Mouvement des Focolari

Le Mouvement des Focolari est l'un des « nouveaux mouvements ecclésiaux[1] »[Note 1] qui ont fleuri au sein de l'Église catholique romaine dans la seconde moitié du XXe siècle. Il a été fondé en 1943 à Trente en Italie par Chiara Lubich. Ancré dans la spiritualité catholique, particulièrement mariale[2], le mouvement se veut néanmoins ouvert à tous les chrétiens voire aux fidèles d'autres religions ou aux personnes sans appartenance religieuse[3],[4]. Il se veut également ouvert à tous, sans distinction d'origine, d'âge ou de culture. Son objectif général est l'engagement pour l'unité et la fraternité au sein de l’Église et de la société, en famille, dans le monde économique et socio-culturel, en politique, dans les relations entre personnes riches et pauvres et entre les peuples[5].

Mouvement des Focolari
Repères historiques
Fondation 1943
Fondateur(s) Chiara Lubich
Fiche d'identité
Nom complet Œuvre de Marie
Église Catholique
Courant religieux spiritualité catholique
Dirigeant Margaret Karram
Localisation Via Frascati, 306 – 00040

Rocca di Papa, Rome, Italie.

Site internet Site officiel

Après la mort de Chiara Lubich en mars 2008, le mouvement est dirigé par Maria Voce (2008-2021) puis Margaret Karram à partir de janvier 2021[6]. Il revendique plus de 140 000 membres et deux millions de sympathisants au début des années 2010.

Les Focolari sont engagés avec les églises locales dans de nombreux domaines, en particulier les pastorales de la famille, des jeunes, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux[5]. À travers son organisation New Humanity (Humanité nouvelle), le mouvement est reconnu comme une organisation non gouvernementale par l'Organisation des Nations unies depuis 1987[7].

Le mouvement des focolari a été critiqué pour ses dérives sectaires, et a été touché par la révélation de violences sexuelles et pédocriminelles commises par ses membres, notamment en France.

Étymologie

Le nom du mouvement vient de l'italien focolare (au pluriel focolari), signifiant « foyer »[8]. Son nom officiel reconnu par l’Église catholique est Opus Mariae (Œuvre de Marie)[9].

Histoire

Débuts

Chiara Lubich, fondatrice du mouvement, en 2005.

Le Mouvement des Focolari est né à Trente (nord-est de l'Italie) vers 1943. La date souvent retenue est le , lorsque Chiara Lubich se consacre à Dieu[10]. Elle rassemble autour d'elle une petite communauté de jeunes femmes désireuses de suivre son enseignement. Chiara Lubich, vivant les désastres de la Seconde Guerre mondiale (Trente est alors bombardée par les Alliés) et ayant quasiment tout perdu, se demande s'il existe un idéal que rien ne pourrait détruire. Sa réponse est Dieu[11]. Après cette découverte fondamentale, elle commence à redécouvrir l'Évangile et à tenter de le mettre en pratique dans sa vie quotidienne. Le , la maison de Chiara Lubich est détruite. Ses parents quittent la ville, mais elle décide de rester pour aider ses amies sur place : se crée alors une petite communauté de femmes, le premier focolare ("foyer")[11] à l'automne 1944, place Capuccini[10]. Chiara Lubich est également responsable des novices au sein du Tiers-ordre franciscain de Trente, qu'elle a rejoint en 1942[10].

La diffusion des idées du mouvement se fait sans stratégie établie, mais Chiara envoie ses fidèles dans les villages alentour, où elles rassemblent des femmes de la paroisse, lisent des phrases de la Bible, les commentent et racontent leurs expériences, le tout dans la langue régionale locale (dialectes trentins (it))[10]. Le contact est maintenu par l'envoi régulier de lettres et des visites ; chaque personne proche de Chiara Lubich se voit confier un groupe de personne ou une localité où diffuser les nouvelles idées du mouvement et accompagner les nouveaux membres[10]. Peu à peu, le groupe s'étoffe, et en 1945, il compte près de 500 personnes[11]. Le mouvement se répand dans la région du Trentin[10]. La création du mouvement des Focolari s'inscrit dans un renouveau dans l’Église catholique en Italie, porté par des laïcs engagés dans la société, mais restant très fidèles au pape et à la hiérarchie[12].

