Norman Parkinson

Norman Parkinson est un photographe de mode et portraitisteRonald William Parkinson Smith le dans le district de Wandsworth[n 1] et mort le à Singapour. Peu connu, sa longue carrière débute pourtant dans les années 1930 et dure plus de cinq décennies. Il reste principalement retenu pour ses collaborations avec les versions britannique et américaine de Vogue et ses prises de vues presque exclusivement en extérieur. Il fera trois fois la couverture du magazine dans son édition américaine, dont en 1949 avec sa troisième femme Wenda.

Norman Parkinson
Biographie
Naissance

Londres
Décès
Nom de naissance
Ronald William Parkinson Smith
Surnom
Parks
Nationalité
anglaise
Formation
Activités
Autres informations
Distinction
Plaque commémorative

Parallèlement à son activité de photographe, il est très attaché à l'agriculture durant toute sa vie.

Biographie

Durant la Première Guerre mondiale, Norman Parkinson est envoyé avec sa sœur dans une ferme d'Oxfordshire[1].

Par la suite, Il fait des études à la Westminster School, développant un goût pour l'art[1].

En 1931, il intègre pour un apprentissage un studio photo de New Bond Street spécialisé en portraits de jeunes filles, Speaight & Sons[2], d'où il est renvoyé après deux ans[1]. En 1934, il fonde son propre studio de portraits[3] avec Norman Kibblewhite. À partir de ce moment-là, il travaille pour de nombreux magazines tels que Life, ou le British Vogue[2] plus tard, et réalise ses toutes premières photographies en extérieur pour l'édition anglaise d'Harper's Bazaar dès 1935[4] avec laquelle il collabore durant cinq ans[3]. En parallèle, il s'intéresse à l'agriculture[2] et se marie à Margaret Banks. Il réalise des images pour le service de recrutement de l'armée britannique, ainsi que des photographies de reportage pour le tabloïd Bystander (en)[3],[1].

Au tout début de la Seconde Guerre mondiale, son studio de Londres est bombardé[1]. Norman Parkinson divorce en 1940 puis intègre l'équipe des photographes du Vogue anglais l'année suivante[4] ; le magazine est alors peu autonome, dépendant pour les photographies de son équivalent américain[5],[n 2]. Il est également photographe dans la Royal Air Force, collabore avec l'ATS, mais aussi fermier[2] dans le Worcestershire[6]. Il se marie de nouveau, avec Thelma Woolley-Blay. Vers la fin de la Guerre, il est publié pour la première fois dans l'édition américaine du Vogue[1].

La Guerre terminée, il reprend son métier de photographe de mode pour le British Vogue, donnant à la publication une identité distincte de son homologue américain[5]. Précurseur, il fait sortir les mannequins des studios[7] pour les photographier à travers le monde[6]. Il réalise également de nombreuses photographies pour des agences de publicité françaises, anglaises ou américaines[2] ou pour le magazine américain Cosmopolitan. Il épouse Wenda Rogerson qui deviendra son modèle[4] et a un fils.

Lassé des années d'après-guerre en Angleterre, il écrit à Alexander Liberman en pour lui proposer quelques photos ; celui-ci le recrute rapidement[3], il prend l'habitude de se rendre régulièrement à New York pour travailler avec le Vogue local sous la responsabilité d'Edna Woolman Chase[4], ainsi que pour le magazine Glamour américain[3].

Durant les années 1950, il appartient, avec Cecil Beaton et Bill Brandt[n 3], au groupe des rares photographes britanniques de mode ayant réellement une envergure internationale[4]. Pourtant, il dit de lui que « Je suis le plus inconnu des photographes célèbres[8] ». Il voyage beaucoup de par le monde[5] et photographie les plus grands modèles et mannequins des différentes décennies qu'il traverse, telles Fiona Campbell-Walter, Anne Gunning, Grace Coddington alors débutante dans le mannequinat, ou Celia Hammond (en), Carmen Dell'Orefice plus tard, Jean Shrimpton, puis Iman.

