Oscar Thomaes
Oscar Thomaes est un industriel et un homme politique catholique renaisien, né à Gand le 27 février 1867, et mort à Renaix le 20 juillet 1937. Il fut échevin de la ville de Renaix et bourgmestre durant la Grande Guerre. Patron imprégné de la doctrine sociale de l’Église catholique, il fut l’un des plus importants industriels du textile de la ville de Renaix. Il fut aussi le fondateur du Syndicat des Apprêteurs, l’une des premières organisations patronales du textile en Belgique.
Biographie
L'industriel
Oscar Charles Camille Thomaes[1] est né à Gand le 27 février 1867, et est mort à Renaix le 20 juillet 1937. Ses parents, Camille Thomaes (Wannegem-Lede 1838 ; Renaix 1879) et Marie Thérèse Gevaert (Eine 1835 ; Renaix 1888) s’étaient d’abord établis à Gand où ils produisaient essentiellement des toiles de coton légères dénommées cotonettes[2], assez semblables aux siamoises. Ils se fixèrent ensuite à Renaix où ils achetèrent en 1873 l’ancien couvent des Sœurs noires dans lequel les frères Jean Gustave Magherman, médecin, et Yves Sabin Magherman (nl), avocat et membre de la Chambre des Représentants, avaient créé en 1856 un tissage et une retorderie. Camille Thomaes y installa une entreprise de foulage et d’apprêts. L’entreprise fut continuée par sa veuve Marie Gevaert qui y avait adjoint une teinturerie[3].
Le décès prématuré du père d’Oscar en 1879 puis le décès de sa mère en 1888 l’obligèrent à interrompre très tôt ses études au collège de Renaix et à assumer la direction de l’entreprise Vve C. Thomaes, Apprêteur, Renaix, redénommée Veuve Thomaes-Gevaert Camille et Enfants. En 1911, Oscar Thomaes, l’ainé de sa fratrie, racheta toutes les parts de l’entreprise à ses frères et sœur et, après son mariage avec Euphrasie Wienar (Renaix 1871 ; Renaix 1966)[4] le 2 mai 1893 à Renaix, il poursuivit l’entreprise sous la raison sociale Oscar Thomaes-Wienar qu’il agrandit considérablement, mais non sans mal, puisque ses installations industrielles furent la proie des flammes[5], ou endommagées par des événements météorologiques[6]. Il dut aussi faire face aux mouvements sociaux et aux grèves mais Oscar Thomaes semblait cependant les gérer de la manière la plus efficace[7].
Il participa dès lors au - ainsi dénommé - miracle de Renaix, une ville avec une situation géographique défavorable, dépourvue de voies de communications en suffisance, sans ressources naturelles à exploiter qui, à partir du dernier quart du XIXe siècle et par la seule volonté de ses habitants, devint l’un des centres textiles le plus importants du pays[8]. Pour la firme Oscar Thomaes, l'exportation de ses produits finis, vers la France notamment, fut très rapidement un marché important[9].
Il est vrai aussi que pour la réalisation de ce miracle, les entreprises renaisiennes, et particulièrement l'entreprise Thomaes, furent à la pointe du progrès technique. Ainsi par exemple, en 1889 dans le catalogue[10] du constructeur-mécanicien parisien Fernand Dehaitre, parmi les très rares acquéreurs belges de la machine à apprêter les tissus, l'on trouve la Veuve Thomaes, à Renaix (Belgique), qui avait également acquis, parmi les tout premiers clients de cet hardi inventeur et constructeur français, une presse à chaud continue à pression hydraulique. Oscar Thomaes fut aussi très attentif à tout ce qui était progrès technique. Ainsi, en 1919, impressionné par les camions de la Liberté de l'armée américaine, ces camions produits par divers constructeurs américains mais dont la plupart des pièces avaient été standardisées pour l'armée américaine, il s'empressa d'écrire à la société Garford, de Lima, en Ohio, pour en connaître les conditions d'achat[11]. Ces camions Garford étaient réputés pour être les plus économiques à l'emploi[12]. C'est sur ce camion Garford marqué au nom de la firme Oscar Thomaes que son fils, Oscar le jeune posera fièrement pour une photo[13].
Avant la Première Guerre mondiale, son entreprise de teinturerie et d’apprêts occupait déjà 141 hommes, une femme et dix enfants de 14 à 16 ans. Au sortir de la Grande Guerre, l’entreprise n’occupait plus que 15 hommes, avant de se redévelopper à nouveau [14]. Il en présida le conseil d’administration jusqu’à sa mort en 1937.
En parallèle, en 1923, Oscar Thomaes fonde la SA Teintureries Belges. La particularité, à l'époque novatrice et visionnaire pour Renaix, de cette nouvelle société, est de faire, dès sa création, appel à des capitaux extérieurs et à des alliances capitalistiques avec des groupes industriels ayant des activités similaires, contrairement à l’immense majorité des entreprises textiles renaisiennes qui se développaient uniquement sur des capitaux familiaux et sur leurs propres moyens financiers. Ainsi Oscar Thomaes avait acheté en 1922 à la rue du Loup, le grand complexe industriel de Jacques Van Ex-Toelen. Ce dernier y était établi depuis 1911, mais seulement jusqu'aux premiers jours de l'occupation allemande à la fin de l'été 1914. En effet, durant toute la Grande Guerre, les Allemands avaient englobé Renaix dans la zone arrière du front – l’Ettapengebied - et à ce titre, Renaix avait été placée sous commandement militaire allemand : l’usine Van Ex-Toelen fut immédiatement réquisitionnée pour servir de caserne à l’armée allemande, caserne qui fut nommée la Herzog Albrecht Kazerne[15]. Les Allemands y installèrent notamment un centre équestre doté d’écuries. L’outillage fut en grande partie détruit. Dès lors, Oscar Thomaes, après l'achat de ces bâtiments industriels quasi désertés à l'époque, et pour la création de l'entreprise nouvelle[16], s’allia aux Anciens Etablissements Alsberge & Van Oost (AVO) (nl) gantois et à la Blanchisserie & Teinturerie de Thaon (BTT) des Vosges. L'entreprise fut l’un des plus gros employeurs renaisiens après la seconde guerre mondiale[17].
Oscar Thomaes fut également président de L’Audenardaise[18] constituée à Bevere-lez-Audenarde en 1919, et de La Lainière de l’Escaut à Leupegem, constituée en 1923.
Après le décès d'Oscar Thomaes, d'abord son épouse, puis ses enfants et petits-enfants poursuivirent les Établissements Oscar Thomaes jusqu’à la mise en liquidation de la société au début des années 1970, victime de la crise du textile européen, et sa dissolution définitive[19] en 1992. Cette entreprise de teintures et apprêts travaillait en effet essentiellement à façon et, dans les années soixante – les Golden Sixties furent au contraire très difficiles pour l’industrie de Renaix - , les entreprises textiles renaisiennes majeures furent confrontées à la concurrence des produits textiles à bas-coût produits dans les pays émergents d’Asie et ne purent soutenir cette concurrence.
Par ailleurs, Oscar Thomaes fut le promoteur du Syndicat des Apprêteurs, fondé en 1910, l’une des toutes premières organisations patronales du textile belge[20]. Il est vrai que les relations entre les apprêteurs de la ville furent longtemps exécrables et que la concurrence entre eux était très forte. Ainsi, une lettre de 1880 écrite par la mère d'Oscar Thomaes à Victor Hantson, un autre apprêteur de Renaix, en témoigne :
- Sur papier à en-tête Vve C. THOMAES, APPRETEUR, RENAIX, on lit d’une belle écriture ferme :
- Renaix 17 août 80, Monsieur V. Hantson-Vandendoorne, Renaix. J’ai ouï dire ce matin que vous avez réduit vos prix de foulage à huit cent. au mètre, moi Vve Thomaes, je vous dis, si vous ne venez pas me parler aujourd’hui, je réduis mon prix de foulage à six centimes au mètre ; Si un fabricant fait des bêtises Monsieur, ce n’est pas de ma faute Mes salutations sincères. Vve C. Thomaes-Gevaert
En 1921, il fut également l'initiateur de la société coopérative L'Union des Sinistrés de Renaix et Environs, Société coopérative pour Dommages de Guerre, à Renaix, société qui visait à faciliter à ses membres les formalités prévues par la législation sur les dommages de guerre, procéder à des achats et des ventes de machines industrielles, etc., de manière à permettre la reprise de l'essor industriel de la ville de Renaix[21]. Se retrouvaient parmi les coopérateurs et les administrateurs de la coopérative, outre Oscar Thomaes lui-même, Michel Portois qui était président de la Chambre de commerce de Renaix, le chevalier Gaston Behagel sénateur et bourgmestre de Ruyen, l'industriel renaisien Charles Dupont, l'industriel renaisien Adolphe Delacroix, etc.
