Mouvement Pugwash

Le Mouvement Pugwash est le nom abrégé du Pugwash Conferences on Science and World Affairs, une organisation internationale dont la branche française est l'Association française pour le Mouvement Pugwash.

Mouvement Pugwash
Rencontre de Pugwash et visite du Fermilab le 12 septembre 1970. De g. à dr. : Norman Ramsey, président de l'URA[Quoi ?], Francis Perrin et Robert R. Wilson, fondateur et premier directeur du Fermilab.
Histoire
Fondation
Cadre
Coordonnées
41° 53′ 36″ N, 12° 28′ 01″ E
Organisation
Récompense
Site web

Le Mouvement Pugwash rassemble des personnalités des mondes universitaire et politique visant à réduire les dangers de conflits armés et de rechercher des parades aux menaces contre la sécurité mondiale. Il a été fondé en 1957, durant la guerre froide, par Józef Rotblat et Bertrand Russell à Pugwash (Canada), à la suite de la parution deux ans plus tôt du manifeste Russell-Einstein. Le mouvement Pugwash et Rotblat se partagent le prix Nobel de la paix en 1995 pour leurs efforts sur le désarmement nucléaire. Un groupe Pugwash international pour étudiants/jeunes (ISYP)[1] existe depuis 1979 avec des antennes nationales, par exemple aux États-Unis, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni.

Origine

Le manifeste de Russell et Einstein, écrit le , appelle les scientifiques à une conférence, en vue d'estimer les dangers des armes de destruction massive (alors limitées aux armes nucléaires). Cyrus Eaton, un industriel canadien qui connaissait Russell depuis 1938, offre le de financer la conférence dans sa ville de Pugwash (Nouvelle-Écosse). L'invitation n'est pas acceptée à l'époque, parce qu'une rencontre est prévue en Inde à l'invitation du Premier ministre Jawaharlal Nehru. Avec le début de la crise de Suez, la rencontre en Inde est repoussée, et à la place, Aristote Onassis offre de financer une réunion à Monaco, mais ceci est rejeté. La première invitation d'Eaton est acceptée.

La première conférence a donc lieu en à Pugwash, d'où le nom du mouvement. Elle est organisée par Józef Rotblat, qui servira comme secrétaire général de l'organisation du début à 1973. Le manifeste de Russell et Einstein servira de charte de fondation du Mouvement Pugwash.

22 personnalités scientifiques participent à la première conférence :

Cyrus Eaton, son invité Eric Burhop, et Vladimir Pavlichenko y assistent aussi. Bien d'autres n'ont pas pu venir, en particulier le cofondateur Bertrand Russell pour raisons de santé.

Structure de l'organisation

Le bureau comprend le président, le secrétaire général et le directeur exécutif. L'organe formel de gouvernement est le Conseil de Pugwash, de 28 membres, nommé pour 5 ans. Il y a aussi un Comité exécutif de 6 membres qui assiste le Secrétaire général. Le président actuel est Monkombu Swaminathan.

Les quatre bureaux de Pugwash, à Rome, Londres, Genève et Washington, soutiennent les activités de Pugwash et servent aux liaisons avec les Nations unies et d'autres organisations internationales.

Il y a plus de 40 groupes Pugwash nationaux, organisés comme entités indépendantes, et souvent aidés ou administrés par les Académies des Sciences nationales.

Le groupe Pugwash international pour étudiants/jeunes et ses antennes nationales collaborent avec le groupe Pugwash international, mais ils en sont indépendants.

Il y a au moins 3 500 Pugwashites au monde, c'est-à-dire des individus qui ont participé à des rencontres de Pugwash, et qui sont donc considérés comme associés à Pugwash.

Contributions à la sécurité internationale

Les 15 premières années de Pugwash ont coïncidé avec la crise de Berlin, la crise des missiles de Cuba, l'invasion de la Tchécoslovaquie et la guerre du Viêt Nam[2]. Pugwash a joué un rôle utile en aménageant des possibilités de communication, à des époques de relations officielles et officieuses tendues. Il a fourni un travail de fond pour le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (1963), le traité de non-prolifération (1968), le traité anti-missiles balistiques (1972), la Convention sur l'interdiction des armes biologiques (1972) et la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (1993). Mikhaïl Gorbatchev admit l'influence de l'organisation sur lui quand il était à la tête de l'Union soviétique.

Quand les relations internationales se sont dégelées, et quand sont apparues plus de possibilités de communication officieuses, la visibilité de Pugwash a diminué, mais il est encore resté important dans les domaines contemporains du contrôle des armes : désarmement nucléaire européen, armement chimique et biologique, armes spatiales, réduction et restructuration des forces conventionnelles et contrôle de crises dans le Tiers Monde. L'attention de Pugwash s'est aussi développée vers les problèmes internationaux de développement et d'environnement.

