Paradoxe du barbier

Le paradoxe du barbier est une illustration à but didactique du paradoxe de Russell, attribuée à Bertrand Russell. Il ne faut donc pas donner une importance excessive à ce « paradoxe ». Par exemple, le logicien Evert Willem Beth qualifie ce paradoxe d'« antinomie prétendue » ou de « pseudo-antinomie ».

Ne doit pas être confondu avec Théorème de Barbier.

Énoncé

On peut énoncer le paradoxe ainsi :

Le conseil municipal d'un village vote un arrêté municipal qui enjoint à son barbier (masculin) de raser tous les habitants masculins du village qui ne se rasent pas eux-mêmes et seulement ceux-ci.

Le barbier, qui est un habitant du village, n'a pas pu respecter cette règle car :

  • S'il se rase lui-même, il enfreint la règle, car le barbier ne peut raser que les hommes qui ne se rasent pas eux-mêmes ;
  • S'il ne se rase pas lui-même  qu'il se fasse raser ou qu'il conserve la barbe , il est en tort également, car il a la charge de raser les hommes qui ne se rasent pas eux-mêmes.

Cette règle est donc inapplicable. S'agit-il pour autant d'un paradoxe ? Il n'y a aucune raison de penser qu'un conseil de village ou toute autre instance ne puisse être à l'origine d'une loi absurde. De fait, loin d'être une antinomie logique, ce « paradoxe » montre qu'un barbier respectant cette règle ne peut pas exister. Il s'agit d'une illustration de ce que, si R est une relation binaire quelconque (en l'occurrence « ...rase... »), l'énoncé suivant, écrit en langage formel :

¬ ∃yx (y R x ⇔ ¬ x R x)

est une formule universellement valide du calcul des prédicats du premier ordre. On se reportera à l'article sur le paradoxe de Russell pour voir pourquoi cela peut conduire, dans le cas de la relation d'appartenance dans une théorie des ensembles trop naïve, à une antinomie, c’est-à-dire à une contradiction démontrée dans la théorie.

Comme il s'applique en fait à n'importe quelle relation (binaire), on peut en donner, avec plus ou moins de bonheur, de multiples variantes. Citons celle-ci, due à Martin Gardner[1] : est-il logiquement possible d'écrire un catalogue qui répertorie tous les catalogues ne se répertoriant pas eux-mêmes et seulement ceux-ci ? La réponse est non, puisque ce catalogue ne peut pas se répertorier, ni ne pas se répertorier.

Voir aussi

Bibliographie

  • Evert Willem Beth, Les Fondements logiques des mathématiques - Gauthier-Villars (Paris) / E. Nauwelaerts (Louvain) 1950.
  • Martin Gardner, La Magie des paradoxes, Pour la Science 1985.
  • Nicholas Falletta, Le Livre des paradoxes, Belfond / sciences, 1988. (ISBN 2-7144-1789-2)

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Martin Gardner, Aha! A two volume collection : Aha! Gotcha, Aha ! insight, (lire en ligne), « Astrologer, robot, and catalog », p. 17
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