Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain
Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) est un parti politique ivoirien fondé en 1946, succédant au Syndicat agricole africain par Félix Houphouët-Boigny, avec pour objectif affiché « l’émancipation du peuple noir »[1] et membre du Rassemblement démocratique africain dès sa création. De centre droit d’inspiration libérale, il est le parti unique depuis l’indépendance en 1960 jusqu’en 1990, dirigé par le président Houphouët-Boigny. S'appuyant sur son fief du pays baoulé, il reste au pouvoir après les premières élections multipartites, organisées en 1990. Après sa mort, Félix Houphouët-Boigny, est remplacé par Henri Konan Bédié en 1993. Après une campagne électorale féroce et des débats juridiques, et à la suite du coup d’État militaire dirigé par le général Robert Guéï, il est évincé du pouvoir. Aux élections législatives de 2000, il occupe 46 sièges sur 225 et est un parti d’opposition.
Parti démocratique de Côte d’Ivoire | |
Logotype officiel. | |
Présentation | |
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Président | Henri Konan Bédié |
Fondation | |
Siège | Treichville (Abidjan), immeuble Étoile du Sud |
Positionnement | Centre droit |
Idéologie | Panafricanisme Conservatisme Houphouëtisme Populisme |
Coalisé dans | RHDP (jusqu'en 2018) |
Affiliation internationale | Union démocrate d'Afrique |
Couleurs | Vert |
Site web | http://pdcirda.ci |
Représentation | |
Députés | 63 / 255 |
Les organes de presse proches du PDCI-RDA sont : Le Nouveau Réveil, Le Rebond, Le Dialogue et la National Plus — après avoir été longtemps Le Démocrate.
Histoire
Syndicat agricole africain (1944–1946)
À la suite des exploitations physiques des ivoiriens dans le cadre de la traite négrière puis de la colonisation, le médecin-planteur Félix Houphouët-Boigny fonde le [2], avec sept autres planteurs, Joseph Anoma, Fulgence Brou, Gabriel Dadié, Djibril Diaby, Georges Kassi, Kouamé N’Guessan et Amadou Lamine Touré, le Syndicat agricole africain (SAA) dont il devient le président. Regroupant les planteurs africains mécontents de leur sort[3], le SAA, anticolonialiste et antiraciste[4], revendique de meilleures conditions de travail, une hausse des salaires et l’abolition du travail forcé[2]. Le fondateur explique lui-même :
« On parle de la naissance de notre mouvement, le PDCI-RDA. En fait, tout est parti du Syndicat agricole africain. En 1932, je vous l’ai dit, j’étais jeune médecin à Abengourou. Et devant la détresse des cultivateurs de l’Indénié, je me suis permis, avec l’accord du Gouverneur d’alors, Bourgine, d’inviter mes compatriotes à faire la grève de la vente du cacao. J’ai écrit un article de presse intitulé, On nous a trop volés. Cri d’indignation de Felix Houphouet-Boigny »
Ce syndicat rencontre rapidement le succès et reçoit l’appui de près de 20 000 planteurs[2], ce qui déplait fortement aux colons qui vont jusqu’à porter plainte contre Houphouët[5]. L’écho de ce syndicat est tel qu’il se rend, début 1945, à Dakar pour expliquer la démarche du SAA au gouverneur général de l’AOF, Pierre Cournarie[2].
Après des mois de luttes pour En , Houphouët est projeté sur la scène politique : le gouvernement français organise l’élection de deux députés en Côte d’Ivoire : l’un représentant les colons, l’autre les autochtones[2]. Houphouët se présente; grâce à son action syndicale, il est élu au premier tour avec plus de 1 000 voix d’avance[6]. Malgré cette victoire, l’administration coloniale décide d’organiser un second tour, le , qu’il remporte avec 12 980 voix sur 31 081 suffrages exprimés[6].
Période française (1946–1960) - naissance du PDCI et du RDA
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, le , l’idée de la reconnaissance du peuple africain au même titre que les citoyens de la métropole émerge dans l’élite africaine constituée entre autres de Félix Houphouet-Boigny, Modibo Keïta ou encore Léopold Sédar Senghor. Alors qu’existe déjà le Parti du Congrès de Jawaharlal Nehru en Inde depuis 1885 ou encore le Néo-Destour en Tunisie depuis 1934, Houphouet-Boigny transforme, avec l’aide des Groupes d’études communistes d’Abidjan, le SAA en Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI)[7]. L’assemblée constitutive du parti a lieu le 9 avril 1946 à Treichville, à l’Etoile du Sud, salle de réunion et de loisirs de l’élite abidjanaise, construite par le planteur Georges Kassi[8].
