Passage du Pont-Neuf
Le passage du Pont-Neuf est un ancien passage couvert du 6e arrondissement de Paris, situé entre le 44, rue Mazarine et le 45, rue de Seine. Construit entre 1823 et 1824, il a été détruit pour céder la place à la rue Jacques-Callot, percée en 1912.
6e arrt Passage du Pont-Neuf
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Photographie par Eugène Atget. | |||
Situation | |||
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Arrondissement | 6e | ||
Quartier | Monnaie | ||
Début | 44, rue Mazarine | ||
Fin | 45, rue de Seine | ||
Morphologie | |||
Longueur | 63 m | ||
Largeur | 1,70 m | ||
Historique | |||
Création | 1823-1824 | ||
Disparition | 1912 | ||
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 6e arrondissement de Paris
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Images sur Wikimedia Commons | |||
En 1867, Émile Zola en fait le théâtre de son célèbre roman Thérèse Raquin.
Histoire
L'emplacement du passage correspond aux abords de l'ancien Jeu de paume de la Bouteille, transformé en salle de spectacle au début des années 1670. Ce théâtre de Guénégaud était situé sur une parcelle limitrophe, au 42, rue Mazarine[1]. L'ancienne entrée des loges des acteurs aurait longtemps été visible dans le passage[2].
Sous la Restauration, un spéculateur décide d'aménager un passage couvert bordé de commerces entre les rues Mazarine et de Seine, dans le prolongement de la rue Guénégaud. La construction, entreprise en 1823, semble n'avoir été achevée qu'à l'automne 1824. Il faut en effet attendre le pour que Le Constitutionnel en rapporte l'ouverture[3]. Il est donc contemporain des célèbres passages couverts de la rive droite. Ces derniers avaient cependant l'avantage de relier des quartiers rénovés et, surtout, plus riches en boutiques de mode ou de luxe que ceux de la rive gauche[4].
Le passage tire son nom de la relative proximité du pont Neuf. Long de 63 ou 65 mètres[4], il débute, en entrant du côté de la rue de Seine, par une cour couverte, suivie par quelques marches menant à une galerie d'environ 1,70 mètre de large dans sa partie la plus étroite[5]. Étriqué, assez sombre et mal aéré, il fait plutôt pâle figure en comparaison de ses homologues de la rive droite. Malgré ou, plutôt, à cause de cet aspect peu engageant, il inspire des écrivains tels qu'Alexandre Dumas, qui y fait passer Mme Danglars dans Le Comte de Monte-Cristo (1844-1846), et Émile Zola, qui immortalise le passage dans son roman Thérèse Raquin (1867).
Au début du XXe siècle, on y trouve notamment l'hôtel Abry, maison meublée dont l'une des chambres a été habitée à partir de 1902 par Jean-Séraphin Mattis, un garçon de café connu pour avoir agressé le président Fallières le [6].
- No 44, rue Mazarine (dessin de Léon Leymonnerye, ).
- No 45, rue de Seine (idem).
Proposée dès 1842 par Léon de Laborde[7] et discutée au Conseil municipal de Paris au moins depuis 1908[8], l'ouverture d'une rue carrossable aux dépens du passage est réalisée en 1912. La nouvelle voie ainsi percée reçoit la même année le nom de « rue Jacques-Callot ».
Outre le passage, le 43, rue de Seine et le 42, rue Mazarine sont partiellement démolis. Ces destructions mettent en péril le 46, rue Mazarine, dont le mur latéral nord, fissuré, doit alors être étançonné, ce qui gêne aussi bien la vue que le passage. La Première Guerre mondiale empêche la résolution du problème et ce n'est qu'en que le Conseil municipal autorise le préfet à acquérir le no 46 en vue de sa démolition. À cette fin, une déclaration d'utilité publique est effectuée deux ans plus tard[9].
Témoignages et descriptions littéraires
Notes et références
- Auguste Vitu, « La Comédie française à la rue Mazarine », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, Paris, Champion, 1883, p. 163-165.
- Frédéric Lock, « Les théâtres de Molière », Musée universel, premier semestre 1873, p. 319.
- Le Constitutionnel, 17 novembre 1824, p. 3.
- Geist, p. 323.
- Bulletin municipal officiel de la ville de Paris, 27 septembre 1917, p. 2662.
- Le Journal, 26 décembre 1908, p. 1-2.
- Léon de Laborde, Projets pour l'amélioration et l'embellissement du 10e arrondissement, Paris, Jules Renouard & Cie, 1842, p. 19.
- Louis Dausset, Rapport général présenté au nom du Comité du budget et du contrôle sur le projet de budget supplémentaire de 1908 et le projet de budget de la ville de Paris pour 1909, Paris, Imprimerie municipale, 1909, p. 429.
- Bulletin municipal officiel de la ville de Paris, 10 décembre 1927, p. 5135-5136.
- Joseph Pain, Nouveaux tableaux de Paris, ou Observations sur les mœurs et usages des Parisiens au commencement du XIXe siècle, t. I, Paris, Pillet aîné, 1828, p. 34-35.
- Émile Zola, Thérèse Raquin, deuxième édition, Paris, Librairie internationale, 1868, p. 11-14.
- Jean Lorrain, Fards et poisons, Paris, Ollendorff, 1903, p. 14-15 et 26.
- Georges Cain, « Le Passage du Pont-Neuf », Le Figaro, 5 mai 1912, p. 1.
- Albert Flament, « Tableaux de Paris », La Revue de Paris, 1er décembre 1928, p. 1.
Bibliographie
- Johann Friedrich Geist, Le Passage. Un type architectural du XIXe siècle, Liège, Pierre Mardaga éditeur, 1989, p. 323.
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