De 1960 à 1964, il travaille pour le magazine Queen  qui accorde à l'époque une large part à la photographie  comme photographe et rédacteur en chef adjoint[9] ; il y apporte une autre vision originale, voir extravagante, de la photographie de mode[9][n 4]. Entre-temps, il s'installe dans sa ferme de Tobago ou il monte un élevage de cochons[11] ce qui lui vaudra le surnom parfois de « photographe fermier »[5].

À la fin des années 1960, aux côtés de Beatrix Miller[n 5], il devient le mentor de Grace Coddington, qui vient de changer de métier, au sein du Vogue britannique[11],[12] et développe avec elle par la suite le concept de « séquences de styles » consistant à aller prendre pour une même série de photos des vêtements dans différents endroits du monde[13]. Début 1965, Diana Vreeland, alors chez Vogue, lui commande une série de photos devant être prises à Tahiti : celles-ci seront publiées sur trente-trois pages du magazine[1]. Il devient le portraitiste de la famille royale d'Angleterre[3], remplaçant Cecil Beaton à sa mort. Quelques années après, il prend le statut de photographe indépendant[11], retournant fréquemment à Londres.

Il est le premier avec l'illustrateur Antonio Lopez à faire travailler Jerry Hall alors âgée de dix-huit ans et devient ami avec le couple Jagger-Hall[11] ; ces images seront à l'origine de la rencontre entre Jerry Hall et Bryan Ferry[11]. En 1978, il est publié dans Town and Country[3]. Trois ans après il est récompensé par la Royal Photographic Society, puis plus tard par l'American Society of Media Photographers. Il réalise également le Calendrier Pirelli en 1985 et est publié par Vanity Fair, travaillant ainsi de nouveau pour les éditions Condé Nast[1].

Tout au long de sa carrière, Norman Parkinson développe une vision « élitiste et raffinée » de la femme dans ses photographies[4], utilisant l'urbanisation des villes ou à l'opposé la campagne comme décors pour des images mettant en scène des jeunes filles romantiques[3]. Malgré tout, il ne néglige pas l'humour au sein de ses compositions. Outre ses photos de mode, il est également reconnu pour ses portraits de la famille royale d'Angleterre comme la princesse Anne[14] ou le prince Charles, des stars de cinéma telle Audrey Hepburn ou le couple Elizabeth Taylor & Richard Burton, des célébrités comme Jane Birkin ou Yves Saint Laurent avec Loulou de la Falaise, des politiciens telle Margaret Thatcher, ou les Beatles[11]

Bien que son style semble spontané, c'est un perfectionniste rigoureux : ses images nécessitent toujours une longue préparation que ce soit pour la lumière ou pour la pose du modèle[5]. Photographe « gentleman[11],[5] » toujours courtois et élégant, il est tout le long de sa carrière une caricature du dandy anglais avec ses grandes moustaches, son parapluie[5], et son éternel chapeau qu'il ne quitte jamais[1]. Il meurt en 1990 en Malaisie lors d'une séance de prise de vues[8] pour Town & Country, trois ans après sa femme[15]. Pour le centenaire de sa naissance, il apparait dans un Google Doodle et Royal Mail publie un timbre à son effigie[16].

Notes et références

Notes

  1. Les sources sont contradictoires sur le quartier de son lieu de naissance ; certaines indiquent Putney, d'autres Roehampton.
  2. Depuis sa création en 1916, le magazine anglais est nettement la déclinaison locale de l'édition américaine. Durant la Seconde Guerre mondiale où les budgets sont réduits, le Vogue britannique publie des images venant des États-Unis, là où par ailleurs de nombreux photographes établis précédemment à Paris pour l'édition française se sont expatriés. Cependant, les difficultés de la Guerre font que le magazine acquiert une autonomie dans sa ligne éditoriale, avec des articles plus sombres.
  3. Bill Brandt, photojournaliste principalement, a également réalisé des portraits et des photographies pour la mode ; Cecil Beaton, qui après les années 1950 réalise de moins en moins de photographies de mode, n'est plus sous contrat avec les deux éditions de langue anglaise du magazine Vogue à partir de 1955[4]. Dans les années 1960, ce trio sera détrôné par les trois photographes anglais que la presse nommera The Terrible Three : Brian Duffy, David Bailey et Terence Donovan.
  4. En 1961, Jeanloup Sieff entame sa collaboration avec Queen, ainsi que les années suivantes Terence Donovan et Brian Duffy[10].
  5. Avant d'être au Vogue de Grande-Bretagne, Beatrix Miller était rédactrice en chef de Queen de 1959 à 1964, donc simultanément avec Norman Parkinson alors rédacteur en chef adjoint[10].

