Mort cellulaire

La mort cellulaire est l'arrêt définitif des métabolismes et des fonctions vitales, puis la destruction, de la cellule (unité de base des processus vitaux).

Ce phénomène est un phénomène physiologique. Il intervient de manière naturelle lors de l'embryogenèse afin de contrôler le nombre de cellules dans l'organisme ou pour la formation d'une immunité efficace[1]. Une trop grande mortalité cellulaire peut entrainer des dégénérescences [2] ou au contraire une trop faible mortalité cellulaire peut entrainer des cancers[3].

Il existe différents types de morts cellulaires qui peuvent être caractérisés selon la morphologie des cellules, mais également selon les enzymes impliquées (nucléases, lipases, ou protéases tel que les caspases[4] ou les calpaïnes) ou le contexte pathologique ou physiologique de la mort cellulaire.

Typologies de mort cellulaire

On peut classer différents types de morts cellulaires selon les voies impliquées et les cellules touchées :

Apoptose

L'apoptose, aussi appelé suicide cellulaire, est une mort physiologique et pathologique. Elle intervient pendant le développement, la morphogenèse et l'homéostasie tissulaire[5].

Les cellules apoptotiques perdent les interactions cellules-cellules puis deviennent rondes. La chromatine dans le noyau cellulaire devient condensée (pyknosis) et le noyau se fragmente (caryorrhexis). Les cellules implosent et présentent des phosphatidylsérines sur leurs membranes qui pourront être reconnues par les phagocytes[1],[6].

Deux voies de signalisation sont impliquées dans l'apoptose : la voie extrinsèque et la voie intrinsèque.

  • La voie extrinsèque se déclenche lorsqu’un ligand se fixe au récepteur de mort présent à la surface des cellules.
  • La voie intrinsèque se déclenche lorsqu'une cascade d’événements intracellulaires permettent la perméabilisation de la membrane mitochondriale, laissant passer un facteur mitochondrial qui va aboutir à l'apoptose.

Les caspases sont des enzymes primordiales pour ces deux voies[7].

Nécrose

La nécrose est la mort prématurée et non-programmée, causée par des dommages physiques ou chimiques qui peuvent fragiliser des cellules voire des tissus.

Celle-ci se traduit par une augmentation du volume cellulaire, un gonflement des organites et une augmentation de la perméabilité membranaire[1]. Ces changements entrainent une rupture de la membrane plasmique. La taille du noyau diminue et la chromatine se condense, autrement appelé pyknosis[8]. La nécrose est un procédé qui induit une forte réponse inflammatoire[9].

De nouvelles approches de biologie systémique et in silico (également in vitro) ont pu montrer que certaines voies de signalisation étaient impliquées dans un procédé proche de la nécrose : la nécroptose[10].

La nécroptose est une forme de nécrose contrôlée - c'est-à-dire programmée - c'est pour cela qu'il n'est pas tout à fait correcte sémantiquement d'affirmer que la nécrose est une forme de mort cellulaire non-programmée.

Ces recherches sont récentes et tendent à montrer qu'une forme de nécrose programmée existe également in vivo.

Autophagie

L'autophagie est la destruction de matériel biologique comme les organites et les macromolécules, par les lysosomes. Il existe trois formes d'autophagie mais une seule permet la mort cellulaire : la macroautophagie. En effet, celle-ci permet de dégrader les constituants du cytoplasme en les évacuant dans l'autophagosome, qui fusionnera avec le lysosome[11].

Ferroptose

Type de mort cellulaire programmée dépendante du fer caractérisée par l'accumulation de peroxydes lipidiques. Mécanisme précis sur la version anglaise de la ferroptose

Anoïkis

L'anoïkis est du à la perte d'adhésion de la cellule à la matrice extracellulaire et à la perte d'interactions avec les autres cellules[12].

Catastrophe mitotiques

La catastrophe mitotique est due à un mauvais déroulement de la mitose. La cellule peut être bloquée par un point de contrôle pendant son cycle cellulaire, la cellule va alors induire sa propre mort par nécrose ou apoptose, ou sa sénescence[5].

Dégénérescence wallérienne

La dégénérescence wallérienne correspond à la mort de la fibre nerveuse du neurone[13]. Lorsque le corps cellulaire ou l'axone est sectionné ou écrasé, l'axone va dégénérer et mourir[14]. L'axone et la gaine de myéline vont être digérés par les macrophages et les cellules de Schwann.

