Patrick Moran (hockey sur glace)

Patrick Joseph Moran, surnommé « Paddy », ( - ) est un gardien de but canadien de hockey sur glace[1]. Il remporte la Coupe Stanley à deux reprises avec le Club de hockey de Québec en tant que meilleure équipe de l'Association nationale de hockey en 1912 et 1913. Il intègre le Temple de la renommée du hockey en 1958[2]. Il est le premier gardien de but né à Québec à intégrer le Temple de la renommée[3].

Patrick Joseph Moran
Surnom(s) Paddy Moran
Nationalité Canada
Naissance ,
Québec (Canada)
Décès ,
Québec (Canada)
Joueur décédé
Position Gardien de but
Attrapait de la Gauchier
A joué pour CAHL - ECAHA - ANH
Bulldogs de Québec

ACH
All-Montreal HC

ANH
Comets de Haileybury
Carrière pro. 1901-1917

Temple de la renommée : 1958

Biographie

Vie privée

Patrick Joseph Moran est né le dans la ville de Québec au Canada ; il est le fils de Margaret Dorsey et de John Moran. Les parents viennent tous les deux d'Irlande et élèvent leurs six enfants dans le quartier irlandais de Cap-Blanc[4]. En 1897, il travaille comme électricien pour les tramways du District Railway Co[4] et en 1903, Moran se marie avec Maud Roe, la sœur d'un de ses collègues de travail[4].

La famille Moran a des jumeaux en 1905 mais seul Joseph Emmet survit à l'accouchement le deuxième jumeau est mort-né. Deux ans plus tard, en 1907, Patrick Junior naît. En 1910, la vie de Moran connaît un tournant : ainsi, il perd tout d'abord sa mère fin février puis ses deux fils sont emportés à dix-sept jours d'intervalles début mai[4].

Ses débuts juniors puis intermédiaires

Hod Stuart (ici avec le Portage Lakes Hockey Club) joue aux côtés de Moran en 1902.

Il fait ses études au sein du St. Patrick School mais comme son école ne possède pas d'équipe de hockey sur glace, il débute à 15 ans avec l'équipe de Sarsfield. Il joue aussi bien au hockey sur glace qu'au jeu de crosse ; ainsi, avec son frère aîné, Thomas, il remporte le titre de champion de Québec de crosse en 1894-1895[5]. Deux ans plus tard, il rejoint les Dominions avec lesquels il manque le titre de champion junior de Québec en perdant contre les Crescents[2].

Il rejoint par la suite les Stars et remporte en 1898 le titre le champion junior de Québec en battant les Crescents sur le score de 4-0[4]. Dès la saison suivante, Moran rejoint les Crescents et il fait partie de l'équipe qui joue et remporte une rencontre contre le Club de hockey de Québec 2-1 en [6]. En , Moran et les Crescents gagnent la Ligue intermédiaire du Québec[Note 1] en battant l'équipe de Montréal II sur le score de 5-2[7]. Une semaine plus tard, le gardien est invité avec le Club de hockey de Québec pour une série de matchs de démonstration à Halifax[4].

Les premières saisons dans la CAHL — 1901-1905

Le , la réunion annuelle de la grande équipe de Québec a lieu et la direction affirme sa volonté de réaliser une grande campagne de recrutements. Ainsi, dix-huit joueurs participent au premier entraînement de la saison du club, dont Paddy Moran[8]. Le premier match de Moran sous ses nouvelles couleurs n'est pas une réussite puisqu'il accorde six buts en seize minutes lors d'une défaite 9-5 contre les Victorias de Montréal[8]. La deuxième rencontre est meilleure pour le gardien qui malgré un coup de patin au-dessus de l'œil permet à son équipe de l'emporter 2-1 contre le club de hockey d'Ottawa. Au cours de cette saison dans la Canadian Amateur Hockey League, le club de Québec remporte quatre succès pour autant de défaites alors que Percy Lemesurier et Hod Stuart, le capitaine de l'équipe, finissent meilleurs pointeurs de l'équipe avec cinq réalisations chacun. Moran joue les huit rencontres de sa formation alors que celle-ci se classe quatrième sur cinq[9].

Lors de la deuxième saison que joue Moran avec Québec, en 1902-1903, il n'a que 23 ans mais avec quatre ans de plus que la moyenne de la formation, il est figure parmi les vétérans de l'équipe. De plus, malgré cette saison, uniquement trois victoires et quatre défaites, il est souvent cité comme un des meilleurs gardiens de la ligue[10].

