Na Un-gyu
Na Un-gyu ( - ) est un acteur, un scénariste et un réalisateur coréen, largement considéré comme le cinéaste le plus important des débuts du cinéma coréen, et probablement comme la première vedette coréenne de cinéma. Il est considéré comme étant à l'origine de la tradition cinématographique coréenne, compte tenu de ses nombreux écrits, rôles et scénarios.
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Décès |
(à 34 ans) Corée durant la colonisation japonaise |
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Na Un-gyu |
McCune-Reischauer |
Na Ungyu |
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Na Bong-han (d) |
Faisant partie des figures les plus connues de la Korea Artista Proleta Federacio (eo) (KAPF), il a contribué à la création d'un cinéma national coréen de résistance au cinéma « coréen » réalisé sous l'occupation japonaise, et qui inspirera le cinéma nord-coréen.
Auteur d'une vingtaine de métrages, muets et parlants, il réalise en 1926 Arirang, nom d'un chant national coréen de résistance à l'occupation, qui, comme ses autres films, a disparu.
La jeunesse
Na Un-gyu était le troisième fils de Na Hyong-gwon, un officier ayant servi à la fin de la dynastie Chôson et qui était retourné enseigner dans sa ville natale de Hoeryong, dans la province de Hamgyongbuk. Étudiant, Na s'est investi dans le théâtre, mais également dans la résistance anti-japonaise et il a participé au soulèvement du . Pour éviter d'être emprisonné, il a passé deux ans à traverser et retraverser le fleuve Tumen qui sépare la Corée et la Mandchourie. Na Un-gyu a voyagé en Sibérie, où il a rejoint des résistants coréens.
Revenu à Séoul en 1921, il s'inscrit en sciences sociales à l'université Yonhui (actuelle université Yonsei). C'est à cette époque que commence sa fascination pour le cinéma. Il aurait rempli de nombreux carnets de notes prises lorsqu'il regardait des films, et se serait déplacé partout avec un miroir pour travailler ses jeux d'expression.
Néanmoins, à l'instar du personnage principal dans son premier film (qui est aussi le plus connu) "Arirang", il a été capturé par les Japonais, emprisonné et torturé pour sa participation au mouvement du 1er mars. Durant son emprisonnement à Chongjin, de 1921 à 1923, il a reçu son nom de plume, Chunsa, d'un autre combattant de la résistance antijaponaise, Lee Chun-song. Après sa libération en 1923, il a rejoint la troupe de théâtre de Yerimhoe dans sa ville natale de Hoeryong.
Après avoir quitté cette troupe de théâtre, il a vendu tous ses livres pour acheter un billet de train à destination de Pusan, où il est devenu acteur pour la Compagnie de Cinéma Chôson : il a commencé à jouer comme figurant, puis dans des rôles de méchants, dans des films produits par cette entreprise. Il a fait ses débuts en 1925 dans le film UnYeongJeon.
La carrière cinématographique
Bien que Na Un-gyu ait été décrit sous les traits peu enviables d'un paysan, la colère qu'il était capable de projeter à l'écran convenait à la situation et à l'état d'esprit des Coréens à cette époque. Na a retenu pour la première fois l'attention du public lorsqu'il a joué le rôle-titre dans le film produit en 1925 par le fils de Lee Kyong-son : Simchong-jon (L'Histoire de Shim Chong)
Son premier film comme auteur, acteur et réalisateur, Arirang (1926) a retenu le sentiment national des Coréens. Les films produits en Corée subissaient la censure et des restrictions des autorités japonaises. Les scénarios devaient être soumis à l'approbation du gouvernement d'occupation japonais, avant de pouvoir être produits et distribués. Toute critique anti-gouvernementale étant censurée, les principaux films tendaient à être des productions sentimentales et mélodramatiques connues sous le nom de shinpa. L'innovation de Na dans Arirang a consisté à exprimer de manière métaphorique l'opposition à l'occupation japonaise, en conjuguant le style du shinpa et un esprit nationaliste. Dès lors, il a fait du cinéma coréen plus seulement un divertissement, mais aussi l'expression de la résistance nationale à l'occupation japonaise.
Grâce aux financements de Park Sung-pil, le propriétaire du Théâtre Dansongsa, Na a créé les studios de production Na Un-gyu en et ouvert une entreprise de production cinématographique près de Dongdaemun. À la différence des studios gérés par les Japonais, le but de l'entreprise était de produire des films par les Coréens, pour les Coréens.
Réalisé en 1929, Salangeul chajaseo est un film lyrique qui emploie plus de mille figurants. Comme pour Arirang, il peut être considéré que le scénario s'inspire d'une période de la propre vie de Na. Le film traite des Coréens qui traversent le fleuve Tumen, comme l'avait fait Na lui-même, pour fuir l'oppression japonaise. D'abord interdit, le film a finalement été autorisé, mais fortement modifié. Puis l'échec de Beongeoil Samryong, en 1929, a bientôt conduit à la fermeture des studios de Na.
Arirang marque le début d'une phase nationaliste dans le cinéma coréen, de 1926 jusqu'en 1930, lorsque les autorités ont pris des mesures plus sévères. Après Arirang, la presse coréenne a critiqué les films du style shinpa, aux fonctions de pur divertissement et qui n'avaient pas besoin de faire appel à un sentiment national plus profond. En fait, certains des films tardifs de Na ont été critiqués en ce sens. Le réalisateur et critique de films Yu hyun-mok a relevé que l'apparition de Na avec une jeune Japonaise dans son film romantique Geumganhan a été perçu comme une trahison par les Coréens, et a eu un effet très négatif sur sa carrière.