Entose

L'entose (entosis) autrement appelé cannibalisme cellulaire, est souvent observée dans les tumeurs. Une cellule va internaliser une autre cellule du même type[5],[15].

Nétose

La nétose (netosis) ne concerne que les granulocytes éosinophiles et neutrophiles. Cette mort aboutit à la libération de filaments de chromatine décondensée dans différents compartiments de la cellule[16].

Voir aussi

Articles connexes


Notes et références

  1. « Authentification », sur www.universalis-edu.com (consulté le ).
  2. « Maladies neurodégénératives », sur www.santepubliquefrance.fr (consulté le )
  3. Arnaud A. Mailleux, Michael Overholtzer et Joan S. Brugge, « L’entose, mort cellulaire par cannibalisme entre cellules tumorales », médecine/sciences, vol. 24, no 3, , p. 246–248 (ISSN 0767-0974 et 1958-5381, DOI 10.1051/medsci/2008243246, lire en ligne, consulté le ).
  4. Alexandre Mignon, Nicolas Rouquet et Virginie Joulin, « Les caspases, les protéases à cystéine de l’apoptose :un enjeu thérapeutique pour demain ? », médecine/sciences, , p. 9-17 (lire en ligne).
  5. « La mort cellulaire programmée ne manque pas de vocabulaire », sur www.ipubli.inserm.fr (consulté le ).
  6. (en) Narendra Thapa, Soyoun Kim, In-Sup So et Byung-Heon Lee, « Discovery of a phosphatidylserine-recognizing peptide and its utility in molecular imaging of tumour apoptosis », Journal of Cellular and Molecular Medicine, vol. 12, no 5a, , p. 1649–1660 (ISSN 1582-4934, PMID 18363834, PMCID PMC3918081, DOI 10.1111/j.1582-4934.2008.00305.x, lire en ligne, consulté le )
  7. Arnaud Couzinet, Zoltán Hérincs et Anne-Odile Hueber, « Régulation de la mort cellulaire programmée : vers une conception plus dynamique », médecine/sciences, vol. 18, nos 8-9, , p. 841–852 (ISSN 0767-0974 et 1958-5381, DOI 10.1051/medsci/20021889841, lire en ligne, consulté le )
  8. Lin Hou, Kai Liu, Yuhong Li et Shuang Ma, « Necrotic pyknosis is a morphologically and biochemically distinct event from apoptotic pyknosis », Journal of Cell Science, vol. 129, no 16, 08 15, 2016, p. 3084–3090 (ISSN 1477-9137, PMID 27358477, DOI 10.1242/jcs.184374, lire en ligne, consulté le )
  9. Kenneth L. Rock et Hajime Kono, « The inflammatory response to cell death », Annual review of pathology, vol. 3, , p. 99–126 (ISSN 1553-4006, PMID 18039143, PMCID 3094097, DOI 10.1146/annurev.pathmechdis.3.121806.151456, lire en ligne, consulté le )
  10. « Du nouveau sur la nécroptose, plan B de la mort cellulaire programmée », sur Inserm - La science pour la santé (consulté le )
  11. Patrice Codogno, « L’autophagie, dégrader plus pour vivre plus… mais attention ! », médecine/sciences, vol. 25, no 4, , p. 323–324 (ISSN 0767-0974 et 1958-5381, DOI 10.1051/medsci/2009254323, lire en ligne, consulté le )
  12. Jean-Claude Ameisen, « Anoïkis », médecine/sciences, vol. 21, no 2, , p. 117–117 (ISSN 0767-0974 et 1958-5381, DOI 10.1051/medsci/2005212117, lire en ligne, consulté le )
  13. « Biologie du neurone - Electrophysiologie », sur www.anatomie-humaine.com (consulté le )
  14. « FMPMC-PS - Neuro-pathologie - Niveau DCEM2 - DCEM3 », sur www.chups.jussieu.fr (consulté le )
  15. Arnaud A. Mailleux, Michael Overholtzer et Joan S. Brugge, « L’entose, mort cellulaire par cannibalisme entre cellules tumorales », médecine/sciences, vol. 24, no 3, , p. 246–248 (ISSN 0767-0974 et 1958-5381, DOI 10.1051/medsci/2008243246, lire en ligne, consulté le )
  16. Lorena Barrientos. Modulation fonctionnelle des cellules dendritiques par les “ Neutrophil Extracellu-lar Traps ”. Sciences agricoles. Université Paris Sud - Paris XI, 2013. Français. NNT: 2013PA114833.
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