Nicolas Perrot
Nicolas Perrot (1644 à Ménétreux-le-Pitois, France - à Bécancour, Canada[1]), est un explorateur, diplomate et commerçant en fourrures en Nouvelle-France. Il est l’un des premiers européens dans la haute vallée du Mississippi.
Pour les articles homonymes, voir Perrot.
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Biographie
Jeunesse et famille
Nicolas Perrot est né en France, fils de François Perrot, lieutenant de justice de la baronnie de Darcey en Bourgogne, et de Marie Sirot. Certaines sources[2] mentionnent qu'il serait né plus précisément à Ménétreux-le-Pitois en 1643, où sa mère est née. Ses parents se seraient mariés au même endroit. Il aurait cependant passé une partie de son enfance à Darcey où il serait peut-être né, à l'instar de ses frères et sœurs. Il suit à Dijon l'enseignement des Jésuites dont il lit peut-être les Relations, qui paraissent dès 1632, et lui donneront possiblement l'idée de tenter l'aventure à son tour.
En Nouvelle-France
Il arrive en Nouvelle-France aux environs de 1660 en compagnie de Jésuites avec qui il aura l’occasion de visiter des tribus indiennes et d’apprendre leurs langues. Il crée une compagnie de traite des fourrures vers 1667 et entreprend des expéditions vers ce qui est aujourd’hui le Wisconsin. Il est souvent le premier européen que rencontrent les autochtones sur son chemin et est en général bien accueilli, notamment parmi les Poutéouatamis[3].
En 1670, remarqué pour sa facilité à apprendre les langues amérindiennes, en particulier algonquine, il est recruté comme interprète pour Daumont de Saint-Lusson, un commissaire français responsable du pays des Outaouais, auprès des Amikoués et d’autres tribus qui seront rencontrées en direction du Lac Supérieur. Il continue ses voyages et fait du commerce de fourrures avec les autochtones, leur apportant des ustensiles tels que des bouilloires ou des hachettes (pour remplacer leurs outils de pierre), ou encore de la verroterie.
Il épouse Madeleine Raclos, fille de Godebon Raclos et Marie Viennot, le dans la région de Trois-Rivières[4]. Madeleine est envoyée en Nouvelle-France avec ses sœurs et d’autres jeunes Françaises, pour contribuer au peuplement de la colonie. Perrot touche une dot avec ce mariage, puis en 1677, il reçoit du seigneur Charles-Pierre Legardeur de Villiers une parcelle de terre de 15 × 20 arpents située le long de la rivière Saint-Michel, aujourd'hui appelée rivière Bécancour[5], au Québec. Un recensement de 1681 établit qu’il a alors sept enfants[6].
Durant les années 1680, il bénéficie de la confiance accrue des gouverneurs qui lui confient des missions auprès des autochtones. En échange, Perrot obtient des avantages dans le commerce des fourrures. En 1685, aux côtés des missionnaires Jésuites qui apprenaient les dialectes indiens, il est nommé « Commandant de l'ouest » avec son poste à la Baie des Puants (devenue Green Bay) et un maigre contingent de vingt Français. C'est alors qu'il part reconnaître son territoire et construire des forts le long du Mississippi. Il reconnaît les mines de plomb au sud de Prairie de Chien et enseigne aux Indiens à détacher le plomb de la pierre pour ensuite le fondre[7].
Il est à l’origine de l'édification de plusieurs forts dans le Pays-d'en-Haut à l'ouest des Grands Lacs ; le fort Saint-Antoine, le fort Perrot, le Fort Trempealeau et le fort Saint-Nicolas (Nouvelle-France), tous situés dans l’actuel État du Wisconsin, près de la rivière Wisconsin et du lac Pépin. Ses nombreuses expéditions de traite des fourrures ne connaissent cependant pas le succès espéré. Un incendie détruit en son absence pour 40 000 livres de ses fourrures à la Baie des Puants en 1687, puis le début de la première guerre intercoloniale en 1688 réduit à néant le commerce des fourrures avec les Autochtones. Perrot se retrouve alors criblé de dettes avec plusieurs poursuites contre lui.
