NGC 6764

NGC 6764 est une galaxie spirale barrée à noyau actif de type LINER qui est située dans la constellation du Cygne[4]. D'abord découverte la nuit du 4 juillet 1885 par Lewis Swift, elle sera ensuite étudiée comme une galaxie exceptionnelle en onde radio. Les différentes études ont relevé une structure radio en forme de bulle bipolaire à ces pôles, il s'agit en fait de deux lobes radio, créés à la suite de phase d'activité en son centre. Elle est une galaxie spirale naine.

NGC 6764

Image de la galaxie spirale barrée NGC 6764, prise depuis les images du télescope de l'observatoire de Tokyo.
Données d’observation
(Époque J2000.0)
Constellation Cygne
Ascension droite (α) 19h 08m 48,0s [1]
Déclinaison (δ) 50° 57 45  [1]
Magnitude apparente (V) 14.31
445 dans la Bande B [2]
Brillance de surface 13,37 mag/am2 [alpha 1]
Dimensions apparentes (V) 2 × 2,0 [2]
Décalage vers le rouge 0,008046 ± 0,000027 [1]

Localisation dans la constellation : Cygne

Astrométrie
Distance 104.4 millions année-lumière
Caractéristiques physiques
Type d'objet Galaxie spirale barrée
Dimensions 241 000 a.l. [alpha 2]
Découverte
Découvreur(s) Lewis Swift
Date [3]
Désignation(s) UGC 11407 PGC 62806 MCG+08-35-003 TC 585 Z 256-72 MFGC 14754
Liste des galaxies spirales barrées

Morphologie et distance

Distance

Près d'une quarantaine de mesures non basées sur le décalage vers le rouge (redshift) donnent une distance de 75,00 ± 0,01 Mpc (245 millions d'a.l.)[5], ce qui est à l'extérieur des distances calculées en employant la valeur du décalage vers le rouge[alpha 3].

La vitesse radiale de 2 412 ± 3 km/s de cette galaxie est faible et on ne peut employer la loi de Hubble-Lemaître pour calculer sa distance. Le résultat donne 33,40 ± 2,34 Mpc (109 millions d'a.l.)[alpha 3]. Basée sur un décalage vers le rouge de z = 0.008046 ± 0.00002, la galaxie se situe à 32 ± 2,34 Mpc (104 millions d'a.l.), c'est donc un cas de cohésion entre la distance du décalage et la loi de Hubble-Lemaître[6].

Morphologie

Image en couleurs inversées prise par le Digitized Sky Survey, montrant la dispersion du gaz moléculaire dans la galaxie.

À cette distance de 32 ± 1 Mpc, la taille angulaire de la galaxie corrélée avec sa distance montre que la taille maximale de la galaxie est d'environ 19,66 ± 1 kpc (64 100 a.l.) de diamètre soit une galaxie 0,64 fois plus petite que la Voie Lactée. Elle est une galaxie spirale barrée de type morphologie SB(s)bc, tandis que son centre est de type morphologique SB(s)bc;LINER Sy2. Elle est une galaxie spirale barrée, avec une barre constituée d'étoiles vieilles (teinte jaune), suivie de deux bras spiraux constitués d'étoiles jeunes émettant une lumière bleu-violette. Son centre est un centre actif caractérisé par de larges raies d'atomes faiblement ionisés[6] et une luminosité caractéristique des galaxies de Seyfert[7], suivie d'une structure radio en forme de bulle bipolaire[8]. Elle est aussi très riche en matière moléculaire (principalement de l'hydrogène et du carbone moléculaire), dont la masse de la matière centrale est estimée à ~700 millions de M[9]. L'hydrogène moléculaire est également réparti dans la galaxie, dans le milieu interstellaire extérieur au centre galactique, le gaz moléculaire stagne à une densité de 3 x 10^3 à 3 x 10^cm, avec une température globale comprise entre 10 et 20 K[10]. En 2022, un amas d'étoiles a été détecté, NGC 6764 Cl*1, proche du centre galactique[11].

Histoire observationnelle

NGC 6764 a été découverte par Lewis Swift la nuit du 4 juillet 1885 avec un télescope optique, elle sera définie comme une galaxie "faiblement lumineuse, pâle et plutôt allongée"[12].

Centre galactique

Activité

Image très rapprochée des bulles radio de NGC 6764, le quasar central est marqué par la tache blanche présente au centre de l'image.

