Pastiches et éditions pirates de Tintin
Comme tout « classique » digne de ce nom, l'œuvre d'Hergé n'a pas échappé au monde des contrefaçons, imitations et autres parodies. Celles-ci sont très nombreuses et il est difficile de les répertorier de façon exhaustive.
Pour les articles homonymes, voir Tintin (homonymie).
Les éditions pirates d'œuvres de Hergé
Hergé a parfois accepté des adaptations parallèles auxquelles il a travaillé en dehors des albums. Ces œuvres parallèles ont, le plus souvent, été éditées ou rééditées sous forme d'albums pirates. Les éditions pirates d'albums officiels de Tintin sont liées soit à la non-réédition volontaire de l'album (Tintin au pays des Soviets), soit à l'existence d'histoires inachevées, soit à celle de versions antérieures ou différentes de l'album publié chez Casterman.
Œuvres, hors séries, reconnues par Hergé
En dehors des publications officielles (celles des éditions du Petit Vingtième puis de Casterman), il existe des versions des Aventures de Tintin parallèles, sous la signature d'Hergé[réf. à confirmer][1] (telles que, par exemple les planches que Cœurs vaillants publie dès les années trente avec des retouches[réf. à confirmer][2]). Ainsi, dans les années 1940, sous le nom d'Hergé et avec son accord, des histoires dans lesquelles apparaît Tintin sont éditées ou produites, sans être le résultat de son seul travail : c'est le cas de deux spectacles pour enfants[réf. à confirmer][3] (Le Mystère du diamant bleu et Monsieur Boullock a disparu écrits en 1941 avec Jacques Van Melkebeke), de deux récits illustrés écrits par Paul Kinnet et P. Roquette (l'un, Dupond et Dupont détectives, illustré par Hergé (1943), et l'autre Tintin et Milou chez les Toréadors probablement illustrée par les ateliers Hergé). Dans les années 1970, un film d'animation dont le scénario a été écrit par Greg, Tintin et le Lac aux requins, donne lieu à deux transcriptions en bandes dessinées réalisées par les Studios Hergé (l'une parue en album officiel dans un style identique à celui du dessin animé, l'autre, éditée en strips pour la presse, sous la direction de Bob de Moor dans un style proche des albums[réf. à confirmer][4]). Ces œuvres ont donné lieu à des éditions pirates.
Albums pirates des œuvres de Hergé
Pour Tintin au pays des Soviets, la réédition officielle limitée à 500 exemplaires numérotés (1969) et les neuf autres éditions pirates qui suivirent sont des objets rares et convoités. En effet, c'était le seul album n'ayant pas été repris en couleurs par Casterman, Hergé ayant préféré laisser cette première aventure à tonalité politique un peu trop maladroite de côté. Cependant, la popularité de Tintin croissant sans cesse, l'album devint une légende et pratiquement introuvable. Pour le quarantième anniversaire de la série, en 1969, on procéda à une réédition hors-commerce de 500 exemplaires numérotés, ce qui ne fit qu'accentuer le mythe entourant l'album. Dans les années 1970, la forte demande lança une vague d'éditions pirates de qualité douteuse et hors de prix. Hergé s'adressa d'abord aux tribunaux mais, voyant le phénomène perdurer, il consentit à publier Tintin au pays des Soviets dans les Archives Hergé pour couper l'herbe sous le pied des faussaires. Loin de disparaître, de nouvelles éditions pirates réapparurent, de bien meilleure qualité et imitées avec soin. Finalement, pour mettre fin à ce marché parallèle, Casterman publia un fac-similé en tout point semblable à l'original en 1981, initiative couronnée de succès et qui fait l'objet de rééditions officielles en différents formats. Est-il ainsi mis définitivement fin aux albums sans droits d'auteur ? Presque, car une nouvelle version à faible tirage de l'album est parue aux éditions « Castelman » avec une mise en couleurs et une nouvelle couverture...
