Mohamed Ennacer Latrèche

Mohamed Ennacer Latrèche, né le à Redeyef en Tunisie, est un militant de l'islam politique franco-algérien. Il est le fondateur du Parti des musulmans de France (PMF).

Ne doit pas être confondu avec Mohamed Ennaceur ou Mohamed Naceur.

Mohamed Ennacer Latrèche
Mohamed Latrèche en 2008.
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Parti des musulmans de France (d)
Religion

Biographie

Il naît dans une famille d'origine algérienne. Son père Kennazi Latrèche (mort en 2002) est un membre de la communauté musulmane de Strasbourg. Dans les années 1970, lors de ses études religieuses à Damas, à l'institut Al-Fath fondé par le cheikh Salah Al-Farfour, il suit un enseignement traditionnel et conservateur[1]. Il passa sept années en Syrie.

Fondation du PMF

De retour en France, il fonde le , le Parti des musulmans de France (PMF), un mouvement créé à Strasbourg pour « libérer les musulmans de France de l'influence du Parti Socialiste » qu'il juge «sionisé» , et pour proposer une politique aux «7 millions de musulmans qui ont renoncé à rentrer dans leur pays». Il se dit «sympathisant» du Hamas et du Hezbollah. À travers le PMF, il souhaite fédérer les musulmans de France et les amener à développer une conscience politique.[réf. souhaitée]

Les candidats ont obtenu moins de 1 % des voix aux élections législatives en Alsace[2]. Mais avec environ 2000 adhérents revendiqués, il représenterait une force non négligeable. Selon certains spécialistes, il pourrait en fait compter sur un peu plus de 500 militants.[réf. souhaitée]

Mohamed Enacer Latrèche participe de façon active à la vie du parti (il est tête de la liste du PMF lors des élections municipales et cantonales à Strasbourg) et intervient sur le site Internet officiel du PMF, où il dénonce l'emprise de la "nébuleuse sioniste" sur les institutions musulmanes de France.[réf. nécessaire]

Soutien à Saddam Hussein

Au printemps 2003, il se rend en Irak se portant volontaire pour être « bouclier humain » ce qui lui a valu l'attention des médias. Sa présence, ainsi que celle de nombreuses personnalités, était destinée à manifester son soutien au peuple irakien et à dénoncer l'intervention américaine en Irak.

Selon Jean-Claude Meyer : « les organisations démocratiques ne veulent laisser aucune ambiguïté. Mohamed Latrèche soutenait Saddam Hussein. Il est allé plusieurs fois en délégation à Bagdad et a tenté de monter une opération de boucliers humains. »[2].

Loi sur la laïcité

Concernant les mesures gouvernementales sur la laïcité, il organise en 2003 et 2004 des manifestations en France contre la loi française sur les signes religieux visibles. Lors d'une manifestation, il dit : « Bravo à toutes les sœurs voilées et non voilées [...]. Vous avez osé sortir. C’est comme ça que vous gagnerez ». Il dénonce la loi contre l'interdiction du port du voile à l'école comme une nouvelle humiliation contre les musulmans et il multiplia les interventions dans les journaux et à la télévision : « Celui qui nous insulte, il faut le terroriser politiquement » lança-t-il à Jacques Chirac, en particulier lors de la manifestation du 17 janvier 2004 à Paris.[réf. souhaitée]

Antisémitisme

Antisioniste, Latrèche publie, en 2002, en collaboration avec le « négationniste tunisien Mondher Sfar[1] » et La Pierre et l’Olivier, un opuscule intitulé «Le Manifeste judéo-nazi d’Ariel Sharon» qui cite des propos violemment racistes tenus par un officier israélien et issus d'un des interviews de l'ouvrage « Voix d'Israël » de l'écrivain Amos Oz qu'ils attribuent erronément à l'ancien premier ministre israélien Ariel Sharon[3]. Selon l'Observatoire du communautarisme, « ce texte regorge de fantasmes antisémites ».[réf. nécessaire]

Ses amalgames et certains de ses discours lui ont également valu des accusations d'antisémitisme du CRIF pour avoir assimilé Ariel Sharon et George W. Bush à Adolf Hitler et le sionisme au nazisme[réf. nécessaire].

Le négationniste Serge Thion est un compagnon de route de son Parti des musulmans de France, participant à plusieurs de leurs conférences. Il intervient également sur le site internet du parti[4],[5].

Selon Xavier Ternisien, dans le quotidien Le Monde[6] : « Mohamed Ennacer Latrèche, président du Parti des musulmans de France (PMF) et organisateur de la manifestation en faveur du voile, professe un antisionisme obsessionnel qui cache mal un net antisémitisme »[1].