En outre, Oscar Thomaes était fort préoccupé par la question des eaux, car Renaix disposait à l’origine de très peu d’eaux potable et industrielle. Cette question des eaux était très importante à Renaix et plusieurs solutions furent envisagées. La chambre de commerce de Renaix, dont Oscar Thomaes était membre, avait espéré tout d'abord, dès le début du XXe siècle, résoudre la question de l'approvisionnement de la ville en eaux industrielles par un canal d'une douzaine de kilomètres de Renaix à l'Escaut (avec jonction au fleuve à Escanaffles), canal qui présentait aussi l'immense avantage de relier la ville au réseau européen de voies navigables et permettant ainsi le transport à faible coût de marchandises pondéreuses, notamment le charbon devant servir à alimenter en énergie les nombreuses machines à vapeur des usines de tissage, de filature, etc. mais aussi pour l'approvisionnement de ces usines en balles de coton, en laine, en lin et bien sûr également pour l'exportation des produits finis. En 1905, une pétition fut déposée à la Chambre des représentants par la chambre de commerce de Renaix et signée aussi par le bourgmestre catholique de Renaix, Oswald Ponette, ainsi que par les bourgmestres des communes sur le tracé envisagé du futur canal [22]. Le député catholique Louis Thienpont relança la demande à de multiples reprises. Mais ce projet ne vit jamais le jour pour des raisons budgétaires, alors que sa faisabilité avait été établie, et fut évoqué une dernière fois à la Chambre des Députés en 1920 [23].
Concurremment, puisque la disponibilité d'eaux industrielles est une question vitale pour une teinturerie, Oscar Thomaes avait particulièrement œuvré à l’approvisionnement de la ville de Renaix en eau grâce aux puits artésiens forés dans un village adjacent à Renaix. C'était la suite de longues, coûteuses et opiniâtres tentatives peu fructueuses de forages[24], déjà en 1882 - alors qu'il était encore adolescent ! - à l'usine de tissage mécanique Dupont frères, chez sa mère à l'usine de Mme Veuve Thomaes, dans ses propres installations industrielles, en 1901 et en 1902, ensuite en 1909 pour un puits d'une profondeur de 272 mètres, ou encore en 1910 notamment[25]. Mais à la veille de la Grande Guerre, le constat dressé par les spécialistes restait particulièrement alarmiste sur l'approvisionnement en eaux de la ville pour son développement futur[26]. Toutefois, grâce à des puits artésiens creusés dans le village voisin de Dergneau[27], il obtint un remarquable succès complet à partir de 1924. Ainsi que le note le bourgmestre et historien de Renaix Oscar Delghust dans son ouvrage Renaix à travers les âges[28] : « À vrai dire, ce n’est qu’à la suite du creusement des puits artésiens de Dergneau par le regretté Oscar Thomaes, que la ville de Renaix fut convenablement desservie en eau potable et industrielle. »
Activité politique
Oscar Thomaes fut aussi homme politique catholique. Déjà membre[29] du Bureau de bienfaisance[30] de la ville de Renaix au tournant du XIXe siècle, il fut conseiller communal du 25 octobre 1907, en remplacement d'Aimé Delhaye, au 15 octobre 1911. Lors des élections d’octobre 1911, Oscar Thomaes obtint le second meilleur score en voix[31]. Il fut alors échevin de Renaix à partir de cette dernière date jusqu’au 8 janvier 1927[32]. Bien que membre éminent de l’influente bourgeoisie industrielle francophone de Renaix, il était très sensible à l’égalité linguistique à Renaix – une ville flamande de la frontière linguistique où le néerlandais était écarté par une administration communale quasi unilingue francophone. Ainsi, il prit part aux manifestations flamandes du 11 juillet 1910 à Renaix. Devenu échevin[33] de la ville de Renaix quelques mois plus tard à la suite des élections communales du 15 octobre 1911, il défendit particulièrement les droits linguistiques des Renaisiens néerlandophones au Conseil communal et obtint notamment que tous les règlements communaux soient publiés dans les deux langues[34].
Durant la Grande Guerre, à la demande des autorités d’occupation allemande, Oscar Thomaes avait consenti en 1918, après plusieurs mois de refus, et alors que son fils Georges se battait dans les tranchées comme Volontaire de Guerre de la première heure, à remplacer le légitime bourgmestre de Renaix le Docteur Oscar Delghust, qui avait été démis de ses fonctions le 22 février de cette année et exercer la fonction de bourgmestre de Renaix[35]. C’est ainsi que dans les jours précédant la libération de Renaix qui fut effectuée les 9 et 10 novembre 1918, juste avant l'Armistice de 1918, Oscar Thomaes fut notamment arrêté le 27 octobre 1918 et consigné à la Kommandantur parce que la population renaisienne faisait preuve de résistance passive en ne se rendant pas aux injonctions des autorités d’occupation allemandes[36].
Lors des élections de 1921, il remporta le plus grand nombre de voix nominatives de la liste catholique. Mais à cette époque, le Parti catholique renaisien fut traversé par de graves dissensions - linguistiques et sociales - entre les tenants de Leo Vindevogel qui créa le Katholieke Vlaamse Volkspartij (Parti Populaire Catholique Flamand, défendant des thèses flamingantes au sens politique du terme, et s'appuyant sur la classe ouvrière flamande) et le Patria (Parti catholique traditionnel dans lequel se retrouvaient les industriels catholiques renaisiens). Lors des élections législatives de 1925, cette scission fut modérée par les instances nationales du Parti catholique qui trouvèrent un compromis après de nombreuses tractations. Cependant, aux élections communales de 1926, les divergences irréconciliables entre les deux tendances entraînèrent une rupture définitive et deux listes indépendantes divergentes furent soumises aux électeurs. Cette scission eut pour effet que le Parti ouvrier belge renaisien, et allié à la liste de Vindevogel, conquit la majorité. L'avocat et homme politique socialiste Eugène Soudan devient bourgmestre et le resta jusqu’en 1958 (sauf durant la guerre pendant laquelle Leo Vindevogel fut nommé bourgmestre à partir du 1er janvier 1941 jusqu’à la libération de Renaix le 3 septembre 1944). Oscar Thomaes était resté au Patria, qu’il avait contribué à fonder. Il se retira alors de la vie politique active à la fin de son mandat d’échevin le 8 janvier 1927 et ne fut ainsi plus conseiller communal[37].
Activités sociales et d'enseignement
Oscar Thomaes fut un patron imprégné par la doctrine sociale catholique. Ainsi, déjà président en 1903 d'une société mutualiste renaisienne[38] il promut avec l’industriel renaisien Victor Lagache (Renaix 1875 ; Renaix 1928)[39], entre autres initiatives et à la suite des recommandations du Congrès catholique de Malines[40] de septembre 1909, la création d’une caisse de pension pour les travailleurs. Alors que cette caisse était alimentée depuis 1909 par une prime de 10 % sur les sommes versées par les travailleurs, Oscar Thomaes porta sa contribution à 20 % dès 1911[41].
L’esprit profondément généreux d’Oscar Thomaes fit qu’il consacra une part importante de sa fortune personnelle à des buts sociaux lorsqu’il estimait que l’honneur l’imposait. Ainsi, une Société coopérative Caisse d'épargne et de prêts St-Ambroise avait été créée par les milieux catholiques de Renaix, ayant son siège social au n° 10 de la rue du Poivre. Le président d'honneur en était, jusqu'à son décès en 1928, Victor Lagache. Cette société coopérative était une caisse d’épargne à laquelle la classe laborieuse renaisienne confiait ses modestes économies et qui effectuait, avec les fonds ainsi collectés, essentiellement des prêts immobiliers sociaux aux familles renaisiennes modestes. Mais avec la Grande Dépression, la crise économique des années 1930, la Caisse Saint-Ambroise se trouva en grandes difficultés financières et fut mise en liquidation. L’annonce de ce désastre créa un grand traumatisme dans l’opinion publique ouvrière renaisienne : des ménages modestes auraient perdu les économies d’une vie. Cependant, Oscar Thomaes, avec Paul Cambier, Adrien Bruggeman, Henri Lagache et Omer Delhaye, tous notables renaisiens, et sans chercher les véritables responsables de cette débâcle financière, se portèrent garant de la Caisse alors même qu’ils savaient que le déficit de la société coopérative s’élevait à huit millions de francs belges. Ils mirent un point d’honneur à rembourser intégralement la dette de la société et ainsi apurèrent volontairement le passif avec, il est vrai, l’aide contrainte de quelques autres industriels renaisiens qui essayèrent de s’opposer en justice en 1933 aux prélèvements sur leur fortune personnelle[42].
Soucieux de l’élévation morale de la classe ouvrière renaisienne, Oscar Thomaes participa en 1911 à la création de la section renaisienne de l’association culturelle flamande Davidsfonds[43] dont il fut nommé président d’honneur[44]. Une des premières décisions prise par les administrateurs fut la création d’une bibliothèque de livres néerlandophones accessibles aux ouvriers renaisiens.