En 1903-1904, alors qu'Ottawa est premier du classement avec quatre victoires, les joueurs du club arrivent en retard au quatrième match. La ligue impose que la rencontre soit rejouée, Ottawa accepte à condition de rejouer le match en fin de saison et uniquement si le résultat est capital pour le classement. Quand les autres équipes refusent cette proposition, le club d'Ottawa décide de quitter l'organisation[11]. Ainsi, le match décisif de la saison a lieu le entre les joueurs de Québec et les Victorias de Montréal sur la glace de Montréal. À la fin de la première mi-temps[Note 2], les Montréalais mènent 6-5 et à onze minutes de la fin, les deux équipes sont à égalité sept buts partout[12]. Deux buts de plus sont inscrits par les joueurs de Québec qui prennent alors la première place du classement avec une fiche de sept victoires, dont deux sur tapis vert[13]. Herb Jordan inscrit six buts au cours de la victoire des siens[12].

Cependant Québec manque l'occasion de jouer une série pour la Coupe Stanley. En effet, le club d'Ottawa est le dernier vainqueur de la Coupe Stanley et à la suite de leur départ de la CAHL, le trustee[Note 3] de la Coupe, Philip Dansken Ross, déclare que même si Ottawa a quitté la ligue, il est toujours possesseur du trophée[12]. Les dirigeants de Québec soutiennent pour leur part qu'en étant champions de la CAHL, ils remportent également la Coupe Stanley et donc qu'ils n'ont pas à jeter un défi à Ottawa pour recevoir le fameux trophée. Les deux partis campent sur leur position et ainsi, Québec est sacré champion mais ne reçoit pas la Coupe Stanley à la fin de cette saison[14].

Dans l'ANH — 1909-1917

En fin d'année 1909, l'ECAHA décide d'arrêter ses activités afin d'exclure les Wanderers de Montréal et deux ligues découlent de cet arrêt : l'Association nationale de hockey d'un côté et l'Association canadienne de hockey de l'autre[15]. Moran change d'équipe pour rejoindre celle des All-Montreal HC dans laquelle évolue Art Ross. Il signe ainsi un contrat de 2 000 dollars avec une prime de 200 dollars dans le cas où l'équipe remporte le championnat[16]. Cela n'arrivera jamais car seulement après quatre rencontres jouées par l'équipe, le club a déjà perdu 1 800 dollars[17].

La situation du club n'est pas isolée et une rencontre est prévue le entre les deux ligues pour parler d'une fusion ; finalement, seuls les Shamrocks de Montréal et l'équipe d'Ottawa ont le droit de passer de l'ACH aux rangs de l'ANH[18]. Les autres équipes, dont celle de Moran mais également celle de Québec, sont laissées de côté et le gardien québécois trouve une place au sein de l'équipe des Comets de Haileybury[17] pour 800 dollars[19]. Le , le club de Québec se voit accorder une place au sein de l'ANH en remplacement des équipes de Haileybury et des Silver Kings de Cobalt[20]. Moran revient au club et affirme qu'il ne retrouvera plus jamais le niveau de rémunérations qu'il avait la saison précédente[19]. Le nouveau club de Québec finit la saison avec une fiche de seulement quatre victoires en seize rencontres, derniers de la saison 1910-1911[21].

L'équipe de Québec aborde la saison 1911-1912 avec une volonté de changer son image d'équipe perdante — depuis 1905, l'équipe compte 19 victoires pour 42 défaites[21]. Après un match de préparation qui se conclut sur le score de 23-3 pour Québec, le retour à la réalité est dur pour le club qui perd son match d'ouverture 9-5 contre les Wanderers et Moran est pris pour cible des critiques à l'issue du match[22]. Le club aligne deux défaites lors des deux rencontres suivantes sur le score de 5-4[22]. À la suite de ses mauvais débuts, le poste de capitaine est donné au jeune Joe Malone âgé de 21 ans[23]. Le , l'équipe enchaîne une deuxième victoire de suite même si la partie, une victoire 5-4 contre les Wanderers, est entachée par l'expulsion de Moran[23]. Un mois plus tard, le , Moran fait une nouvelle fois parler de lui. Alors que l'équipe est opposée aux Canadiens de Montréal, il reçoit un lancer puissant de Didier « Cannonball » Pitre au visage et reste inconscient un petit moment. Quand il revient à lui, le premier réflexe du portier québécois est de savoir s'il a réussi à arrêter le tir. Malgré un hématome au visage, Moran termine le match à sa place et ne concède qu'un but avant la fin du match pour la victoire 2-1 des siens[23].

