Othon Ier de Savoie

Oddon — Othon de Maurienne, voire selon l'usage dit de Savoie, né vers 1023, probablement au château de Charbonnières et mort vers 1060, est le troisième comte en Maurienne, également seigneur du Bugey, d'Aoste et du Chablais (v. 1051-1060), fils du comte Humbert, dit aux-Blanches-Mains.

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Othon Ier de Savoie
Titres de noblesse
Margrave (Suse)
-
Prédécesseur
Successeur
Environ seigneur (comté de Savoie)
environ -
Comte en Maurienne (d)
-
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Naissance
(?)
Décès
Sépulture
Activité
Famille
Père
Mère
Ancilie (d)
Fratrie
Conjoint
Enfants
Blason

D'après les historiens récents, les Humbertiens, à l'origine de la maison de Savoie, bien qu'étant implantés dans le comté de Savoie, n'auraient porté le titre de comte de Savoie qu'à partir du comte Amédée III, en 1125.

Biographie

Naissance

Othon  également orthographié sous les formes Oddon[1],[2],[3], Odon[1],[4],[5], Otton[6], Otto, Eudes[7],[8]  est né vers 1023[3], très probablement dans le château de Charbonnières[9], en Maurienne, centre du pouvoir des Humbertiens. Il est le quatrième fils du comte Humbert, fondateur attesté de la dynastie, et de sa femme Ancilie (ou Auxilia, Auxiliende)[2],[3],[10]. L'aîné, Amédée, est l'héritier de son père et ses deux autres frères font une carrière ecclésiastique, Burcard devient évêque d'Aoste (1025-1032), prieur de Saint-Maurice d’Agaune, puis archevêque de Lyon (1033-1034), tandis que Aymon est abbé bénédictin de Saint-Maurice d’Agaune, puis évêque de Sion (1034-1054)[10].

Marquis en Italie

Vers 1045[11],[12]-1046, il épouse Adélaïde (1015-1091), marquise (margrave) de Suse et comtesse de Turin[13]. Il épouse ainsi cette noble dame après la mort de son père, avec l'autorisation de l'Empereur[14]. Elle est la fille de Oldéric-Manfred II d'Oriate et de Berta degli Obertenghi[13] ou Berthe de Luni de la maison d'Ivrée, ou encore Berthe de Toscane (vers 976- après 1029), qui possède les titres de margrave de Suse et comtesse de Turin. Elle est ainsi descendante des Arduinides, qui contrôlaient la marche de Turin[15]. Adélaïde est déjà veuve de deux précédents mariages avec Hermann IV (1014-1038), duc de Souabe, avec qui elle a eu deux enfants, et le marquis de Montferrat Henri (décédé vers 1045), sans postérité[13]. Par ce mariage, préparé très probablement par son père le comte Humbert[16], il obtient ainsi de vastes possessions en Italie du nord, avec des droits sur Suse et sa vallée  relié à la Maurienne par le col du Mont-Cenis  et sur le Piémont[16], notamment Ivrée et Pignerol. Cette alliance permet aussi de se rapprocher de la famille impériale[16].

Comte en Savoie

Selon la tradition historiographique instaurée depuis Jehan d'Orieville, dit Cabaret (XVIe siècle), historiographe du comte Amédée VIII, dans ses Chroniques de Savoie, il deviendrait comte vers 1051[3]. Il hérite de la couronne comtale à la mort de son frère aîné, le comte Amédée Ier, qui n'avait pas d'héritier mâle[13],[3], mais au préjudice de ses deux frères Burcard et Aymon, placés pourtant avant lui dans l'ordre des héritiers, probablement en raison de leur carrière religieuse. Il aurait donc la trentaine lors de son accession au trône[17].

Il semble être le premier de la dynastie à faire battre monnaie au château d'Aiguebelle[18],[19], coursable sur le haut Viennois, selon une charte de 1067. Toutefois, les artisans locaux semblent avoir produit des pièces altérées, amenant l'archevêque de Vienne, Léger, à se plaindre auprès d'Odon. Le comte fait par la suite fermer les ateliers[20].

Il est vraisemblablement, ou peut-être son aîné Amédée, à l'origine par une donation de la fondation du prieuré du Bourget[21]. Sa femme fonde, en Piémont, l'abbaye de Sainte-Marie de Pignerol[19]. L'implantation revêt une importance stratégique pour les Humbertiens leur permettant d'affirmer leur contrôle sur la marche d'Italie et le Val de Suse[19].

Mort et lieu de sépulture

Selon la Chronique de Savoye de Cabaret, il meurt en 1060[8]. Domenico Carutti (it) dans le Regesta comitum Sabaudiae (1889) précise un , à Turin[22], peut être en 1057[13]. Son fils, Pierre lui succède[13].

Succession

Othon effectue le partage de ses titres et terres entre ses fils, Pierre et Amédée[23],[24]. L'aîné, Pierre, reçoit les terres italiennes et le titre marquisal, issus des Arduinides, et le cadet, Amédée, les terres humbertiennes en royaume de Bourgogne et le titre comtal[23],[24]. Une répartition des titres que l'on retrouve chez Guichenon[24]. Ainsi, Amédée serait son successeur à la tête du comté de Savoie[23],[24].

À sa mort, les deux fils restent cependant sous la tutelle de leur mère[23],[24].

Famille

Représentation imaginaire d'Adélaïde de Suse du XVIIIe siècle (Venaria Reale).

