Mosasauroidea

Les mosasaures (Mosasauroidea) forment une super-famille éteinte de reptiles marins, souvent de grande taille, appartennant à l'ordre des squamates, donc très proches des lézards et des serpents mais nullement apparenté au dinosaures, pliosaures ou aux ichthyosaures.

Ne doit pas être confondu avec Mesosauridae.

Mosasauroidea
Dessin de Mosasaurus hoffmani dévorant un jeune dinosaure théropode de la famille des Abelisauridae[1].
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Sauropsida
Ordre Squamata
Clade Pythonomorpha

Super-famille

 Mosasauroidea
Gervais, 1853

Familles de rang inférieur

Sous-familles de rang inférieur

Genres de rang inférieur

La famille tire son nom de la première espèce décrite, le Mosasaurus, littéralement « lézard de la Meuse » (du latin Mosa et du grec σαῦρος / saûros), ainsi nommé du fait de sa découverte en 1766[2] à proximité de Maastricht, ville traversée par la Meuse.

Description et caractéristiques

Les mosasaures possèdent probablement une langue bifide[3].

Le taxon apparaît au Crétacé inférieur et disparaît en même temps que les dinosaures et de nombreuses autres espèces lors de l'extinction Crétacé-Tertiaire, il y a -66 millions d'années.

D'une longueur comprise entre 1 et 17 mètres, les Mosasauridae pouvaient posséder jusqu'à 150 vertèbres. Comme les baleines et les dauphins actuels, les mosasaures étaient des animaux d'origine terrestre réadaptés à la vie marine. À noter cependant l'exception du genre Pannoniasaurus qui lui vivait en eau douce[4].

Les mosasaures ont longtemps été vus comme de proches parents des Varanidae actuels (hypothèse varanoïde de petits nageurs peu actifs comme Haasiasaurus (en)), donc comme relevant du sous-groupe des Sauria au sein des squamates (ces derniers regroupant lézards, geckos et serpents). Mais certains auteurs penchent plutôt pour un apparentement avec les serpents (hypothèse pythonomorphe de grands nageurs actifs dont les quatre membres sont des palettes natatoires et la queue hypocerque, tels que Tylosaurus ou Mosasaurus), à un stade très ancien, puisque des pattes sont toujours présentes chez les Mosasauridae[5] :

« La question de savoir où les Mosasauridae s'inscrivent chez les Squamates reste un sujet chaudement débattu [...]. L'étroite relation avec les serpents des Mosasauridae reste incertaine, mais la relation de parenté entre varanidés et Mosasauridae a été mal étayée par les plus récentes études »

 Dutchak 2005

Leurs grandes dents, en forme de poignards recourbés comme des crochets vers l'arrière (ils agissent comme de véritables harpons, empêchant les proies de ressortir de leur gueule), semblent indiquer qu'il s'agissait de prédateurs opportunistes, se nourrissant surtout de gros poissons, de calmars, et même d'autres reptiles marins, mais aussi d'invertébrés à coquille (ammonites, bivalves chez les Globidens au régime molluscivore durophage (en))[6].

Découverte dans les grottes de Maastricht d'un crâne de mosasaure, premier reptile fossile identifié.

Historique de la découverte

Dès sa découverte, voici plus de deux siècles, ce crâne monstrueux suscita la curiosité et la convoitise. Les ouvriers qui avaient exhumé l'étrange squelette dans les carrières souterraines de la Montagne Saint-Pierre, entre Liège et Maastricht, l'avaient confié au docteur Hoffman, un chirurgien local, collectionneur de fossiles. Le chanoine Godding fit valoir qu'il était propriétaire du terrain où la trouvaille avait été effectuée et saisit les tribunaux qui lui donnèrent gain de cause.

Une vingtaine d'années plus tard, les troupes révolutionnaires françaises firent le siège de Maastricht puis occupèrent la ville. Le général chargé des opérations donna à ses artilleurs l'instruction d'éviter soigneusement de bombarder le quartier et la maison du chanoine où le crâne était conservé. L'ecclésiastique tenta en vain de cacher l'énorme tête dans un endroit sûr. La légende parle d'une récompense de 600 flacons de vin. Le fossile fut retrouvé et amené à Paris. Classé patrimoine national, ce crâne de mosasaure est conservé au Muséum national d'histoire naturelle.