En 1948, Chiara Lubich envisage de fusionner avec un nouveau mouvement fondé par le prêtre Beda Hernegger, mais le projet ne se réalise pas[10].

Rovereto est la deuxième ville où s'implante le mouvement des Focolari. Chiara Lubich y est invitée pendant la guerre par des frères capucins et prend rapidement en charge les novices du tiers-ordre, comme à Trente[10]. Au début de l'année 1949, les Focolari obtiennent l'autorisation d'ouvrir un focolare dans la ville[10]. Cette même année, le mouvement se diffuse en Italie : Milan, Padoue, Turin, Vérone, et Rome, où Chiara Lubich séjourne[10].

En 1948, Chiara Lubich fait la connaissance d'Igino Giordani, écrivain et journaliste, alors député démocrate-chrétien. Il devient le premier focolarino marié, et un ardent promoteur du mouvement des Focolari, facilitant sa propagation rapide en Europe puis sur les autres continents[13].

Le , l'archevêque de Trente, Carlo De Ferrari, donne son approbation officielle pour le mouvement, et la renouvelle l'année suivante[10]. L'approbation officielle par le Vatican prend toutefois beaucoup plus de temps[10]. De Ferrari supervise le développement du mouvement. En octobre 1949, les Focolari comptent quatre focolari à Trente et un à Rovereto, et plus de deux milles sympathisants[Note 2],[10].

Le père Pasquale Foresi, reconnu comme le cofondateur du mouvement, a été en 1954 le premier prêtre focolarino[14]. Il a fait une contribution majeure à l'introduction des études théologiques dans le mouvement et a fondé la société d'édition des Focolari, les éditions Nouvelle Cité[15].

Développement international

À la fin des années 1950, le mouvement s'est répandu dans toute l'Italie et au début des années 1960, arrive progressivement dans le reste de l'Europe[16] avant de se diffuser dans le reste du monde. Il est généralement porté par les premiers membres des focolares de Trente et Rovereto qui partent à l'étranger[10]. En 1952, il arrive en Autriche[17]. En 1958, le mouvement s'étend en Amérique du Sud, avec l'arrivée de trois focolarine au Brésil[18]. Il touche ensuite l'Argentine puis le reste de l'Amérique latine. En 1961, un focolare ouvre à New York[16]. En 1961 et 1962, plusieurs membres du mouvement sont envoyés comme médecins en République Démocratique Allemande, afin d'aider les nouvelles communautés d'Europe de l'Est[16]. En Asie, le mouvement arrive aux Philippines en 1966, puis se répand à Hong Kong et Taïwan grâce à des prêtres et des religieux[16]. L'Océanie est atteinte en 1967 : Australie, Nouvelle-Zélande et les îles du Pacifique[16]. Cette même année, un focolare est ouvert à Istanbul, et progressivement le mouvement se répand au Moyen-Orient (Liban, Égypte, ainsi que la Grèce)[16]. En 1965, une communauté Focolari s'installe à Fontem, au Cameroun, dans un but humanitaire, marquant les débuts du mouvement en Afrique[16].

Le , le Pape Jean XXIII reconnaît officiellement le mouvement sous le nom « Œuvre de Marie »[16].

Les autorités ecclésiastiques catholiques ont depuis longtemps observé attentivement le mouvement et modifié à plusieurs reprises ses statuts et règlements. La version actuelle en a été adoptée en 1990, sous le pontificat de Jean-Paul II qui appréciait en particulier la dimension de dialogue du mouvement[19].