Fils du comte Humbert, il épouse, vers 1045[11], Adélaïde de Suse (1015 ou 1020-1091) dite aussi Adélais/Adaline de Suza, Adélaïde de Turin, descendante des Arduinides, marquise (margrave) de Suse et comtesse de Turin[13],[15], dont c'est le troisième mariage.

De cette union avec la marquise Adélaïde, il a cinq enfants[13],[25] :

Titres et possessions

Othon est porte les titres de marquis et de comte (marchionis et commitissæ), dans une charte datant de l'année 1040[26].

Othon signe différents actes du titre de marquis en Italie, à la suite de son mariage avec Adélaïde de Suse[12]. Il est dit Ottonis marchionis de Italia, dans les Annales de Saxe d'Annalista Saxo.

Il hérite à la mort de son frère aîné des titres de comte en Maurienne[8], et de seigneur du Bugey[8], en Tarentaise[8], de Savoie[8], d'Aoste et du Chablais. Bien que seigneur en comté de Savoie, le titre de comte de Savoie n'est porté par les Humbertiens qu'à partir du comte Amédée III en 1125. Laurent Ripart insiste, dans sa thèse, pour que l'on transcrive la titulature sous les formes de « comte en Maurienne » et de « marquis en Italie »[27].

Notes et références

  1. Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 18 (vol. III). (lire en ligne)
  2. Adolphe Gros, Histoire de la Maurienne (Tome Ier) Des origines au XVIe siècle, , 344 p. (lire en ligne), p. 108-109.
  3. Germain 2007, p. 20.
  4. Georges de Manteyer, Les Origines de la maison de Savoie en Bourgogne (910-1060), Rome, Cuggiani, Volume 19, numéro 1, 1899, p. 363-540 (lire en ligne).
  5. Camille Renaux, « Le marquis Odon de Savoie, fils d'Humbert Ier. L'affaire du mariage 1034 », pp.667-757, Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, 4° série, XI, 1909 (lire en ligne).
  6. Isabelle Parron-Kontis, Bénédicte Palazzo-Bertholon et Gabrielle Michaux, La cathédrale Saint-Pierre en Tarentaise et le groupe épiscopal de Maurienne, vol. 22, Association lyonnaise pour la promotion de l'archéologie en Rhône-Alpes, coll. « Documents d'archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne », , 154 p., p. 35.
  7. Louis-Mayeul Chaudon, Nouveau dictionnaire historique, ou Histoire abrégée de tous les hommes qui se sont fait un nom par des talens, des vertus, des forfaits, des erreurs, &c. depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours, t. III, Caen, G. Le Roy, (lire en ligne), p. 386
  8. Estudios genealógicos, heráldicos y nobiliarios en honor de Vicente de Cadenas y Vicent : con motivo del XXV aniversario de la Revista "Hidalguía.", Ediciones Hidalguia, Madrid, volume 2, 1978, 1062 pages, p. 401 (lire en ligne).
  9. Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-84265-326-2), p. 141.
  10. Palluel-Guillard, p. 4.
  11. Previté-Orton, 1912, p. 204 (Lire en ligne).
  12. Laurent Ripart, « La mort et la sépulture du comte Humbert : une tradition historiographique reconsidérée », dans Fabrice Delrieux, François Kayser (dir.), Des plats pays aux crêtes alpines. Hommages offerts à François Bertrandy, Chambéry, , p. 71-86.
  13. Palluel-Guillard, p. 6.
  14. Laurent Ripart, « Le diocèse de Belley comme foyer de la principauté savoyarde » dans Le Bugey, 102 (2015), p. 51-64 (Lire en ligne sur www.academia.edu).
  15. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie en images : images, récits, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 461 p. (ISBN 2-84206-347-3, lire en ligne), p. 138.
  16. Demotz 2000, p. 20.
  17. Demotz 2000, p. 165.
  18. Demotz 2000, p. 24.
  19. Histoire de Savoie 1984, p. 30.
  20. Bernard Demotz et François Loridon, 1000 ans d'histoire de la Savoie : La Maurienne, vol. 2, Cléopas, , 845 p. (ISBN 978-2-9522459-7-5), p. 54.
  21. Johannès Pallière, Le Lac du Bourget : Lac majeur de France, La Fontaine de Siloé, , 463 p. (ISBN 978-2-84206-234-7, lire en ligne), p. 287.
  22. (la) Domenico Carutti, Regesta comitum Sabaudiae, marchionum in Italia, Turin, (lire en ligne), p.71.
  23. Laurent Ripart, Les fondements idéologiques du pouvoir des comtes de la maison de Savoie (de la fin du Xe au début du XIIIe siècle), vol. 3, Université de Nice, coll. « thèse sous la dir. de Henri Bresc », , 833 p. (lire en ligne), p. 308-310.
  24. Michel Bussière, Savoie et Poitou au XIe siècle : le mariage entre Pierre "de Savoie" et Agnès de Poitiers (Synthèse d'études historiques), publiée sur le site de l'Académie de Savoie - www.academiesavoie.org, , 18 p. (lire en ligne [PDF]).
  25. Previté-Orton, 1912, p. 205 (lire en ligne).
  26. (la) Domenico Carutti, Documenti del libro primi, Turin, , p.196, n°XXVII.
  27. Laurent Ripart, Les fondements idéologiques du pouvoir des comtes de la maison de Savoie (de la fin du Xe au début du XIIIe siècle), vol. 3, Université de Nice, coll. « thèse sous la dir. de Henri Bresc », , 833 p. (lire en ligne).

Annexes

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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