Musée d'Art et d'Histoire de Genève

Le musée d'Art et d'Histoire (MAH) est un musée situé à Genève, en Suisse. Fruit de la réunion de plusieurs fonds muséaux régionaux et de dons de collectionneurs, de fondations et de citoyens, le musée est riche d’œuvres majeures et de séries uniques qui en font une institution de référence. Peintures, sculptures, estampes, objets historiques et archéologiques, autant de témoignages qui dévoilent la multiplicité des aspects liés à l’évolution de l’art et de la vie quotidienne sur plusieurs millénaires. Le MAH possède également une riche Bibliothèque d’art et d’archéologie, mise à la disposition du public. Plus grande bibliothèque d’art en Suisse, elle contient une grande variété d’ouvrages en lien avec toutes les activités du musée.

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Musée d'art et d'histoire de Genève
(MAH)
Façade principale du musée d'Art et d'Histoire.
Informations générales
Type
Musée d'art, institution patrimoniale (en), musée historique (d)
Ouverture
15 octobre 1910
Surface
7 000 m2
Visiteurs par an
110 415 (en 2015[1])
Site web
Collections
Collections
Nombre d'objets
650 000 œuvres dont 7 000 exposées
Bâtiment
Protection
Bien culturel suisse d'importance nationale (d)
Localisation
Pays
Canton
Commune
Adresse
2, rue Charles-Galland
1206 Genève
Coordonnées
46° 11′ 57″ N, 6° 09′ 05″ E
Localisation sur la carte de Suisse
Façade nord-ouest du musée d'Art et d'Histoire.

C'est le septième musée le plus visité de Suisse romande[2].

Collections

Le musée d'Art et d'Histoire de Genève est un musée pluridisciplinaire. Il rassemble des collections archéologiques, d’arts appliqués et des beaux-arts.

Le musée d'Art et d'Histoire abrite l’une des principales collections de beaux-arts du pays, initiée en 1805[3] et précédemment exposée au Musée Rath depuis 1826. Il doit cette position à de généreuses donations et à des acquisitions visant à consolider des séries déjà en sa possession. Outre l’important fonds lié à l’identité régionale, les ensembles constitués au fil du temps témoignent de l’art ancien, moderne et contemporain.

Écoles et ensembles monographiques

Avec des accents particuliers portés sur les écoles genevoise, française XVIIe, XVIIIe, XIXe), italienne (XVIe, XVIIIe) ou hollandaise et flamande (XVIe, XVIIe), le musée offre la possibilité d’embrasser du regard plusieurs moments clés de la peinture occidentale. Le maniérisme ou l’impressionnisme sont également bien représentés, à l’instar d’artistes qui ont marqué l’histoire de leur empreinte. Parmi ceux-ci, Konrad Witz, Véronèse, Avercamp, Rubens, Pissarro, Monet, Cézanne, Bonnard, Vlaminck, Giambattista Pittoni, Picasso, Braque ou encore Giacometti et Bram van Velde. À leurs côtés viennent prendre place des ensembles monographiques uniques où l’on retrouve des œuvres signées Liotard, Calame, Corot, Hodler et Vallotton, ou encore de la peintre suisse Louise Catherine Breslau. Les artistes suisses contemporains, tels Markus Raetz, Olivier Mosset et John M Armleder, sont également à admirer.

Dessins, pastels et art imprimé

La collection d’œuvres sur papier compte parmi les plus importantes d’Europe, rassemblant aujourd’hui quelque 27 000 dessins et pastels ainsi que 350 000 estampes. Elle présente une vue d’ensemble de l’histoire de l’estampe dès le XVe et du dessin dès le XVIIIe siècle à Genève. Parmi les fonds conservés figurent la plus grande collection mondiale d’œuvres de Jean-Étienne Liotard, de dessins de Ferdinand Hodler, mais aussi un ensemble de références d’estampes de Rodolphe Piguet, Félix Vallotton, John M. Armleder, Georg Baselitz ou encore de Hans Hartung. L’estampe vénitienne du XVIIIe siècle ainsi que les avant-gardes russe et hongroise sont également bien représentées.