À partir de la seconde moitié des années 1990, le mouvement se constitue en organisation internationale humanitaire. Deux ONG sont fondées : Action pour un monde uni (en italien Azione per un mondo unito), qui mène des projets de développement international, et Humanité Nouvelle (Umanità Nuova en italien, New Humanity en anglais) qui possède un statut consultatif auprès de l'ONU[20].

Au début du XXIe siècle, le Mouvement des Focolari est établi dans 182 pays et revendique 140 000 membres et deux millions de sympathisants[16].

Années 2000 et 2010

Tout au long de son mandat, le pape Jean-Paul II a fortement soutenu le Mouvement des Focolari[3]. Après sa mort, le slogan santo subito, qui demandait la béatification accélérée du pape en dérogation au droit canon, a été lancé par les Focolari[21].

Maria Voce est présidente du Mouvement des Focolari de 2008 à 2021.

En mars 2008, la fondatrice Chiara Lubich décède[22]. Maria Voce est élue par l'assemblée générale du mouvement pour lui succéder en juillet de la même année[23]. En septembre 2014, elle est réélue pour un second mandat de six ans[24]. Les présidentes ne pouvant pas effectuer plus de deux mandats, elle laisse sa place et Margaret Karram est élue présidente en janvier 2021[6].

Spiritualité

Lors de la création du mouvement en 1943, Chiara Lubich et ses amies ressentent qu'elles sont aimées de Dieu et que cet amour divin vaut pour toutes les personnes. En lisant l’Évangile, elles en tirent plusieurs phrases telles que « aime ton prochain comme toi-même », « aimez vos ennemis », « aimez-vous les uns les autres »[25]. Cet amour réciproque devient la principale caractéristique de la spiritualité du mouvement[25].

L'objectif du Mouvement des Focolari est la construction de l'unité entre tous[26]. Pour Chiara Lubich, l'unité résume toute la spiritualité des Focolari[25].

Elle se base pour cela sur la prière de Jésus à son Père : « Que tous soient un » (Jn 17,21). Pour les membres du mouvement des Focolari, la réalisation de cet objectif ne peut se faire que par l'application de l’Évangile, dans l'amour et le respect de chacun[27][source secondaire nécessaire]. La spiritualité de ce mouvement est basée sur ce message de l'Évangile, présenté comme une expérience à vivre dans sa vie quotidienne, et est caractérisée par une dimension communautaire. Dans cette spiritualité, chacun est candidat à cette expérience d'unité, qui sera alors une source d'enrichissement mutuel.

Les Focolari considèrent que Jésus a été abandonné par son Père[réf. nécessaire] lorsqu'il est mort sur la croix, et qu'il a donné sa vie pour les humains[28]. En conséquence, « il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis »[25]. Pour Chiara Lubich, les chrétiens doivent choisir la souffrance et l'accueillir[25]. Jésus devient un modèle à suivre. Jésus s'incarnant dans les personnes, les premières compagnes de Chiara ont cherché ce « Jésus abandonné » dans les gens autour d'elles (victimes de la guerre, sans abri, pauvres, etc)[25].

La spiritualité des Focolari met également l'accent sur la joie que procure l'amour de Dieu lorsque l'unité est réalisée. Vivre l'unité est un devoir de chaque membre du mouvement, et permet, selon Chiara Lubich, de sublimer la souffrance vécue en la transformant en joie[25].

Actions

Économie de communion

Le Mouvement des Focolari prône le partage des biens entre ses membres d'une même communauté locale et cherche à mettre en place une « culture du don ». Toutefois, cette approche s'avère insuffisante pour réduire les inégalités socio-économiques à l'échelle mondiale[26].

En 1991, Chiara Lubich, constatant les très fortes inégalités sociales et économiques lors d'une visite au Brésil, lance l'idée de créer des entreprises dont le but explicite est de partager une part de leurs bénéfices en faveur des plus pauvres[26]. Cette initiative est devenue l'économie de communion, à laquelle adhèrent plus de 800 entreprises dans le monde en 2014[29]. Une autre partie des bénéfices est réinvestie dans des structures de formation pour promouvoir la culture du don[26].

