Science ouverte

La science ouverte (open science ou open research pour les anglophones) est un mouvement qui cherche à rendre la recherche scientifique et les données qu'elle produit accessibles à tous et dans tous les niveaux de la société.

Notion de Science ouverte et thèmes/enjeux connexes

Pour cela, la science ouverte s'appuie fortement sur le recours à l'Internet ouvert, à l'open data, aux outils de travail collaboratif (dont Wikipédia, Wikiversité et Wikispecies font partie), à la formation en ligne et au web social de manière à rendre la recherche scientifique et ses données accessibles à tous (amateurs et professionnels). Parce que volontairement et activement ouverte, elle peut aussi favoriser la multidisciplinarité de la recherche et éventuellement un caractère multilingue en considérant la science et les données comme un « bien commun ».

La science ouverte serait née au XVIIe siècle avec l'apparition de la revue académique, quand la demande d'accès à la connaissance scientifique a atteint un point où il a fallu que des groupes de scientifiques de plus en plus grands, dispersés et spécialisés partagent des ressources[1] les uns avec les autres pour pouvoir faire collectivement leur travail[2]. Depuis les questions de la mesure, du délai et parfois des conditions de l'ouverture sont souvent (re)discutées[3]. Deux approches entrent souvent en conflit : le souhait pour le scientifique d'avoir accès à une grande quantité de ressources partagées, et d'autre part le désir d'entités individuelles de tirer profit de l'accès à leurs données par d'autres qu'elles-mêmes[4]. Le statut de l'accès ouvert, ainsi que la nature et la quantité des ressources mises au service de la science ouverte varie beaucoup selon le domaine scientifique, académique ou privé.

Principes généraux

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De même que les régimes open source sont construits autour de l'idée de base d'un code source rendu public (noyau linux) librement utilisable par tous et chacun, le thème central de la science ouverte est de produire des hypothèses, méthodes et protocoles clairs et partagés, soumis à des analyses critiques et des discussions visant leur amélioration. De la même manière, les données et résultats ne sont pas confidentiels ni payants (au moins sous leur forme numérique), mais généralement mis à disposition gratuitement via l'Internet.

Les données primaires de la recherche étant affichées, elles peuvent être corroborées, critiquées ou interprétées par quiconque possédant l'expertise ou la compétence nécessaire, qui peut alors participer à l'effort de collaboration. Ainsi le produit final (des publications, le plus souvent) d'un projet relevant de la science ouverte découle généralement de nombreuses contributions, plus largement discutées, plutôt que de l'effort d'un petit groupe.

Les démarches de science ouverte peuvent être utilisées dans l'ensemble de la démarche savante ; de la formulation d'une question scientifique et d'une hypothèse scientifique à la diffusion/vulgarisation des résultats de recherche, en passant par la discussion des méthodes, données, protocoles, résultats, etc. Elles englobent des pratiques telles que la campagne d'accès ouvert, l'encouragement à pratiquer la science ouverte et plus généralement à faciliter une large communication des connaissances scientifiques. Elles ne s'opposent pas à la propriété intellectuelle et cherchent au contraire à pouvoir mieux tracer et attribuer les idées et données, pour des questions de vérifiabilité et de répétabilité d'expériences notamment.

Un projet financé par l'UE, dénommé Facilitate Open Science Training for European Research (FOSTER) "Faciliter la formation aux sciences ouvertes pour la recherche européenne (FOSTER)[5], a développé une taxonomie scientifique ouverte[6] en tant que tentative de cartographier le domaine scientifique ouvert.

Histoire

Entendue en son sens le plus large, la science ouverte est un phénomène ancien, remontant au début du XVIIe siècle.[réf. nécessaire]

Avant le XVIIe siècle : une science secrète

Dans l'Antiquité, quelques grands textes sur la nature ou la médecine circulent en Chine ou au sein des civilisations grecque, romaine et arabe. Puis, avant l'apparition des revues académiques, les scientifiques ne tentent pas de faire connaître leur recherches[7]. Ils dépendent de patronages aristocratiques : leurs mécènes cherchent avant tout à exploiter leur travail à des fins commerciales ou ludiques[8]. Le savant ne vient ainsi que conforter le prestige et la notoriété de son patron, au même titre qu'un artiste ou qu'un intellectuel attaché à sa cour.