Références

  1. (en) Norman Parkinson sur Voguepedia.
  2. Georgina O'Hara Callan (trad. Lydie Échasseriaud), Dictionnaire de la mode The Encyclopaedia of Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », (réimpr. 2011) (1re éd. 1986), 303 p. (ISBN 978-2-87811-327-3, présentation en ligne), p. 197
  3. Nathalie Herschdorfer (préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast Coming into fashion »], Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN 978-2-87811-393-8, présentation en ligne), p. 122 et 292
  4. Martin Harrison (préf. Marc Lambron), Apparences : la photographie de mode depuis 1945, Paris, Éditions du Chêne, (1re éd. 1991 Jonathan Cape, Londres), 310 p. (ISBN 978-2-85108-762-1), chap. 5 (« Incandescence »), p. 197
  5. (en) Design Museum et Paula Reed, Fifty fashon looks that changed the 1950s, Londres, Conran Octopus, coll. « Fifty Fashion Looks », , 112 p. (ISBN 978-1-84091-603-4, présentation en ligne), « Norman Parkison : Gentleman photographer », p. 92
  6. (en) Louise Baring, « Norman Parkinson: Never out of fashion », Art Photography, sur telegraph.co.uk, The Daily Telegraph, (consulté le ) : « After the war, Parkinson pioneered fashion shoots in exotic locations at a time when long-haul travel was still in its infancy. Foreign assignments in the Fifties took him to India, Australia, Jamaica, Tobago and Haiti. »
  7. Margaret Alwan, « 60 photos inédites de Norman Parkinson à Bristol », Styles, sur lexpress.fr, Groupe Express, (consulté le ) : « Il a été le premier dans son métier à prendre ses modèles hors de l'enceinte étouffante d'un studio, dans le monde réel. Il a capturé leur beauté naturelle »
  8. Roxana Traista, « 60 photos inédites de Norman Parkinson au MShed de Bristol », sur photographie.com, (consulté le )
  9. Martin Harrison op. cit., p. 204
  10. Martin Harrison op. cit., p. 208
  11. (en) « Norman Parkinson: legend behind a lens », sur ft.com, Financial Times, (consulté le )
  12. Mathilde Laurelli, « Grace Coddington, le bras droit d'Anna Wintour », Styles, sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le )
  13. Norberto Angeletti, Alberto Oliva et al. (trad. Dominique Letellier, Alice Pétillot), En Vogue : L'histoire illustrée du plus célèbre magazine de mode, White Star, , 410 p. (ISBN 978-88-6112-059-4, présentation en ligne), « Innovation majeure : la séquence de style », p. 265
  14. (en) « How Princess Anne conquered Norman Parkinson », Archive, sur theguardian.com, The Observer, (consulté le )
  15. (en) Robert D. McFadden, « Norman Parkinson, Photographer, Adventurer and Royal Gadfly, 76 », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
  16. (en) « Google Doodle honours Sir Norman Parkinson », sur independent.co.uk, The Independent, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Norman Parkinson, Sisters under the Skin, Londres, St. Martin's Press, 1978, (ISBN 0-312-72746-1).
  • (en) 50 Years of Portraits and Fashion : Photographs by Norman Parkinson, catalogue d'exposition, Londres, 1981
  • (en) Norman Parkinson Lifework, Londres, George Weidenfeld & Nicolson Ltd, 1983
  • (en) Louise Baring, Norman Parkinson: A Very British Glamour, 2009, Éditions Rizzoli, 224 p. (ISBN 978-0-8478-3342-9)
  • New York New York New York East River Driver 1959

Presse

  • Parkinson, in : Photo spécial Angleterre, no 222,

Documentaire

Nicola Roberts, aka Norman Parkinson, dans Arena (en), sur la BBC Four, , Présentation en ligne

Liens externes

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