Nachid

Un nachîd ou nasheed (en arabe : نشيد ; au pluriel أناشيد, anachîd) est un chant religieux musulman[1], en particulier dans l'islam soufi. Ces chants sont appelés « ilahi » en Turquie, « nasyid » en Malaisie et en Indonésie, « ilahija » en Bosnie-Herzégovine, « naat » au Pakistan et en Inde, « kasuda » aux Comores.

Pour l'hymne national, voir Nachid al-watani.

Pour Malek Chebel, spécialiste de l'islam, ces chants « à l'origine pieux peuvent revêtir plusieurs caractères. Ils peuvent être sociétaux, mortuaires, belliqueux ». L'auteur rappelle que « ces chants traditionnels ont toujours existé dans l'Islam, mais leur utilisation par les groupes terroristes est récente ». Ils servent traditionnellement à « raconter des histoires, d'évoquer des batailles historiques » explique Stéphane Lacroix[2].

Forme musicale

Ces chants sont des pièces chantées polyphoniques sans accompagnement et utilisent une large gamme de possibilités mélodiques. Ils font l'objet de nos jours de remixages numériques[3].

Le musicologue Luis Velasco-Pufleau a étudié Avance, avance, un exemple de création contemporaine de nachîd par l'organisation État islamique. Celui-ci joue sur des oppositions entre des couplets et des refrains caractérisés par des formes harmoniques différentes, homophonie et polyphonie. Cette dernière utilise « des procédés contrapuntiques variés (tuilages, superposition d’ostinati, bourdons, imitations) ». L'ensemble joue sur des oppositions quant à la stabilité harmonique[3].

Les anachîd renommés

Portrait de Sami Yusuf qui a produit plusieurs albums d'anachîd.

Al-Mu'allim, un nachîd de Sami Yusuf, a donné lieu à un très grand succès non seulement au Moyen-Orient mais même en Europe. Il remporte la 15e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde[4].

Usage dans la propagande djihadiste

Dans les années 1960, des organisations comme les Frères musulmans, récupèrent cette typologie musicale présente dans « les milieux salafistes de la péninsule arabique »[2]. Dans les années 1980, les anachîd sont réutilisées au sein d'al-Qaïda pour la propagande.

Un nachîd intitulé Salil as-Sawarim (صليل الصوارم, littéralement « le fracas des épées ») est considéré comme un hymne par l'organisation État islamique[2]. Cette dernière utilise ces chants comme outils de propagande sur internet, et plus largement dans leurs contenus diffusés. Ils ont produit leurs propres morceaux, qui peuvent atteindre plusieurs millions de vues sur la plateforme vidéo YouTube[5],[6].

Le chercheur Aymenn Jawad Al-Tamimi (en) analyse les chants djihadistes sur son blog [7]. L'analyste dans ses travaux s'intéresse particulièrement au texte, plus ou moins profond et recherché en fonction de situation territoriale de l'État islamique [8],[9].

Notes et références

  1. (en) Zafar Razzaqi, chap. 12 « Performing Arts », dans Islamic Beliefs, Practices, and Cultures, Marshall Cavendish, , 352 p. (ISBN 978-0-7614-7926-0), p. 270–291, « Anasheed », p. 272 [lire en ligne (page consultée le 2017-03-02)].
  2. Akhillé Aercke, « Les nasheed, ces poèmes devenus hymnes du djihad », Le Figaro, (consulté le ).
  3. Luis Velasco-Pufleau, « Après les attaques terroristes de l’État islamique à Paris. Enquête sur les rapports entre musique, propagande et violence armée », Transposition. Musique et Sciences Sociales, no 5, (ISSN 2110-6134, DOI 10.4000/transposition.1327, HAL hal-01757866, lire en ligne, consulté le ).
  4. MAP, « Sami Yusuf emporte le public de Fès », Le Matin, .
  5. Nolwenn Le Blevennec, « « Avance, avance » : la bande-son du communiqué de Daech », sur Rue89, (consulté le ).
  6. Mehdi Atmani, « Comment l’Etat islamique instrumentalise «l’attaque bénie contre la France croisée» », Le Temps, (consulté le ).
  7. https://www.aymennjawad.org/2017/06/dawlati-baqiya-new-nasheed-from-the-islamic-state
  8. https://www.aymennjawad.org/2016/10/the-convoy-of-light-new-nasheed-from-the-islamic
  9. (en) Thomas Seymat, « How nasheeds became the soundtrack of jihad », Euronews, .

Voir aussi

Articles connexes

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