Archéologie

Les collections archéologiques du MAH placent aujourd’hui l’institution au premier rang suisse en ce qui concerne l’Antiquité classique. Si le musée possède un fonds d’une aussi grande qualité, il le doit en grande partie à la générosité et à la curiosité des Genevois qui, dès le milieu du XVIe siècle, commencent à recueillir les témoignages des cultures anciennes. Statues, sarcophages, reliefs, inscriptions, céramiques, objets de la vie courante, monnaies : cet ensemble dessine, sur plusieurs millénaires, un itinéraire à travers la Préhistoire et l’Antiquité.

À titre d’exemple, en 1535, le musée déjà se constitue officiellement à Genève une collection de pièces de monnaie antiques. Aujourd’hui, fort de 100 000 monnaies et médailles, le cabinet de numismatique est le plus grand de Suisse.

Arts appliqués

Les collections d’arts appliqués permettent d’appréhender des métiers, des évolutions techniques et des activités humaines à travers le temps, notamment ceux qui sont liés à la région de Genève et à ses industries. Les fonds couvrent les champs de l’orfèvrerie, de l’argenterie et de la dinanderie, des instruments de musique anciens, du textile  tapisseries, dentelles et costumes  ainsi que du mobilier. La salle des Armures, reflet de l’épisode de l'Escalade pendant lequel la cité résista à l’assaut des troupes du duc de Savoie en 1602, révèle de magnifiques armes datant des XVe, XVIe et XVIIe siècles.

Les collections d’horlogerie, de bijouterie, de miniatures et d’émaillerie issues du musée de l’Horlogerie aujourd’hui fermé et la collection témoignant du monde chrétien d’Orient constituent d’autres points forts du musée.

Collections en ligne

Le musée d'Art et d'Histoire met progressivement en ligne[4] ses collections. Lancée en 2010, la base comportait déjà près de dix mille objets. Enrichie quotidiennement, elle a pour objectif principal de rendre accessible à la connaissance des internautes, chercheurs, enseignants, amateurs d’art et d’histoire, l’ensemble des œuvres du musée, y compris celles qui ne sont pas exposées. Une version smartphone est également disponible[5].

Historique

Dans l’air dès les années 1870  un premier concours sans lauréat est lancé en 1886  et réactivée par l’Exposition nationale de 1896, l’idée de réunir les collections d’art et d’histoire dans un même édifice est à l’origine du musée de la rue Charles-Galland. Créée en 1897, la Société auxiliaire du musée est la cheville ouvrière du projet.

Pour cette société, le bâtiment doit mettre en valeur les collections existantes, satisfaire l’appétit de connaissances, favoriser la création artisanale et industrielle, restaurer le goût, inculquer le sentiment national et, par l’évocation du passé, susciter la fierté d’être genevois.

Le , le Conseil administratif ouvre le deuxième « concours pour la construction d’un Musée central ». Des 43 projets reçus, le jury en retiendra cinq pour le second tour. C’est Marc Camoletti (1857-1940), avec son projet Casque 1602, qui l’emporte. Il est financé en grande partie par le généreux legs de Charles Galland (1816-1901) à la Ville de Genève.

Le , un crédit de trois millions de francs est voté en séance du conseil municipal. Le , la cérémonie de la pose de la première pierre peut avoir lieu. En , le gros œuvre est entièrement achevé et, le , l’architecte remet le bâtiment à la Ville. Il est inauguré le [6].

Bâtiment

L’architecture du musée d'Art et d'Histoire est à la fois internationale et contextuelle : elle s’inspire des grands modèles étrangers tout en tenant compte de l’environnement bâti alentour. Bordé de deux boulevards inférieurs, l’édifice de Camoletti est constitué d’un vaste quadrilatère établi autour d’une cour carrée.

C’est naturellement sur la façade de la rue Charles-Galland que se concentre le faste architectural : colonnes engagées, pilastres géminés et autres colonnes jumelles engendrent un jeu d’ombres caractéristique de l’architecture baroque. Aussi néo-baroque soit-il, l’édifice de Camoletti est surtout représentatif du style Beaux-Arts dont ses plus illustres représentants sont, à Paris, le Grand Palais et le Petit Palais, construits entre 1895 et 1900 pour l’Exposition universelle. Le monument est inscrit à l'Inventaire Suisse des biens culturels d'importance nationale (Objets A) pour le canton de Genève.

