Monopsone
Un monopsone est un marché sur lequel un seul demandeur se trouve face à un nombre important d'offreurs. C'est la situation symétrique à celle du monopole dans lequel un seul offreur fait face à de nombreux demandeurs.
C'est le cas, par exemple dans le domaine des composants industriels : le déséquilibre est inversé et une usine spécialisée (voitures…) aura un pouvoir de monopsone face à beaucoup d'offreurs de composants industriels.
Le cas le plus fréquent relève du domaine dit régalien de l'État, pour ses achats d'armement par exemple, mais aussi pour la sécurité intérieure et la justice. Il y a en effet un acheteur (l'État) et quelques vendeurs (pour l'armement par exemple, il n'y a pas une seule entreprise qui fournit les missiles, fusils, grenades…). On parle alors de monopsone contrarié (un petit nombre d'offreurs, un demandeur).
Les grandes centrales de distribution, très peu nombreuses même dans un pays comme la France, se trouvent souvent dans ce type de situation face à leurs nombreux fournisseurs agricoles ou industriels, qui sont souvent des PME : c'est un oligopsone.
Si l'on assimile un salarié à un offreur de services — au sens économique et non juridique du lien de subordination —, alors on peut décrire des situations de monopsones sur le marché du travail. Par exemple, dans un bassin industriel où une seule entreprise représente l'essentiel de l'offre d'emploi (ex. : l'usine Peugeot dans la ville de Sochaux, au cours des années 1970) ou encore, l'État qui se trouve dans une situation de monopsone vis-à-vis de certaines catégories de fonctionnaires (policiers, juges, gendarmes…). Ces situations de monopsones peuvent peser sur les capacités de négociation des demandeurs d'emploi (ou des candidats à la fonction publique)[1].
Quand l'acheteur unique se trouve face à un vendeur unique, il s'agit d'un monopole bilatéral.
Monopsone contrarié
En économie, un monopsone contrarié est une situation où, sur un marché, un seul demandeur se retrouve face à quelques offreurs.
Exemples de monopsones
La distribution des produits de tabac en France
La distribution des produits de tabac est, en France, un monopsone. Les industries du tabac ne peuvent vendre qu'à une seule entreprise (autrefois nommée SEITA, aujourd'hui Altadis) qui assure la totalité de la distribution.
La collecte du lait en France
Dans le secteur laitier, l’Autorité de concurrence constate qu’il existe des situations de monopsone de collecte empêchant les producteurs de changer d’acheteur et qu’il n’y a donc « pas de véritable marché où joue la concurrence entre la production et la collecte » (Avis n° 09-A-48 du 2 octobre 2009 relatif au fonctionnement du secteur laitier, pt. 50). L'entreprise Lactalis est devenue en 2011 le premier groupe laitier au monde. ses relations avec les producteurs de lait sont difficiles depuis plusieurs années. L'ONG Les Amis de la Terre épingle notamment Lactalis pour le « fossé entre son discours mettant en valeur le terroir et le travail des éleveurs et la réalité d’un secteur où les agriculteurs travaillent bien souvent à perte »
France Télécom et le Minitel
Trois entreprises ont été choisies pour construire le Minitel : Matra, Radiotechnique (Philips) et Alcatel. France Télécom a été au départ leur client unique, et en mesure de négocier les prix et les quantités en jouant de façon subtile sur les trois fournisseurs, au-delà de la commande minimale qui leur avait été consentie pour les intéresser à l'affaire. Le coût marginal de fabrication de minitels supplémentaires étant faible par rapport aux frais fixes d'études, l'acheteur unique savait pouvoir compter sur une marge importante de négociation à la baisse.
Chine et avionneurs
Le marché chinois est d'une importance telle qu'il représente un département entier pour les constructeurs. La Chine est en situation de monopsone vis-à-vis de ces constructeurs, car indépendamment du nombre de compagnies aériennes y existant et négociant chacune de son côté, aucun contrat ne peut être conclu sans accord du gouvernement chinois. Par regroupement de plusieurs offres effectuées séparément à des compagnies distinctes, celui-ci peut donc faire pression pour obtenir des remises supplémentaires ; introduisant un niveau de négociation supplémentaire.
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- « Pourquoi les salariés américains se serrent la ceinture », sur Les Échos, (consulté le ).
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