Le , les équipes de Québec et d'Ottawa sont opposées à Ottawa lors d'un match qui peut donner le titre aux « Sénateurs » en cas de victoires. Ce sont eux qui prennent le devant rapidement dans le match en menant 2-0[23]. Québec revient dans la partie avant la fin du deuxième tiers-temps par deux buts de Joe Hall et de Malone. À quelques minutes de la fin du match, Ottawa est devant en menant la partie sur le score de 5-4 mais Malone inscrit le but égalisateur à sept secondes de la fin du match[24]. Le capitaine de Québec réalise la passe décisive pour le but de la victoire à Hall au cours de la cinquième période et Québec s'assure au minimum d'une égalité en tête du classement de l'ANH avec 10 victoires et huit défaites alors qu'Ottawa, dont la fiche est de 9 victoires et 8 défaites, a encore un match à jouer contre les Wanderers[24]. Cette dernière rencontre tourne à l'avantage de l'équipe de Montréal, 5-2, et Québec remporte le Trophée O'Brien de la meilleure équipe de l'ANH mais également la Coupe Stanley[24].

Les joueurs de Québec doivent défendre leur nouveau trophée peu de temps après, contre les Victorias de Moncton[24]. Le premier match a lieu le et pour la première fois de l'histoire de la Coupe, la rencontre se joue avec six joueurs de chaque côté[25]. Malone est affaibli par la grippe mais inscrit tout de même trois buts alors que Jack McDonald en inscrit quatre de plus et Hall deux ; Québec s'impose sur le score de 9-3[25]. Le deuxième match tourne également à l'avantage des joueurs de Québec puisque Malone compte deux points, McDonald cinq et Walter Rooney un alors que l'équipe s'impose 8-0. Paddy Moran, réalise le premier blanchissage[Note 4] de l'ère professionnelle de la Coupe Stanley[26].

En 1917, il doit arrêter sa carrière de joueur afin de se consacrer à son nouvel employeur l'hôtel des Douanes[4]. Il continue par la suite à suivre le hockey et à la fin de sa vie devient un habitué des matchs des As de Québec[27].

Style de jeu

Moran mesure 1 mètre 80 pour 82 kg et il est alors considéré comme étant un grand gardien pour son époque[28]. Au début du hockey sur glace, les gardiens n'ont pas le droit de se mettre à genou ou sur la glace pour arrêter les rondelles et la taille de Moran est donc pour lui un atout[28]. Moran est connu pour défendre de manière particulièrement agressive son but : il a ainsi pour habitude de taper avec sa crosse les adversaires passant à portée. Il a l'habitude de consommer du tabac à chiquer et de le cracher sur ses adversaires[29]. Une autre tactique utilisée par Moran est celle de porter d'amples vêtements, soi-disant pour lui tenir chaud. En réalité, il n'hésite pas à se servir du surplus de vêtement pour augmenter sa taille et ses chances d'arrêter les tirs[30].

Statistiques du joueurs

Pour les significations des abréviations, voir Statistiques du hockey sur glace.

Statistiques par saison[31]
SaisonÉquipe Ligue Saison régulière Séries éliminatoires
PJ V  D Pr/N Min  BC Moy % Arr  Bl PunPJ V  D  Min  BC Moy % Arr  Bl Pun
1900Crescents de QuébecAHAC Int.
1901Crescents de QuébecAHAC Int.
1902Club de hockey de QuébecCAHL8440480344,250
1903Club de hockey de QuébecCAHL7340420466,570
1904Club de hockey de QuébecCAHL6710360376,170
1905Club de hockey de QuébecCAHL9720540455,000
1906Club de hockey de QuébecECAHA10370619706,790
1907Club de hockey de QuébecECAHA6060362589,610
1907-1908Club de hockey de QuébecECAHA10550602747,380
1909Club de hockey de QuébecECHA123907201068,830
1909-1910All-Montreal HCACH4220240246,000
1910Comets de HaileyburyANH11380665807,220
1910-1911Club de hockey de QuébecANH164120983975,920
1911-1912Club de hockey de QuébecANH1810801 099784,26022012031,501
1911-1912Étoiles de l'ANHExhibition3120180237,670
1912-1913Club de hockey de QuébecANH2016401 215753,70122012052,500
1912-1913Club de hockey de QuébecExhibition3120180235,330
1913-1914Club de hockey de QuébecANH2012801 225733,581
1914-1915Club de hockey de QuébecANH2011901 305853,910
1915-1916Club de hockey de QuébecANH22101001 391823,540
1916-1917Club de hockey de QuébecANH7150307356,840