Dans ce contexte, la circulation des nouvelles scientifiques était limitée à un petit cercle de connaissances. Aussi bien Galilée que Newton recouraient couramment à des techniques de cryptographie pour s'assurer que leurs écrits ne soient pas rendus publics. Les découvertes étaient ainsi tenues secrètes jusqu'à ce qu'il soit envisageable d'en tirer profit[8].

L'absence de toute publicité s'est avérée progressivement nuisible. Les découvertes se propagent lentement et, dans certains cas, donnent lieu à des conflits d'attribution. La controverse Newton-Leibniz est emblématique des limites de ce système clos. Newton prétend avoir été le premier à poser les bases du calcul intégral, dès la décennie 1660, mais il n'a rien publié à ce sujet avant 1693. La première publication de Leibniz remonte à 1684. La publication systématique des découvertes scientifiques permet de régler la plupart de ces conflits : le découvreur a désormais une preuve tangible de sa priorité[7].

L'avènement des revues et de la collaboration scientifique moderne

Les multiples déficiences du patronage aristocratique entraînent vers le milieu du XVIIe siècle l'émergence de nouveaux modèles de financement[8]. Les premières académies se constituent au cours de la décennie 1660 : la Royal Society est créée en 1660, l'Académie des sciences voit le jour en 1666. Jusqu'en 1793, plus de 70 institutions similaires se mettent en place dans toute l'Europe[9].

Les revues scientifiques découlent directement des académies. En 1665, Henry Oldenburg édite les Philosophical Transactions of the Royal Society. En 1699, il existe une trentaine de revues ; en 1790, on en dénombre plus d'un millier[10].

Internet et l'accès universel aux documents scientifiques

Le mouvement de la science ouverte, tel qu’il est présenté dans les discours militants et institutionnels au début du XXIe siècle, désigne différentes façons d’ouvrir la science, en particulier à l’ère d’Internet. Le premier pilier de cette science ouverte constitue le libre accès aux publications scientifiques. La conférence de Budapest organisée par l’Open Society Foundations en 2001 est décisive pour imposer cette problématique dans le paysage politique[11]. La déclaration qui en résulte invite à s’appuyer sur des outils numériques tels que les archives ouvertes et les revues en libre accès, gratuites pour le lecteur[12].

Rapidement, l’idée d’ouvrir l’accès aux publications scientifiques se révèle indissociable de la question des licences libres pour garantir le droit de diffuser et éventuellement de modifier les documents partagés, telles que les licences Creative Commons, créées en 2002. En 2011, un nouveau texte de la Budapest Open Initiative se réfère explicitement à la pertinence de la licence CC-BY pour garantir une libre diffusion et non seulement un accès gratuit à un document scientifique[13].

Les promesses de l’ouverture permise par Internet s’élargissent ensuite aux données de la recherche, qui étayent les études scientifiques des différentes disciplines, comme mentionné dès la Déclaration de Berlin en 2003. En 2007, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie un rapport sur l’accès aux données issues des recherches financées par des fonds publics, dans lequel elle les définit comme les données permettant de valider les résultats d’une recherche[14].

Au-delà de ses vertus démocratiques, la science ouverte entend répondre à la crise de la reproductibilité des résultats de la recherche, notamment par l’ouverture généralisée des données et des codes informatiques utilisés pour les produire ou encore par la diffusion des articles de méthode[15].

Le mouvement de la science ouverte inspire plusieurs mesures réglementaires et législatives à partir de la fin des années 2000. Ainsi, en 2007, l’université de Liège rend obligatoire le dépôt des publications de ses équipes dans l’archive ouverte de l’institution, Orbi[16]. En France, la loi pour une République numérique, promulguée en 2016, crée le droit de déposer le manuscrit validé d’un article scientifique dans une archive ouverte, au terme d’une période d’embargo qui suit la date de la publication dans la revue. La loi crée également le principe de réutilisation par défaut des données publiques[17].

Aspects juridiques

Le caractère ouvert d'une recherche ne signifie cependant pas qu'il y ait abandon de la propriété intellectuelle[18], mais simplement son partage.