Le centre galactique de NGC 6764 est un centre actif marqué par une forte émission d'ondes radio, rayons X, infrarouge et de fortes raies d'émissions d'atomes faiblement ionisés telles que Ha, Mg II, Ca II et O I. La région centrale abrite un quasar qui produit deux jets relativistes incurvés s'étendant sur une distance de quelques milliers de parsec qui interagissent avec le milieu interstellaire proche du quasar, la région centrale a une température effective de ~107 K. Les jets sont les auteurs d'un rayonnement synchrotron[13]. Les bulles radio ont donc été créées par une onde de choc provenant du quasar, l'onde de choc s'est propagée le long des jets relativistes jusqu'à l'extérieur de la galaxie, assez similaire à celles observées au centre de Centaurus A et elle s'étend sur 1,3 ± 2 kpc à une vitesse de 120 km/s[14]. Le choc provenant a pour effet d'impacter et de déchirer les galaxies environnantes à NGC 6764[15].

Sursaut de formation

Des sursauts de formation ont été détectés en ondes radio dans le centre de NGC 6764. Toutes les étoiles de Wolf-Rayet présentes dans NGC 6764 se situent dans un disque galactique intérieur[16]. Depuis la Terre, le disque mesure ~1,2", et il mesure ~1 000 UA soit ~0,015 a.l. de largeur[17] et un diamètre de 200 ± 1 pc (652 a.l.)[18]. Les scientifiques pensent que la formation d'étoiles a été causée par une onde de choc créée par le quasar lors d'une phase de très forte activité, qui s'est produite il y a 15 à 50 millions d'années[13], le quasar ayant compacté le disque, tout un flux de nouvelles étoiles massives s'est créé dans le disque, les sursauts sont donc originaires du disque[16]. Les sursauts de formations créent des vents stellaires qui rentrent en collision avec la matière / poussière interstellaire[15]. Les vents se propagent à 25 km/s et rentrent en collision avec la matière moléculaire présente au centre de la galaxie, la masse totale des vents est exceptionnelle, estimée à ~4 millions de M concentrée dans une région de ~200 pc[15]. Les vents sont si puissants que NGC 6764 peut être classifiée comme une galaxie de Wolf-Rayet[16]. Les sursauts de formation de NGC 6764 restent relativement jeunes et peu puissants par rapport à ceux de galaxies comme M82 et NGC 7552[17], son taux de formation n'étant que d'un taux de création d'étoiles de 0,3 masse solaire en quelques mois contrairement à une dizaine de masses solaires converties en étoiles en moins d'un an[18].

Mini groupe de galaxies

NGC 6764 se situe au centre d'un mini groupe de galaxies, toutes les galaxies sont espacées d'environ ~160 ± 10 kpc (522 000 a.l.) de NGC 6764[19]. La plus proche de NGC 6764 est 2MASX J19083234+5055083, une galaxie lenticulaire[20] et PGC 214716, une galaxie spirale[21]. En 2008, il sera baptisé TSK2008 1317[22].

Trou noir central de NGC 6764

Des mesures basées sur la luminosité de son bulbe galactique (magnitude absolue de -22.86 et une luminosité bolométrique de 1,1212L), son trou noir a une masse de ~150 ± 12 millions de M[23]. D'autres mesures plus précises basées sur les observations rapprochées en ondes radio, rayons X et infrarouge ont permis de mesurer la température de l'environnement proche du quasar et donc, de mesurer la luminosité approximative du disque d'accrétion du quasar présent au centre de NGC 6764. La température de l'environnement du disque étant de ~107 K[8], les scientifiques ont supposé que le disque d'accrétion du quasar a une température de ~109 K, un disque de cette température suggère un trou noir supermassif d'une masse de ~300 ± 20 millions de M[24],[25].

Galerie

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. La brillance de surface (S) se calcule à partir de la magnitude apparente (m) et de la surface de la galaxie selon l'équation
  2. On obtient le diamètre d'une galaxie par le produit de la distance qui nous en sépare et de l'angle, exprimé en radian, de sa plus grande dimension.
  3. On obtient la distance qui nous sépare d'une galaxie à l'aide de la loi de Hubble-Lemaître : v = Hod, où Ho est la constante de Hubble (70±5 (km/s)/Mpc). L'incertitude relative Δd/d sur la distance est égale à la somme des incertitudes relatives de la vitesse et de Ho

