Néo-écosystème

Le concept de néo-écosystème[1] , traduction de novel ecosystem, parfois appelé emerging ecosystem[2] ou no-analog communitie[3], désigne un écosystème altéré par les êtres humains et caractérisé par des combinaisons inédites d’espèces[4].

Néo-écosystème
Présentation
Type

Origine du concept et définition

Le terme novel ecosystems apparaît dans un article par Hobbs et al. publié en 2006[4]. Il s’agit de la première tentative de formalisation du concept. Depuis, d’autres auteurs en ont offert leur propre définition[5],[6],[7]. Il n’existe pas de consensus au sein de la communauté scientifique quant à la définition du terme[8]. Cependant, les définitions proposées ont en commun les éléments suivants :

  • Les néo-écosystèmes hébergent des combinaisons d’espèces (ou des combinaisons d’espèces et de conditions abiotiques) qui n’ont jamais existé auparavant[8]. Ces communautés peuvent être composées d’espèces n’ayant jamais été en présence les unes des autres ou d’espèces coexistant déjà, mais retrouvées dans des proportions inédites[2]. Ce critère, celui de la nouveauté (novelty), est le seul qui fasse l’unanimité chez les auteurs ayant défini le concept[8].
  • Ils se sont constitués sous l’influence de facteurs anthropiques tels que l’enrichissement des sols, l’introduction d’espèces exotiques, les changements climatiques, etc.[4] Ils peuvent résulter de l’altération, volontaire ou involontaire, d’écosystèmes précédemment considérés comme sauvages ou de l’abandon de systèmes intensément gérés par les humains, par exemple de terres agricoles[4].
  • Ils persistent sans l’intervention humaine (ils sont, en anglais, self-sustaining)[4].
  • Le terme est réservé à des écosystèmes ayant franchi un ou plusieurs seuils (thresholds) au-delà desquels le retour aux conditions qui prévalaient avant qu’ils soient perturbés par les activités humaines n’est plus possible[6].

Applications dans le domaine de la conservation

Littérature scientifique

Le concept de néo-écosystème a connu un nombre croissant de mentions dans la littérature scientifique. En effet, la popularité du terme en a fait un domaine de recherche d’intérêt particulier. L'intérêt pour le concept est en grande partie dû au fait que les néo-écosystèmes sont retrouvés de plus en plus fréquemment dans la nature globalement[6],[9]. Il devient de plus en plus évident que les approches traditionnelles de restauration et de conservation ne sont pas adaptées à des systèmes sujets à des conditions influencées par l’activité humaine. Or, pour réconcilier l’approche traditionnelle de l’écologie avec une réalité contemporaine, la poussée vers l’avant de la recherche des néo-écosystèmes est souvent classée d’écologie appliquée. De plus, la communauté scientifique est également sujet à des pressions socio-économiques pour approfondir la compréhension de ces écosystèmes, dont l’écologie appliquée permet une analyse plus pratique et englobante.[10]

Politique et gestion

Dans le domaine de la politique et de la gestion des écosystèmes, le facteur le plus souvent pris en compte est celui des services écosystémiques. Or, pour pouvoir prendre la décision la plus appropriée, les individus chargés de la prise de décisions sociales et écologiques doivent prendre en compte les divers coûts et implications de la décision en question. Dans le cas des néo-écosystèmes, les publications et projets de recherche scientifique sont souvent utilisés pour déterminer quels sont les services écosystémiques propres à cet écosystème, et les valeurs économiques et qualitatives dont bénéficierait la communauté humaine. De plus, pour la gestion sociale des écosystèmes, plusieurs questions doivent être adressées, dont la priorité de gestion (par exemple: la priorité de conservation est-elle de protéger la biodiversité, de maintenir ou développer des services, ou bien encore de développer l’écosystème en question pour en soutirer des services additionnels) et le bien-être humain[11],[12].

Également, les approches traditionnelles de conservation et restauration des écosystèmes sont habituellement basées sur des modèles historiques d’écosystèmes dits sauvages. Or, les écosystèmes sont toujours à la merci des conditions et des variations anthropogéniques ou naturelles. Ainsi, le but de restaurer les écosystèmes précédant les influences humaines n’est pas réellement atteignable, puisque la question de nature idéale est basée dans le contexte sociale de la communauté en question[13].

