Moon Glow

L'écrivain George Thomas Simon, alors qu'il travaillait sur une compilation de musique pour The Big Band Songbook[1], a contacté le compositeur Will Hudson au sujet de Moonglow, et Hudson lui a expliqué comment l'air est né[2] : « c'est arrivé très simplemen : au début des années 30, j'avais un groupe au Graystone Ballroom à Detroit, et j'avais besoin d'une chanson thème, j'ai donc écrit Moonglow[2]. ».

Le premier groupe de Hudson fait faillite, alors il s'était rendu à New York et avait été engagé par le promoteur/éditeur Irving Mills comme arrangeur et compositeur[2]. Il formera plus tard un nouvel orchestre avec Eddie Delange : le Hudson Delange Orchestra.

L'air et l'arrangement de Hudson ont été repris par le violoniste Joe Venuti. Venuti venait de former un big band après des années de travail avec des groupes de premier plan comme Paul Whiteman et de succès en tant que free-lance à la radio et sur disque. Joe aime l'air et l'enregistre deux fois, en septembre et octobre 1933, avant la publication du numéro. Mais aucun des deux enregistrements n'a eu beaucoup d'effet pendant la période d'achat de disques de la Dépression.

Sans se laisser décourager, Hudson continua à pousser sa chanson. Il réussit à faire entrer la chanson dans le spectacle de Broadway, Blackbirds de 1934[2], qui fut présenté à New York en décembre 1933, puis à Londres en août 1934.

La version de Venuti contient un couplet, que Hudson a écarté avant de réarranger la mélodie et de la donner à Cab Calloway, qui l'a enregistrée en janvier 1934. Hudson a adapté l'arrangement en laissant des espaces pour mettre en valeur les musiciens de Cab[2]. Le saxophoniste alto Eddie Barefield est la vedette de la session, apportant un solo exceptionnel.

Dans une véritable Tin Pan Alley, à la manière des chanteurs de Plug-In, Hudson s'arrête ensuite chez Benny Goodman, qui, comme Venuti, prévoit de laisser derrière lui sa brillante carrière de free-lance pour devenir un leader[2]. Goodman rationalise encore l'arrangement de Hudson, en mettant l'accent sur le tromboniste Jack Teagarden[2]. Une caractéristique intéressante de cet enregistrement est le rythme shuffle joué par le guitariste Benny Martel, très probablement le premier enregistrement de cet effet qui est devenu une part importante de la musique rhythm'n blues deux décennies plus tard[2].

Benny Goodman, l’un des nombreux interprètes à succès des titres d’Edgar DeLange.

Le disque de Goodman a pris son envol. C'est son premier grand succès, qui lui a permis de se hisser à la première place des charts pendant 15 semaines[2]. L'autre face, I Ain't Lazy, I'm Just Dreaming, avec un chant de Jack Teagarden, a également fait partie des hit-parades.

La version de l'orchestre de la Casa Loma de juillet 1934 a été la première à présenter les paroles d'Eddie DeLange chantées par le saxophoniste, clarinettiste et joueur de fifres Kenny Sargent[2]. Le mois suivant, la populaire chanteuse afro-américaine Ethel Waters s'est mise à chanter avec l'orchestre des Dorsey Brothers[2].

L'enregistrement du Benny Goodman's Quarter, en août 1936, fait entrer le vibraphoniste Lionel Hampton dans l'ensemble de Goodman, et l'air est resté trois semaines au hit-parade cette année-là[2].

L'attrait de la chanson n'a jamais vraiment diminué. Avec une habile contre-mélodie composée par George Dunning et de nouvelles paroles de Steve Allen, l'air faisait partie intégrante du film Picnic de 1955. L'association d'Allen avec la chanson se poursuit l'année suivante, lorsqu'il joue le rôle principal dans The Benny Goodman Story, dont la bande sonore comprend Moonglow.

"Moonglow" est un air de 32 mesures sous forme d'AABA.