Dans ce contexte, le droit d'auteur n'est pas employé pour utiliser le monopole qu'il confère pour limiter l'accès ou l'usage, mais simplement pour préciser ceux-ci, par exemple au moyen des licences dites libres telles que

De même, les données ne sont pas toutes rendues accessibles, ni pour toujours. Certaines, par exemple relatives à la vie privée, risquant de mettre en péril des populations ou individus, des habitats ou espèces menacées, ou encore susceptibles d'usages mafieux ou terroriste, peuvent être exclues de la diffusion par une démarche éthique volontaire des auteurs et contributeurs, ou à la demande du commanditaire de l'étude quand il existe.

Depuis les années 2000, le droit administratif de plusieurs pays et de l'Union européenne a cherché à s'adapter aux NTIC en demandant aux administrations de mettre à disposition de tous les données publiques (grandes enquêtes, recensements, données issues de la statistique publique, etc.), via l'internet et le Web 2.0 notamment.

Instruments normatifs internationaux

Il n'existe actuellement aucun cadre normatif international couvrant l’ensemble de la science ouverte. En , l'UNESCO a été chargée par ses 193 États membres, lors de leur 40e Conférence générale, de mener un dialogue mondial sur la science ouverte afin de définir des normes et de créer un instrument normatif[20],[21]. Le processus de consultation multipartite, consultatif, inclusif et participatif visant à définir un nouvel instrument normatif sur la science ouverte devrait durer deux ans et aboutir à l'adoption d'une recommandation de l’UNESCO sur une science ouverte par les États membres en 2021[22].

Deux cadres des Nations unies définissent des normes pour l'application de concepts liés à la science ouverte : la Recommandation concernant la science et les chercheurs scientifiques[23], approuvée par la Conférence générale de l’UNESCO à sa 39e session en 2017, et la Stratégie de l’UNESCO sur l’accès libre à l’information et à la recherche scientifiques[24], approuvée par la Conférence générale à sa 36e session en 2011.

En France : la loi pour une République numérique

Promulguée en 2016, la loi pour une République numérique ou loi Lemaire, pose un cadre juridique pour l'ouverture des publications scientifiques et des données publiques (dans lesquelles sont comprises les données de la recherche publique).

Pour les publications, la loi crée une exception au droit d'auteur : quel que soit son contrat avec la maison d'édition, un auteur a le droit de déposer le manuscrit validé d’un article scientifique dans une archive ouverte, dans certaines conditions. Ce manuscrit validé doit être évalué par les pairs mais pas encore mis en page par la revue. Le dépôt du fichier dans l'archive ouverte doit se faire après un embargo différencié selon la discipline scientifique : six mois après publication pour les sciences formelles, de la vie et de la matière ; douze mois pour les sciences humaines et sociales. Enfin, le projet de recherche dont les résultats sont publiés dans l'article déposé doit être financé au moins à 50 % par des fonds publics.[25]

Pour les données publiques, la loi autorise leur réutilisation par défaut. Cela signifie que, si aucune condition particulière ne s'y oppose (comme le respect de l'anonymat des données personnelles par exemple), des données dont la production a été financée au moins à 50 % par des fonds publics sont librement réutilisables. Cela implique que les administrations publiques doivent diffuser leurs données de manière ouverte[17].

