Pair-aidance

La pair-aidance repose sur une entraide entre personnes étant ou ayant été atteintes d'une maladie somatique ou psychique. Cette pratique est recommandée dans le cadre de l'autonomisation des patients en santé mentale, d'une amélioration du respect des droits de l'homme en santé mentale ainsi que d'une condition pour accomplir l'idée de rétablissement en santé mentale.

Si le domaine de la psychiatrie fut précurseur, on peut aujourd'hui considérer comme pair-aidant un individu étant ou ayant vécu les situations subies par un groupe minoritaire et souhaitant apporter son aide dans les situations qu'il connaît, envers une communauté pour laquelle il se sent concerné et par laquelle il est accepté; il existe donc des pair-aidants dans les domaines de la toxicomanie, de la grande précarité ou encore de la prostitution.

Histoire

La notion de pair-aidance s'est développée aux États-Unis dans les années 1970, dans la vague d'une révolte de patients envers les pronostics fatalistes de médecins et la volonté de reprendre le pouvoir sur leurs vies[1].

Principes

Si le médecin peut soigner la maladie de la personne, seule celle-ci peut en définitive accéder au rétablissement, car celui-ci est propre au devenir de la personne en question, contrairement à son pronostic. Puisque seule la personne peut « se rétablir », il importe au médecin de reconnaître le savoir expérientiel de la personne, et de promouvoir son autonomisation[1]. Les pair-aidants sont des personnes qui accompagnent les personnes concernées dans leur rétablissement, suivant la notion de Rétablissement en santé mentale[2].

La pair-aidance affecte la reconstruction de la personne dans toutes les dimensions de sa vie, personnelle, affective et sociale, professionnelle, spirituelle, citoyenne[1].

Langage employé

Souvent, le langage employé dans le contexte médical est dépendant d'un rapport de pouvoir, et peut être susceptible de rendre pathologiques des réponses normales à des évenements considérés par la personne comme traumatiques[3].

Il est recommandé au pair-aidant de définir la personne aidée selon des termes choisis par celle-ci, de ne pas formuler de pronostics définitifs quant à la condition de la personne ou à son obligation de médicamentation et de consultation médicale, et d'utiliser un langage aux structures ouvertes plutôt que fermées en se référant à ses sujets[3]. Le pair-aidant cherche à établir une relation d'égal à égal avec le pair-aidé, et ce, en partageant avec ce dernier des parties de son vécu personnel en tant que personne en rétablissement[4].

Notes et références

  1. Alice Vignaud, « La pair-aidance en psychiatrie : se rétablir, innover et donner du sens », Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, vol. 175, no 8, , p. 736–740 (ISSN 0003-4487, DOI 10.1016/j.amp.2017.08.006, lire en ligne, consulté le )
  2. Nicolas Frank et Caroline Cellard, Pair-aidance en santé mentale : Une entraide professionnelle, Elsevier Masson, premier juillet 2020, 304 p. (ISBN 978-2-294-77119-4 et 2-294-77119-2)
  3. Pair-aidance individuelle par et pour les personnes avec une expérience vécue, formation Quality Rights de l'OMS, 2019
  4. Pelletier 2021.

Bibliographie

  • Jean-François Pelletier, Se rétablir en santé mentale : Fondements et pratiques du rétablissement par la pair-aidance, Paris : Elsevier Masson, 184 pages, 2021 (ISBN 9782294773556)

Articles connexes


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