Il fut l'un des fondateurs les plus actifs de l’École Professionnelle Saint-Ambroise[45], de Renaix, et il n'eut de cesse de l'encourager. Cette École professionnelle avait pour particularité, très novatrice puisque l'enseignement à horaire décalé n'existait pas réellement à l'époque, que les jeunes apprentis pouvaient, en dehors de leurs heures d’activité, se familiariser avec les toutes connaissances techniques nécessaires à la compréhension de leur métier ou de leur art, et où les enfants du patronat textile pouvaient aussi - et dans un esprit de mixité sociale - se former, comme leurs condisciples déjà impliqués dans la vie active, à la technicité des métiers du textile de manière à comprendre intimement la rudesse, les contraintes mais aussi toutes les potentialités des usines de l'industrie du textile renaisien.
Activités aviaires et horticoles
D’un pragmatisme absolu et conformément au catholicisme social, déterminé à utiliser tous les moyens pour favoriser l’élévation morale et spirituelle de la classe ouvrière, Oscar Thomaes pensait que cette œuvre ne pouvait être entreprise avec succès que si les besoins primaires, la nourriture essentiellement, étaient en même temps satisfaits. C’est ainsi que, songeant à la tradition de la mythique poule au pot d’Henri IV, il voulut développer l’élevage aviaire dont la promotion - pensait-il - pourrait améliorer le sort des classes les plus défavorisées par un petit élevage. Or, une race de poulets était particulièrement prometteuse à Renaix. Il s’agit de la Braekel, race de poulets présente à Nederbrackel et Opbrakel, deux villages voisins de Renaix, et cela depuis des siècles. Cette race de poulets était non seulement très esthétique (surtout par sa variété moins imposante dite Campine[46]), mais croissait rapidement, donnait de gros œufs en quantité et avait une chair renommée. C’est ainsi, alors même que ses activités d'industriel et d'homme politique l'absorbaient, qu’il créa sa Villa des Poulets, un élevage à quelques kilomètres du centre de la ville[47]. Il fit la promotion de la Braekel à Renaix bien sûr - et il était le président du Braekel Club de Renaix[48] - et dans tout le pays mais aussi Outre-Manche[49]. Il avait participé à des concours aviaires[50] et organisé avec succès des expositions aviaires à Renaix[51].
Il fut également membre de la Société centrale forestière de Belgique[52].
Lorsqu’il estima avoir atteint son but, même s’il ne se désintéressa jamais totalement de ces questions d'élevage aviaire, il voulut apporter de la beauté au monde par la création, à Renaix, d’une roseraie de plusieurs milliers de rosiers et par la culture d’orchidées pour lesquelles il se passionna[53] jusqu’à la fin de ses jours.
Engagement en faveur de la culture
C’est aussi dans le but d’apporter une culture musicale à la masse populeuse renaisienne que furent fondée au XIXe siècle des sociétés musicales. Mais chacune de celles-ci avait son obédience propre, socialiste, libérale ou catholique. C'était ainsi un moyen pour rassembler les ouvriers des nombreuses usines renaisiennes dans une association ayant des affinités avec un parti politique. La plus importante de ces associations fut la Royale Fanfare de Renaix, émanant des milieux catholiques de la ville. Oscar Thomaes en fut le président à partir de 1919 jusqu’à son décès[54].
En 1892 déjà, il était également membre de la patricienne Gilde Saint-Hermès renaisienne, dont il fut le chef-homme (Hooftman) de 1920 à 1937[55]. La Gilde Saint-Hermès existe sans discontinuité depuis plusieurs siècles et conserve une partie de la tradition historique renaisienne notamment lors du Grand Tour de Saint Hermès.
Outre son intérêt pour le patrimoine culturel immatériel, Oscar Thomaes se fit aussi le défenseur du patrimoine bâti. Il s’intéressa ainsi particulièrement à la superbe et rare tour octogonale de l’ancienne église désaffectée Saint-Martin de Renaix[56], qui fut sauvegardée par la ville de Renaix alors que la nef de l’église était transformée en cinéma, menuiserie ou garage avant d’être restaurée en 2015 pour servir de galerie culinaire et commerciale. C’est aussi dans le but de sauvegarder l’ancienne ferme-château ter Donckt[57], siège de l'ancienne seigneurie ter Donckt, à Berchem, qu’il en fit l’acquisition en 1927. Les plus anciennes parties de la bâtisse dateraient du XIIIe siècle. Cet immeuble échut par héritage à sa fille Marita, puis à l’un de ses petits-fils qui le vendit en 2017, et qui bénéficie aujourd'hui d'une restauration importante.
Fin de vie
Oscar Thomaes est mort en 1937 d’une longue maladie. Son décès émut fort l’opinion publique régionale locale et des articles parurent dans plusieurs journaux, notamment dans Le Ralliement [58], ou dans le journal hebdomadaire De Scheldeklokke [59], ou encore dans La Tribune Horticole [60].
Il habitait le petit château sis à côté de son entreprise, à l'actuelle place Aimée Delhaye (ainsi dénommée depuis 1912, et anciennement le Steenbrugge ou parfois en français, le Pont-de-Pierre, ensuite la place des Martyrs jusqu'à son appellation actuelle) à Renaix, que les Renaisiens nommaient le Thoumasieskastuuwke aan de Steenbrugge[61], c'est-à-dire le château Thomaes au Steenbrugge. Ce petit château fut ensuite habité par son fils Oscar et ses petits-enfants et il passa ses toutes dernières années dans une belle demeure de la rue au Vin.
Honneurs
Il fut chevalier de l’Ordre de Léopold et chevalier de l’Ordre de la Couronne. Son épouse Euphrasie Thomaes-Wienar qui s'était fortement impliquée dans l'entreprise Oscar Thomaes fut, elle, officier de l'Ordre de Léopold II[62].
Une rue de la ville de Renaix, la rue Oscar Thomaes, a été dénommée en son honneur.
Cependant, le plus bel honneur qui lui fut rendu réside peut-être une phrase prononcée lors de la cérémonie de funérailles, mentionnée dans les comptes-rendus des journaux[63] et qui ne peut pas être considérée comme simplement hagiographique : C’est un éloge à lui adresser et un hommage à rendre à sa mémoire, que de proclamer à son honneur qu’il n’a jamais eu en vue que l’intérêt du peuple, sans aucune considération d’ambition ou d’intérêt personnel.
Famille
Le premier ancêtre connu de la famille Thomaes est Marcus Thomaes ou Thomas qui naquit alors que Charles Quint régnait sur les Dix-Sept Provinces. Son fils Paulus ou Pauwel Thomaes est né aux alentours de 1570, sous le règne de Philippe II, lorsque la Révolte des Gueux et les débuts de la Guerre de Quatre-Vingts Ans enflammaient les Pays-Bas espagnols. Il épousa Maria Ziels, originaire de Nokere, pour se fixer au lieu-dit la Keithulle (la Keitel, dont il reste le souvenir dans le nom de la Keitelstraat), à Huysse. Il eut en ce lieu, en 1594, son premier enfant dont les registres paroissiaux attestent du baptême[64]. De là, sa descendance se répandit dans les villages environnants de la châtellenie d'Audenarde, et particulièrement à Lede-Saint-Denis où était né en 1838 Camille Thomaes, le père d'Oscar[65].
Oscar Thomaes et son épouse Euphrasie Wienar eurent quatre enfants, nés à Renaix.
- Une fille née en 1894 nommée Éva Thomaes, morte à l’âge de trois mois.
- Georges Thomaes (1896 – 1940), qui fut l'un des 107 volontaires de guerre renaisiens de la première heure le 4 août 1914 [66]. Il n'avait qu'à peine dix-huit ans, et il vécut alors quatre ans d'enfer dans les tranchées. Il fut titulaire de huit chevrons de front, et fut très grièvement blessé à la tête durant l'assaut[67] du premier jour de l’Offensive de la Libération le 28 septembre 1918, lors de cette journée qui fut l'une des plus glorieuses de l'histoire de l'armée belge[68]. Il mourut, célibataire, à Renaix, à la suite d’une altercation avec des officiers allemands le 21 mai 1940 qui réquisitionnèrent une voiture de l'usine familiale.
- Marita Thomaes (1898 – 1968), épouse en premières noces de Joseph De Buysscher et en secondes noces d’Edmond Ronse (nl) avocat, sénateur et ancien ministre catholique[69],
- Oscar Thomaes le jeune (1902 – 1974), continuateur de l’entreprise familiale, qui épousa Elisabeth Cambier, fille de l'industriel renaisien Léon-Florent Cambier. Il dut faire face aux réquisitions nazies[70] en 1944. L'un de ses fils, Xavier Thomaes (Renaix 1926 ; Renaix 2013), fut Résistant[71]. Trois des fils de ce dernier s'illustrèrent dans le domaine de la gastronomie au Château du Mylord.
Bibliographie
- Bart De Wilde, « Thomaes, Oscar », dans : Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles : De Boeck et Larcier, 1996, pp. 579-580.
Lien externe
- Sur Youtube, voyez sous le lien le petit film datant de 1925 illustrant la Fancy-Fair (une fancy-fair est, en Belgique, un fête de bienfaisance, organisée pour lever des fonds pour une œuvre caritative), au Parc Lagache[72] de Renaix. Oscar Thomaes apparaît dans ce film à partir de 2,42 min. et son nom est mentionné à 2,53 min.