Avantages, intérêts

  • La science ouverte facilite le travail collaboratif et en réseau coopératif[26], participatif et éventuellement massivement distribué (pour le traitement du big data dans le domaine de la génomique, de la météo, du climat et de l'écologie par exemple). Elle favorise la transdisciplinarité, le pluralisme, la non-coercition ainsi que l'association de compétences variées dans des pays différents. Elle promeut d'ailleurs généralement la connaissance comme bien commun[27],[28].
  • La science ouverte facilite et encourage la transparence, la traçabilité (l'obligation de citer la source fait partie de la plupart des licences utilisées en sciences ouvertes et c'est l'un des gages de confiance[29]), et donc une vérification plus rapide et potentiellement plus large par les pairs (sauf dans les domaines pointus où les experts sont rares).
  • Les approches ouvertes offrent une meilleure réactivité (bienvenue par exemple lors d'étude et alertes scientifiques concernant les maladies émergentes, le risque sismique, des risques globaux… sur le court ou moyen terme) ; Parfois les coûts de recherche peuvent être diminués (par exemple via un laboratoire virtuel).
  • De nombreuses disciplines peuvent bénéficier d'outils collaboratifs et ouverts (dont de nombreux logiciels libres[30]), et en retour les améliorer ou les compléter. Souvent une discipline isolée peut aussi profiter d'outils et de connaissances mis à disposition par d'autres disciplines (par exemple des wikis et des outils sémantiques de recherche ou de classification[31]).
  • Sous réserve de bonne interopérabilité, les flux de données peuvent être multi-sources et donc plus importants et rapides, et éventuellement traités de manière partagée et mutualisée. Le stockage de la donnée ouverte peut être partagé, au profit d'une meilleure reproductibilité des expérimentations et d'une meilleure diffusion de la connaissance[32].
  • Les étudiants peuvent rendre accessibles à peu de frais les textes requis pour leur programme d'études (devoirs, mémoires, rapports, essais, thèses…) ;
  • Les outils de la science ouverte pourraient favoriser l'intégration des savoirs autochtones ou de certaines minorités (à condition que ces populations aient accès à ces outils).
  • La science ouverte peut bouleverser les exercices de construction d'hypothèses (en les discutant dans un cercle plus large, en bénéficiant de plus de retours d'expérience), de même pour les processus d'évaluation de la recherche (https://www.fosteropenscience.eu / Content/gain-horizon-2020-open-science) ;
  • L'approche semble également prometteuse pour les sciences citoyennes ; par exemple en France Tela-botanica regroupait fin 2009 environ 11 000 botanistes francophones vivant dans 35 pays différents, leur permettant de mutualiser moyens et connaissances ;
  • Les systèmes ouverts d'exploitation peuvent également devenir des moyens efficaces et peu coûteux pour les gestionnaires de la recherche permettant un transfert plus rapide et complet des connaissances vers la société (et inversement parfois), ce qui permet d'optimiser l'utilisation et la réutilisation du savoir technique et scientifique par des collaborateurs parfois imprévus.
  • Les bailleurs de fonds public (et privés éventuellement) ont un retour sur investissement meilleur, plus rapide et plus visible pendant que la recherche est mieux diffusée[32] ;
  • En termes de facteur d'impact, les retours d'expérience sont encore jeunes, mais de nombreuses preuves montrent qu'un large partage des données, recherches et résultats peut augmenter le taux de citations des articles scientifiques (jusqu'à 69 %)[33],[32] ;
  • De même les résultats de travaux de recherche publié de manière "ouverte" semblent beaucoup plus souvent cités que ceux qui ne l'ont pas été. Une revue d'études sur les effets de l'accès ouvert en termes de téléchargements et de citation (http://opcit.eprints.org/oacitation-biblio.html) est maintenu par Open Citation Project (http: / /opcit.eprints.org) et une analyse synoptique exhaustive de 31 études publiées de 2001 à 2010 faite par Swan en 2010 a conclu que sur ces 31 études, 27 ont été plus citées (+ 35 % à + 600 %) contre 4 qui n'ont pas trouvé d'avantages en termes de citation. http://eprints.ecs.soton.ac.uk/18516 /)[32].

Limites et freins

  • Bien que des approches ouvertes soient utilisées pour des études d'épidémiologie ( : cartographie de Mycobacterium tuberculosis[34]) et de santé environnementale ou sur le thème de l'énergie à grande échelle, elles ne sont pas appropriées à des études (épidémiologiques ou environnementales) locales qui demanderaient d'avoir plus d'accès à des données personnelles, confidentielles ou ayant un impact potentiel pour la vie privée des sujets étudiés. Mais ceci vaut aussi pour la science classique.
  • En théorie la science n'a pas de tabous autres que les limites éthiques qu'elle se fixe avec la société et le pouvoir politique, qui évoluent dans le temps, mais en réalité elle dépend de crédits, d'orientations venant du secteur privé et du monde économique, voire du monde académique. Il est possible que dans certains contextes, religieux, socioéconomiques ou politiques l'ouverture et la transparence exposent plus le chercheur à des pressions ou menaces, néanmoins ces pressions et menaces peuvent alors également être plus visibles de tous, ce qui pourrait parfois aussi protéger la recherche[35].
  • Dans certains cas ou domaines, par exemple les recherches effectuées ou commanditées par des entreprises privées soucieuses de préserver le secret industriel ou commercial, les règles entourant la gestion des données peuvent rendre la recherche ouverte juridiquement difficile, coûteuse, voire impossible ou illégale.
  • Il a fallu plus d'une dizaine d'années pour que les scientifiques académiques, et plus encore pour le secteur privé marchand commencent à publier sur des sites de publication alternatifs et/ou ouverts. Ils préfèrent publier sur des sites payants mais qui donnent à leurs publications une valeur élevée dans leur milieu de travail, et éventuellement plus facilement monnayable sur le marché de la publication scientifique ou de la vulgarisation scientifique[36]. Quelques grandes revues comme PLOS ont néanmoins émergé et depuis 2015 le nombre de publications ouvertes a bondi.