Trophées et honneurs personnels

  • 1894-1895 : champion de Québec avec Sarsfield (crosse)
  • 1897-1898 : champion junior de Québec avec les Stars de Québec (hockey sur glace)
  • 1900-1901 : champion de la Ligue intermédiaire du Québec avec les Crescents de Québec (hockey sur glace)
  • 1903-1904 : champion de la Canadian Amateur Hockey League avec le Club de hockey de Québec (hockey sur glace)
  • 1911-1912 : champion de la Coupe Stanley avec le Club de hockey de Québec (hockey sur glace)
  • 1912-1913 : champion de la Coupe Stanley avec le Club de hockey de Québec (hockey sur glace)
  • 1958 : admis au Temple de la renommée du hockey

Notes et références

Notes

  1. Le niveau intermédiaire est une catégorie d'âge de joueurs de hockey à l'époque. La catégorie se situe entre les joueurs juniors et les championnats seniors.
  2. À l'époque, les rencontres de hockey sur glace se jouent en deux mi-temps. La division en trois périodes de vingt-minutes ne sera mis en place qu'en 1910 par l'Association nationale de hockey.
  3. Lors de la mise en place de la Coupe Stanley, Frederick Stanley décide de confier la direction des décisions pour tout ce qui touche à son trophée à deux personnes de confiances qui sont alors nommées trustees.
  4. Un gardien de but effectue un « blanchissage » quand il réussit à ne concéder aucun but durant tout le match. Il faut également qu'il soit le seul gardien de l'équipe à avoir joué.

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Paddy Moran (ice hockey) » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) « Paddy Moran », sur Eliteprospects.com
  2. (en) « Paddy Moran, honoured member », sur Legends of Hockey Net (consulté le )
  3. Kevin Johnston, « Ces héros du passé », Le Soleil, (lire en ligne)
  4. Durand 2012, p. 115
  5. Durand 2012, p. 38
  6. Durand 2012, p. 43
  7. Durand 2012, p. 49
  8. Durand 2012, p. 50
  9. Durand 2012, p. 150
  10. Durand 2012, p. 52
  11. Durand 2012, p. 53
  12. Durand 2012, p. 54
  13. Durand 2012, p. 151
  14. Durand 2012, p. 56
  15. Diamond 1998, p. 32
  16. Durand 2012, p. 70
  17. Durand 2012, p. 72
  18. Diamond 1998, p. 33
  19. Diamond 1998, p. 76
  20. Durand 2012, p. 75
  21. Durand 2012, p. 79
  22. Diamond 1998, p. 80
  23. Diamond 1998, p. 81
  24. Diamond 1998, p. 82
  25. Durand 2012, p. 84
  26. Durand 2012, p. 85
  27. Stéphanie Martin, « Patrick «Paddy» Moran: «Un grand gardien de but» », Le Soleil, (lire en ligne)
  28. Allen, Duff et Bower 2002, p. 116
  29. Allen, Duff et Bower 2002, p. 115
  30. Conner 2002, p. 78-79
  31. (en) « Paddy Moran Statistics », sur Hockey-Reference.com (consulté le )

Bibliographie

  • Marc Durand, La Coupe à Québec : les Bulldogs et la Naissance du Hockey, Québec, Sylvain Harvey, , 160 p. (ISBN 978-2-923794-48-8)
  • (en) Kevin Allen, Bob Duff et John Bower, Without Fear : Hockey's 50 greatest goaltenders, Chicago, Triumph Books, , 208 p. (ISBN 978-1-57243-484-4)
  • (en) Floyd Conner, Hockey's Most Wanted : The Top 10 Book of Wicked Slapshots, Bruising Goons, and Ice Oddities, Washington, Brassey's, , 304 p. (ISBN 978-1-57488-364-0, lire en ligne)
  • (en) Dan Diamond, Total Hockey : The Official Encyclopedia of the National Hockey League, Total Sports, , 1879 p. (ISBN 978-0-8362-7114-0)
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