Selon Blandine Grosjean et Olivier Vogel, dans le journal Libération, « Mohamed Ennacer Latrèche, est considéré comme un antisémite notoire[7]. »

Racisme

Le 22 janvier 2004, La LICRA et le CRIF portent plainte pour ses propos jugés racistes et antisémites. Le ministre Dominique Perben demande au procureur de la République de Paris d'ouvrir une enquête sur les propos tenus par Mohamed Latrèche[8] et, en 2005, il est mis en examen pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale ». « Le parquet de Paris avait finalement rendu un non-lieu »[9].

Extrême droite

Le parti critique la gauche et ne s'oppose pas à l'extrême droite et aux droites nationalistes du fait des positions communes sur l'Irak. En 2003, peu de temps avant la guerre d'Irak, M. E. Latrèche part ainsi en Irak au côté de Hervé Van Laethem, un des dirigeants du mouvement d’extrême droite belge « Mouvement Nation » et ex-dirigeant de L'Assaut, groupuscule néo-nazi[10] dans le but de dénoncer l'opération militaire des États-Unis et d'apporter son soutien aux populations civiles, victimes de 12 années d'embargo. Lors de l'élection présidentielle française de 2007, il ne se prononce pas sur le vote Front national[réf. nécessaire].

Selon Jean-Claude Meyer, l'un des chefs de file locaux de la LCR (en 2004), « il parle sans cesse de l'« illégitimité d'Israël » et, d'une manière générale, utilise l'islam à des fins politiques qui sont celles de l'extrême droite arabo-musulmane, ou européenne, d'ailleurs[2] ».

Islamisme

En 2004, le journal Le Monde note : « En région parisienne, la jeune garde qui l'entoure est composée de militants chiites durs, proches du Hezbollah libanais. À Strasbourg, il a longtemps rallié à ses manifestations des militants du parti islamiste turc Millî Görüş[1] ».

En 2014, ses avoirs financiers sont gelés par arrêté ministériel (publié au Journal officiel) pour « apologie du djihad armé terroriste »[12],[14]. En 2018, à la suite de l'attentat du à Strasbourg, il est suspecté d'avoir, via son organisation, aidé à dissimuler Cherif Chekatt, toujours en fuite.

Notes et références

  1. « Mohamed Latrèche, le trouble organisateur du défilé pour le voile », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. « Latrèche, l'infréquentable avocat du voile. », sur liberation.fr,
  3. "Retour sur un faux : le Manifeste judéo-nazi d'Ariel Sharon", Conspiracy Watch, 6 mars 2009.
  4. Didier Daeninckx, La Vieille Taupe creuse son trou chez les islamistes radicaux, Amnistia, 28 février 2002
  5. «Un après-midi parisien et révisionniste de l'islamiste strasbourgeois Mohamed Latrèche», Proche-Orient Infos, par Azzedine Khalef « Notre collaborateur a assisté le 26 octobre, dans le XIIIe arrondissement de Paris, à la journée organisée par le Parti des musulmans de France, implanté à Strasbourg. Il a soigneusement noté les propos des divers intervenants révisionnistes et antisémites dont Serge Thion - qui entouraient le président de ce parti, l'islamiste Mohamed Latrèche. »
  6. Xavier Ternisien, « Mohamed Latrèche, président du Parti des musulmans de France », sur conspiracywatch.info
  7. « Main basse extrémiste sur l'opposition. », sur liberation.fr
  8. « Enquête sur l’antisionisme de Latrèche », sur 20minutes.fr,
  9. « Propos anti-sionistes lors de la manifestation pro palestinienne », sur 20minutes.fr
  10. Aspects actuels du négationnisme en Tunisie, Luiza Toscane, Réveil tunisien, 25 juin 2003
  11. « Pourquoi un parti musulman peut exister en France », LCI, (lire en ligne, consulté le )
  12. « Mohamed Latrèche, épicier-boucher halal de profession, il n'a fait parler de lui récemment qu'à l'occasion d'un arrêté ministériel ordonnant, en mai dernier, le gel de ses avoirs financier pour "apologie du djihad terroriste" »[11]
  13. « Lutte contre le djihad : le gouvernement gèle les ressources de Mohamed Latrèche », DNA, (lire en ligne, consulté le )
  14. « L'arrêté, indique le texte publié au JO, est motivé par le fait que M. Latrèche "fait l'apologie du djihad armé terroriste, notamment le djihad armé syrien, et, ce faisant, favorise les actes de terrorisme". Mohamed Latrèche est le président fondateur de l'Association culturelle islamique qui est visée comme lui par cette mesure. »[13]
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