Références
- Ginette Kurgan (Dir.), Dictionnaire des patrons en Belgique, Éditions De Boeck-Université, Bruxelles, 1996, 729 pages, p. 579, v° Thomaes Oscar, pages 579 et 580.
- Wegwijzer der stad Gent 1870 : « Thomaes-Gevaert C., katoenettefab., Drongenhof 3, fabriek Tichelrei 2 », ainsi que Wegwijzer der stad Gent 1873 : « Thomaes-Gevaert C., katoenettefab., Statiestraat 38 ».
- Docteur Oscar Delghust, Le Béguinage et le Couvent des Sœurs Noires, Renaix, 1943, pages 39 et 40.
- La famille scabinale renaisienne Waignart, dont le nom fut altéré en Wienar lors de l’établissement de l’état civil moderne vers 1795, descendait d’Anthoine Waignart, carrossier et charron à Renaix, d’origine artésienne, qui vint s’établir à Renaix à la fin du XVIe siècle.
- Journal Le Peuple, du mercredi 28 juin 1893. Une usine en feu. Dimanche, vers quatre heures de l’après-dîner, un incendie a éclaté dans l’établissement de MM. Thomaes frères et sœurs, à Renaix. En un instant, les bâtiments prirent feu. Par suite de l’extrême sécheresse et de la combustibilité des matières, tout flamba à la fois. Le spectacle que présentait cet immense brasier était épouvantable, et l’émoi s’accrut davantage lorsqu’on vit le danger que couraient les maisons du voisinage, notamment la Banque Magherman frères. On organisa promptement les secours, sous la direction du commandant Dopchie, et on parvint, malgré la pénurie d’eau et le mauvais état du matériel de sauvetage, à circonscrire le feu. Les pertes, couvertes par l’assurance, sont énormes. Cent ouvriers environ se trouvent sans travail par suite de ce sinistre, ou encore Het Laatste Nieuws, du 15 juillet 1895, page 4, mentionnant un autre incendie heureusement vite circonscrit par les membres du personnel de l'usine.
- Journal Le Patriote du mercredi 14 novembre 1894. A Renaix. L’ouragan a causé à Renaix et dans les environs des dégâts considérables. Au vieux-rempart, un bâtiment solidement construit a été renversé et détruit de fond en comble ; une partie du faîte de l’église de Saint-Hermès a été emportée ; la cheminée de l’usine Thomaes, malgré sa forte inclinaison, a résisté mais le vent a tordu comme paille son lourd couronnement en fer, haut de plusieurs mètres, et l’a couché sur la bâtisse.
- Voyez par exemple en 1900, le journal Het Nieuws van den Dag du 16 mai 1900 : De werkstakingen in België. Te Ronsse. Maandag morgend hebben de werklieden den arbeid hernomen in de volgende fabrieken : Thomaes broeders en zusters, Zonstraat ; Verlinden, Kruisstraat ; Cossyns gebroeders, Jan van Nassaustraat. De weverijen liggen nog allen stil. Maandag morgend begaven zich een groep werkstakers naar de fabriek Thomaes om de werklieden te beletten den arbeid te hernemen ; na met de bazen gesproken te hebben, zijn zij vertrokken. (…) (traduction) Les grèves en Belgique. A Renaix. Lundi matin, les ouvriers ont repris le travail dans les usines suivantes : Thomaes frères et sœurs, rue du Soleil ; Verlinden, rue de la Croix ; Cossyns frères, rue Jean de Nassau. Les usines de tissage sont encore toutes à l'arrêt. Lundi matin, un groupe de grévistes s'est rendu à l'usine Thomaes pour empêcher les ouvriers de reprendre le travail ; après avoir parlé aux patrons, ils sont partis. (...) : ou encore le même journal du 17 mai 1900 : (…) Het zelfde gebeurde bij MM. Thomaes, broeders en zusters, verwers en gereedmakers, Martelarenplaats. De 60 verwers die deze fabriek verlaten hadden, zijn terug gekomen ; de 30 gereedmakers zijn nog in staking. (traduction) Il en est de même chez MM. Thomaes, frères et sœurs, teinturiers et apprêteurs, place des Martyrs. Les 60 teinturiers qui avaient quitté l'usine sont revenus ; les 30 apprêteurs sont toujours en grève.
- Marleen Heyse et Guy Gadeyne, Textiel te Ronse 1800-1940. Een menselijk mirakel, Renaix, 1984, 102 pages.
- Voyez le journal Le Vingtième Siècle du 17 mai 1913, pages 1 et 2 : A l’exposition de Gand. La visite du Roi au pavillon colonial et à l’Exposition textile. Le Roi à la section des Industries textiles et du Vêtement. Une autre vieille firme de Renaix O. Thomaes, industriel et échevin de la ville, est également venue participer à l’exposition de la teinturerie. Fondée en 1870, voilà donc plus de quarante ans que la maison fonctionne tant pour le pays que pour l’exportation. Elle est avantageusement connue du reste depuis plus de trente ans sur la place de Paris pour le fini de son travail et l’excellence de ses produits. Elle occupe plus de 150 ouvriers et outre le travail de blanchiment, la teinture des tissus, laines, coton, soies diverses, lin et jute, en général tous les textiles, elle s’est fait une spécialité de la teinture nuance kaki extra solide. Le souverain s’est intéressé à la participation de la firme Thomaes.
- Catalogue de 1889 intitulé Construction Générale de Machines & Appareils pour le traitement et l'apprêt des tissus, Industrie de la laine et de ses dérivés, Fernand Dehaitre, constructeur mécanicien, 6 rue d'Oran, Paris, tome II page 108 et page 119.
- The Motor Truck, The National Authority of Power Haulage, Volume 10, 1919, page 88 : The Garford Motor Truck Co., Lima, O., has received this letter from Oscar Thomas (sic), alderman of public works at Ronse, Belgium : "When the armies which came to the rescue of our country passed I noticed some automobile trucks built by your factory. As I am interested in the purchase of such a truck, kindly send me your catalogue and terms".
- Low Cost Ton - Mile était le slogan de la firme Garford.
- Marleen Heyse et Guy Gadeyne, Textiel te Ronse 1800-1940. Een menselijk mirakel, Renaix, 1984, page 69.
- Marie-Thérèse Vanbutsele, L’industrie textile à Renaix de 1900 à 1940, L’activité des entreprises renaisiennes en 1916, Annales de Renaix (CHARTI) 1976, pages 5 à 162, et spécialement pages 38 et 39.
- Marleen Heyse et Guido Gadeyne, Textiel te Ronse, 1800 – 1940, Een menselijk mirakel, Madala Editions, 1984, page 20.
- 1830- 1930 Livre d’Or du Centenaire de l’Indépendance belge, sous le Haut Patronage de S. M. le Roi Albert, Leclercq, De Ridder, De Haas (éditeurs), Bruxelles – Anvers, 1931, pages 417 et 418 : Renaix – S.A. Teintureries Belges. Société importante fondée le 12 avril 1923, à l’initiative de M. Oscar Thomaes, industriel, à Renaix, président actuel de son Conseil d’Administration qui s’est entouré dès l’origine du précieux concours technique des Anciens Etablissements Alsberge & Van Oost et de la Blanchisserie & Teinturerie de Thaon. Les efforts toujours plus grands et opiniâtrement soutenus, dès le début, par cette société, ont abouti au finissage d’articles nouveaux dont la production était jusqu'alors assumée par l’étranger. Les caractéristiques du succès de l’entreprise ont incité peu à peu nos établissements textiles à produire par leurs propres moyens les tissus dont l’achèvement impeccable, par les Teintureries Belges, ont conquis la consommation intérieure. Il n’est pas prématuré de certifier que la facile introduction des « finishes », spécialités des Teintureries Belges sur les marchés voisins resserrera, avec les producteurs du pays, les liens de collaboration industrielle déjà fortement établis pour affronter, avec le maximum de chances, la concurrence internationale. L’on peut conclure en disant qu’un centre de notre pays compte une activité industrielle de premier ordre, qui, tout en assurant l’existence d’une région ouvrière, libère l’économie nationale d’un appréciable tribu de l’extérieur.
- La société fit faillite à la fin du boom textile de la fin des années 1970. Au début des années 1990, l'usine fut reprise par la société De Leie NV (1992) et ensuite par la société De Nieuwe Leie (1994). A la fin de l'année 2000, le dernier opérateur, la société Flotex NV arrêta la production de produits textiles floqués à la suite d'une inondation catastrophique du cours d’eau renaisien, le Molenbeek. Le site et les bâtiments devinrent la propriété de la ville de Renaix en décembre 2002, pour être transformés en centre culturel De Ververij.
- Société constituée par acte passé par-devant Me Emile Vander Meersch, notaire à Audenarde, le 24 novembre 1919, annexes du Moniteur belge du 22-23 décembre 1919, acte 11254, pages 3263 et suivantes.