Lien avec d'autres mouvements

Le mouvement des Focolari a développé des liens importants avec le mouvement japonais bouddhiste Risshō Kōsei Kai[30],[25]. Les Focolari sont également engagés dans le dialogue interreligieux avec des juifs, musulmans, sikhs et hindous[31].

Organisation

Gouvernance

Le Mouvement des Focolari est, d'après ses statuts, approuvés par le Saint-Siège, présidé par une femme laïque consacrée[32], ce qui est en cohérence avec l'importance accordée à Marie[15]. Elle est assistée par un focolarino (consacré) et prêtre, qui est coprésident[32]. Cela « reflète la nature laïque du mouvement, mais également son unité avec la hiérarchie de l’Église [catholique] »[32]. Il s'agit du seul mouvement catholique à être présidé exclusivement par une femme[33].

Depuis sa fondation en 1944 et jusqu'au décès de Chiara Lubich (le ), celle-ci en assura la présidence. Il y eut différents coprésidents successifs : Igino Giordani, Pasquale Foresi et, jusqu'en 2008, Oreste Basso. Lors d'élections qui ont eu lieu au début du mois de juillet 2008, Maria Voce et Giancarlo Faletti ont été élus respectivement présidente et coprésident[23]. En 2014, Maria Voce a été réélue pour un mandat de 6 ans et l'assemblée a élu un nouveau coprésident en la personne de Jesús Morán[24]. Le 31 janvier 2021, Margaret Karram est élue présidente et Jesús Morán Cepedano est réélu coprésident[6].

La gouvernance du Mouvement des Focolari suit une structure hiérarchique : de même que les deux dirigeants mondiaux du mouvement sont une femme et un homme, les responsables d'un pays ou d'une région doivent être un homme et une femme laïcs consacrés. Ces derniers supervisent les différentes branches locales, qui ont chacune leurs propres responsables[32].

Branches

Le Mouvement des Focolari possède une vingtaine de branches. Des laïcs consacrés, les focolarini (hommes) et focolarine (femmes), vivent dans de petites communautés et font vœux de chasteté, pauvreté et obéissance. D'autres personnes mariées peuvent également faire de tels vœux[32]. Ces focolarini participent à la formation des membres et à l'extension du mouvement afin de toucher de nouvelles personnes. Certains travaillent pour le Mouvement des Focolari, d'autres ont un emploi extérieur[32]. Ils donnent leur salaire au mouvement et reçoivent en échange de quoi subvenir à leurs besoins quotidiens[34].

Les « volontaires » sont des membres qui cherchent à mettre en oeuvre les principes du mouvement dans le monde du travail ou du social[32]. Cette branche est née en 1956[35]. D'autres branches sont destinées aux prêtres, aux religieux et religieuses (branche créée en 1954[35]), La plupart se réunissent régulièrement en petits groupes[32]. En 1966, une branche interne dédiée à la jeunesse est créée : les « Gen » ou génération nouvelle, et qui a été par la suite divisée en sous-branches pour chaque tranche d'âge[35]. Les groupes sont généralement séparés par genre[36]. Une branche est également dédiée aux évêques proches du mouvement, reconnue officiellement par le Vatican depuis 1998[35].

D'autres personnes gravitent autour du mouvement sans appartenir à une branche en particulier. Ces sympathisants peuvent par exemple se retrouver dans des groupes de partage autour de la parole de vie, une phrase de l’Évangile choisie chaque mois et que les membres essaient de mettre en pratique dans leur vie quotidienne[32]. Pour accompagner les sympathisants gravitant autour du mouvement, les Focolari ont mis en places différentes organisations à destination des jeunes (« Jeunes pour un monde uni »), des familles (« Familles nouvelles »), ou encore des paroisses.

L'organisation interne du mouvement est comparable à celle d'autres mouvement catholiques paroissiaux[36].

Des évènements internationaux rassemblent les membres des Focolari, tels que le Genfest, festival dédié aux jeunes[32].

