Paul Graziani (archiviste)
François-Paul Graziani, né le à Marseille et mort le à Ajaccio, est un archiviste et historien français, connu pour ses recherches sur l'histoire de la Corse.
Pour les articles homonymes, voir Graziani.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 49 ans) Ajaccio |
Nom de naissance |
François-Paul Graziani |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Biographie
Paul Graziani est le fils de Dominique Sampiero Graziani, natif de Bastia (lui-même fils de Marie-Thérèse Massiani, institutrice et directrice d'école), instituteur à Eyguières puis professeur au Lycée Thiers de Marseille, et de Marie-Rose Foyer d'une famille poitevine installée à Marseille au début du XIXe siècle.
Il passe son enfance à Marseille et ne va en Corse que rarement. Il obtient une bourse d'étude pour s'inscrire au lycée Lakanal. À 18 ans, il est reçu bachelier, est lauréat du concours général[2] et vise une licence ès-lettre à la Sorbonne[3]. Au bout de trois ans, il obtient sa licence et entre à l'École des chartes en 1903.
Paul Graziani y soutient deux thèses. La première, en 1908, porte sur La Provence au milieu du XIIIe siècle[4], la seconde, en 1909[5], s'intitule Maillebois et l'insurrection en Corse (1739-1741). Durant cette période, il publie des articles dans différents journaux tels que le Lemouzi, La France catholique, Le Sémaphore de Marseille (où il écrit un article sur le poète Abel Bonnard), et Le Feu. Il devient secrétaire de la Société bibliographique[6] et donne des conférences, comme celle du à Paris où, devant les étudiant de l'Action Française, il expose sa préférence pour le fédéralisme plutôt que la décentralisation[7]. Il publie deux livres d'histoire religieuses, le premier en 1906, Boniface VIII et le premier conflit entre la France et le Saint-Siège, le second en 1907, Sixte-Quint et la réorganisation moderne du Saint-Siège. Il rencontre plusieurs personnalités politiques et littéraires qui deviendront ses amis, tels que Louis Marin, le général Édouard de Castelnau[8], Jean Charles-Brun[9] et surtout Émile Ripert.
En 1910, il est archiviste-bibliothécaire à Bayonne et y reste jusqu'en 1916, où il est nommé archiviste départemental de Corse[10]. Il s'installe à Ajaccio et peut à loisir puiser dans les archives et les documents qui l'aideront à reconstituer une véritable histoire de l'île. En 1925, il crée la revue savante Kyrnos dont il devient le directeur et où Émile Ripert et Jean-Baptiste Marcaggi sont ses collaborateurs[11]. Le 18 octobre 1926, il découvre l'acte de baptême de Pascal Paoli, daté du [12]. Ardent catholique, il s'inscrit dans plusieurs associations religieuses auxquelles il participe activement[13].
Il noue également de bonnes relations avec l'autonomiste Petru Rocca, et devient trésorier de son parti politique du P.C.A (Partittu Corsu d'Azione en 1923 puis Partittu Corsu Autonomistu en 1926)[14]. Il est fiché dès par la Sûreté nationale[15]. Il quitte régulièrement la Corse pour l'Italie pour ses recherches, et y rencontre de nombreux fascistes qui deviennent ses amis[16], ce qui ne calme pas les inquiétudes des services secrets français. Sa plus grande erreur est d'accompagner Pierre Rocca et Hyacinthe Yvia-Croce au troisième Congrès du parti autonomiste breton en prenant le pseudonyme de Pasquale Manfredi, connaissant les conséquences potentielles de son déplacement[17]. Mais une photo prise par les journalistes de Breiz Atao permet aux services secrets français de l'identifier malgré son pseudonyme[18].
Suspicieux à son encontre, le ministère de l'intérieur demande son affectation dans un autre département[19]. Mais le déplacement d'un archiviste nécessitant d'abord une inspection générale, Henri Courteault, directeur des Archives de France, décide avec l'accord de Paul Graziani, l'envoi d'un inspecteur en Corse.
L'année 1931 est pour Paul Graziani une annus horribilis. L'inspecteur Charles Schmidt ne trouve certes pas d'éléments prouvant qu'il soit un autonomiste virulent, mais il rapporte que son travail manque d'organisation et de rigueur[20]. En juillet, son fils Pierre décède d'une typhoïde maligne. En août, sur le point de publier une biographie de Pascal Paoli, il tombe malade et meurt le 11 du mois. Le , ses obsèques ont lieu à Ajaccio, au cours desquelles plusieurs journalistes, religieux et hommes politiques de l'île lui rendent un dernier hommage[21].