Outre Tintin au pays des Soviets, plusieurs autres histoires de Tintin ont été victimes d'éditions pirates: dès la parution des aventures de Tintin dans Cœurs Vaillants, des retouches, en particulier de couleurs sont faites souvent sans l'accord de l'auteur. La recherche des inédits et des variantes provoque les éditions en grand format du Temple du Soleil tirées des planches de Tintin, du Naufrage de la Licorne, reprenant les strips du Soir et des hors-texte en noir et blanc, des planches annotées du Lotus bleu, ainsi que la première version noir et blanc de Tintin au pays de l'or noir parue dans le Petit Vingtième.
À l'étranger, de nombreuses éditions non autorisées existent (la plus célèbre étant celle d'un éditeur chinois qui a traduit Tintin au Tibet par Tintin au Tibet Chinois). Un éditeur d'Istanbul publia même vingt-deux petits albums plus ou moins inspirés des originaux, plongeant parfois Tintin dans des aventures pour le moins étranges dans un univers proche de celui de Flash Gordon. Ce cas est intermédiaire avec les parodies et pastiches.
Pastiches et parodies
On peut identifier trois types de pastiches: d'une part ceux qui, à partir de 1977 visent à combler l'attente du dernier album de Hergé et l'opposition de ses héritiers à toute continuation de l'œuvre. D'autre part, les parodies qui prennent le contre pied des options asexuées et politiques de l'œuvre. Enfin ceux qui visent à rendre hommage à l'univers de Tintin.
Les pseudo inédits et continuations
Hergé et son studio ont parfois créé des planches hors album : en plus d'une planche originale que l'on peut qualifier de cartoon autoparodique (Stars and Stripes 1972 pour un congrès de dessinateurs aux USA) ou de publicités ("Tintin chez le libraire") réalisées par Hergé ou son studio, certaines planches de Tintin ont été présentées comme étant des inédits d'Hergé. C'est le cas d'une planche réalisée par le studio d'après les brouillons d'Hergé, mais sans son accord, dans le cadre de la préparation de Tintin et les Bigotudos[5]. C'est (pour un premier avril) aussi le cas d'une planche inventée publiée par la revue Circus[6] qui était censée faire partie d'une aventure supposée inédite (Tintin et le parfum invisible). À partir du décès de Hergé, avec la sortie de Tintin et l'Alph-Art, plusieurs dessinateurs ont entrepris de terminer l'ultime aventure de Tintin, ce qui leur a attiré les foudres de la Fondation Hergé. Chacun donne une fin différente puisque le scénario disponible chez Casterman reste incomplet. Parmi les plus connus l'album de 62 pages publié en Suisse sous le pseudonyme de Ramo Nash, et la version d'Yves Rodier, surtitrée Hommage à Hergé, éditions Castafiore, qui entame aussi une version d'Un jour d'hiver, dans un aéroport et met en forme les planches du Tintin et le Thermozéro.
Les parodies et pastiches
En dehors de ces « faux » on ne compte plus les imitations de l'œuvre d'Hergé. Déjà, dans Le Petit Vingtième, on invitait les jeunes lecteurs à publier leurs dessins « à la manière d'Hergé ».
Des parodies ou pastiches politiques sont nombreux. Dès la fin de la guerre, le journal La Patrie publia des strips visant à condamner l'attitude de Hergé au Soir volé : Les Aventures de Tintin et Milou au pays des nazis. En 1972, l'Internationale situationniste réalisa des parodies conservant le dessin original, les textes ayant été modifiés, ce qui donna Le Capital aux pinces d'or et La Route du Soleil. Un Tintin mon copain publié en 1994, aurait été écrit par Léon Degrelle et ses exemplaires ont été retirés de la vente en France. Ces pastiches ne se cantonnent pas au monde francophone. Dans les années 1980, le magazine satirique américain National Lampoon publia une parodie intitulée Tintin in Lebanon et diffusée en France dans le magazine Rigolo.Tintin y est invité par le vice-président américain George Bush à lancer un missile nucléaire sur Beyrouth… Dans Breaking Free de J. Daniels publié en anglais aux éditions Attack international (170 pages), Tintin devient un activiste d'extrême gauche. De nombreuses parodies et détournements se contentent de modification du texte, comme Tintin au pays du Conseil utilisant comme support l'album des Soviets, ou assemblent des vignettes en provenance de différents albums avec un texte nouveau comme pour L'énigme du 3e message, Tintin et la Webcensure, Tintin en Irak ou Tintin et les témoins de Jéhovah[7], ajoutant parfois des cases plus maladroites comme dans Les Harpes de Greenmore
En février 2011, la revue d'art Collection publie sur son blog officiel un détournement de l'album sous le titre Tintin au Congo à poil. L'album y est repris intégralement avec un unique changement : Tintin est représenté nu durant toute l'aventure, portant seulement ses chaussures et parfois un chapeau. Ce détournement critique l'image de « bon sauvage » généralement appliqué aux Noirs par les colonialistes. L'auteur de cette parodie a par la suite préféré la retirer du blog de Collection mais d'autres sites ont continué à en diffuser une copie[8],[9].
