Moustérien de tradition acheuléenne

Le Moustérien de tradition acheuléenne (MTA) est l'un des différents faciès culturels et technologiques du Moustérien, principale manifestation culturelle du Paléolithique moyen en Eurasie (environ 300 000 à 45 000 ans AP). Il est présent dans la moitié ouest de la France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Pays de Galles et dans le sud et le centre de l'Angleterre.

Moustérien de Tradition Acheuléenne
Définition
Lieu éponyme Le Moustier
Saint-Acheul
Auteur Denis Peyrony
Caractéristiques
Répartition géographique France (sauf sud-est), sud de la Grande-Bretagne, Benelux
Période Paléolithique moyen
Chronologie Stades isotopiques 5 à 3
Type humain associé Homme de Néandertal
Tendance climatique Glaciation de Würm
Signe particulier Seul faciès Moustérien présentant des bifaces

Subdivisions

Type A et Type B

Objets typiques

biface, couteau à dos, racloir, encoche, denticulé

Historique et caractéristiques

Un Moustérien de tradition acheuléenne a d'abord été distingué du Moustérien classique par Denis Peyrony dans les années 1920. Il était défini par la présence de bifaces et de couteaux à dos abattu. François Bordes et Maurice Bourgon ont ensuite distingué à partir des années 1950 deux types de MTA : le MTA de type A, avec des bifaces et racloirs nombreux, et le MTA de type B, présentant une industrie pauvre en bifaces et racloirs mais riche en couteaux à dos retouchés, encoches, denticulés, outils de type Paléolithique supérieur et éclats allongés. Les deux fossiles directeurs du MTA sont donc les bifaces, rares ou absents dans les autres faciès moustériens, et les couteaux à dos retouchés, ne représentant jamais plus de 4 % des outils des autres faciès[1].

Deux bifaces datant du MTA, trouvés à Kervouster en Guengat
(Musée d'histoire et d'archéologie de Vannes)

Extension géographique

Le MTA est surtout présent sur des sites de plein air, près de sources en matières premières permettant d'extraire des éclats suffisamment grands pour le façonnage de bifaces[2]. Géographiquement, le MTA ne s'étend qu'au nord des Pyrénées ; il est surtout présent dans le sud-ouest de la France jusqu'à la Loire, mais également le long de la Manche jusqu'aux Pays-Bas ainsi qu'au sud de la Grande-Bretagne, alors rattachée au continent européen. Le MTA est absent dans le sud-est de la France[1].

Une évolution vers le Châtelperronien ?

Dès 1911, Henri Breuil proposa que la première industrie du Paléolithique supérieur, le Châtelperronien, trouvât ses racines dans le MTA. Cette thèse a été reprise dans les années 1930 par Denis Peyrony, dans les années 1950 par François Bordes et à partir des années 1960 par Paul Mellars (en). Elle se fonde sur les similitudes alléguées entre un fossile directeur du MTA, le couteau à dos, et un fossile directeur du Châtelperronien, le couteau ou pointe de Châtelperron. Un autre argument est la position stratigraphique souvent tardive dans le Périgord du MTA. Enfin, la répartition géographique du Châtelperronien correspond remarquablement bien à la distribution du MTA à bifaces cordiformes. Ainsi, le Châtelperronien se serait développé à partir du MTA local, et aurait existé dans le sud-ouest de la France en parallèle avec l'Aurignacien, apporté par Homo sapiens. Dans les années 1990, Jacques Pelegrin étaya cette hypothèse, rejetant aussi l'influence aurignacienne sur le Châtelperronien, en comparant les modes de débitage qui suivraient une évolution logique[3],[4].

La filiation entre le MTA et le Châtelperronien a été remise en question, la fin des séquences moustériennes du sud-ouest relevant généralement du Moustérien à denticulés[5] et les similitudes entre les deux industries étant limitées[6].

Points communs entre le MTA et le Châtelperronien

Roussel et Soressi (2014) relèvent les points communs suivants entre ces deux industries[7] :

  • Les outils retouchés à dos et les produits à dos bruts de débitage sont produits en grand nombre à toutes les étapes de la fabrication. Particulier à ces deux industries, ce trait ne se retrouve dans aucune autre industrie préhistorique.
  • Importance des outils et des supports à dos allongés, qui sont également un trait particulier à ces deux industries : là de même, aucune autre industrie préhistorique n'en contient autant.
  • Recherche de production d'objets à dos

Notes et références

  1. [Soressi 2002] Marie Soressi, Le Moustérien de tradition acheuléenne du Sud-Ouest de la France : Discussion sur la signification du faciès à partir de l'étude comparée de quatre sites : Pech-de-l'Azé I, Le Moustier, La Rochette et la Grotte XVI (thèse de doctorat en préhistoire et géologie du Quaternaire), Université de Bordeaux I, , 345 p. (lire en ligne [PDF]).
  2. [Turq 2000] Alain Turq, « Le Moustérien de Tradition Acheuléenne », Paléo, no 2 (supplément) « Le Paléolithique inférieur et moyen entre Dordogne et Lot », , p. 244-273 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  3. [Pelegrin 1995] Jacques Pelegrin, Technologie lithique : le Châtelperronien de Roc-de-Combe (Lot) et de La Côte (Dordogne), Paris, CNRS éd., coll. « Cahiers du Quaternaire » (no 20), , 297 p., sur gallica (ISBN 2-271-05309-9, lire en ligne).
  4. [Pelegrin et Soressi 2007] Jacques Pelegrin et Marie Soressi, « Le Châtelperronien et ses rapports avec le Moustérien », dans Bernard Vandermeersch et Bruno Maureille, Les Néandertaliens, biologie et cultures, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, coll. « Documents préhistoriques » (no 23), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 283-296.
  5. [Thiébaut 2005] Céline Thiébaut, Le Moustérien à denticulés : variabilité ou diversité techno-économique ? (thèse de doctorat en préhistoire (Espaces, Cultures et Sociétés). Dir. Jacques Jaubert), Université de Provence, 2 vol., , 870 p., sur hal.archives-ouvertes.fr (lire en ligne).
  6. [Bachellerie 2006] François Bachellerie, Étude taphonomique, technologique et spatiale de quelques remontages lithiques de Canaule II, site châtelperronien de plein air en Bergeracois (Dordogne) (mémoire de master 2e année), Université de Bordeaux I, , 87 p..
  7. [Roussel et Soressi 2014] Morgan Roussel et Marie Soressi, « Le Châtelperronien », dans Marcel Otte, Néandertal / Cro Magnon - La Rencontre, éd. Errance, , sur academia.edu (lire en ligne), p. 36.

Voir aussi

Articles connexes

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