Puisque la transition des écosystèmes à l'échelle globale tend vers les néo-écosystèmes, les changements dans les services écosystémiques disponibles aux communautés humaines se font ressentir. Il y a donc appel à un système de gestion basés sur les valeurs qui apportent un écosystème à la communauté, ce qui incluent ultimement la conservation de cet écosystème, en ajout aux valeurs socio-économiques, car le tout est basé dans le contexte social de la communauté[9],[12],[11].

Références

  1. (en) « (PDF) A critique of the novel ecosystem concept », sur ResearchGate (consulté le )
  2. (en) S.J. Milton, « Emerging ecosystems - a washing-stone for ecologists, economists and sociologists? : news and views », South African Journal of Science, , p. 404-406 (ISSN 0038-2353)
  3. (en) John W. Williams et Stephen T. Jackson, « Novel climates, no-analog communities, and ecological surprises », Frontiers in Ecology and the Environment, vol. 5, no 9, , p. 475–482 (ISSN 1540-9309, DOI 10.1890/070037, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Richard J. Hobbs, Salvatore Arico, James Aronson et Jill S. Baron, « Novel ecosystems: theoretical and management aspects of the new ecological world order », Global Ecology and Biogeography, vol. 15, no 1, , p. 1–7 (ISSN 1466-8238, DOI 10.1111/j.1466-822x.2006.00212.x, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) David B. Lindenmayer, Joern Fischer, Adam Felton et Mason Crane, « Novel ecosystems resulting from landscape transformation create dilemmas for modern conservation practice », Conservation Letters, vol. 1, no 3, , p. 129–135 (ISSN 1755-263X, DOI 10.1111/j.1755-263x.2008.00021.x, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Nathaniel B. Morse, Paul A. Pellissier, Elisabeth N. Cianciola et Richard L. Brereton, « Novel ecosystems in the Anthropocene: a revision of the novel ecosystem concept for pragmatic applications », Ecology and Society, vol. 19, no 2, (ISSN 1708-3087, DOI 10.5751/es-06192-190212, lire en ligne, consulté le )
  7. K.J. Willis, R.M. Bailey, S.A. Bhagwat et H.J.B. Birks, « Biodiversity baselines, thresholds and resilience: testing predictions and assumptions using palaeoecological data », Trends in Ecology & Evolution, vol. 25, no 10, , p. 583–591 (DOI 10.1016/j.tree.2010.07.006, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Amy M. Truitt, Elise F. Granek, Matthew J. Duveneck et Kaitlin A. Goldsmith, « What is Novel About Novel Ecosystems: Managing Change in an Ever-Changing World », Environmental Management, vol. 55, no 6, , p. 1217–1226 (ISSN 0364-152X et 1432-1009, DOI 10.1007/s00267-015-0465-5, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Anna C Backstrom, Georgia E Garrard, Richard J Hobbs et Sarah A Bekessy, « Grappling with the social dimensions of novel ecosystems », Frontiers in Ecology and the Environment, vol. 16, no 2, , p. 109–117 (ISSN 1540-9309, DOI 10.1002/fee.1769, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Marc W. Cadotte, Jos Barlow, Martin A. Nuñez et Nathalie Pettorelli, « Solving environmental problems in the Anthropocene: the need to bring novel theoretical advances into the applied ecology fold », Journal of Applied Ecology, vol. 54, no 1, , p. 1–6 (ISSN 1365-2664, DOI 10.1111/1365-2664.12855, lire en ligne, consulté le )
  11. Richard J. Hobbs, Eric Higgs et James A. Harris, « Novel ecosystems: implications for conservation and restoration », Trends in Ecology & Evolution, vol. 24, no 11, , p. 599–605 (DOI 10.1016/j.tree.2009.05.012, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Kristin B. Hulvey, Rachel J. Standish, Lauren M. Hallett et Brian M. Starzomski, Novel Ecosystems, Wiley-Blackwell (DOI 10.1002/9781118354186.ch18, lire en ligne), p. 157–171
  13. Marris, Emma., Rambunctious garden : saving nature in a post-wild world, Bloomsbury, , 224 p. (ISBN 978-1-60819-454-4, OCLC 639161286, lire en ligne)
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