Otto Günsche

Otto Günsche, né le et mort le , était Sturmbannführer au sein de la Waffen-SS, membre de la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler, et appartenait au Reichssicherheitsdienst. Il fut le dernier aide de camp personnel d'Adolf Hitler, qui le chargea de brûler son corps, ainsi que celui d'Eva Braun, après leur suicide. Capturé par l'Armée rouge le , il passa onze années dans des prisons du NKVD et dans des camps de travail soviétiques. Il fut libéré le .

Otto Günsche

Otto Günsche en 1943.

Naissance
Iéna, Empire allemand
Décès  86 ans)
Lohmar, Allemagne
Origine Allemagne
Allégeance Troisième Reich
Arme Waffen-SS
Grade SS-Sturmbannführer
Années de service 19341945
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Anschluss
Annexion des Sudètes
Annexion du territoire de Memel
Front de l'Est
Distinctions Croix de fer

Biographie

Débuts à la LSSAH

Otto Günsche naquit à Iéna, en Thuringe, le . Ce fut en 1931, à l'âge de 14 ans, qu'il entra dans les Jeunesses hitlériennes. Après avoir quitté l'école en 1933 et entamé une formation dans le but de devenir soldat de la Wehrmacht, il se porta volontaire et intégra la LSSAH, unité de la SS, en , à seulement 17 ans. Le 1er mars 1935 il adhéra au parti nazi, le NSDAP.

Il rencontra pour la première fois Adolf Hitler en 1936 alors qu'il venait d’être admis au Reichssicherheitsdienst. Entre 1940 et 1941, il fit partie de la Garde Personnelle du Führer, en tant qu'officier d'ordonnance. Il assista notamment à la signature de l’armistice du 22 juin 1940 entre la France et l'Allemagne à Compiègne. Par la suite, il étudia à l'Académie militaire de Bad Tölz afin de devenir officier SS et servit en première ligne sur le front de l'Est, avec la LSSAH, jusqu'en .

Signature de l'armistice, le 22 juin 1940. Otto Günsche, au centre, avait été chargé par Hitler de surveiller la procédure.

Aide de camp de Hitler

Sa haute taille et son excellente allure (2 mètres pour 105 kilos[1]) ainsi que son physique germanique lui attirèrent les faveurs d'Hitler qui l’appela à son service le . Il devint ainsi l'aide de camp personnel du Führer jusqu'en , date à laquelle il repartit au front avec la 12./Pz.GR.1, en tant qu’Obersturmführer.

Günsche prit part aux combats sur le front de l'Est, en tant que Kompaniechef (capitaine de compagnie). Il obtint la Croix de fer de 1re classe[2] avant d'être à nouveau nommé aide de camp personnel d'Adolf Hitler, le . Il était présent notamment lors de la tentative d'assassinat à l'encontre d'Hitler, le au Wolfsschanze. Il se distingua en aidant personnellement Adolf Hitler à sortir des décombres, bien que l'explosion de la bombe lui eût causé un certain nombre de contusions. Les personnes présentes lors de l'explosion reçurent l’Insigne des blessés, remise par le Führer le [3].

Le Führerbunker et la fin du Reich

En , Hitler déplaça son quartier général à Berlin et Günsche vit son rôle s’accroître, notamment dans le Führerbunker. Le 22 avril, le brigadeführer Wilhelm Mohnke prit la tête du groupe chargé de défendre le quartier de la Chancellerie du Reich. Günsche, à la demande du Führer, s’intégra à l’unité, au côté des membres restants de la Waffen-SS.

Le 27 avril, Hermann Fegelein fut accusé de désertion et comparut devant un tribunal martial qui le condamna à mort. Cependant il semblerait que Günsche ait influencé cette décision. En effet, Adolf Hitler aurait décidé de placer Fegelein sous le commandement du brigadeführer Mohnke, jusqu'à ce que Günsche et Martin Bormann interviennent en jugeant la peine insuffisante comparée à la gravité de la situation[4],[5].