- Banque Nationale de Belgique, Centrale des bilans, Etablissements Oscar Thomaes, numéro d'entreprise 0400.253.078, clôture de liquidation le 26 décembre 1992.
- Ginette Kurgan (Dir.), op. cit., page 580.
- Annexe au Moniteur belge du 2 mars 1921, pages 1863 à 1867.
- La pétition fut présentée à la Chambre en sa séance du 29 novembre 1905 : Messieurs, Par pétition du 11 octobre 1905, la Chambre de commerce de Renaix, les bourgmestres de Renaix, Wattripont, Anserœul, Celles, Amougies, Orroir, Russeignies et Ruyen sollicitent la création d'un canal reliant la ville de Renaix à l'Escaut. Les pétitionnaires justifient ce travail d'utilité publique, d'une part, par le développement considérable de l'industrie textile à Renaix et, d'autre part, par l'absence de voies navigables dont souffre cette ville. De plus, à raison du terrain accidenté, les usines ne peuvent se raccorder à la gare. Il importe pour l'Etat de coopérer à l'activité et à l'énergie des Industriels de Renaix en exécutant le travail sollicité. Le canal assurerait un essor indéfini à l'industrie à laquelle il fournirait de l'eau en abondance et permettrait le transport à bon marché des matières pondéreuses. La ville de Roulers a été reliée à la Lys par la Mandel canalisée. A son tour, Saint-Nicolas jouira bientôt des avantages d'une voie navigable la mettant en communication avec l'Escaut. Dans ces conditions, votre commission estime qu'il y a lieu de faire étudier dans le plus bref délai par le corps des ponts et chaussées le canal de Renaix à l'Escaut et conclut au renvoi de la pétition à M. le ministre des travaux publics avec prière d'un prompt et bienveillant examen. Thienpont.
- Lors de cette séance à la Chambre le 3 juin 1920, le ministre socialiste des travaux publics, Edouard Anseele (1856 – 1938), estimait que s’ils ont besoin d'un canal reliant Renaix à l'Escaut, la ville et les intéressés ne pourraient-ils pas procurer à l’Etat la totalité ou la grande partie des capitaux nécessaires à la construction de leur canal ? Et le député socialiste Camille Huysmans (1871 - 1968) de surenchérir, goguenard, en disant : Les industriels de Renaix gagnent de l'argent à la pelle. Et à l'objection qu'ils font parfois des pertes, il rétorqua : Mais non. Ils l'avouent eux-mêmes. (sic).
- F. Halet, C. Malaise, Bulletin de la société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie, Le puits artésien de l'usine Thomaes à Renaix, Tome XXIV, 1910, pages 124 à 127, et F. Halet, (idem, suite), Tome XXV, 1911, pages 233 à 235.
- Oscar Thomaes était membre effectif de la Société de géologie depuis 1898 : Bulletin de la Société belge de géologie, volume 47, 1937, p. 403. Voyez sur toutes ces tentatives de forages, F. Halet, Les puits artésiens de la ville de Renaix, dans le Bulletin de la société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie, Bruxelles, XXVII, 1913, pages 135 à 168, avec une carte de la ville de Renaix localisant des entreprises renaisiennes et les lieux de creusement des puits, sous le lien suivant : .
- Voyez F. Halet, ouvrage cité, 1913, en conclusion à la page 168 : Il ressort de ces considérations que la ville de Renaix se trouve dans une situation assez précaire au point de vue de son alimentation future en eau industrielle. On voit qu'il est tout à fait inutile de compter sur de nouvelles ressources aquifères souterraines : le sol ne peut en donner davantage. Actuellement on entame déjà sérieusement les réserves. Le remède actuel se trouve dans la décentralisation, c'est-à-dire dans l'espacement des usines en dehors de la ville, afin de les éloigner le plus possible les unes des autres, et de diminuer ainsi la zone d'influence des pompages. Le remède futur consiste à créer une distribution d'eau industrielle en amenant les eaux de régions plus favorisées.
- Herman Kerkhove, 1924 : een ekonomisch wonder ! Waterbronnen…, dans : Annales de Renaix (CHARTI), tome XLVI, 1997, pages 309 à 320 et spécialement pages 313 et 314.
- Oscar Delghust, Renaix à travers les âges, Reprint des éditions 1936 et 1948, Éditions Culture et civilisation, Bruxelles, 1975, deuxième partie, page 134.
- Dubbele Wegwijzer der Stad Gent en der Provincie Oost-Vlaanderen voor het jaar 1900, 38e jaar, Gand Imprimerie Eug. Vander Haeghen, page 296.
- Le Bureau de bienfaisance (Bureel van Weldadigheid en néerlandais) est l'ancêtre du Centre public d'action sociale et avait été créé par la loi communale de 1836.
- Le journal Vooruit, du 20 octobre 1911, page 5, dans un article se plaignant des pressions dont auraient été victimes les ouvriers travaillant pour certains grands patrons renaisiens, donne les résultats officiels des élections communales de ce mois d’octobre 1911 à Renaix (traduction). Voix émises : 6241. Majorité absolue 3121. Les Cléricaux : Cambier Cyr, 3158, élu ; Cambier Laurent, 3152, élu ; De Malander, 3150, élu ; Lagache Victor, 3118, non-élu ; Ponette René, 3089 ; Thomaes Oscar, 3156, élu ; Vanden Eynde Frans, 3076 ; Vander Eecken Victor, 3078. Le Cartel : Deroose Amédée (socialiste), 2865 ; Dewaele Victor, 2876 ; D’Hauwer Pierre, 2911, élu ; Hantson Raoul, 2951, élu ; Miclotte Richard (socialiste), 2849 ; Stockman Léonard (socialiste) 2848 ; Vanderschueren Gustaaf, 2911, élu ; Vandewiele Gomar, 2978, élu. Un Libéral démissionne, conformément aux accords, en faveur du camarade Deroose, et le parti socialiste a ainsi son tout premier élu à l’Hôtel de Ville, en prenant le siège du « pape » (sic) Lagache.
- Peter Willequet, Het politiseringproces te Ronse 1830 – 1921, dans : Annales de Renaix, tome LXIII, 2014, pages 256 et 257.
- Docteur Oscar Delghust, Liste des Magistrats communaux de la ville de Renaix (1300 – 1951), Imprimerie Spiers Marc, Renaix, 1951, page 53.
- Luc Dejonghe, Ronse, Vlaams schiereiland. Kroniek van een taalstrijd, Marnixring Ronse-Taalgrens, 1986, page 46.
- Gaston Van der Merckt, Le Grand Tour de St.-Hermès (Fiertel de St.-Hermès) pendant la guerre 1914-1918, dans : Annales de Renaix (CHARTI), tome XXVI, 1977, page 73.
- Emmanuël De Gand, Sur la guerre en Belgique de 1914 à 1918, Leherte-Courtin, s.d., page 291.
- Docteur Oscar Delghust, Liste des Magistrats communaux de la Ville de Renaix (1300 - 1951), 1951, Imprimerie Marc Spiers, Renaix, pages 53 et 54.
- Recueil des actes des sociétés mutualistes : statuts et décisions, 1904, mentionnant Oscar Thomaes comme président de la mutuelle à l'assemblée générale du 24 septembre 1903.
- Institut royal colonial belge, Biographie coloniale belge, v° Lagache (Victor), Tome II, 1951, col. 561 - 562, , ainsi que, sur les industriels Lagache renaisiens, Ginette Kurgan (dir.), Dictionnaire des patrons en Belgique, 1996, v° Lagache Léon, p. 401.
- Sur ce congrès de 1909, rassemblant Flamands et Wallons, qui connut un grand retentissement, et fut suivi d’avancées sociales appréciables, voyez l'étude de Jean-Pierre Delville, L'Église de Belgique et le congrès des œuvres catholiques de Malines (sept. 1909), dans Questions Liturgiques / Studies in Liturgy, juin 2010, pages 10 à 17.
- Marc Declercq, Leo Vindevogel en de Christen Volksbond te Ronse tot 1914, dans : Annales de Renaix (CHARTI), LVI, 2007, pages 77 à 230, et spécialement page168.
- Voyez le jugement du tribunal de première instance d'Audenaerde (sièg . cons.) du 7 juillet 1933 sous le lien , Revue Pratique des Sociétés, 1934, pages 204 à 210 et note : Attendu que le défendeur Omer Delhaye, comparaissant en personne, a déclaré se référer à justice (… avec une déclaration identique de ) MM. Paul Cambier, Adrien Bruggeman, Henri Lagache et Oscar Thomaes (…), qu'ayant tenu à honneur de rembourser intégralement la dette de la société qui, ne l'oublions pas; revêt un caractère un peu spécial, puisqu'elle est constituée de l'épargne, en grosse partie, de la classe laborieuse, et sachant au moment de prendre cet engagement que le déficit de la société était de l'ordre de huit millions, les associés, les défendeurs, en majeure partie, ont prévu ce prélèvement sur leur fortune privée et d'avance ils se sont engagés à en faire le sacrifice dans les limites de leurs parts sociales; Attendu qu'une impérieuse nécessité contraint les liquidateurs à faire appel, dès ce moment, à la fortune privée des défendeurs, pour la somme qu'ils ont fixée ; Au fond : Attendu que les défendeurs Van den Broeck, Leherte, Annicq, Guisset et De Langhe contestent le bien fondé de la demande (…).