On le rappelle tout de même en 1701 pour servir d’interprète lors de la conclusion du traité de paix à Montréal (la « Grande paix de Montréal »). On recherchait en effet pour cet événement des émissaires civils, religieux et militaires particulièrement bien introduits parmi les Amérindiens. Pour cette opération diplomatique, Nicolas Perrot est bien placé : c'est le « Français le plus connu à l'Est du Mississippi », ayant auparavant visité nombre de tribus amérindiennes au cours de ses voyages[8]. Il joue alors le rôle d’interprète auprès de délégations de groupes amérindiens comme les Poutéouatamis, les Renards, les Mascoutins, les Sakis, les Miamis et les Menominee [(d) ][9].
De retour sur ses terres, où il est à partir de 1708 capitaine de milice, il entreprend de rédiger ses mémoires, cherchant ainsi à restaurer son honneur. Malgré tout, il perd presque tous ses biens à cause de dettes accumulées et meurt pauvre.
Son surnom algonquin était « Metaminens » ce qui voulait dire petit maïs[10],[11] ou selon certaines sources « l'homme aux jambes de fer »[12],[13].
Ouvrages
Encouragé par l'intendant Michel Bégon, Perrot rédige en 1712 son ouvrage Mémoires sur les mœurs, coutumes et religion des sauvages de l'Amérique septentrionale[14]. D'autres récits de Perrot sont intégrés aux ouvrages de Charles Claude Le Roy de La Potherie dont Histoire de l'Amérique septentrionale qui paraît en 1716[15].
Culture populaire
Littérature
Nicolas Perrot est le héros du roman inachevé de George Boucher de Boucherville, Nicolas Perrot ou les coureurs des bois sous la domination française.
Le roman est publié sous forme de feuilleton dans La Revue de Québec, entre son premier numéro du et son huitième et dernier le de la même année. La Revue de Québec disparait ensuite sans avertir ses lecteurs, laissant le héros du feuilleton au moment où il rentre à Montréal d'une expédition dans les Pays d'en Haut. Paraissent en tout dix chapitres et le début d'un onzième. En 1996, Rémy Ferland publie le texte dans son intégralité aux Éditions de la Huit.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Nicolas Perrot » (voir la liste des auteurs).
- « Metaminens : La vie et l'époque valeureuses de Nicolas Perrot 1644 - Darcey (France) – 1717 - Bécancour (Canada) - Smartlibris – La bibliothèque numérique des familles (eBook) » (consulté le )
- « L'histoire de Nicolas Perrot », sur perrot3.free.fr (consulté le )
- Gilles Havard, L’Amérique fantôme, Flammarion Québec,
- « Généalogie Madeleine Raclos », sur www.nosorigines.qc.ca (consulté le )
- « Rivière Bécancour », Banque de noms de lieux du Québec, sur Commission de Toponymie (consulté le )
- Havard 2019, p. 201
- "Le Wisconsin Français", par Elisabeth GAENSLEN (1970)
- L'histoire de Nicolas Perrot
- Havard 2019, p. 166
- Havard 2003, p. 390
- Proceedings and transactions of the Royal Society of Canada. Délibérations et mémoires de la Société royale du Canada, 1912
- « Nicolas Perrot, premier ambassadeur auprès des Amérindiens », 2008-01-08, (lire en ligne, consulté le )
- DBC 1991
- « Mémoires sur les mœurs, coutumes et religion des sauvages de l'Amérique septentrionale », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
- Havard 2019, p. 168
Annexes
Bibliographie
- Charles Claude Le Roy de La Potherie, Adventures of Nicolas Perrot, 1665 -1670
- La Forest, Thomas J., Our French-Canadian Ancestors
- Perreault, Robert, Les familles PERREAULT du Québec, vol. 1; Le Groupe de Nicolas Perrot et de Madeleine Raclos
- En collaboration avec Claude Perrault, Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval ; University of Toronto, (1re éd. 1969) (lire en ligne), « PERROT, NICOLAS »
- Gilles Havard, Empire et métissages : Indiens et Français dans le Pays d'en Haut, 1660-1715, Sillery, Septentrion, , 858 p. (ISBN 2-89448-321-X)
- Gilles Havard, L'Amérique fantôme : les aventuriers francophones du Nouveau Monde, Flammarion, , 649 p. (ISBN 978-2-89077-881-8)
- Richard White (historien) (en), Le Middle Ground : Indiens, empires et républiques dans la région des Grands Lacs, 1650-1815, Anacharsis, 2020 (ed. originale Cambridge University Press, 1991)
Article connexe
Liens externes
- Biographie du Dictionnaire biographique du Canada en ligne
- Association des Descendants de Nicolas Perrot
- Nicolas Perrot (1644-1717), par Anne-Sophie Ducellier, Écho d'un peuple
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