Missa solemnis (Bruckner)

La Missa solemnis, WAB 29, est une messe solennelle composée par Anton Bruckner en 1854 pour l'installation de Friedrich Mayer.

Missa solemnis en si bémol
WAB 29

L'abbaye de Saint-Florian

Genre Messe
Nb. de mouvements 6
Musique Anton Bruckner
Langue originale Latin
Effectif Chœur mixte, solistes, orchestre, orgue
Durée approximative 30 minutes
Dates de composition
Dédicataire Installation de Friedrich Mayer
Partition autographe Abbaye de Saint-Florian
Création
Abbaye de Saint-Florian
Autriche
Représentations notables
  • à l'abbaye de Saint-Florian par Berhard Deubler
  • , septième concert de la Linzer Bruckner-Stiftung, par August Göllerich

Historique

À la suite du décès de Michael Arneth[1], Friedrich Mayer[2] lui succéda en tant qu'abbé de l'Abbaye de Saint-Florian[3]. La Missa solemnis, WAB 29, est une messe solennelle pour solistes, chœur, orchestre et orgue, composée par Bruckner pour l'installation de Friedrich Mayer. La Missa solemnis fut exécutée à l'Abbaye, le , jour de l'installation de Mayer[4]. Le manuscrit est archivé à l'abbaye[5].

Lorsque Robert Führer prit connaissance de la partition de la messe, il suggéra à Bruckner d'aller la montrer à Simon Sechter[6]. Après avoir vu la partition, Sechter accepta de prendre Bruckner comme élève. À la possible exception du Psaume 146, la Missa solemnis fut la dernière grande œuvre que Bruckner composa avant la fin de sa période d'étude auprès de Sechter, car Sechter ne permettait pas à ses étudiants de composer lorsqu'ils étudiaient chez lui[7].

Une deuxième exécution de la Missa solemnis a eu lieu deux ans après le décès de Bruckner, le (Floriani-Tag), à l'Abbaye de Saint-Florian sous la baguette du maître des chœurs Berhard Deubler. Le , la Missa solemnis a été exécutée par August Göllerich au cours du septième concert de la Linzer Bruckner-Stiftung[8].

Composition

La Missa solemnis, WAB 29, est composée pour solistes (soprano, alto, ténor et basse) chœur mixte, orchestre (2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, trombones alto, ténor et basse, timbales et instruments à cordes) et orgue[9].

Selon la pratique catholique – comme dans la précédente Messe für den Gründonnerstag et les deux messes suivantes (no 1 et no 2) – le premier verset du Gloria et le Credo n'est pas composé et doit être entonné par le prêtre en mode grégorien avant la poursuite de l'exécution par le chœur. À l'inverse des précédentes Landmessen, le Gloria et le Credo de la Missa solemnis contiennent la totalité du texte de ces parties de la messe.

La composition comprend six parties principales :

  1. Kyrie – Andante, si bémol mineur
  2. Gloria
    1. "Et in terra pax..." – Allegro, sol mineur
    2. "Qui tollis peccata mundi..." – Andante, sol mineur ; soliste basse avec solo de hautbois, et chœur
    3. "Quoniam tu solus sanctus..." – Allegro, si bémol majeur
  3. Credo
    1. "Patrem omnipotentem..." – Allegro moderato, si bémol majeur
    2. "Et incarnatus est..." – Adagio, fa majeur
    3. "Et ressurrexit tertia die..." – Allegro moderato, si bémol majeur
    4. "Et vitam venturi saeculi..." – Allegro moderato, si bémol majeur
  4. Sanctus – Moderato, si bémol majeur
  5. Benedictus – Moderato, mi bémol majeur
  6. Agnus Dei
    1. "Agnus Dei..." – Adagio, si bémol majeur
    2. "Dona nobis pacem..." – Allegro, si bémol majeur

Durée totale : environ 31 minutes[9].

Stylistiquement cette messe, qui se situe à la suite des messes orchestrales de Beethoven, fait montre de l'affrontement de Bruckner avec la tradition. Malgré de nombreuses beautés de détail, les multiples influences procurent à l'œuvre une certaine hétérogénéité, dans laquelle sont « amalgamés » la technique de fugue de Bach, et des éléments des Musiques des périodes classique et préclassique viennoises, et du début du romantisme (Schubert)[5].