- Guy Gadeyne, Ronse, 1796-1982, kroniek van een eigenzinnige stad, dans : Annales de Renaix (CHARTI), tome LXIX, 2020.
- Hans Haustrate, Een historische analyse van de omgang met het faciliteitenstatuut, dans : Annales de Renaix (CHARTI), LIX, 2010, pages 66 et 67.
- Jan Mores, Ecole professionnelle de tissage annexée au Collège St-Antoine de Padoue, Annales de Renaix, tome LVI, 2007, pages 231 à 258.
- B.A. Gates, The Campine History, dans : The Campine Herald, 1913, page 14 : Probably the first hen feathered Silver Campine male that appeared in England made his appearance in 1904. Rev. E. Lewis Jones says in this connection this bird was bread from eggs sent over by Monsieur Oscar Thomaes of Renaix, Belgium. (traduction) Le premier coq Silver Campine qui est apparu en Angleterre a probablement fait son apparition en 1904. Le Révérend E. Lewis Jones dit à ce propos que cet oiseau a été produit à partir d'œufs envoyés par Monsieur Oscar Thomaes de Renaix, en Belgique. et surtout Frank L. Platt (Editor), The Campines, Silver and Golden; their history; their practical qualities; how to mate and breed them; how to judge them; the Campine standards of America, England and Belgium, published jointly by Reliable Poultry Journal Publishing Company, Quincy, Illinois, and American Poultry Publishing Company, Buffalo, New York, 1914, 88 pages, et spécialement les pages 7, 17, 20, 49, 59 et 63 mentionnant Oscar Thomaes, ainsi que Utility Poultry Journal, Harper Adams Agricultural Journal, 1920, volumes 5 et 6, page 20, ou encore Field Illustrated, Volume 25, page 862 : The bird had been hatched from a set of eggs exported by Oscar Thomaes, of Renaix, Belgium, and Renaix is in the Braekel country, and Mr Thomaes breeds (...) et enfin De Bedrijfspluimveehouder, volume 39, 1961, page 681 : Hetzelfde lot onderging in 1904 een soortgelijke baan, geboren uit broedeieren, betrokken van Oscar Thomaes, te Renaix, destijds een bekend liefhebber (...).
- Edward Brown, Report on the Poultry Industry in Belgium, 1910, 112 pages, et spécialement les pages 32 et 100 : Mr Oscar Thomaes, who is a manufacturer at Renaix, has a breeding farm called Villa des Poulets, a few miles out of the town, situated on high ground, near extensive woods, by means of which he has been able to exert considerable influence upon poultry-breeding in the district. It is an excellently arranged place, part of which is divided into large runs for the breeding stock, the layers being kept in the farm buildings. Although it was a most unfavourable day when this place was visited, the character of the farm was evident. As a model establishment demonstrating improved methods of breeding, housing and general management, it cannot fail to exert great influence. The breeds kept are Gold and Silver Braekels, Buff Orpingtons, and Black Minorcas. M. Thomaes keeps Buff Orpingtons for winter laying, and by reason of the fact that brown-shelled eggs are preferred by some people (...).. (traduction) M. Oscar Thomaes, fabricant à Renaix, possède une ferme d'élevage appelée Villa des Poulets, à quelques kilomètres de la ville, située sur un terrain élevé, près de vastes forêts, grâce à laquelle il a pu exercer une influence considérable sur l'élevage des volailles dans la région. C'est un endroit très bien aménagé, dont une partie est divisée en grands parcours pour les animaux reproducteurs, les pondeuses étant gardées dans les bâtiments de la ferme. Bien que la journée ait été des plus défavorables lors de la visite de cet endroit, le dynamisme de la ferme était évident. En tant qu'établissement modèle démontrant des méthodes améliorées d'élevage, de logement et de gestion générale, il ne peut manquer d'exercer une grande influence. Les races élevées sont les Braekels dorées et argentées, les Orpingtons de couleur fauve et les poules noires de Minorque. M. Thomaes élève des Orpingtons de couleur fauve pour la ponte d'hiver et, en raison de la préférence de certaines personnes pour les œufs à coquille brune (...).
- Emile Carpiaux, Traité complet d'aviculture,329 pages, et spécialement voir page 308.
- L’Aviculture, revue d’élevage bimensuelle illustrée, 1923, page 25 : (...) un aviculteur éclairé, M. Oscar Thomaes, a installé à Renaix une station de sélection pour l'amélioration de la Brakel argentée (...), et page 36 : (…) les succès obtenus par M. Oscar Thomaes, le dévoué président du Brakel Club de Renaix, qui avait envoyé à l’exposition du Crystal Palace de Londres des Brakels du type belge.
- L'Acclimatation. Journal des Éleveurs, 1911, page 203 : Pour les Braekels, le grand gagnant de cette race, pour les deux variétés, à l'Exposition de Bruxelles, 1911, est M. Os. Thomaes, à Renaix (Flandre orientale).
- Journal L’Indépendance belge du mercredi 17 janvier 1906. Renaix. Exposition avicole. Une importante exposition organisée par le « Braekel-Club » renaisien s’est ouverte sous la présidence d’honneur de M. le sénateur Bernayge ; la vice-présidence de MM J. Léger, président du tribunal de première instance ; Monseu, vice-président de la Fédération nationale d’aviculture de Belgique, et la présidence de M. Oscar Thomaes, industriel. Plus de sept cents sujets étaient exposés. Les coupes ont été vivement disputées par les divers concurrents. Les amateurs de la ville et de l’étranger sont venus admirer ces merveilleux produits, dont la plupart ont été vendus à des prix très élevés. Entre autres, dans la catégorie des coqs, un « combattant » a atteint le prix de 175 francs ! ou encore dans le journal L’Etoile belge du mardi 5 février 1907. Renaix (Correspondance particulière de l’Etoile belge). Renaix, 3 février, Exposition d’aviculture. Hier après-midi s’est ouvert, à Renaix, le grand concours régional, organisé par le Braekel-Club, sous la présidence d’honneur de M. H. Bernaeyge, sénateur. Plus de neuf cents sujets étaient réunis, formant un très intéressant ensemble. Les coupes ont été remportées par MM. O. Thomaes, de Renaix ; Daniel Merchie, d’Audenarde ; Delghust ; Guisset Jean, de Renaix ; Merchiers, de Nukerke ; Ch. Marcq ; R. Ponette, de Renaix ; Léger, d’Audenarde ; Destaeker, de Sulsique ; Ed. Guisset, de Renaix ; Otto Roose ; Demeester, de Renaix ; et Pulinckx-Eeman, de Gand. La plus grande part de la réussite de l’exposition revient à M. Oscar Thomaes et à M. Charles Marcq. Ce succès a été cordialement fêté dans un banquet réunissant les organisateurs, les exposants et les membres du jury.
- Bulletin de la Société centrale forestière de Belgique, volume 16, page 707 et volume 17, 1910, page 752, société qualifiée de royale par la suite.
- The Orchid Review, Volumes 45 et 46, 1938, page 23, mentionnant une Black Cypripedium d'Oscar Thomaes.
- Luc Vandevelde, De Koninklijke Fanfare – Société Royale de Fanfares (1849 – 1940), dans : Annales de Renaix (CHARTI), tome XXXIX, 1985, pages 145 à 187, et spécialement pages 169 à 173.
- René Vandevelde, L’Antique Gilde « Confraternitas Sancti Hermetis » et ses « Chefs-Hommes », dans : Annales de Renaix (CHARTI), tome XXII, 1973, pages 81 à 101.
- Paul Van de Vyvere, Sur la restauration de la Tour de l’ancienne Eglise Saint-Martin. Rapport présenté à la Commission des travaux publics à la demande de M. Oscar Thomaes, échevin des travaux public, Renaix, s.d., 8 pages.
- Christophe Deschaumes, Kasteelhoeve Ter Donckt, te Berchem (Kluisbergen), dans les Annales de Renaix (CHARTI), tome LI, 2002, pages 129 à 161.