En raison de ses séjours en prison et des tortures qu'il y a subies, Na a souffert d'une mauvaise santé durant toute sa vie. Il est mort de tuberculose en 1937, à l'âge de 34 ans. Quelque brève qu'ait été sa carrière, il est considéré comme le réalisateur le plus prolifique de la période connue comme "L'Âge d'or du film muet" en Corée. En l'espace de dix ans, il a tourné dans vingt-six films et en a dirigé quinze.
La tradition cinématographique héritée de Na Un-gyu
Les accusations d'avoir travaillé avec les Japonais ne semblent pas avoir entaché la réputation de Na comme l'un des pères du cinéma coréen, tant au cours de sa vie que dans les décennies qui ont suivi. Un groupe qui jouait Arirang a conduit son convoi funéraire, auquel ont participé des foules en pleurs malgré la pluie. En , le journal Chosun Ilbo a placé Arirang en première place des meilleurs films muets coréens. Deux autres films de Na Un-gyu figuraient dans les dix premiers : Sarangul Chajaso (À la recherche de l'amour) et Punguna (L'Homme à l'ambition démesurée) (1926). Le dernier film de Na, Omongnyo (1937), était second sur la liste des meilleurs films parlants produits en Corée.
Sa vie a été le thème d'un film produit en 1966, Na Un-gyu ilsaeng, dirigé par et où joue Choi Myu-ryong, le père de l'actuelle vedette Choi Min-soo. La société coréenne des producteurs de films a rendu hommage en Na Un-gyu en baptisant de son nom le Festival de cinéma de Chunsa, organisé depuis 1990.
Un espace situé près de "Arirang Hill" a récemment été aménagé en une "Rue des images en mouvement", qui abrite le Centre de cinéma Arirang, La Bibliothèque d'information Arirang, un petit parc à thème et un monument commémorant le centenaire de la naissance de Na Un-gyu. Il s'y tient un festival annuel de cinéma.
Filmographie
- UnYeongJeon (운영전) (1925) (Les débuts comme acteur)
- Simchong-jon (심청전) (The Story of Shim Chong) (1925) (Acteur)
- JangHanMong (장한몽) (1926) (Acteur)
- Nongjungjo (농중조) (1926) (Acteur)
- Arirang (아리랑) (1926) (directeur, scénariste, acteur)
- Punguna (풍운아) (Soldier of Fortune) (1926) (directeur, scénariste, acteur)
- Deuljwi (들쥐) (The Wild Rat) (1927) (directeur, scénariste, acteur et réalisateur)
- Heukkwa Baek (흑과백) (Black and White) (1927)
- Geumbungeo (금붕어) (Goldfish) (1927) (directeur, acteur et réalisateur)
- Jalitgeola (잘 있거라) (Farewell) (1927) (directeur, scénariste, acteur et réalisateur)
- Ok-nyeo (1928) (옥녀) (directeur, scénariste, acteur et réalisateur)
- Beongeoli Sam-ryong (벙어리 삼룡) (Deaf Sam-ryong) (1929) (directeur, scénariste, acteur et réalisateur)
- Salangeul chajaseo (사랑을 찾아서) (In Search of Love) (1929) (directeur, scénariste, acteur et réalisateur)
- Sanai (사나이) (1929)
- Arirang geuhu iyagi (아리랑 그 후 이야기) or Arirang hu pyeon (아리랑 후편) (Arirang 2) (1930) (scénariste, acteur)
- Cheolindo (철인도) (1930) (directeur, scénariste, acteur et réalisateur)
- Geumganghan (금강한) (The Grief of Geumgan) (1931) (directeur, acteur)
- Nampyeuneun Kyeongbidaero (남편은 경비대로) (1931)
- Gaehwadang imun (개화당 이문) (1932) (directeur, scénariste, acteur et réalisateur)
- Imjaeobtneun naleutbae (임자없는 나룻배) (The Ownerless Ferryboat) (1932) (acteur)
- Amgunwang (암굴왕) (1932)
- Jongno (종로) (1933)
- Muhwagwa (무화과) (Fig Tree) (1935) (directeur, réalisateur)
- Kanggeonneo maeul (강 건너 마을) (Town Across the River) (1935) (directeur, scénariste, réalisateur)
- Geulimja (그림자) (Shadow) (1935) (directeur, scénariste, acteur)
- Hwangmuji (황무지) (1935)
- Arirang 3 (아리랑 제3편) (1936) (directeur, scénariste, acteur)
- Chilbeontong sosageon (칠번통 소사건) (Incident of the 7th Bamboo Flute) (1936) (directeur, scénariste, acteur)
- Oh Mong-nyeo (오몽녀) (1937) (directeur)
Bibliographie
- Antoine Coppola, Le cinéma asiatique, L’Harmattan, p. 60 et pp. 81 sq.
- Lee, Young-il (1988). The History of Korean Cinema. Motion Picture Promotion Corporation.
- Kim, Sarah Sun (2001). The Early History of Korean Cinema; Na Unkyu's Arirang: Establishing a National Cinema under Colonialism
- Noh Kwang Woo. Formation of Korean Film Industry under Japanese Occupation
Liens externes
- (en) Woon-gyu Na sur l’Internet Movie Database
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