Paranthropus aethiopicus
Paranthropus aethiopicus est le nom d'un hominidé bipède découvert en Éthiopie en 1967 par Camille Arambourg et Yves Coppens. Il aurait vécu entre 2,3 et 2,7 millions d'années.
Règne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Primates |
Famille | Hominidae |
Sous-famille | Homininae |
Genre | † Paranthropus |
- Australopithecus aethiopicus
Historique
Le premier spécimen est une mandibule édentée (holotype : Omo 18-1967-18) découverte en 1967 à Shungura, dans le sud-ouest de l'Éthiopie, à l'ouest de la rivière Omo, par une expédition française menée par Camille Arambourg et Yves Coppens. Il a été retrouvé dans des niveaux datés d'environ 2,6 millions d'années.
La découverte de cette mandibule conduisit tout de suite à la création d'une nouvelle espèce : Paraustralopitecus aethiopicus [1]. En effet, la mandibule présente des dents de forte taille qui la classent parmi les formes robustes mais l'arcade dentaire est en forme de V, ce qui justifia pour les auteurs cette création.
Cette espèce est aujourd'hui nommée Paranthropus aethiopicus [2] ou considérée par certains auteurs comme appartenant au genre Australopithecus et donc nommée Australopithecus aethiopicus.
L'appellation « aethiopicus » reste peu usitée. Beaucoup de chercheurs, notamment anglo-saxons, ignoraient même l'existence et la découverte de cette nouvelle espèce jusqu'à la mise au jour, en 1985, d'un crâne très bien conservé, dans des sédiments de la formation de Nachukui, à l'ouest du lac Turkana, datés d'environ 2,5 millions d'années [3].
Le crâne en question, répertorié sous le code KNM-WT 17000, est surnommé le « Black Skull », en raison de sa coloration noire, due à la richesse en dioxyde de manganèse du sédiment duquel il est issu. Il constitue un paratype de l'espèce Paranthropus aethiopicus, à laquelle il fut très vite rattaché. C'est sur ce paratype, le plus complet de l'ensemble des restes, que furent effectuées la plupart des observations.
Autres fossiles rattachés à cette espèce
- Omo 338y-6, calvarium d'un enfant de 10 ans, sans os frontal et sans face, qui montre des superstructures osseuses (crêtes) très développées pour son âge (daté de 2,39 millions d'années).
- L55s-33, fragment antérieur de mandibule, avec la couronne d'une prémolaire présente, provenant du niveau 6 des dépôts de l'Omo.
Morphologie
Il s'agit d'un hominidé bipède mesurant 1,50 m à 1,60 m, avec une boîte crânienne petite, basse et allongée, de capacité légèrement inférieure à celle des autres Paranthropes, de 410 cm3.
Tout le monde s'accorde pour considérer que le « Black Skull » comporte à la fois des caractères proches de Australopithecus afarensis et des caractères proches des formes robustes.
La forme de la face est celle des Paranthropes et l'arrière du crâne ressemble à celui d'Australopithecus afarensis :
- il présente une crête sagittale plus marquée encore que celle des autres espèces du genre Paranthropus, liée à la présence de muscles masticateurs très développés, une face plate et large due à des arcades zygomatiques larges et avancées pour permettre le passage des puissants muscles masticateurs, un palais large et épais, des dents de grande taille comme les autres Paranthropes (espèces macrodontes).
- cependant son prognathisme facial très prononcé, son trou occipital postérieur, le fort développement des muscles nucaux (crête nucale) attachés verticalement à l'occipital le rapprochent de Australopithecus afarensis.
Une position systématique et phylogénétique controversée
Bien qu'originellement classé dans le genre Paranthropus créé par Robert Broom en 1938, certains spécialistes considèrent qu'il doit être classé dans le genre Australopithecus créé par Raymond Dart en 1924.
Le débat au sein de la communauté scientifique n'est pas encore tranché. La morphologie de P. aethiopicus, intermédiaire entre Australopithecus afarensis et les formes robustes d'australopithécinés, est à l'origine des incertitudes quant à sa position taxinomique.
Au-delà de ce débat, la coexistence de caractères robustes et graciles sur ce fossile est à l'origine d'une remise en question de la validité du genre Paranthropus. Certains considèrent en effet que le groupe des Paranthropes est polyphylétique donc artificiel. D'autres interprètent ce mélange de caractères comme l'expression d'une forme ancestrale des Paranthropes, qui serait issue des formes graciles. Le groupe serait donc monophylétique et ce mélange de caractères devient alors preuve de la validité du genre Paranthropus.
Notes
- Arambourg et Coppens, 1967
- Arambourg et Coppens, 1968
- Walker et al., 1986
Références
- C. Arambourg, Y. Coppens. 1968. « Sur la découverte dans le Pléistocene inférieur de la vallée de l'Omo (Éthiopie) d'une mandibule d'Australopitheciné », Comptes-Rendus des séances de l'Académie des Sciences, vol. 265, pp. 589-590.
- C. Arambourg, Y. Coppens. 1968. « Découverte d'un Australopithéciné nouveau dans les gisements de l'Omo (Éthiopie) », South African Journal of Science, vol. 64, pp. 58-59.
- A.C. Walker, R.E. Leakey, J.M. Harris, F.H. Brown. 1986. « 2.5-Myr Australopithecus boisei from west of Lake Turkana, Kenya », Nature, vol. 322.
- D. Grimaud-Hervé, F. Serre, J.-J. Bahain, R. Nespoulet. 2005. Histoire d'ancêtres. La grande aventure de la préhistoire, Artcom', Paris, 4e édition, p. 30, 31, 39.
BIbliographie
- Jean-Jacques Hublin, Paranthropus, site du Collège de France, .
Voir aussi
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