Références

  1.  (en) « NASA/IPAC Extragalactic Database », Resultats pour PGC 83717 (consulté le )
  2. « Les données de «Revised NGC and IC Catalog by Wolfgang Steinicke» sur le site ProfWeb »
  3. (en) « Site du professeur C. Seligman » (consulté le )
  4. « Stellarium Web Online Star Map », sur stellarium-web.org (consulté le )
  5. « Your NED Search Results », sur ned.ipac.caltech.edu (consulté le )
  6. « By Name | NASA/IPAC Extragalactic Database », sur ned.ipac.caltech.edu (consulté le )
  7. V. C. Rubin, N. Thonnard et W. K., Jr. Ford, « Observations of NGC 6764, a barred Seyfert galaxy. », The Astrophysical Journal, vol. 199, , p. 31–38 (ISSN 0004-637X, DOI 10.1086/153660, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Dhruba J Saikia et Ananda Hota, « Radio bubbles in the composite AGN‐starburst galaxy NGC 6764 », September 2006, , p. 2 (lire en ligne [net])
  9. S. Leon, A. Eckart, S. Laine et J. K. Kotilainen, « Nuclear starburst-driven evolution of the central region in NGC 6764 », Astronomy & Astrophysics, vol. 473, no 3, , p. 747–759 (ISSN 0004-6361 et 1432-0746, DOI 10.1051/0004-6361:20066075, lire en ligne, consulté le )
  10. A. Eckart, M. Cameron, J. M. Jackson et R. Genzel, « The Molecular Interstellar Medium and the Near-Infrared Continuum of the Barred LINER NGC 6764 », The Astrophysical Journal, vol. 372, , p. 67 (ISSN 0004-637X, DOI 10.1086/169955, lire en ligne, consulté le )
  11. « [CLT2004] NGC 6764 1 », sur simbad.cds.unistra.fr (consulté le )
  12. « New General Catalog Objects: NGC 6750 - 6799 », sur cseligman.com (consulté le )
  13. P. Kharb, Ananda Hota, J. H. Croston et M. J. Hardcastle, « Parsec-scale Imaging of the Radio-bubble Seyfert galaxy NGC 6764 », The Astrophysical Journal, vol. 723, no 1, , p. 580–586 (ISSN 0004-637X et 1538-4357, DOI 10.1088/0004-637X/723/1/580, lire en ligne, consulté le )
  14. A. Hota, D. Jap, IISc et Bangalore, « Radio bubbles in the composite AGN-starburst galaxy NGC 6764 », semanticscholar, (DOI 10.1111/j.1365-2966.2006.10738.x, lire en ligne, consulté le )
  15. J. H. Croston, M. J. Hardcastle, P. Kharb et R. P. Kraft, « Chandra evidence for AGN feedback in the spiral galaxy NGC 6764 », The Astrophysical Journal, vol. 688, no 1, , p. 190–197 (ISSN 0004-637X et 1538-4357, DOI 10.1086/592268, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) B. O'Halloran, B. McBreen, L. Metcalfe et M. Delaney, « ISO observations of the Wolf-Rayet galaxies NGC 5430, NGC 6764, Mrk 309 and VII Zw 19 », Astronomy & Astrophysics, vol. 439, no 2, , p. 539–550 (ISSN 0004-6361 et 1432-0746, DOI 10.1051/0004-6361:20041685, lire en ligne, consulté le )
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  19. Eric M. Wilcots, Margaret C. Turnbull et Elias Brinks, « H I Gas in the Environment of the Seyfert Galaxies NGC 6764 and Markarian 1126 », The Astrophysical Journal, vol. 560, , p. 110–118 (ISSN 0004-637X, DOI 10.1086/322765, lire en ligne, consulté le )
  20. « 2MASX J19083234 5055083 », sur simbad.cds.unistra.fr (consulté le )
  21. « LEDA 214716 », sur simbad.cds.unistra.fr (consulté le )
  22. « [TSK2008] 1317 », sur simbad.cds.unistra.fr (consulté le )
  23. Dalya Baron et Brice Ménard, « Black hole mass estimation for active galactic nuclei from a new angle », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 487, no 3, , p. 3404–3418 (ISSN 0035-8711, DOI 10.1093/mnras/stz1546, lire en ligne, consulté le )
  24. (en) « NGC 6764 - Experienced Deep Sky Imaging », sur Cloudy Nights (consulté le )
  25. « Webb Deep-Sky Society: Galaxy of the Month for June 2017 », sur www.webbdeepsky.com (consulté le )

Liens externes

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