontrent que les inconvénients à la pose d'un collier pourraient être supérieurs à ses bénéfices. En effet, sa pose peut entraîner des mobilisations inappropriées de la colonne vertébrale, notamment des vertèbres cervicales[4] ; une augmentation de la pression intracrânienne[5] ; un retardement de l'intubation trachéale[6] (la position idéale pour l'intubation est de s'approcher d'un alignement bouche-pharynx-larynx, ce qui chez un adulte représente une bascule arrière de la tête d'environ 35 ° (angle de Belhouse) ; il est alors fréquent de voir une équipe médicale défaire le collier cervical le temps de l'intubation, puis le remettre) ; des escarres par compression des tissus contre les os du crâne ou les vertèbres cervicales[7] ou des paralysies des nerfs mandibulaires.[8]
A contrario, d'éventuelles études démontrant les effets positifs de la pose d'un collier cervical semblent inexistantes[9], ne permettant pas aujourd'hui d'affirmer formellement que la pose d'un tel matériel permettrait de réduire la mortalité ou les complications neurologiques et fonctionnelles chez les patients traumatisés.
Collier cervical improvisé
En attendant l'arrivée des secours, l'immobilisation d'une personne consciente se fait normalement en maintenant la tête. Cependant, il peut être nécessaire de lâcher la tête, par exemple pour s'occuper d'autres victimes, ou bien si l'on est seul pour aller prévenir les secours. Dans ce cas-là, on peut mettre des objets (par exemple des vêtements) autour de la tête de la victime ; ces objets constituent un repère pour la victime, à qui l'on va dire de ne pas bouger la tête.
On peut aussi avoir recours à un collier cervical improvisé. La solution la plus simple consiste à prendre un journal plié et à l'enrouler autour du cou de la victime. On ajustera la largeur du pliage afin que le journal s'appuie sur les épaules et sous les oreilles ; le journal peut être maintenu en place par un lien (par exemple une cravate) ou du ruban adhésif, mais ne doit pas gêner la respiration.
Si l'on part en randonnée avec un matelas en mousse compact (type « carré-mat' »), on peut dessiner avant de partir les contours de colliers cervicaux en mousse ; il suffit alors de découper le matelas et de le mettre en place, le serrage se fera avec un lien sans gêner la respiration.
Dans le cas d'une personne assise dans un véhicule, on peut envisager de maintenir la tête contre l'appui-tête à l'aide d'un lien (par exemple une ceinture), à condition que la personne tienne assise naturellement (voiture sur les roues à l'horizontale ou inclinée vers l'arrière).
Ces systèmes permettent un maintien sur le court terme (intervention des secours) mais ne constituent en aucun cas une solution thérapeutique sur moyen/long terme.
Notes et références
- http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_l_interieur/defense_et_securite_civiles/formation/nnfasc/osc/pse1/downloadFile/attachedFile_11/pse_1.pdf?nocache=1248706687.22
- Colleen Y. James, Bryan L. Riemann, Barry A. Munkasy et A. Barry Joyner, « Comparison of Cervical Spine Motion During Application Among 4 Rigid Immobilization Collars », Journal of Athletic Training, vol. 39, no 2, , p. 138–145 (ISSN 1062-6050, PMID 15173864, lire en ligne, consulté le )
- Lésions de la colonne vertébrale, un document des Forces armées terrestres suisses (fichier PDF, 25p, 495 ko)
- Peleg Ben-Galim, Niv Dreiangel, Kenneth L. Mattox et Charles A. Reitman, « Extrication collars can result in abnormal separation between vertebrae in the presence of a dissociative injury », The Journal of Trauma, vol. 69, no 2, , p. 447–450 (ISSN 1529-8809, PMID 20093981, DOI 10.1097/TA.0b013e3181be785a, lire en ligne, consulté le )
- Ralph J. Mobbs, Marcus A. Stoodley et John Fuller, « Effect of cervical hard collar on intracranial pressure after head injury », ANZ journal of surgery, vol. 72, no 6, , p. 389–391 (ISSN 1445-1433, PMID 12121154, DOI 10.1046/j.1445-2197.2002.02462.x, lire en ligne, consulté le )
- K. J. Heath, « The effect of laryngoscopy of different cervical spine immobilisation techniques », Anaesthesia, vol. 49, no 10, , p. 843–845 (ISSN 0003-2409, PMID 7802175, DOI 10.1111/j.1365-2044.1994.tb04254.x, lire en ligne, consulté le )
- S. Hewitt, « Skin necrosis caused by a semi-rigid cervical collar in a ventilated patient with multiple injuries », Injury, vol. 25, no 5, , p. 323–324 (ISSN 0020-1383, PMID 8034352, DOI 10.1016/0020-1383(94)90245-3, lire en ligne, consulté le )
- J. A. Rodgers et W. B. Rodgers, « Marginal mandibular nerve palsy due to compression by a cervical hard collar », Journal of Orthopaedic Trauma, vol. 9, no 2, , p. 177–179 (ISSN 0890-5339, PMID 7776040, DOI 10.1097/00005131-199504000-00015, lire en ligne, consulté le )
- I. Kwan, F. Bunn et I. Roberts, « Spinal immobilisation for trauma patients », The Cochrane Database of Systematic Reviews, no 2, , p. CD002803 (ISSN 1469-493X, PMID 11406043, PMCID 7003994, DOI 10.1002/14651858.CD002803, lire en ligne, consulté le )
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