À la suite du Congrès de Bamako organisé par Houphouet-Boigny et Modibo Keita du 18 au , une fédération de partis politiques africains est fondée, dénommée le Rassemblement démocratique africain (RDA) dont le PDCI fait partie.
Le PDCI-RDA tient son premier congrès[8] du 27 au 31 octobre 1947, où les statuts sont adoptés et ses organes directeurs élus. Félix Houphouët-Boigny est nommé président d'honneur du bureau du comité directeur et Auguste Denise est nommé secrétaire général (poste qu'il occupera jusqu'en 1959). Aussi, Germain Coffi Gadeau est nommé secrétaire à l’organisation, et Mathieu Ekra est nommé secrétaire à l’éducation des masses. Le comité directeur compte alors 21 membres dont deux femmes (Mme Ouezzin Coulibaly, née Macoucou Traoré et Mme Mockey, née Georgette Yacé). Le PDCI-RDA connait un succès immédiat. Il comptait 271 000 adhérents dès 1947, 350 000 en 1948, plus d’un million après 1950. Deux autres congrès sont organisés avant l'indépendance, en 1949 et en 1959.
Selon le site officiel du PDCI-RDA :
« Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire dit PDCI, né du Syndicat agricole africain de Côte d’Ivoire, fidèle reflet des aspirations profondes de nos masses a pour mission, dans le cadre du Rassemblement Démocratique Africain d’affirmer au niveau de la Côte d’Ivoire la personnalité africaine. Il s’assigne en conséquence pour but de promouvoir une politique de bien-être, de paix, de neutralité absolue et de coopération internationale dans l’égalité, la tolérance, la solidarité et la dignité. »
La répression contre le PDCI s'accentue à la fin des années 1940. Des militants sont régulièrement arrêtés et battus par des policiers, avec parfois des actes de tortures ; d'autres sont renvoyés de leurs emplois. L'un des principaux dirigeants du parti, le sénateur Biaka Boda, est retrouvé pendu et déchiqueté dans la forêt, alors qu'il était recherché par la police. L'arrestation et l'emprisonnement sans jugement de plusieurs de ses leaders donne lieu en 1949 à la marche des femmes sur Grand-Bassam, en vue d'obtenir leur libération. Les tensions culminent au début de l'année 1950, quand, à la suite d’un incident, la quasi-totalité de la direction du PDCI est arrêtée. Des rassemblements de protestation sont organisés ; alors que la police tire à blanc pour disperser la foule, des colons tirent à balles réelles, tuant treize manifestants. Au lieu de rechercher les auteurs du massacre, les autorités, craignant des émeutes, font arrêter des milliers de militants indépendantistes[9].
Conscient d'être dans une impasse, Houphouët-Boigny accepte en octobre 1950 de rompre avec les communistes et de ne plus contester l'Union française après une rencontre avec François Mitterrand dans le bureau de ce dernier. Celui-ci indique : « je l'ai traité un peu durement. Je l'ai prévenu que j'allais doubler les garnisons en Afrique et que je le tiendrais pour responsable d'éventuels troubles. Je lui ai expliqué que les revendications humaines, sociales et économiques auraient mon plein appui si elles étaient justifiées. Mais que je n'admettras pas qu'elles prennent un caractère politique. » Lors des élections législatives de 1951, il présente une liste commune avec le parti de Mitterrand, l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) dont l’affiliation du RDA devient officielle en 1952[9].
Le PDCI face au multipartisme (1990–2000)
Lors de l’élection présidentielle ivoirienne de 1990, le président sortant, Félix Houphouët-Boigny est élu contre Laurent Gbagbo avec 81,68 % des voix. Il décède cependant le . Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale, est investi président. Il est élu lors de l’élection présidentielle ivoirienne de 1995 contre Francis Romain Wodié avec 96,44 % des voix. . Il est déposé le par un coup d’État militaire et Robert Guéï prend le pouvoir.
