Opération Lusty

L'opération Lusty (LUftwaffe Secret TechnologY, en français : Technologie secrète de la Luftwaffe) est menée par l'United States Army Air Forces (USAAF) afin de capturer et évaluer la technologie aéronautique allemande durant et après la Seconde Guerre mondiale.

Opération Lusty

Pendant et après la Seconde Guerre mondiale

Un Messerschmitt Me 262 récupéré par l'US Air Force
Localisation Allemagne occupée
Planifiée par United States Army Air Forces
Objectif Capture de la technologie aéronautique allemande

Généralités

Durant la Seconde Guerre mondiale, les services de renseignement des forces aériennes de l'armée américaine envoient des équipes en Europe afin d'avoir accès aux avions ennemis, rapports techniques et scientifiques, installations de recherches et aux armes, afin qu'ils soient étudiés aux États-Unis.

Les équipes de l'Air Technical Intelligence (ATI) (en), sont formées à l'école du renseignement technique de la base aérienne Wright-Patterson, dans l'Ohio, afin de récupérer les équipements ennemis et découvrir les évolutions techniques de l'Allemagne. Le personnel de l'ATI se lance dans une course, avec l'aide de 32 groupes techniques de renseignement alliés, pour obtenir des informations et du matériel récupéré sur les lieux de crashs[1].

Alors que la guerre s'achève, les différentes équipes de renseignement, y compris l'ATI, sont réunies, au sein du renseignement tactique, pour procéder aux enquêtes post-guerres. L'exploitation du renseignement augmente de façon spectaculaire.

Le , l'USAAF associe les objectifs de renseignement technique et le renseignement post-hostilités au sein de la Division Exploitation sous le nom de code Lusty. Cette opération a pour but d'exploiter les documents scientifiques allemands saisis, les installations de recherche et les avions. L'opération est composée de deux équipes.

L'équipe une, sous la direction du colonel Harold E. Watson, un ancien pilote d'essai de Wright, recueille les avions et armes ennemis, pour un examen plus approfondi aux États-Unis.

L'équipe deux, est chargée de recruter des scientifiques, recueillir les documents et étudier les installations.

Les as de Watson

En 1944, les experts du renseignement de la base aérienne Wright-Patterson établissent des listes de matériel d'aviation qu'ils veulent examiner. Watson et ses équipes, surnommées Whizzers Watson (en français : Les as de Watson) composées de pilotes, d'ingénieurs et techniciens de maintenance, se servent de ces listes noires afin de recueillir les avions. Watson organise ses as en deux sections. L'une récupère les avions à réaction tandis que l'autre recueille les équipements de l'avion (moteur, pièces et armement).

Après la guerre, les équipes sont rejointes par des pilotes d'essai de la Luftwaffe. L'un d'eux est Hauptmann Heinz Braur. Le , Braur récupère 70 femmes, enfants et troupes blessées à l'aéroport de Munich-Riem. Après avoir atterri, Braur est approché par l'un des hommes de Watson qui lui donne le choix entre aller dans un camp de prisonniers ou voler pour eux. Braur préfère le second choix. Trois employés de Messerschmitt rejoignent également les Whizzers : Karl Baur (en), le chef des pilotes d'essai chez Messerschmitt, le pilote d'essai Ludwig Hoffman et Gerhard Coulis, le surintendant de l'ingénierie. Le pilote d'essai Herman Kersting les rejoint plus tard. Lorsque les Whizzers localisent neuf avions à réaction Messerschmitt Me 262 à la base aérienne de Lechfeld près d'Augsbourg, en Allemagne, ces pilotes d'essais ont la compétence nécessaire pour les faire voler. Il est également intéressant de noter qu'il a été allégué et partiellement étayé, par des documents déclassifiés, que les Whizzers recrutent du personnel capturé et des pilotes de la Luftwaffe qui sont retenus à Fort Bliss, au Texas, pour aller dans ce qui allait devenir les zones contrôlées par les britanniques, français et soviétiques. Après le jour de la Victoire ils font voler, cachent et récupèrent les avions de la liste noire, mais aussi les équipements secrets des armes et les documents, dans les zones sous contrôle américain, environ quatre mois avant la capitulation de l'Allemagne.