Des sculptures de Paul Amlehn ornent son fronton et les angles de la façade principale. Au centre, une allégorie des arts montre La Renommée soufflant dans sa trompette au-dessus des personnifications de la peinture, de la sculpture, du dessin et de l'architecture. À gauche, on peut voir une allégorie de l'archéologie avec des enfants soulevant le voile qui recouvre un buste antique et un enfant allumant le flambeau du savoir. À droite, une allégorie des arts appliqués montre des enfants travaillant à la confection d'un vase et jouant de l'orgue. Par ailleurs, des inscriptions rappellent le nom d'artistes genevois célèbres : Jean Dassier, Auguste Baud-Bovy, Jean-Pierre Saint-Ours, Jacques-Laurent Agasse, Rodolphe Töpffer, Jean-Étienne Liotard, Alexandre Calame, François Diday, Barthélemy Menn, Jean Petitot, Jacques-Antoine Arlaud et James Pradier.

Le nom de l’édifice, les figures allégoriques, la sélection des meilleurs artistes du passé sont bien plus que des détails : accompagnant l’architecture, ils participent du sens que l’on veut lui donner[6].

Rénovation et extension

Cafétéria du musée.

Inchangé depuis son inauguration en 1910, le musée d'Art et d'Histoire doit aujourd’hui être rénové et agrandi. Le bâtiment a en effet vieilli et, face à l’agrandissement des collections, les espaces d’exposition sont insuffisants.

À la suite d’un appel d'offres lancé en 1998, ce sont les Ateliers Jean Nouvel (Paris) associés à Architectures Jucker et DVK Architectes (Genève) qui sont chargés du projet de rénovation et d’agrandissement.

La rénovation permettrait non seulement de mettre le bâtiment aux normes actuelles de conservation des œuvres, mais aussi d’offrir une vision plus large de ses richesses. Trois collections majeures seraient enfin à nouveau exposées : les collections d’horlogerie, d’émaillerie, de bijouterie et de miniatures, la collection d’instruments de musique ainsi que celle d’archéologie du Proche-Orient.

Un premier projet, devisé à 127 millions de francs avec des coûts assumés à parts égales par la Ville de Genève et des partenaires privés – la Fondation Gandur pour l’Art et la Fondation pour l’agrandissement du musée d'Art et d'Histoire[7], est combattu par l'Association Patrimoine suisse[8] notamment.

Cette dernière estime que, outre la perte de l'espace de la cour et de son éclairage naturel que celui-ci occasionnerait[9], la surélévation prévue pour un restaurant panoramique enfreindrait la législation en vigueur, soit les dispositions relatives à la protection de la Vieille-Ville et du secteur sud des anciennes fortifications (art. 83 et s. LCI[10]) et la loi sur la protection des monuments, de la nature et des sites (LPMNS)[11].

Le , à la suite d'un référendum, les citoyens de la Ville de Genève refusent à 54,34 % des voix le projet de rénovation et d'agrandissement[12].

Notes et références

  1. « Rapport d'activité 2015 », Musée d'art et d'histoire de Genève (consulté le )
  2. « Top 10 des musées les plus visités de Suisse romande » (consulté le )
  3. Tableaux de l'envoi de 1805 dans le catalogue des musées d'art et d'histoire de Genève, site ville-ge.ch.
  4. Sur le site ville-ge.ch.
  5. 1 Voir "Inventaires au MAH. Du registre manuscrit à l'application smartphone" par Dominik Remondino, in Genava, no 59, 2011.
  6. David Ripoll, Le Grand Musée, [ouvrage publié à l'occasion du centenaire du bâtiment], éd. La Baconnière Arts/Musée d'art et d'histoire, 2010.
  7. « Rénovation et agrandissement du MAH » (version du 26 août 2012 sur l'Internet Archive)
  8. « Agrandissement du musée d'Art et d'Histoire : réponse de Bernard Zumthor à l'interview de Jean Nouvel, l'Hebdo no 12, mars 2012 » (version du 3 mars 2016 sur l'Internet Archive), sur patrimoinesuisse.ch, .
  9. « Schweizer Heimatschutz - Home » (version du 3 mars 2016 sur l'Internet Archive), sur www.patrimoinesuisse.ch
  10. « L 5 05: Loi sur les constructions et les installations diverses (LCI) », sur ge.ch, (consulté le )
  11. « Loi sur la protection des monuments, de la nature et des sites (LPMNS) », sur ge.ch, (consulté le )
  12. « Les Genevois refusent la rénovation du Musée d'art et d'histoire », sur RTS.ch (consulté le ).

Liens externes

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