Les acteurs en présence

Parmi les grands groupes d'acteurs du domaine figurent les éditeurs, les chercheurs,(à la fois auteurs et lecteurs), les collectivités (qui financent la recherche publique et subventionnent une partie de la recherche privée) et les bibliothèques (universitaires notamment) qui payent des abonnements coûteux pour rendre accessible de nombreuses revues à leurs enseignants et/ou étudiants.

Actuellement, l'essentiel de la « recherche ouverte » semble produite par des groupes de recherche existants, issus du secteur public ou associatif / ONG. Des collectivités peuvent la soutenir ou soutenir les processus d'innovation la permettant. Depuis 2013, à l'initiative du président Barack Obama les études financées par les contribuables américains doivent être librement accessibles en ligne au moins dans les 12 mois suivant leur publication. Depuis le début du XXIe siècle, un mouvement prend de l'importance, qui voudrait imposer un accès ouvert immédiat aux articles scientifiques, au moins pour les recherches entièrement financés par la puissance publique (autrement dit par les impôts)[37].
Fin 2019 les grands éditeurs ont déclaré à l'administration américaine qu'une telle décision (selon eux) « entraverait le processus d'examen par les pairs, étoufferait l'innovation et plongerait le secteur de l'édition dans le chaos » . L'Association of American Publishers (AAP) a écrit au président Donald Trump que ceci « nationaliserait efficacement la précieuse propriété intellectuelle américaine que nous produisons et nous obligerait à la céder gratuitement au reste du monde », affirmation cosignée par plus de 125 éditeurs et groupes impliqués dans la science (ex : American Chemical Society, New England Journal of Medicine et Elsevier et Wiley).
Inversement, fin , la Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition (représentant plus de 200 bibliothèques universitaires et collégiales américaines) « approuvent sans réserve la mise à jour de la politique actuelle et l'élimination de la période d'attente inutile de 12 mois »[37].

Phénomène émergent et en cours d'organisation

Dans les années 1990-2000 surtout, avec l'avènement et la démocratisation de l'informatique, des réseaux se sont organisés, sous forme non gouvernementale (ONG), avec par exemple The Open Research Society[38]. Certains réseaux de scientifiques dits open scientists (savants ouverts) chez les Anglo-Saxons s'appuient sur une ONG OpenScientists.org se construisant autour de wikiversity.

Une branche de Creative Commons s'est spécialisée dans la science et la recherche « ouvertes »[39] alors que certains groupes se spécialisent dans la création d'outils collaboratifs[40] ou Zyrist[41] qui promeut la recherche ouverte et la cocréation.

Parallèlement aux premiers exercices thématiques et ciblés de recherche ouverte, un effort semblable a porté sur les méthodologies scientifiques, les logiciels et les publications des artefacts ou de constats et d'analyse d'échecs (publier les analyses d'erreurs ou d'études sans réponse permet à d'autres de ne pas refaire les mêmes erreurs ; ceci demande d'accepter de publier ses erreurs ou échecs dans le choix d'une hypothèse, d'un protocole ou de l'interprétation d'un résultat, ce qui n'est pas toujours facile).

Des échelles plus larges sont maintenant abordées, telles que celles des méta-données scientifiques[42] ou des sources de financement[43].