Adhérents et sympathisants

Au début des années 2010, dans le monde, le Mouvement des Focolari est établi dans 180 pays avec plus de 140 000 membres et deux millions de sympathisants. La majorité sont catholiques, mais une partie (30 000 membres) sont d'autres religions ou non croyants[16].

Au début des années 2000, le mouvement compte 2 700 laïcs consacrés mariés, et 3 700 laïcs consacrés célibataires, répartis en 728 maisons communes (focolares) dans 85 pays[35].

En France (2005), le mouvement compte plus de deux mille membres engagés et environ 50 000 sympathisants[37]. Les Focolari sont notamment implantés dans la commune de Bruyères-le-Châtel (Essonne)[38].

Communication et publications

  • Parole de Vie est le commentaire d'un passage biblique qui paraît chaque mois. Ce commentaire mensuel s'appuie sur les écrits de Chiara Lubich, fondatrice des Focolari. Il est traduit en 90 langues et imprimé à plus de 3,5 millions d'exemplaires[réf. nécessaire].
  • Depuis 1957, le mouvement publie en France la revue Nouvelle Cité.
  • Depuis 1962, les éditions Nouvelle Cité publient une vingtaine de livres par an.

Perception

Le théologien Henri Bourgeois qualifie le mouvement des Focolari de néo-classique. En effet, il garde des traits traditionnels : « Le sens de l’autorité (rôle du pape, des fondateurs, des leaders), (...) une affirmation chrétienne forte et visible (...), une certaine critique de la culture actuelle considérée comme manquant d’intériorité et de moralité, l’importance donnée à la figure (...) du prêtre ». Les nouveautés résident selon lui dans la place majeure de la spiritualité, l'importance donné à l'expérience, le rôle de la communication ainsi qu'une ouverture à l'international[39].

Critiques, violences et dérives sectaires

Critiques

Certaines caractéristiques du mouvement ont attiré des critiques, de l'intérieur comme de l'extérieur de l'Église catholique :

  • conservatisme moral accompagné d'une tendance de progressisme social (notamment dans les domaines de l'accueil des migrants, de la promotion de l'écologie et de la lutte contre les inégalités économiques et sociales [40],[41]). Ainsi, Le Monde diplomatique indique en 2004 que Chiara Lubich est opposée aux couples homosexuels et à l'avortement[42]. En Italie par exemple, le mouvement a exprimé en 2016 son opposition à la loi autorisant l'union civile des couples homosexuels, tout en laissant les membres libres de se positionner en fonction de leurs convictions personnelles[43].
  • Structure fortement hiérarchique, avec un culte de la personnalité confinant parfois à l'hagiographie[44].
  • Contrôle étroit sur la vie des membres de l'organisation, qui font penser aux phénomènes sectaires[3],[45],[46].

Agressions sexuelles en France

En 1994, Christophe Renaudin porte plainte en France au pénal pour viol et harcèlement sexuel contre Jean-Michel Merlin[47], un laïc consacré au sein du mouvement catholique des Focolari qui l'aurait agressé entre ses 14 et 16 ans. À la suite de cette plainte, trois autres personnes témoignent également contre lui. Sans preuve du viol et les faits de harcèlement étant prescrits, la plainte aboutit alors à un non-lieu. Merlin est cependant reconnu coupable au civil en 1998[48].

En 2016, Jean-Michel Merlin est finalement exclu du mouvement. Il fut rédacteur en chef du journal du mouvement Nouvelle Cité entre 1960 et 1990, chef de la communication interne au Secours Catholique de 1992 à 2005 et se présente désormais comme consultant en bénévolat[49].

Le 25 septembre 2020, les Focolari publient un « bilan provisoire des victimes » du laïc[50]. Le mouvement dénombre alors une trentaine de victimes, parmi lesquelles les deux frères de Renaudin et un de ses amis.