Les hommes de Watson voyagent à travers l'Europe pour trouver les avions de la liste[2]. Une fois récupérés, ils doivent les expédier aux États-Unis. Heureusement, les Britanniques leur prêtent le porte-avions d'escorte, construit à l'origine en Amérique, HMS Reaper (D82) (en). Le port le mieux adapté pour le navire et le chargement des avions est à Cherbourg (Cherbourg-Octeville en 2000, Cherbourg-en-Cotentin en 2016). Les pilotes des Whizzers amènent les Messerschmitt Me 262 mais aussi d'autres avions, tel l'Arado Ar 234, de Lechfeld à Saint-Dizier, Melun puis près de Cherbourg, sur la Base aérienne de Querqueville[3], également connue sous le nom ALG A-23C Querqueville[4],[5]. Tous les avions sont alors emballés, pour qu'ils soient protégés contre l'air salin et la météo, chargés sur le transporteur et amenés aux États-Unis, où ils sont déchargés au terrain de l'armée de l'air de Newark, puis étudiés dans les différents centres d'essais de vol des groupes de l'USAAF, la base aérienne Wilbur Wright (en) mais aussi celui de l'United States Navy, le centre d'essais de Patuxent.

L'un des Messerschmitt Me 262 jets est baptisé Marge par les mécaniciens ; les pilotes le baptiseront plus tard Lady Jess IV[6].

Utilisation des équipements étrangers

En 1945, les avions ennemis expédiés aux États-Unis sont répartis entre la Navy et les forces aériennes de l'armée des États-Unis. Le général Henry Harley Arnold ordonne la conservation d'un exemplaire de tous les types d'aéronefs utilisés par les forces ennemies. L'armée de l'air envoie ses avions à Wright Field et lorsque le terrain d'aviation ne peut plus gérer les avions supplémentaires, beaucoup sont envoyés à la base aérienne Freeman (en) dans l'Indiana. Finalement, l'opération Lusty permet de récupérer 16 280 exemplaires afin qu'ils soient examinés par le personnel du renseignement qui sélectionnent 2 398 matériels distincts pour analyse technique. Quarante-sept personnes sont engagées dans l'identification, l'inspection et de l'entreposage du matériel étranger capturé.

Références

  1. (en) Charles R. Christensen, A History of the Development of Technical Intelligence in the Air Force, 1917-1947 : Operation Lusty, New York, Edwin Mellen Press1, .
  2. (en) Wolfgang W. E. Samuel, Watson's Whizzers : Operation Lusty and the Race for Nazi Aviation Technology, Schiffer Publishing Ltd, .
  3. ALG A-23C, Querqueville
  4. anciens aérodromes
  5. La 9th U.S. Army Air Force en Normandie.
  6. (en) Phil. Scott, Watson's Whizzers., Air & Space Magazine, , p. 69.

Source

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Operation Lusty » (voir la liste des auteurs).

Annexes

Bibliographie

  • (en) Dik Alan Daso, Focus : The Shaft of the Spear : Operation LUSTY : The US Army Air Forces' Exploitation of the Luftwaffe's Secret Aeronautical Technology, 1944-45, Airpower Journal. 16, no. 1,
  • (en) Dik Alan Daso, Operation LUSTY : The US Army Air Forces' Exploitation of the Luftwaffe's Secret Aeronautical Technology, 1944-45, AEROSPACE POWER JOURNAL. 16, , p. 28-40
  • (en) Colin D Heaton, The ME 262 Stormbird : From the Pilots Who Flew, Fought, and Survived It, MBI Pub. Co,
  • M. Hunt, La rafle des savants allemands ou l'opération "Lusty", Imprimeries Réunies S.A., (lire en ligne)
  • (en) W. E. Wolfgang, American Raiders The Race to Capture the Luftwaffe's Secrets, Jackson: University Press of Mississippi,
  • (en) R. L. Young, Operation Lusty Harold Watson's "Whizzers" Went Hunting for German Jets-and Came Back with Several Jewels, AIR FORCE MAGAZINE. 88, , p. 62-67
  • Pierre Laird, Ils n'étaient pas de notre monde : La légende et les secrets de Wright Field (lire en ligne), p. 37-39

Articles connexes

Liens externes


  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.