Mont Nébo

Le mont Nébo (en hébreu : הר נבו ; en arabe : جبل نيبو, « colline, tumulus »[1]) est un sommet de 817 mètres situé dans l'Ouest de la Jordanie actuelle.

Mont Nébo

Vue sur le mont Nébo depuis l'est.
Géographie
Altitude 817 m
Massif Abarim
Coordonnées 31° 46′ 04″ nord, 35° 43′ 31″ est
Administration
Pays Jordanie
Gouvernorat Madaba
Géolocalisation sur la carte : Jordanie

Récit biblique

Dans le livre du Deutéronome (chapitre 34) qui fait partie de la Bible, Moïse, interdit d'entrer sur la Terre promise vers laquelle il a conduit les Hébreux sortis d'Égypte, observe le Pays de Canaan du haut de cette montagne, et y meurt à 120 ans (Deutéronome 34,5–6).

Le lieu biblique du mont Nébo n'est pas connu précisément car les passages bibliques qui s'y réfèrent sont l'objet de différentes interprétations : si pour certains, le lieu décrit dans la Bible est le mont Sinaï, il se trouve pour d'autres dans les monts Abarim à l'est de l'embouchure du Jourdain dans la mer Morte (d'après Nombres 33,47–48). Ces hauteurs dans l'ouest de la Jordanie permettent d'observer le cours du Jourdain, et les terres de l'autre rive jusqu'à Jéricho, voire Jérusalem par temps dégagé. Le passage biblique évoque plusieurs sommets des Abarim : le mont Nébo, le mont Peor (« qui s'ouvre ») et le mont Pisgah (en) (en hébreu, Pisgah signifie « pic »). Le site actuel qui se visite est le ras Siyagha, qui se traduit de l'araméen d'origine par « colline du monastère »[2].

Si la tradition chrétienne fixe la tombe de Moïse sur ce mont, les musulmans l'honorent de l'autre côté du Jourdain, près de Jéricho, dans le sanctuaire de Nabi Moussa, le pèlerinage (mawsim) étant mentionné pour la première fois en 1924[3] dans l’ouvrage d’Ibn Fadl al-‘Umarî[4].

Histoire

IVe – IXe siècle : période byzantine, le sanctuaire du mémorial de Moïse

Au IVe siècle, un sanctuaire chrétien primitif (église quadrangulaire triconque[5]) est construit sur le sommet occidental du mont Nébo, réputé abriter le mausolée de Moïse mais dont on ne connaît pas l'endroit exact de la sépulture, si elle existe car l'historicité de ce personnage biblique est inaccessible[6]. Une chapelle baptismale est ajoutée en 530. Le sanctuaire est modifié et restructuré en plan basilical à la fin du VIe siècle jusqu'au début du VIIe siècle. Ce sanctuaire suscite des pèlerinages dès le IVe siècle comme le mentionne le Peregrinatio Aetheriae d'Égérie qui évoque le sanctuaire tenu par des moines égyptiens[7].

Les pèlerinages en Terre Sainte à cette époque partent de Jérusalem, passent par l'oasis de Jéricho, Ayun Musa (les chutes de Moïse (en)), le mont Nébo et se terminent par une baignade dans les sources chaudes de Ma'in (ar)[8].

XIXe au XXIe siècle : fouilles archéologiques par les Franciscains et patrimonialisation du site

En 1863, l'archéologue Félicien de Saulcy identifie le mont Nébo avec le Jebel Neba (ou Jebel Nebbeh, littéralement la « montagne de Moïse »). En 1864, au cours des expéditions archéologiques sous la direction du duc de Luynes, les explorateurs de l'expédition française photographient les ruines du sanctuaire[9].

En 1933, la Custodie franciscaine de Terre sainte achète aux Bédouins qui l’occupaient le sommet de la colline de Siyagha. Des fouilles sont entreprises sous la direction d’archéologues du Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem. Les recherches se sont étendues à d’autres sites chrétiens proches et ont permis de mettre en évidence l’existence d’une école de mosaïque aux VIe et VIIe siècles dans la région de l’ancien diocèse de Madaba : église des Saints-Lot-et-Procope à Khirbet al-Mukhayyat, mosaïques de la Carte de la Palestine dans l’église Saint-Georges et mosaïque de l’église des Saints-Apôtres à Madaba.