En octobre 2020, les trois responsables pour la France et l’Europe de l’Ouest démissionnent[51],[52]. Le même mois, l'enquête publiée par la journaliste Alexia Eychenne pour le média en ligne Les Jours démontre que le mouvement avait connaissance depuis les années 1970 des accusations portées contre Merlin[49]. Une enquête indépendante est confiée à l'agence britannique GCPS Consulting pour recenser l'ensemble des victimes au sein du mouvement en France[53].

Le rapport de GCPS Consulting est publié le 30 mars 2022[54]. Les enquêteurs indépendants ont recueilli les témoignages de 26 victimes de Jean-Michel Merlin et d'autres informations dignes de foi mentionnant 11 autres victimes, toutes de sexe masculin. Les faits ont eu lieu entre 1963 et 1998. Au moins trois autres cas de manipulation et de conditionnement de jeunes adultes non suivis d'abus sexuels sont recensés jusqu'en 2017. Le rapport décrit Jean-Michel Merlin comme « un abuseur d'enfants prolifique et en série, responsable de multiples cas d'abus sexuels sur des enfants et de tentatives d'abus sexuels sur des enfants, y compris ceux sur lesquels nous avons des informations et très probablement beaucoup d'autres. » L'enquête « établit qu'une chaîne de responsables pendant de nombreuses années, tant en France qu'à Rome, n'a pas agi sur la situation de JMM d'une manière qui aurait permis de protéger les victimes et de prévenir d'autres incidents d'abus ou de tentatives d'abus. » « La structure pyramidale du Mouvement, son mantra d'obéissance et d'unité ont certainement contribué à l'échec systémique à traiter non seulement l'action contre JMM mais aussi d'autres cas. » Les témoignages recueillis font état d'autres criminels sexuels ayant agi au sein des Focolari, ainsi que d'abus spirituels et financiers sur des membres du mouvement[55].

Dérives sectaires et violences psychologiques

En 2021, le journaliste italien Ferruccio Pinotti (it) publie le livre La Setta divina: il movimento dei focolari fra misticismo, abusi e potere (La secte divine : le mouvement des Focolari entre mysticisme, abus et pouvoir) où il recueille les témoignages de nombreuses victimes de violences psychologiques au sein du mouvement, dans plusieurs pays[33]. Les dérives sectaires du mouvement y sont dénoncées, notamment envers les laïcs consacrés vivant en communauté : interdiction de voir certains films, livres ou personnes, éloignement de la famille, culte de la personnalité envers la fondatrice Chiara Lubich, obligation de se dédier uniquement au mouvement sans tenir compte de ses besoins personnels, privation de sommeil, réflexions personnelles et libre arbitre combattus[33].

Notes et références

Notes

  1. Bien qu'ils soient composés majoritairement de laïcs, ces mouvements ont pour fonctionnalité d'intégrer des membres de l'Église de tout statut : jeunes, adultes mariés et célibataires, prêtres, religieux des deux sexes, ce qui leur vaut l'appellation de "mouvements ecclésiaux". Voir l'article Gordon Urquhart, « Focolari », dans Encyclopædia Universalis (lire en ligne).
  2. 597 membres à Trente, 1575 dans les villages du Trentin et 289 à Rovereto

Références

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  2. Son nom officiel reconnu par l’Église catholique est Opus Mariae (Œuvre de Marie), voir l'article de (it) Sandro Magister, « L´irresistibile ascesa dei focolarini. L'altra metà della Chiesa », L´espresso, no 26, (lire en ligne, consulté le )
  3. Gordon Urquhart, « Focolari », dans Encyclopædia Universalis (lire en ligne).
  4. La messe quotidienne, organisée à midi, est « non obligatoire », assurent les responsables. Article Claire-Marie Denis, « Qui sont vraiment les Focolari ? », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Gordon Urquhart, « FOCOLARI », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  • Renata Patti (préf. Vincent Hanssens, postface Pierre Vignon), Dieu, les Focolari et moi : la libération d'une duperie, Mols, , 320 p. (ISBN 978-2-87402-259-3, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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