Le Quoniam est une citation de la Missa sancti Bernardi von Offida de Joseph Haydn[3]. Comme dans les messes suivantes, l' Et resurrexit est précédée par une classique "montée chromatique en stile agitato, qui figure le tremblement de la terre."[3] Cette montée chromatique est répétée avant l' Et expecto resurrectionem mortuorum. Plusieurs passages de la Missa solemnis, notamment le Qui tollis du Gloria et la partie centrale du Credo, préfigurent la suivante Messe no 1 en ré mineur. Le Gloria et le Credo sont terminent par une fugue.

Robert Simpson ne trouve « rien de médiocre ou d'hésitant dans cette œuvre claire et puissante... la musique est souvent d'excellente qualité... la facture, quoique imparfaite, est admirable. »[10]

Éditions

L'édition Haas de la Bruckner Gesamtausgabe était basée sur la copie remise à Mayer[11]. Au cours des années 1930 Ferdinand Habel apporta quelques modifications au texte des mesures 28-38 du Kyrie et 57-58 du Gloria, pour le rendre mieux utilisable pour la célébration eucharistique[12].

Dans l'édition suivante, Nowak a rejeté ces changements et a en outre amélioré le phrasé dans certaines parties des violons, que Haas n'avait pas à sa disposition[11],[13].

Le , la première d'une édition par Benjamin-Gunnar Cohrs, destinée à être incluse dans la Anton Bruckner Urtext Gesamtausgabe[14], a été exécutée par Łukasz Borowicz avec le RIAS Kammerchor et l'Akademie für Alte Musik Berlin[15].

Discographie

Il n'y a que cinq enregistrements commerciaux de l'œuvre. Les trois enregistrements plus anciens suivent l'édition Haas avec les adaptations du texte de Habel. Rickenbacker suit l'édition Nowak. Selon Hans Roelofs, l'enregistrement de Hausmann (1983) est une réalisation remarquable pour un chœur non-professionnel. Jürgens exécute son enregistrement avec religiosité, comme une messe. Rickenbacker l'exécute plus énergiquement, comme une œuvre de concert[12].

Notes

Références

  • Anton Bruckner, Sämtliche Werke, Kritische Gesamtausgabe – Band 15: Requiem d-Moll – Missa solemnis b-Moll, Dr. Benno Filsen Verlag GmbH, Robert Haas (Éditeur), Augsbourg-Vienne, 1930
  • Anton Bruckner: Sämtliche Werke: Band XV: Missa Solemnis in B (1854) Musikwissenschaftlicher Verlag der Internationalen Bruckner-Gesellschaft, Leopold Nowak (Éditeur), Vienne, 1975
  • Robert Anderson, "Romantic Masse", The Musical Times 117, no 1602, 1976
  • Uwe Harten, Anton Bruckner. Ein Handbuch. Residenz Verlag, Salzbourg, 1996. (ISBN 3-7017-1030-9).
  • Paul Hawkshaw, "Bruckner's large sacred compositions", The Cambridge Companion to Bruckner, John Williamson (Éd.), Cambridge University Press, Cambridge, 2004
  • A. Crawford Howie, "Bruckner and the motet", The Cambridge Companion to Bruckner édité par John Williamson, Cambridge University Press, Cambridge, 2004
  • Keith William Kinder, The Wind and Wind-Chorus Music of Anton Bruckner, Greenwood Press, Westport, Connecticut, 2000
  • Hans-Hubert Schönzeler, Bruckner, Marion Boyards, Londres, 1978
  • Paul-Gilbert Langevin, Anton Bruckner : apogée de la symphonie, Lausanne, L'Age d'Homme, , 382 p. (ISBN 2-8251-0880-4, OCLC 4397312, lire en ligne) (Cf. chapitre II.1.)
  • Robert Simpson, The Essence of Bruckner: An essay towards the understanding of his music, Victor Gollancz Ltd, Londres, 1967
  • Cornelis van Zwol, Anton Bruckner – Leven en Werken, Thot, Bussum (Pays-Bas), 2012. (ISBN 90-686-8590-2)

Liens externes


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