Le prix Nobel de la paix

En 1995, 50 ans après les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, 40 après la signature du Manifeste d'Einstein-Russell, le Mouvement Pugwash et Joseph Rotblat ont reçu conjointement le prix Nobel de la paix :

«  ... pour leurs efforts en vue de diminuer la part des armes nucléaires dans la politique internationale, et, à terme, d'éliminer ces armes.  »

Le Comité Nobel norvégien espérait que l'attribution du prix à Rotblat et Pugwash pourrait

«  ... encourager les gouvernements du monde à intensifier leurs efforts pour débarrasser le monde des armements nucléaires. »

Dans son discours de remerciement, Rotblat cita la conclusion du Manifeste :

«  Nous, humains, faisons appel à vous, humains : souvenez-vous de votre humanité et oubliez le reste. Si vous en êtes capables, la voie s'ouvre vers un nouveau paradis ; sinon vous courez le risque d'une mort universelle. »

La branche française

L’Association française du Mouvement Pugwash est la branche française de l’organisation internationale.

Création

L’Association française du Mouvement Pugwash a été créée en 1964. De très nombreuses personnalités ont participé à ses travaux. Citons, à titre d’exemple, Antoine Lacassagne, Jules Moch, Francis Perrin, Bernard Gregory, Alfred Kastler, Jean-Jacques Salomon, Étienne Bauer, Georges Charpak, Louis Leprince-Ringuet, Herbert Marcovich, Raymond Aubrac, Bertrand Goldschmidt, Léo Hamon et André Lwoff.

L’association a aussi une activité locale. Chaque année, elle organise des conférences suivies d’un débat. Les conférences se tiennent actuellement à l’École normale supérieure, rue d’Ulm à Paris. L’association est une organisation non gouvernementale, régie par la loi de 1901. Son financement est assuré par les contributions volontaires de ses membres.

Cadre général des activités

La confrontation nucléaire entre les États-Unis et l’Union soviétique n’a pas eu lieu et la biologie partage aujourd’hui avec la physique le pouvoir de modifier, pour le meilleur comme pour le pire, la face du monde. Le monde n’est pas pour autant devenu un lieu de paix et le développement des sociétés se poursuit d’une manière aussi chaotique qu’inégale, pendant que se déroule sous nos yeux l’explosion démographique prévue depuis longtemps. Si Pugwash continue sa traditionnelle mission de surveiller de près le nucléaire, il lui faut aussi prendre conscience du rôle nouveau que le nucléaire est amené à jouer dans la crise de l’énergie qui ne manquera pas d’être provoquée par les pays en voie de développement, en premier lieu la Chine, suivie sans doute, et espérons-le, par d’autres.

Il devient urgent d’imaginer comment les quelque 12 milliards d’hommes et de femmes qui bientôt peupleront la planète pourront satisfaire leurs besoins énergétiques et poursuivre le développement auxquels ils ont droit sans bouleverser l’équilibre écologique de la planète et sans en épuiser en un siècle ou deux les ressources fossiles. Il entre dans la responsabilité des scientifiques de contribuer à préparer dès maintenant cet avenir proche, sans se laisser enfermer par la logique des lois du marché, des intérêts économiques et politiques à court terme ou les modes que certains parmi les écologistes cherchent à promouvoir.

Pugwash forme un cadre idéal pour débattre de manière rationnelle les problèmes où interviennent science et technologie. Pugwash est aussi un lieu où se rencontrent des scientifiques qui se respectent et qui peuvent de ce fait discuter et dépassionner les sources de conflits de nature politique.

Modalités d'action

Chaque année le mouvement Pugwash international organise une quinzaine de réunions, conférences et ateliers pour discuter, scruter et proposer des solutions aux problèmes concernant « la science et les affaires mondiales ». Environ 150 Français y ont participé. Des ateliers ont été organisés par l’Association française du Mouvement Pugwash et se sont tenus à Paris : un en 1991 sur les forces conventionnelles en Europe (XI), et deux en 1998, l’un sur l’élargissement de l’OTAN et l’autre sur le développement de l’énergie nucléaire.

Des soirées de l'association française se tiennent régulièrement, avec des invités de marque, sur des sujets variés tels que :

  • les thèmes classiques de Pugwash sur les armes de destruction massive, ou les confrontations stratégiques, comme l'avenir des armes nucléaires, avec Richard Garwin, la bombe au Pakistan, avec Pervez Hoodbhoy, ou Israël/Palestine/Jérusalem, avec Jean-Christophe Victor
  • des débats d'actualité sur des problèmes ou conflits mondiaux, comme le Développement durable avec Robert Lion, suivi de la conférence de Johannesbourg par Michel Mousel, ou « Anatomie du  : violence, religion et éthique » avec Jean-Pierre Dupuy
  • ou évaluations de problèmes à long terme, comme les suites de Tchernobyl, avec Roland Masse, or lutte contre la corruption, avec Jean-Claude Paye.

Ces réunions sont d’un type très particulier. Chaque participant y est invité à titre personnel et ne représente que lui-même, quitte à ce qu’il exerce des fonctions et des responsabilités proches de son gouvernement. Cela permet une discussion libre où des propositions peuvent être formulées et discutées sans engager les gouvernements respectifs. Ceux-ci sont néanmoins informés des résultats et des recommandations de ces rencontres.

Notes et références

  1. International Student/Young Pugwash
  2. Des membres de Pugwash-France ont alors établi un contact discret entre Henry Kissinger et Ho Chi Minh : Raymond Aubrac, Où la mémoire s’attarde, éditions Odile Jacob, 1996.

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes

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