La science ouverte a ainsi généré des communautés « virtuelles » nouvelles, dont certaines s'organisent autour de portails généraux[44], d'outils de promotion de l'open science (ex : OpenScience.org[45], Association science et bien commun) ou plus spécifiquement autour d'intérêts financiers mutuels, par exemple en mettant en relation via une plate-forme sécurisée des mécènes (bailleurs de fonds et de subvention se disant « philanthropes » qui « offrent » de l'argent sur la base d'une éthique solidaire) avec des scientifiques (jeunes talents éventuellement) et des groupes recherchant une aide scientifique pour répondre à des défis communautaires en matière d'environnement, d'éducation, de santé environnementale, santé, sécurité publique, gestion de fondations, surveillance[46]

Exemples de domaines où la science ouverte se développe (liste non exhaustive)

Notes et références

  1. Machado, J. " Open data and open science ". In Albagli, Maciel & Abdo. "Open Science, Open Questions", 2015
  2. David P.A (2004) "Understanding the emergence of 'open science' institutions: Functionalist economics in historical context". Industrial and Corporate Change. 13 (4): 571–589. doi:10.1093/icc/dth023.
  3. Nielsen 2011, p. 198-202, avec des enjeux qui peuvent varier selon les domaines scientifiques
  4. David, Paul A. (March 2004). "Can "Open Science" be Protected from the Evolving Regime of IPR Protections?". Journal of Institutional and Theoretical Economics. Mohr Siebeck GmbH & Co. KG. 160 (1). JSTOR 40752435.
  5. "FOSTER". consulté 12 aout 2015
  6. Nancy Pontika, Petr Knoth, Matteo Cancellieri & Samuel Pearce (2015). "Fostering Open Science to Research using a Taxonomy and an eLearning Portal". Retrieved 12 August 2015.
  7. Nielsen 2012, p. 172-175
  8. DOI:10.1093/icc/dth023
  9. (en) Science Reorganized : Scientific Societies in the Eighteenth Century, New York, Columbia University Press, , 413 p. (ISBN 978-0-231-05996-1)
  10. Price 1986
  11. « Dates clés de la science ouverte », sur Science Ouverte (consulté le )
  12. « Budapest Open Access Initiative | Read the Budapest Open Access Initiative », sur www.budapestopenaccessinitiative.org (consulté le )
  13. « Budapest Open Access Initiative | French Translation », sur www.budapestopenaccessinitiative.org (consulté le )
  14. Organisation de Coopération et de Développement Économique, « Principes et lignes directrices de l’OCDE pour l’accès aux données de la recherche financée sur fonds publics », Éditions OCDE, (lire en ligne)
  15. (en) European Commission, « Reproducibility of scientific results in the EU », Scoping Report, (lire en ligne)
  16. Bernard Pochet, « 10 ans d’ORBi à l’ULiège », sur bbf.enssib.fr, (consulté le )
  17. « LOI n° 2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique - Dossiers législatifs - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  18. Rishab Aiyer Ghosh ; CODE : Collaborative Ownership and the Digital Economy. MIT Press 2005, (345 pp, . Index inclus ; (ISBN 0-262-07260-2)
  19. The GNU Free Documentation License or GFDL is the licence used for the open-research content associated with Meta Collab
  20. « Communiqué de presse : UNESCO Takes the Lead in Developing a New Global Standard-setting Instrument on Open Science », UNESCO, (lire en ligne, consulté le )
  21. « Communiqué de presse : Résultats de la 40e Conférence générale », UNESCO, (lire en ligne, consulté le )
  22. « Résolution 40 C/63 sur l'opportunité d'une recommandation de l'UNESCO sur une science ouverte », sur UNESCO (consulté le )
  23. « Recommandation concernant la science et les chercheurs scientifiques », sur UNESCO (consulté le )
  24. « Stratégie de l’UNESCO sur l’accès libre à l’information et à la recherche scientifiques », sur UNESCO (consulté le )
  25. « FAQ sur la loi République numérique – Science ouverte France » (consulté le )
  26. Grassineau B (2009) La dynamique des réseaux coopératifs. L'exemple des logiciels libres et du projet d'encyclopédie libre et ouverte Wikipédia (Doctoral dissertation, Université Paris Dauphine-Paris IX).
  27. Aigrain P (2011) De l’accès libre à la science ouverte. Libres savoirs. Les biens communs de la connaissance. Caen, C&F, 77-85