Les plus belles et vastes collections de mosasaures sont probablement celles conservées à l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, à Bruxelles.

Le paléontologue amateur Robert Garcet en découvrit encore deux spécimens en 1950 et en 1959 dans les carrières d’Herouille et du Pach-Lowe, à Ében-Émael. Le musée de Visé en Belgique possède l'anneau sclérotique d'un œil de mosasaure et le musée Teyler à Haarlem aux Pays-Bas en possède une mâchoire.

De nombreux restes de mosasaures ont été trouvés en Europe, mais aussi en Amérique du Sud (Pérou) et du Nord (États-Unis et Canada), en Afrique (Angola et Maroc), ainsi qu'en Australie, Nouvelle-Zélande et Antarctique.

Taxonomie et histoire évolutive

Histoire évolutive

La mer intérieure nord-américaine, une des mers où se développent les Mosasauridae au début du Crétacé supérieur.

Les Mosasauridae proviennent sans doute des Aigialosauridae, une famille de squamates fossiles du Crétacé inférieur. Ces animaux étaient semi-aquatiques, et montrent des spécialisations qui semblent annoncer les Mosasauridae. Cependant, certains auteurs restent réservés sur cet apparentement (qui rapproche les Mosasauridae des varanidés), et défendent plutôt un apparentement à des squamates primitifs plus proches des serpents[7].

Apparus il y plus de 100 millions d'années, c'est un peu plus tard que les Mosasauridae connaissent leur grand développement, tant en taille qu'en nombre d'espèces. Leur diversification et l'augmentation de leurs effectifs ont peut-être contribué à la disparition des Ichtyosaures il y a 90 Ma, soit 25 Ma avant l'extinction du Crétacé.

En effet, « …pendant l'intervalle Cénomanien-Turonien [environ -94 millions d'années] les squamates marins connaissent une radiation spectaculaire, en particulier sur les marges de la Téthys méditerranéenne, et dans une moindre mesure dans la mer intérieure nord-américaine. […] Les Mosasauridae présentent une remarquable augmentation de la taille, et se développent à partir du milieu du Turonien [vers -91 millions d'années] en tant que grands prédateurs cosmopolites et hautement diversifiés de la fin du Crétacé[8] ».

En 2012, un mosasaure d'eau douce, Pannoniasaurus, a été découvert dans le Santonien de Hongrie [environ -84 millions d'années]. Il a démontré que certains mosasauridés avaient évolué rapidement pour s'adapter à une grande variété d'environnements aquatiques, comme les fleuves et rivières d'eau douce, et se spécialiser dans ces écosystèmes à l'instar de certains groupes de cétacés actuels comme les dauphins d'eau douce[4].

Classification

Cette classification est susceptible d'être révisée en fonction des recherches en cours.

Crâne d'un mosasaure.
Dessins de Williston (1898) montrant les squelettes de trois espèces de mosasaures du Kansas : Clidastes propython, Platecarpus tympaniticus et Tylosaurus proriger.
Taniwhasaurus par Dmitry Bogdanov.
Clidastes par D. Bogdanov.

Selon BioLib (22 janvier 2018)[9] :

  • sous-famille Halisaurinae Bardet et al., 2005
    • genre Eonatator Bardet et al., 2005
    • genre Halisaurus Marsh, 1869
  • sous-famille Mosasaurinae
  • sous-famille Plioplatecarpinae
    • genre Anglosaurus Telles-Antunes, 1964
    • genre Ectenosaurus Russell, 1967
    • genre Igdamanosaurus Lingham-Soliar, 1991
    • genre Platecarpus Cope, 1869
    • genre Plioplatecarpus Dollo, 1882
    • genre Selmasaurus Wright & Shannon, 1988
    • genre Yaguarasaurus Paramo, 1994
  • sous-famille Tylosaurinae
  • genre Goronyosaurus Azzaroli et al., 1972
  • genre Haasiasaurus Polcyn, Tchernov, L. L. Jacobs, 2003
  • genre Kourisodon Nicholls & Meckert, 2002
  • genre Pluridens Lingham-Soliar, 1998
  • genre Russellosaurus Polcyn & Bell, 2005
  • genre Tethysaurus Bardet, Pereda Suberbiola, N.-E. Jalil, 2003

Phylogénie

Cladogramme des mosasaures et des taxons apparentés d'après Bell et Polcyn en 2005[10] :

Mosasauroidea 
 Aigialosauridae 

Aigialosaurus dalmaticus



 Mosasauridae 
 Mosasaurinae

Dallasaurus turneri





Clidastes KU-liodontus



Clidastes YP-liodontus





Clidastes moorevillensis




Clidastes novum sp.