Le 30 avril, alors que la fin du Troisième Reich était imminente, Hitler chargea Günsche de veiller personnellement à la disparition de son corps après sa mort. Il fut aussi chargé de surveiller l'entrée du bureau où Adolf Hitler et Eva Braun s'étaient enfermés pour se suicider aux alentours de 15 h. Il raconta que Magda Goebbels se présenta à lui afin de voir le Führer une dernière fois. Cependant ce dernier refusa tout entretien. Après avoir attendu une quinzaine de minutes, Günsche entra avec Heinz Linge et Martin Bormann, et se chargea d’aller prévenir les occupants du Führerbunker de la mort de Hitler. Ils brûlèrent ensuite les deux corps dans le jardin de la Chancellerie avec l’essence apportée par Erich Kempka. Après la mort de Hitler, Günsche confia à l'aide de camp d'Artur Axmann, l'Obersturmbannführer Joachim Hamann, l'arme qui servit au suicide du Führer. Il emporta avec lui un stylo ayant appartenu à Adolf Hitler[6], qu'il conservera toute sa vie.

Dans la nuit du , vers 22 h, Günsche et son groupe, dirigé par le Brigadeführer Wilhelm Mohnke, quittèrent le Führerbunker. Selon la description faite par Günsche, ils réussirent à s'échapper de la Chancellerie bombardée en passant notamment par le métro en direction de la gare Friedrichstraße, puis rejoignirent la brasserie de Schultheiss. Là, ils apprirent la capitulation de l'Allemagne. Mohnke, le général Josef Rauch, son officier d’ordonnance et Günsche partirent alors négocier avec les Soviétiques aux alentours de 18 h[7].

Interrogatoires et camps de travail

Günsche fut capturé par les troupes soviétiques qui encerclaient la ville, le . Il fut ensuite transféré à la prison de Loubianka, siège du NKVD à Moscou, aux côtés de son compatriote Heinz Linge, afin d’être interrogé par Fyodor Parparov entre 1946 et 1949. Les méthodes pour extraire des informations concernant les circonstances de la mort d’Adolf Hitler étaient variées. Les interrogatoires avaient lieu pendant la nuit après des séances de torture psychologique et physique. Qualifié d’« ennemi de la Nation » et de « Nazi convaincu » par Parparov, Günsche, qui fut récalcitrant dans un premier temps, bénéficia d'un traitement particulier[8]. Les Soviétiques voulaient faire avouer à leurs deux prisonniers la fuite de Hitler durant la bataille de Berlin[9],[10].

Le rapport issu de ces interrogatoires fut remis à Staline le . Tout ceci fut conservé dans les archives du Kremlin[11], jusqu'en 1994, date à laquelle l'historien allemand Matthias Uhl retrouva et publia les révélations des deux officiers nazis, sous le nom de Le Dossier Hitler.

En 1950, Günsche fut condamné à 25 ans de travaux forcés pour crime de guerre. Il passa quelques années dans le camp de Diaterka, dans l’Oural, où il retrouva notamment l’aviateur allemand Erich Hartmann. Le livre que ce dernier a co-écrit The Blond Knight of Germany, raconte ceci au sujet de Günsche :

« Erich [Hartmann] trouva une aide systématique auprès d’Otto Günsche […] qui se révéla être un redoutable bagarreur si on le provoquait, sinon il était un géant doux et discret. Imposant, puissant et blond, avec de gros bras et une force immense, l’ancien aide de camp de Hitler était un homme tranquille et sympathique de nature[12]. »

Hartmann décrivit également le camp de travail soviétique de Diaterka, lorsqu'il y travaillait, en 1953 :

« Diaterka comptait 4 000 hommes. À Diaterka, il y avait une haute clôture et la “zone de la mort” était contrôlée par des patrouilles avec des chiens, ensuite il y avait une autre clôture avec des tours d’observation où se trouvaient davantage de gardiens et de mitrailleuses. Nous vivions dans de longues rangées de baraquement qui n’étaient pas isolées contre le froid […]. Chaque baraque abritait 200 à 400 prisonniers [...]. La zone de haute sécurité était réservée à l’élite du Troisième Reich ainsi qu’aux prisonniers politiques soviétiques spéciaux. [...] L’aide de camp SS de Hitler, Otto Günsche, [...] se trouvai[t] ici[13]. »

Retour en Allemagne et libération

En 1955, alors que la majorité des prisonniers de guerre allemands furent libérés par les Soviétiques, Günsche fut transféré dans la prison de Bautzen, en Allemagne de l'Est.

Après la visite du chancelier Konrad Adenauer à Moscou, il put être libéré, le . Il ne fit l'objet d'aucune poursuite judiciaire.