La « pureté » de Tintin prête aussi le flanc à des pastiches sexuels ou ironiques comme Tintin en Suisse et La Vie sexuelle de Tintin de Jan Bucquoy, (interdit de vente en Belgique et en France à la suite d'un procès pour plagiat, mais autorisé en Hollande, où il engendra ses propres imitations), ou Tintin en Thaïlande, sorti en 1999, et L'Affaire Roswell chez Masterman (22 pages).
D'autre part, plusieurs dessinateurs réalisèrent leur propre adaptation des dessins et/ou des personnages de Hergé, parmi lesquels Cabu, Pétillon, Exem, Moebius et Wolinski, qui dessina les trois planches de Tintin pour les dames. Il s'agit en général d'œuvres hommage. Exem utilise Tintin comme contre-héros dans les courts récits : Zinzin maître du monde et Le Jumeau maléfique (Éditions Tchang, Genève 1984). Dans le style d'Hergé, Harry Edwood publie les planches de La Voie du lagon.
En 2011, Les aventures de Saint-Tin et son ami Lou[10], une série de romans pastiches de Gordon Zola (ou Herve Mestron), dont les couvertures sont aussi des pastiches des couvertures originales, sont publiés par les éditions du Léopard Masqué malgré une tentative en justice pour les faire condamner pour « contrefaçon ». Sans oublier le fameux « Tientien en Bordélie » en 3 pages dans les célèbres « Pastiches » de Roger Brunel (Première édition en 1981, repris dans le « Pastiches Best of » et « Le meilleur des Pastiches » en 2006 aux éditions Glénat).
La politique très restrictive de la fondation Hergé limite ces éditions, ou ces travaux, y compris sur le net.
Objectif Monde
Peut-être pour répondre aux critiques liées à l'interdiction systématique des parodies, un pastiche en forme d'hommage fut autorisé par les ayants droit pour les tintinophiles lecteurs du Monde le . Pour ponctuer le festival d'Angoulême et le 70e anniversaire de Tintin, le journal parisien publia un pastiche signé Didier Savard, intitulé Objectif Monde. La courte histoire de 24 planches est riche en références historiques et l'univers d'Hergé dans son entier est exploité au fil des pages.
Notes et références
- « chrono », sur www.bellier.org (consulté le ).
- « Informations », sur www.bdgest.com (consulté le ).
- http://fan-toys.over-blog.com/article-tintin-au-theatre-en-1941-78885525.html.
- Prad et Luc Van Gong, « Le lac aux requins », sur naufrageur.com (consulté le ).
- « La planche bidon », sur www.naufrageur.com (consulté le ).
- « Circus », sur tintinpirates.free.fr (consulté le ).
- Tintin et les témoins de Jéhovah.
- « Tintin au Congo (à poil) », sur issuu.com, (consulté le ).
- « Tintin au Congo à poil », sur tintinaucongoapoil.tumblr.com (consulté le ).
- « Le droit à la parodie existe encore », sur le jipiblog, (consulté le ).
Bibliographie
- Benoît Peeters, Le monde d'Hergé, Tournai, Casterman, , 2e éd. (1re éd. 1983), 320 p. (ISBN 2-203-23124-6)
- Alain-Jacques Tornare, Tint'interdit — Pastiches et parodies, Éditions de Penthes — Éditions Cabédita, , 48 p. (ISBN 978-2-88295-697-2)
Liens externes
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