Clidastes propython






Globidens alabamaensis



Globidens dakotensis





Prognathodon overtoni




Plesiotylosaurus crassidens



Prognathodon rapax







Mosasaurus conodon




Mosasaurus missouriensis





Mosasaurus indet.



Mosasaurus maximus





Plotosaurus bensoni



Plotosaurus tuckeri














Haasiasaurus gittelmani



 Halisauromorpha 

Trieste aigialosaur





Halisaurus novum sp.



Halisaurus platyspondylus





Halisaurus sternbergi



Halosaurus cf. sternbergi





 Russellosaurina 




Ectenosaurus clidastoides



Ectenosaurus YPcomposit





Platecarpus planifrons




Angolasaurus bocagei




Platecarpus 600tympaniticus




Platecarpus 8769tympaniticus




Plioplatecarpus AMNH sp.



Plioplatecarpus RMM sp.










Tylosaurus novum sp.




Tylosaurus nepaeolicus



Tylosaurus proriger







Tethysaurus nopcsai




Yaguarasaurus columbianus



Russellosaurus coheni









Liste des genres

Culture populaire

Le mosasaure est un animal récurrent de la saga Jurassic Park[11].

Voir aussi

Références taxinomiques

Bibliographie

  • (en) A.R. Dutchak, « A review of the taxonomy and systematics of aigialosaurs », Netherlands Journal of Geosciences — Geologie en Mijnbouw, vol. 84, no 3, (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Van der Ham, R. W. J. M., Van Konijnenburg-van Cittert, J. H. A., & Indeherberge, L. (2007). Seagrass foliage from the Maastrichtian type area (Maastrichtian, Danian, NE Belgium, SE Netherlands). Review of Palaeobotany and Palynology, 144(3), 301-321
  2. Mosasaurus hoffmanni
  3. (en) A.S. Schulp, Eric Mulder, Kurt Schwenk, « Did mosasaurs have forked tongue? », Netherlands Journal of Geosciences, vol. 84, no 3, , p. 359–371 (DOI 10.1017/S0016774600021144)
  4. (en) L. S. Makádi, M. W. Caldwell et A. Ősi, « The First Freshwater Mosasauroid (Upper Cretaceous, Hungary) and a New Clade of Basal Mosasauroids », PLoS ONE, vol. 7, no 12, , e51781 (DOI 10.1371/journal.pone.0051781)
  5. Alain Beneteau, Nathalie Bardet, Alexandra Houssaye, La mer au temps des dinosaures, Belin, , p. 87-90.
  6. Alain Beneteau, Nathalie Bardet, Alexandra Houssaye, La mer au temps des dinosaures, Belin, , p. 86.
  7. Dutchak 2005
  8. « The Cenomanian-Turonian (late Cretaceous) radiation of marine squamates (Reptilia): the role of the Mediterranean Tethys », article publié en novembre 2008 par la Société géologique de France, Paris, pages 605-622, par Nathalie Bardet, Alexandra Houssaye, Jean-Claude Rage et Xabier Pereda Suberbiola.
  9. BioLib, consulté le 22 janvier 2018
  10. (en)Bell et Polcyn, Dallasaurus turneri, a new primitive mosasauroid from the Middle Turonian of Texas and comments on the phylogeny of Mosasauridae (Squamata), Netherlands Journal of Geosciences — Geologie en Mijnbouw, volume 84, issue 3, 2005, p. 77–194
  11. Don Nardo, Dinosaurs. Unearthing the Secrets of Ancient Beasts, Lucent Books, , p. 19.
  • Portail de la paléontologie
  • Portail de l’herpétologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.