La forme à 32 barres, également connue sous le nom de forme de chanson AABA, de forme de chanson populaire américaine et de forme de ballade, est une structure de chanson que l'on trouve couramment dans les chansons de la Tin Pan Alley et d'autres musiques populaires américaines, en particulier dans la première moitié du XX^e siècle[3].

Comme son nom alternatif AABA l'indique, cette forme de chant se compose de quatre sections[3] : une section A de huit mesures, une deuxième section A de huit mesures (qui peut présenter de légères modifications par rapport à la première section A), une section B de huit mesures, souvent avec une harmonie ou un "feeling" contrastant, et une section A finale de huit mesures. La ligne mélodique centrale est généralement conservée dans chaque section en A, bien que des variations puissent être ajoutées, en particulier pour la dernière section en A.

Parmi les exemples de chansons de forme AABA de 32 mesures, on peut citer "Over the Rainbow", "What'll I Do", "Make You Feel My Love"[3], "Blue Skies", et "Crazy" de Willie Nelson [4]. De nombreux morceaux de spectacle qui sont devenus des standards du jazz sont des formes de chansons de 32 mesures.

"Moonglow" apparaît dans les "lead sheet" de jazz et les partitions de tête dans la tonalité de "sol", bien qu'on pense qu'il soit aussi à l'origine dans la tonalité de "do".

Le riff mélodique de la section "La" est composé d'un intervalle de tierce mineur répété, suivi d'un intervalle de tierce majeur, puis d'une note répétée. Le mouvement harmonique est en grande partie dans un cercle ascendant de quartes, ou avec des substitutions chromatiques descendantes, mais il y a aussi un mouvement entre les tierces ou entre les accords de septième majeure et mineure. Les accords de septième mineure sont souvent joués en première inversion dans cette mélodie, et peuvent donc être considérés et notés comme six accords de la majeure relative.

Rythmiquement, "Moonglow" est en 4/4 fois. Il s'agit d'un fox-trot, généralement joué à un rythme lent, bien que certains interprètes, notamment Art Tatum, l'aient joué plus rapidement. Le rythme est syncopé. Les musiciens de jazz jouent généralement les croches.

Vidéo externe
	Vidéo de Glen Gray and the Casa Loma Orchestra - Moonglow (version 1934) avec les paroles chantées digitalisé d’après le disque 78 tours paru.

Le titre existe avec et sans paroles : il fut d'abord joué uniquement en instrumental. Le titre Moonglow est classé 128^e[5] dans la liste des 1000 titres les plus fréquemment enregistrés de compositions de standards de jazz.

La première version live de "Moon Glow" a été délivrée par Valaida & Dee Lloyd McKaye au show musical "Lew Leslie's Blackbirds", le 25 aout 1934 à Broadway, New-york, USA[6].

"Moon Glow est encore le 14^e titre[6] le plus repris de 1934 sur le site "secondhandsongs.com" : il existe actuellement plus de 289 versions différentes de "Moonglow"[6].

Les droits de publication du titre sont détenus par SCARSDALE MUSIC CORPORATION et EMI MILLS MUSIC INC[6].

• N°ISWC : T-901.136.143-6

Vidéo externe
	Vidéo de Benny Goodman Quartet - Moonglow (version 1936) digitalisé d’après le disque 78 tours paru.

Le classement dans les charts[2] :

• Benny Goodman and His Orchestra (1934, #1)
• Duke Ellington and His Orchestra (1934, #2)
• Cab Calloway and His Orchestra (1934, #7)
• Glen Gray and the Casa Loma Orchestra (1934, Kenny Sergeant, vocal, #8)
• Benny Goodman Quartet[7] (1936, #8)

• The Big Bands by George T. Simon. Publié le 1^er novembre 1981 par "Schirmer Trade Books" (first published 1971) (ISBN 0028724305 et 9780028724300)
• Classement dans les charts : voir le livre "Joel Whitburn's Pop Memories 1890-1954 : The History of American Popular Music" de Joel Whitburn - Couverture cartonné : 660 pages, publié chez "Record Research Inc." le 1er Mars 1992 (ISBN 0898200830)