Il retourna vivre en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où il travailla comme gestionnaire dans une entreprise pharmaceutique, à Cologne.

Le , Otto Günsche et Heinz Linge furent convoqués par le Tribunal de Munich afin de témoigner au sujet de la mort présumée d'Adolf Hitler dans une salle d'audience de Berchtesgaden. Leurs révélations furent enregistrées sur bandes audios et redécouvertes par Spiegel TV qui les restaura et les rendit publiques en 2010[14]. En 1985, il dut de nouveau témoigner lors du procès sur les contrefaçons de carnets de Hitler.

Après cela, il vécut à l'abri des lumières médiatiques. Veuf et père de trois enfants, il n'a jamais exposé son passé en tant qu'officier nazi, refusant toute entrevue auprès d'historiens, mais parlant ouvertement de ce sujet, notamment avec un cercle très fermé d'amis proches. Parmi ces personnes, qui purent recueillir les témoignages de Günsche, se trouvait David Irving, à qui il accorda quelques interviews à partir de 1967. En outre, il participait régulièrement à des réunions d'anciens combattants, comme celles organisées par la HIAG.

Il mourut d'une attaque cardiaque le , huit jours après son 86e anniversaire, à son domicile de Lohmar. Son corps fut incinéré, et les cendres éparpillées dans la mer du Nord.

Affectations

Promotions

Récompenses

Croix du mérite de guerre de 2e classe avec glaives
Croix de fer de 1re classe (12/1943)
Croix de fer de 2e classe (1939)
Médaille de service de longue durée de la Wehrmacht en Argent
Médaille de l'Anschluss (1938)
Médaille des Sudètes avec Barrette du Château de Prague (1938, 1939)
Médaille de Memel (1939)
Médaille du Mur de l'Ouest (1939)
Insigne de combat d'infanterie en Argent
Insigne des blessés du 20 juillet 1944 (1944)
Insigne des blessés en Noir (1939)
Insigne des Jeunesses hitlériennes en Or

Dans les médias

Notes et références

  1. Quiñones Alfonso. « James Bond y el ayudante de Hitler », in Agora.com, Édition no 1331, 11 novembre 2003, .
  2. Landwehr Richard. « SS-Hauptsturmführer Otto Günsche », in Siegrunen Magazine, .
  3. Lenhard Monica, Cherny Anton. « Адъютант дьявола », in Kommersant.ru, Édition no 41 (544), 20 octobre 2003, .
  4. (en) David John Cawdell Irving, Hitler's war and the war path, 1933-1945, Londres, Focal Point, , 857 p. (ISBN 978-1-872197-10-4, OCLC 779152475), p. 833.
  5. Fest Joachim. Hitler: Una biografía. Planeta-De Agostini, 2006.
  6. Irving David, David Irving's Action Report, Édition no 14, 20 juillet 1998, .
  7. Eberle Henrik, Uhl Matthias, Dossier Hitler, Presses de la Cité, 2006, 500 pages.
  8. Deniau Jean-Charles, Khémis Stéphane. Dossier Hitler 462A (Le rapport secret commandé par Staline). Documentaire diffusé sur France 3, 18 février 2009, 58 minutes.
  9. Danièle Henky (dir.) et Michel Fabréguet (dir.), Grandes figures du passé et héros référents dans les représentations de l'Europe contemporaine, Paris, L'Harmattan, coll. « Inter-national », , 231 p. (ISBN 978-2-296-96126-5, OCLC 796190806), p. 103.
  10. Fischer Benjamin. « Hitler, Stalin, and Operation Myth », in AboutFacts, CIA Article, 2003, .
  11. Sous le nom de Dossier Hitler 462A
  12. (en) Raymond Toliver et Trevor J. Constable, The blond knight of Germany : A Biography of Erich Hartmann, Blue Ridge Summit, PA, Aero Pub, , 332 p. (ISBN 978-0-8306-8189-1, OCLC 1023137856), p. 252.
  13. « The Highest Scoring Fighter Pilot Of All Time », in Acesofww2.com, .
  14. Hall Allan. « Recording of Nazi officers who found Hitler's body released », in Telegraph, 12 janvier 2010, .
  15. Schulz Andrea, Wegmann Günter, Zinke Dieter. Die Generale der Waffen-SS und der Polizei: Lammerding-Plesch. Biblio-Verl., 2003.

Liens externes


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