Les autorités jordaniennes, de concert avec les Franciscains participent depuis à la patrimonialisation de ce sanctuaire « international », aménageant ce lieu pour recevoir des milliers de visiteurs, pèlerins et touristes confondus.

Le , le pape Jean-Paul II visite le mont Nébo, au cours de son pèlerinage en Terre sainte. Le , le pape Benoît XVI visite le site, au cours de son voyage apostolique en Terre sainte.

Monuments du mont Nébo

Vestiges de la basilique du mémorial de Moïse et les mosaïques

La basilique du mausolée de Moïse est constituée d'un ensemble de constructions et restructurations, entre le IVe siècle et le début du VIIe siècle, dont[10] :

  • le sanctuaire primitif ;
  • l'ancien diakonikon-baptistère : la mosaïque principale représente sur quatre registres des scènes de chasse et pastorale. Les mosaïques du baptistère sont l’œuvre des mosaïstes Soel, Kaium et Elijah et datées de 530 ;
  • la chapelle du baptistère sud ;
  • la chapelle de la Théotokos Mère de Dieu »).

La structure qui protégeait les vestiges de la basilique et les sols de mosaïque depuis 1963 a été démontée en 2008 : un nouveau bâtiment est depuis lors en construction. Cette nouvelle construction devrait permettre de concilier la protection du patrimoine archéologique du mont Nébo et l'important afflux touristique qu'il génère.

Monuments commémoratifs et œuvres d'art

  • Monument du Jubilé de l'an 2000 : le monument du Jubilé a été érigé à l'occasion de la visite du pape Jean-Paul II au mont Nébo.
  • Monument du Serpent d'airain : le Serpent d'airain est une œuvre du sculpteur italien Giovanni Fantoni.

Khirbet al-Mukkhayat

À quelques kilomètres de la basilique du mémorial de Moïse, le village de Khirbet al-Mukkhayat abrite les vestiges de plusieurs édifices byzantins du VIe siècle, dont les mosaïques ont également été mises au jour par les archéologues du Studium Biblicum Franciscanum.

  • Chapelle du Prêtre Jean
  • Église des Saints-Lot-et-Procope

Centre d'interprétation du mont Nébo

Borne de la voie romaine reliant Esbous à Livias (Centre d'interprétation du mont Nébo)

Le centre d'interprétation créé par les Franciscains à proximité de la basilique abrite plusieurs mosaïques et divers objets archéologiques, dont la sixième borne de la voie romaine qui reliait Esbous à Livias, par où les pèlerins accédaient au sanctuaire de Moïse.

Notes et références

  1. (en) George Robinson Lees, Life and adventure beyond Jordan, D. Appleton, , p. 49
  2. (en) Jack R. Lundbom, Deuteronomy : A Commentary, Wm. B. Eerdmans Publishing, , p. 943
  3. Ibn Fadl al-‘Umarî, Masālik al-abṣār fī mamālik al-amṣār, Le Caire, 1924, p. 176-177
  4. Emma Aubin-Boltanski, « Objectiver une présence sainte : le cas de la tombe de Moïse en Palestine », Archives de sciences sociales des religions, no 161, , p. 201-219
  5. À trois absides internes.
  6. (en) Jan Assmann, Moses the Egyptian : The Memory of Egypt in Western Monotheism, Harvard University Press, , 276 p. (ISBN 0-674-58739-1, lire en ligne), p. 2
  7. Anne Michel, Les églises d'époque byzantine et umayyade de Jordanie, Brepols, , p. 328
  8. (en) Fakhry Malkawi, Michele Piccirillo, Ḥasan ibn ʻAlī Ṣaqqāf, The Holy sites of Jordan, Turab, , p. 115
  9. Fakhry Malkawi, op. cit., p. 126
  10. (it) Virgilio Corbo, « Nuovi scavi archeologici nella sinagoga di Cafarnao: Scavi archeologici sotto i mosaici della Basilica del Monte Nebo », Liber Annuus, no 20, , p. 7–52 et 273-298.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Michele Piccirillo et Eugene Alliata, Mount Nebo. New Archaeological Excavations 1967–1997, Studium Biblicum Franciscanum, 1998

Articles connexes

Liens externes

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