Le retour au pouvoir sous la présidence Ouattara (2011-2018)
Le PDCI soutient Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de 2010 et constitue son principal allié durant l'essentiel de sa présidence. Il fait partie de la coalition politique Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix avec le RDR de Ouattara.
Le PDCI entre finalement dans l'opposition et quitte le RHDP en 2018. En réponse, le pouvoir fait sanctionner des cadres du parti[10].
Un vice-président du PDCI, Jacques Mangoua, est arrêté en et condamné en octobre à cinq ans de prison au terme d'un procès expéditif pour « détention de munitions d'armes de guerre sans autorisation administrative »[11]. Mangoua obtient une libération conditionnelle en et son procès en appel est alors prévu pour avril. Cette libération conditionnelle, décidée par le président Ouattara, est obtenue après l'intervention de la reine des Baoulés auprès du président. Cette volonté du président Ouattara est perçue comme une tentative de se reserrer ses liens avec le PDCI[12].
Rapprochement avec le FPI
À partir de 2019 et en vue de l'élection présidentielle d'octobre 2020, le PDCI se rapproche du FPI. En , un accord-cadre est signé entre les deux partis et en , les deux partis appellent leurs militants à « travailler de concert ». Néanmoins, les deux partis ont prévu de présenter chacun un candidat à l'élection présidentielle[13]. Après le retournement du président Ouattara qui choisit de se présenter pour un troisième mandat dont la légimité constitutionnelle est mise en doute, l'opposition décide de boycotter cette élection. Les opposants contestent l'élection et le régime les emprisonne.
En , se déroule l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale. Le PDCI choisit d'apporter son soutien à Adama Bictogo, candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir. Ce dernier est élu avec 237 voix contre 6 pour Jean-Michel Amankou, pourtant membre du PDCI. Ce soutien est présenté comme faisant partie du « processus de réconciliation »[14],[15].
Notes et références
- « Son combat est d’abord celui de la libération de l’homme noir, celui de la justice, de la dignité, de la liberté et du Bien-être. » selon le site officiel du PDCI-RDA
- Ellenbogen 2002, p. 26–31
- Bernard Nantet, « Félix Houphouët-Boigny », dans Encyclopédie Universalis, édition 1999.
- « Houphouët-Boigny 1re partie » (9 avril 2005), émission de France-Inter « Rendez vous avec X »
- Houphouët, un combat : le parcours politique
- Biographies des députés de la IVe République : Félix Houphouët-Boigny, sur le site de l’assemblée nationale française.
- Samir Amin et Bernard Nantet, « Côte-d’Ivoire », dans Encyclopédie Universalis, édition 1999.
- « Le Pdci-Rda de 1946 à 2016 : 70 ans au service du vaillant peuple ivoirien ( Une contribution de Jean-Noël Loucou) - Abidjan.net News », sur news.abidjan.net (consulté le ).
- Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsita,, Kamerun !, La Découverte,
- Fanny Pigeaud, « Côte d’Ivoire: lâché de toutes parts, le président Ouattara consent à quelques concessions », Mediapart, (lire en ligne, consulté le )
- André Silver Konan, « Côte d’Ivoire : Jacques Mangoua condamné à 5 ans de prison au terme d’un procès sous tension », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- « Côte d’Ivoire : les coulisses de la libération de Jacques Mangoua », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- Benjamin Roger, « Le FPI de Gbagbo et le PDCI de Bédié confirment leur rapprochement », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- Florence Richard, « Côte d’Ivoire : Adama Bictogo élu président de l’Assemblée nationale », Jeune Afrique,
- Pierre Pinto, « Présidence de l’Assemblée nationale ivoirienne: comment expliquer le soutien de l’opposition? », Radio France internationale,
Bibliographie
- Alice Ellenbogen, La succession d’Houphouët-Boigny : entre tribalisme et démocratie, Paris, L’Harmattan, , 173 p. (ISBN 978-2-7475-2950-1, lire en ligne)
- Pierre Kipré, Histoire de la Côte d'Ivoire, Éditions AMI,
- Gabriel Rougerie, L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire : le milieu et l'histoire, vol. 1, Abidjan, Paris, Nouvelles éditions africaines, (ISBN 2-7236-0542-6)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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