- Le journal Le Ralliement, organe hebdomadaire catholique de Renaix et ses environs, du dimanche 1er août 1937 écrit sous le titre : « Monsieur Oscar Thomaes n’est plus ! Le Ralliement dans son numéro du 25 juillet a annoncé le décès de Monsieur Oscar Thomaes, époux de Dame Euphrasie Wienar. Ses funérailles solennelles ont eu lieu samedi dernier au milieu d’un concours impressionnant de parents et d’amis, venus rendre un suprême hommage au grand citoyen que Renaix vient de perdre. Messieurs O. Delghust, M. Portois, O. Van Rokeghem, O. Bataille, J. Hellin et L. Debodinance, tenaient les coins du poêle dans le cortège qui conduisit sa dépouille mortelle à sa dernière demeure. Sur le parcours du cortège la Royale Fanfare, sous la direction de M. J. Blangenois a exécuté la belle marche funèbre de Chopin. Depuis quelques années, la mort impitoyable a fauché dans nos rangs des existences précieuses, qui marquent dans notre histoire locale une trace indélébile. Dans le nécrologe renaisien, le défunt était doué à un degré éminent, des qualités exceptionnelles qui le mettent en relief dans tous les domaines où s’est exercée son activité. Il avait l’amour du peuple, et animé d’un zèle contagieux, qui stimule les concours, nous l’avons vu à la tête de toutes les œuvres d’entr’aide sociale, se dévouant corps et âme dans l’intérêt des déshérités, et c’est un éloge à lui adresser et un hommage à rendre à sa mémoire, que de proclamer son honneur qu’il n’a jamais eu en vue que l’intérêt du peuple, sans aucune considération d’ambition ou d’intérêt personnel. Il avait l’amour du beau. A ce titre, nous le voyons promouvoir le mouvement local en faveur de l’enseignement professionnel, de la musique, de l’horticulture, de la floriculture et de l’aviculture. Dans toutes les sociétés, nous le retrouvons animé d’une ardeur égale, n’ayant d’autre objectif que le progrès sous toutes ses formes, et l’idéal dans toutes ses manifestations. Il avait le sentiment chrétien profondément ancré en lui et l’avait poussé aux extrêmes limites compatibles avec le respect des opinions d’autrui. Tel nous le retrouvons à l’Association Catholique et dans ses fonctions d’Echevin. Nous nous souviendrons aussi que lorsque le Bourgmestre Oscar Delghust fut détenu dans les geôles allemandes, c’est lui qui assuma à titre provisoire la charge de l’administration de la ville occupée. Dans le domaine de l’industrie il joua un rôle de premier plan. Nous le voyons dans sa jeunesse chargé du fardeau d’une famille orpheline, créer au prix de difficultés sans nombre, un modeste apprêt. Celui-ci devait, dans l’avenir, prendre les proportions de l’établissement gigantesque, qui est le couronnement de sa carrière. Il a été pour tous un magnifique exemple. Il a démontré que les valeurs spirituelles ne sont pas inséparables des intérêts matériels et que la générosité du cœur peut s’allier au sens aigu des réalités. Faire le curriculum vitae d’Oscar Thomaes dépasserait le cadre d’un article nécrologique. On en pourrait faire la relation de son action sans passer en revue les multiples aspects qu’elle revêt et les œuvres diverses auxquelles il a coopéré. Cependant, au cours de sa laborieuse carrière, aucune épreuve ne lui fut épargnée. La guerre avec l’incertitude du lendemain, la crise avec l’effondrement de toutes les espérances, n’ont pu abattre son courage éprouvé, ni altérer sa bonhomie souriante et son optimisme invincible, et, lorsqu’un mal cruel l’atteignit dans ses forces vives, nous l’avons vu garder l’espoir ancré en lui d’un avenir meilleur. Le rôle qu’il joua dans l’industrie n’est pas de notre compétence, mais ses pairs sont unanimes à reconnaître la clairvoyance de son jugement, l’audace de ses conceptions, son esprit d’entreprise et ses heureuses initiatives. Le problème de l’eau avait de longue date préoccupé son esprit. Aidé de spécialistes en la matière, nous l’avons vu étudier les couches géologiques, cribler de puits artésiens notre sol, pour aboutir à cette œuvre magnifique du puits de Dergneau qui, à la demande de la Chambre de Commerce, lui valut la Croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold. Oscar Thomaes n’est plus. Nous saluons avec émotion cette grande figure qui a cessé de vivre parmi nous. Il a créé une œuvre considérable et rendu à l’industrie des services signalés. A ceux qui le succèdent incombera la tâche de couronner son œuvre et de perpétuer sa mémoire. La ville entière s’associe au deuil qui frappe la famille du regretté défunt et ses amis gardant de lui un souvenir inoubliable lui rendent par notre organe un dernier devoir. Dans ces moments douloureux, la Rédaction de Ralliement prend une vive part au grand malheur qui frappe Madame Thomaes et ses enfants et les prie de recevoir ainsi que toute la famille l’expression de leurs plus profondes et chrétiennes condoléances. Suivant le désir du cher défunt, il ne fut prononcé qu’un seul discours : Voici l’éloge funèbre prononcé au cimetière par M. Octave Van Rokeghem, Vice-Président de la Royale Fanfare. Messieurs, C’est le cœur rempli d’une profonde tristesse que je me fais en ce moment l’interprète des membres de la Royale Fanfare pour saluer au seuil de la tombe la dépouille mortelle de notre si cher et regretté Président et rendre à sa mémoire un solennel hommage. Le vide causé par ce deuil, nous fait sentir plus que jamais combien nous l’aimions, notre Président, et combien était grande l’estime dont il jouissait parmi nous. Pour répondre au désir qui m’a été exprimé, je ne ferai pas ici un long discours, et je n’évoquerai pas devant vous le grand chrétien, le grand patriote, le grand travailleur que fut notre cher Président, mais je ne puis toutefois passer sous silence la grande bonté de Monsieur Oscar. Il fut bon, excessivement bon. Sa générosité s’étendait à tous les domaines et jamais personne ne s’est adressé à son grand cœur sans en retirer le réconfort moral ou matériel qu’il était venu chercher, et qui était offert toujours d’une manière discrète car il savait, comme dans toute chose, faire le bien avec une simplicité qui en doublait le prix. Et vis-à-vis de sa chère Fanfare, comment ne pas rappeler avec quelle ardeur restée juvénile, il s’intéressait à notre chère société, à nos petites fêtes, où il apportait en même temps que ses précieux encouragements, le charme de sa présence et de son sourire paternel. Bien que sa santé l’eut obligé à quelques ménagements depuis tout un temps déjà, nous espérions pouvoir le conserver longtemps encore et le revoir dans nos réunions où sa place était toujours marquée… Aussi est-ce avec une émotion bien vive que nous voyons se terminer si brutalement une vie dignement remplie par le travail et le dévouement. Notre cher Président aimait tant sa Fanfare et il pouvait en être fier car il avait su en faire depuis 20 ans qu’il la présidait, une phalange distinguée et réputée. La Royale Fanfare perd aujourd’hui son chef vénéré mais je n’en doute nullement, comme il nous l’a demandé formellement, rappelez-vous en, elle subsistera en mémoire de lui, parce que le but pour lequel Monsieur Thomaes s’y est toujours dévoué, subsiste encore. Qu’il me soit permis en ces douloureux moments, d’adresser à sa chère Épouse, à ses enfants, petits-enfants et à toute sa chère et belle famille, nos condoléances les plus sincères. Oh, nous comprenons si bien votre peine et nous pleurons avec vous, mais puissent nos prières et les marques de sympathie que vous recevez si nombreuses aujourd’hui, mettre un baume bienfaisant sur vos cœurs attristés, et apaiser quelque peu votre douleur. Et maintenant, Cher Président, pour vous qui nous écoutez encore…, une dernière fois, votre Fanfare qui vous était si chère va vous faire entendre ses chants funèbres. Oh, nous nous souviendrons de vous, et vous garderons un long et affectueux souvenir. Malgré que nous ayons la ferme confiance que votre âme si bonne et si vertueuse est montée radieuse vers le Ciel, nous nous rappellerons de vous dans nos prières, et vous resterez à jamais pour nous tous, qui vous avons connu et aimé, l’exemple d’un grand cœur, et le souvenir d’un homme de bien. Adieu, cher Président, cher Monsieur Oscar, adieu.