  28. Aigrain, P. (2005). Cause commune. L’information entre bien commun et propriété, Fayard Ed. PDF, 27 p
  29. Ogien, A., & Quéré, L. (2005). Les moments de la confiance. Connaissance, affects et engagements. Economica.
  30. Foray, D & Zimmermann J.B (2001). L'économie du logiciel libre. Revue économique, 52(7), 77-93.
  31. OpenResearch.org - a semantic Wiki aiming to collect scientific meta-data such as about calls for papers, tools, journals etc.
  32. David Ball (2016) « The Impact of Open Science ; Discusses and provides evidence for the impact of Open Data and Open Access »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) ; janvier 2016
  33. Piwowar, Day and Frisma, “Sharing detailed research data is associated with increased citation rate”, http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0000308; and Piwowar and Vision, “Data reuse and the open data citation advantage”, https://dx.doi.org/10.7717/peerj.175
  34. TBrowse Integrative Map of Mycobacterium tuberculosis
  35. Popper K.R & Bernard J (1979). La société ouverte et ses ennemis.
  36. Grassineau B (2009) La dynamique des réseaux coopératifs. L'exemple des logiciels libres et du projet d'encyclopédie libre et ouverte Wikipédia (Doctoral dissertation, Université Paris Dauphine-Paris IX)
  37. Nidhi Subbaraman (2019) Rumours fly about changes to US government open-access policy ; The White House is said to be preparing a policy that would change how government-funded research is disseminated | Nature News 20 décembre 2019
  38. The Open Research Society ONG indépendante, qui promeut des sciences et une recherche "ouvertes"
  39. Science Commons ; branche de Creative Commons spécifiquement consacrée à la science ouverte et à une recherche ouverte.
  40. Outils-réseaux créé par les informaticiens et animateurs qui ont accompagné la naissance et la croissance de Tela-botanica
  41. Organisme consacré à la recherche ouverte et à la cocréation
  42. OpenResearch.org
  43. Auer, S.; Braun-Thürmann, H.: Towards Bottom-Up, Stakeholder-Driven Research Funding - Open Source Funding, Open Peer Review. In Peer Review Reviewed: The International Career of a Quality-control Instrument and New Challenges 24-25 avril 2008, Social Science Research Center Berlin (WZB), Berlin.
  44. Exemple de portail général de recherche collaborative SysBorg TB Portal for Collaborative Research
  45. OpenScience.org - une organisation qui crée des logiciels scientifiques libres et ouverts et qui milite pour la Science ouverte
  46. ex : Philoptima.org - Open Research Marketplace & Community.
  47. Universal platform for statistical and mathematical computing
  48. Collective Tuning - open collaborative wiki-based project to develop intelligent self-tuning adaptive computing systems based on statistical and machine learning techniques
  49. SCRIBE - an interdisciplinary and open research group on computer-aided searches by similarity of handwritings in digitized music manuscripts.
  50. ex. : Programme Vigie-Nature (MNHN) et sa page consacrée au programme STOC
  51. MIT's open source research community
  52. Open Source Drug Discovery (OSDD) Network
  53. Open Source Drug Discovery Blog ; Blog officiel du Indian Open Source Drug Discovery Initiative
  54. (en-US) Alex Keown, « Good Pharma Scorecard Continues to Boost Clinical Trial Transparency, Analyst Report Shows » [archive du ], sur BioSpace, (consulté le )
  55. Usefulchem
  56. Le pari Synaptique ; organisme de recherche ouverte dans le domaine des sciences biomédicales, actuellement centré sur les maladies tropicales négligées
  57. [Article http://pubs.acs.org/cen/science/84/8430sci1.html Revue de l'American Chemical Society C & E Nouvelles sur Open Research]
  58. Article de l'Australian Journal of Chemistry sur le pari synaptique
  59. UsefulChem exemple de Open Notebook Science principalement centré sur la synthèse et les tests d'antipaludéens
  60. designbreak Organisation de recherche ouverte et interdisciplinaire ciblant les inégalités de santé induites par la pauvreté

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

VOLUME 107, NUMBER 2 ; PAGE 78 |DOI: 10.1511/2019.107.2.78

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