Palais présidentiel de Grozny
Le palais présidentiel de Grozny était un bâtiment situé au centre de Grozny, capitale de la Tchétchénie. Le bâtiment est devenu un symbole de résistance pour les partisans de la République tchétchène d'Itchkérie durant les premiers stades de la Première guerre de Tchétchénie[1]. Le bâtiment a été endommagé par l'artillerie et les frappes aériennes répétées. Les Russes l'ont finalement démoli en 1996, et remplacé par la « Place Akhmad Kadyrov ».
Histoire
L'immeuble de onze étages était à l'origine le siège du Parti communiste de l'Union soviétique dans la République socialiste soviétique autonome de Tchétchénie-Ingouchie. Finalement, le général Djokhar Doudaïev, le premier dirigeant du mouvement séparatiste de la République tchétchène d'Itchkérie, en a fait son palais présidentiel et y a établi le siège principal de son gouvernement (le bureau de Doudaïev était au huitième étage)[2].
Première guerre de Tchétchénie
Le palais a été la cible d'attaques avortées par les forces d'opposition tchétchènes soutenues par les Russes en 1994 mais n'a pas été ciblé lors de la campagne initiale de bombardements massifs russes. Durant la première phase de la Bataille de Grozny de 1994-1995 (en), le palais était l'objectif principal du désastreux assaut par les forces russes, mené fin 1994/début 1995[3],[4], l'endroit où toutes les colonnes russes devaient se réunir après avoir progressé de différentes directions, ainsi que les nouvelles attaques russes[pas clair]. Le soldat qui hisserait le drapeau de la Russie sur le bâtiment recevrait le titre de Héros de la Fédération de Russie et le ministre de la Défense russe Pavel Gratchiov a même affirmé que ses forces l'ont pris lors de la première prise d'assaut[5].
Bien que Doudaïev ait quitté Grozny au début de la bataille[6], la structure massive en béton de son palais présidentiel est devenu le principal bastion tchétchène dans la ville. Avec les bâtiments environnants, il a été âprement défendu par plusieurs centaines de combattants séparatistes, dont quelques-uns des gardes présidentiels de Doudaïev et le bataillon de Chamil Bassaïev. Le sous-sol du palais devint le siège de bataille d'Aslan Maskhadov, chef tchétchène du personnel, partagé avec un hôpital de campagne et un camp de prisonniers de guerre improvisé pour les soldats russes capturés. Sergueï Kovalev (commissaire aux droits de l'homme de Boris Eltsine), six autres députés de la Douma, ainsi que plusieurs journalistes et travailleurs humanitaires (dont Viktor Popkov (en)) ont également été pris au piège dans le bunker pendant des jours après l'attaque initiale russe[7],[8].
Les forces russes ont bombardé le bâtiment pendant près de trois semaines, marquant des centaines de coups directs d'artillerie, avec des mortiers, des tirs de char à bout portant et une salve particulièrement dévastatrice de roquettes BM-21 Grad. Ils ont déployé des milliers de soldats pendant près de deux semaines de combats acharnés qui ont complètement détruit la plupart des bâtiments municipaux et des maisons près du palais et l'ont réduit à à peine plus qu'une coquille éviscérée. Finalement, le , les Russes ont réussi à encercler sur trois côtés (le quatrième étant la rivière Sounja) le bâtiment en flammes, mais n'avaient toujours pas réussi à déloger les défenseurs[9],[10].
Le , deux énormes bombes bunker buster de neuf tonnes ont été larguées, rare exemple d'utilisation de bombes guidées par l'Armée de l'air russe en Tchétchénie. Les deux bombes ont traversé les onze étages du toit, atteignant la base du bâtiment, et ont pénétré à l'intérieur du bunker. L'une d'elles a explosé dans l'hôpital souterrain, tuant entre 50 et 60 personnes, dont de nombreux prisonniers[8],[11] ; la seconde, qui a atterri à quelques mètres du poste de commandement de Maskhadov, n'a pas explosé et Maskhadov est sorti indemne[12]. Après minuit, le , le bâtiment en ruine a été abandonné par les derniers défenseurs, qui ont traversé un pont vers l'autre côté de la rivière sous le couvert de l'obscurité, et a finalement été saisi par les Russes le lendemain[11],[13],[14].
Le site était le théâtre d'une manifestation massive pour la paix en . Le rassemblement s'est terminé dans le sang lorsque les forces gouvernementales russes ont tiré sur les manifestants, tuant plusieurs personnes[15],[16]. Les Russes ont démoli les ruines peu après[17],[18].
Place Akhmad Kadyrov
À l'emplacement du palais présidentiel se trouve dorénavant la « Place Akhmad Kadyrov ». Un monument y est érigé « à la mémoire des agents de la police morts au combat contre les terroristes et les wahhabites ».
Notes et références
- Grozny 2000: Urban Combat Lessons Learned
- PROFILE: Dzhokhar Dudayev: Lone wolf of Grozny
- Chechen War: Part II « Copie archivée » (version du 27 septembre 2007 sur l'Internet Archive)
- Russian Troops and Secessionists Battle Fiercely in Grozny Streets
- Wounded Bear: The Ongoing Russian Military Operation in Chechnya
- Chechen president 'flees palace'
- The Russians are trying to take Grozny at any price
- He Died for His Ideals
- Russians Set to Capture Burning Grozny Palace « Copie archivée » (version du 19 février 2019 sur l'Internet Archive)
- Russians close in on Grozny's seat of power
- « Russians Take Palace In Grozny; Chechens vow to continue fight »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Aslan Maskhadov Killed // Nikolai Patrushev claims responsibility
- Chechens Abandon Grozny Stronghold; Russian Troops Enter Presidential Palace « Copie archivée » (version du 19 février 2019 sur l'Internet Archive)
- Chechnya's Presidential Palace Falls to Russians « Copie archivée » (version du 19 février 2019 sur l'Internet Archive)
- Chechens demonstrate on bullet-ridden Presidential Palace
- Mass protests in Grozny end in bloodshed
- Chechen rebel leader killed, reports say; Fierce fighting erupts
- Yeltsin announces re-election bid
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Presidential Palace, Grozny » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Images externes | |
Le Palais présidentiel de Grozny en 1994 | |
Photographie du Palais | |
Le Palais présidentiel de Grozny en flammes lors des combats | |