- (traduction) « Monsieur Oscar Thomaes est décédé. Nos concitoyens et ses nombreux amis ont appris cette triste nouvelle avec émotion et une réelle stupéfaction bien que nous le savions atteint d’un mal qui permettait peu d’espoir. Monsieur Thomaes naquit à Gand en 1867 et très jeune vint s’installer à Renaix, où il fonda l’un des établissements industriels les plus importants de notre ville. Dès le début, il se fit remarquer par une affection et une cordialité toute particulière ; il aimait son prochain et ne s'épargnait aucune peine pour améliorer son sort. Ses ouvriers et ses subordonnés furent traités par lui comme par un bon père et tous l’aimaient profondément. Toutes les œuvres sociales, mutualité, syndicat et autres institutions de prévoyance, trouvèrent en lui un partisan résolu et un protecteur éclairé. Il affectionnait particulièrement l’éducation professionnelle et s’honorait très justement de la grande prospérité de l’École Professionnelle Saint Ambroise dont il fut l’un des fondateurs les plus actifs et qu’il n’a cessé d’encourager. Monsieur Thomaes fut également grand amateur d’art. Depuis 1916, succédant au regretté M. Th. Boddin, il assuma la présidence de la Royale Fanfare, laquelle sous sa direction et son aide généreuse, fut classée parmi les meilleures phalanges du pays. Durant plus d’un demi-siècle, il fut aussi le champion incontesté de la grande cause catholique et patriotique, qu’il défendit vaillamment, non seulement à Renaix mais dans tout l’arrondissement. Les services qu’il rendit à la Ville de Renaix en sa qualité d’échevin furent innombrables ; notre distribution d’eau pour laquelle notre population lui sera toujours reconnaissante, fut notamment son œuvre. Monsieur Thomaes fut un chrétien dans toute l’acception du terme, d’une conviction profonde et d’un amour inépuisable envers son prochain. Son bon cœur et sa générosité étaient légendaires, et tous ses actes posés comme citoyen, portèrent toujours l’empreinte d’une fidélité inébranlable à son pays. L’emprisonnement et les vexations sans nombre dont il eut à souffrir durant l’occupation ne purent ébranler sa fermeté ni faire fléchir ses sentiments loyalistes. Monsieur Thomaes nous a quittés dans les sentiments d’une vraie résignation chrétienne et d’une humble soumission aux volontés divines, attendant la mort avec le calme et une grande confiance. Puissent son courage, son énergie, son grand amour du prochain, sa foi inébranlable et sa grande confiance dans l’Éternité Bienheureuse constituer une consolation pour sa vaillante épouse et ses chers enfants dans la rude épreuve qu’ils traversent »
- « Le 20 juillet dernier s’éteignait à Renaix à l’âge de 70 ans Mr Oscar Thomaes, industriel et ancien échevin de la Ville de Renaix. Oscar Thomaes que de remarquables qualités professionnelles aidèrent à réaliser une magnifique carrière de self made man, se concilia bien vite l’estime, la confiance et la sympathie du monde industriel de la région de Renaix où il ne tarda pas à devenir une personnalité de premier plan. Il fut, titre dont il pouvait s’enorgueillir, le fondateur et l’animateur de l’école professionnelle St Ambroise, où les jeunes apprentis pouvaient en dehors de leurs heures d’activité, se familiariser avec les connaissances techniques nécessaires à la parfaite compréhension de leur métier ou de leur art, initiative des plus fécondes dans un centre industriel comme celui de Renaix. Figure éminemment joviale, toute empreinte de bonté, débordante d’altruisme, Oscar Thomaes se plaisait à répandre autour de lui une atmosphère rayonnante de joie qui lui faisait dire, à l’égal des grands philanthropes, que le plus pur bonheur vient incontestablement de celui que l’on donne. Oscar Thomaes n’était pas seulement connu dans le monde politique et industriel où ses mérites lui valurent l’obtention de la croix de chevalier de l’Ordre de Léopold, de celle de Chevalier de l’Ordre de la Couronne, etc., mais il fut également en différentes circonstances mêlé aux manifestations horticoles de la région de Renaix. Lors de l’établissement, par la Société Royale d’Agriculture et de Botanique de Gand, des concours de jardins fleuris, on se souvient en effet qu’Oscar Thomaes se distingua chaque fois par sa brillante prestation de parcs et de jardins fleuris. Sa magnifique roseraie, contenant plus de 10.000 rosiers faisait l’admiration des visiteurs de la contrée, et pour Oscar Thomaes lui-même, habitué à vivre intensément dans le monde de la mécanique et de la chimie, la vision enchanteresse de cet immense et délicieux Éden fleuri était une des plus pures compensations que la nature pouvait lui offrir ; c’était en quelque sorte, la revanche de la poésie et du rêve sur la rigoureuse précision technique de chaque instant de la journée. Amateur de plus en plus raffiné de fleurs, Oscar Thomaes ne tarda pas à s’intéresser aux plus originales d’entre elles, les orchidées, dont il avait déjà une jolie serre. C’est surtout à la fin de sa vie qu’il se plut à les analyser, se demandant ce qui charmait le plus en elles, ou leur forme éminemment variée et capricieuse ou l’infinie et chatoyante carnation de leurs corolles, ou l’élancement gracieux de leurs racèmes touffus, ou leur vie presque immatérielle, débordante cependant d’une telle splendeur que sa croyance religieuse y retrouvait presque une évocation céleste. Comme elles charmèrent les dernières années de sa vie, en compagnes fidèles, elles le suivirent jusque dans la tombe… Oscar Thomaes eut des funérailles grandioses, au milieu d’une foule recueillie lui apportant avec émotion l’hommage de son estime et de sa reconnaissance. Des multitudes de gerbes et de couronnes l’accompagnèrent jusque dans le chœur de l’église, portées par les orphelins et les orphelines de la ville et par le personnel employé et ouvrier de la firme Oscar Thomaes, notamment une magnifique composition florale, une immense croix de roses et d’orchidées qui eut le privilège rare d’avoir un autel pour reposoir. Et ce fut un spectacle émouvant qu’il est malheureusement rarement donné de voir, que celui d’un chœur d’église où, en double hommage d’adoration, les parfums de l’encens se mêlaient aux fraîches senteurs florales pour s’exhaler en une même touchante pensée d’apothéose… Nous présentons à Mme Oscar Thomaes et à ses enfants, si douloureusement éprouvés par ce deuil cruel, l’expression de nos condoléances émues et l’assurance de nos sentiments de vive et sincère sympathie ».
- Michel Delfosse, Archiefbeelden Ronse, Editions Alan Sutton, 2000, pages 33 à 37, et Germain De Rouck, Ronse, deuxième édition, Europese Bibliotheek, Zaltbommel, Pays-Bas, 1979, page 53.
- Moniteur belge du 3 mars 1951, page 1364.
- Le Ralliement, organe hebdomadaire catholique de Renaix et ses environs, du dimanche 1er août 1937.
- Il faut dès lors considérer que l'année 1594 est la date d'ancienneté de cette famille Thomaes dite de la Châtellenie d'Audenarde. Il ne faut pas confondre cette famille avec la famille homonyme qui descend de Thomaes le Riche et qui était établie au Christoffelpolder de Watervliet, près de l'actuelle frontière belgo-néerlandaise. Aucun lien entre les deux familles n'a été trouvé à ce jour. Voyez Prof. Dr. Carl B.A.J. Puylaert, Een legendarisch man : De Rijke Thomaes, dans la revue Vlaamse Stam, 2001, pp. 560 - 572. Cette famille Thomaes descend de Jaspar Thomaes, marié à Catharina de Neufville, cité de 1596 à 1603 au Christoffelpolder de Watervliet et mort le 3 mars 1626 à Waterland-Oudeman. A cette seconde famille Thomaes appartient Rudolf (dit Rudi) Thomaes (Anvers 21 août 1952 - Knokke-Heist 25 juillet 2018) qui fut anobli avec le titre de baron en 2014.
- Voyez la généalogie Thomaes établie par l'Historien et archiviste Rafaël (Raf) van der Donckt, Parenteel Marcus Thoma(e)s, non encore publiée mais consultable sous le lien suivant : .
- Gaston Vande Merckt, Les horreurs de la guerre 1914 - 1918. Nos Renaisiens dans la tourmente diabolique, Annales de Renaix (CHARTI), tome XXXVI, 1987, page 2033, et Lucien Wannyn, Ronse, een stad in de oorlog 1914 - 1918, Annales de Renaix (CHARTI), tome XXXVII, 1988, page 97.
- Paul Thomaes, Met slijk tot aan het lijf, onder het vuur der Duitsche mitraille, dans Jaarboek 2005 Hultheim, pages 134 à 181 et spécialement page 168, reprenant les carnets de guerre d'un petit-cousin de Georges, Charles Thomaes, né à Wannegem-Lede en 1895, tué au Champ d'Honneur par l'ennemi le 18 octobre 1918 à Hertsberge/Waardamme, qui note que Georges fut blessé durant l'avant-midi lors de l'assaut donné le 28 septembre 1918.
- Colonel B.E.M. e.r. Marcel Weemaes, De l'Yser à Bruxelles. Offensive libératrice de l'Armée belge. Le 28 septembre 1918. Imprimerie P. François, Bruxelles, 1969, page 108.
- Tony Valcke (éd.), Edmond Ronse, dans : De fonteinen van de Oranjeberg : politiek-institutionele geschiedenis van de provincie Oost-Vlaanderen van 1830 tot nu, Partie 4, Story-Scientia, Gand, 2003, page 136.
- Stefan Martens & Sebastian Remus, Frankreich und Belgien unter deutscher Besatzung, 1940- 1944, J. Thorbecke, 2002, 761 pages, et spécialement page 575.
- Noël Deconinck, Le Renaisis pendant la seconde guerre mondiale, 1980, 232 et 336 pages, Volume II, 1942 - 1945, page 305.
- Le Parc Lagache est constitué de terrains sportifs créés en 1923 à l'initiative de l'industriel renaisien Henri Lagache, à côté de son usine, comprenant des terrains de tennis, une grande piscine, une aire pour tir à l'arc à la perche, un terrain de basket-ball, etc., là où avait déjà été installé en 1922 le terrain de football du Royal Football Club Renaisien. En 1923 également, un chalet y fut créé par le Club Sportif Renaisien.
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