Publications
- « Pétrarque et les Limousins » avec P. L'Escuro, Lemouzi, 1903 (lire en ligne)
- « Mistral » (hommage à Frédéric Mistral), Chronique des livres, 1904 (lire en ligne)
- « La Fête virginale d'Arles », Revue hebdomadaire, 1905, (lire en ligne)
- Boniface VIII et le premier conflit entre la France et le Saint-Siège, Paris, Bloud & Cie Ed., 1906 (lire en ligne)
- « Un nouveau poète », Le Sémaphore de Marseille, 16 juin 1906 (lire en ligne)
- « Les socialistes et la séparation », La France catholique, 30 décembre 1906, (lire en ligne)
- Sixte-Quint et la réorganisation moderne du Saint-Siège, Paris, Bloud & Cie Ed., 1907 (lire en ligne)
- « Les idées morales de Mme de Sévigné », La France catholique, 27 janvier 1907 (lire en ligne)
- « Chronique historique », Le Feu, 1er décembre 1907 (lire en ligne) et 1er septembre 1908 (lire en ligne)
- La Provence au milieu du XIIIème siècle, Thèse, 1908 (lire en ligne)
- Maillebois et l'insurrection en Corse (1739-1741), Thèse, 1909 (lire en ligne)
- « Une œuvre de Simonneau », Bulletin de la Société des sciences et arts de Bayonne, 1er janvier 1910 (lire en ligne)
- « Un coup d’État à Lisbonne en 1824 », Le Feu, 1er novembre 1910 (lire en ligne)
- Sur l'origine et les traditions basques, Courrier-Noël, 1911
- « Bibliothèque municipale, dernières acquisitions », Bulletin de la Société des sciences et arts de Bayonne, 1er janvier 1911 (lire en ligne)
- « Les livres curieux de la Bibliothèque de Bayonne », Bulletin de la Société des sciences et arts de Bayonne, 1er janvier 1916 (lire en ligne)
- « L'université corse », Le Colombo, 12 mars 1919 (lire en ligne)
- « Une magistrature agricole en Corse au XVIe siècle », Revue de la Corse, 1920
- « Le droit à la vendetta et les paci corses », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, 1921 (lire en ligne)
- « Dialecte corse et culture italienne », Ajaccio-Journal, 6 juin 1921
- « Christophe Colomb et la Corse », Revue de la Corse, janvier-février 1922
- « Colonna de Cesari Rocca », Revue de la Corse, septembre-octobre 1922
- Pontenôvu 9 Maghiu 1769, livre P.C.A , 1923 (lire en ligne)
- « Le régionalisme de Barrès », Le Petit Corse, 16 décembre 1923
- « Formation et développement de la nationalité corse », Kyrnos no 1, 1925
- « Cadet, procureur en Corse », Kyrnos, no 2, 1925
- L'ALMANACCU DI A MUVRA, A MUVRA, 22 mars 1925 (lire en ligne)
- « L'enseignement de l'italien en Corse », A Muvra, 17 janvier 1926
- « L'acte de baptême de P. Paoli », Le Petit Bastiais, 18-19 octobre 1926
- Préface de l'Anthologie des écrivains corses de Hyacinthe Yvia-Croce, 1er janvier 1929[22]
- « Encore Cristophe Colomb », A Muvra, 30 mars 1930 (lire en ligne)
- « La révolution de Juillet et la Corse », A Muvra, 3, 10 août 1930
- Préface de l'Histoire de l'Église corse de l'abbé Casanova, Sylvestre Bonaventure, 1931 (lire en ligne) [PDF]
- « La Canonica et sa région », La Corse touristique, janvier-février 1931 (lire en ligne)
- « La Corse et la protection des monuments et des sites », La Corse touristique, janvier-février 1931
- « Chronique de Corse », L'Écho d'Oran, 13 juin 1931 (lire en ligne)
Poèmes
Paul Graziani fut le sujet d'inspiration de ses amis poètes, tels que :
- Le Rat de bibliothèque d'Abel Bonnard, 1906[23]
- Le Train Bleu ou épître corse d'Émile Ripert, 1925[24]
- Bruno Durand, « L'archiviste », dans Petite suite corse (poèmes), Le Feu,
- À la mémoire de Paul Graziani d'Emile Ripert, 1933[25]
Notes et références
- (co + et + fr) « Almanaccu di A Muvra (1932) 1932 » [PDF], sur bucullezzione.univ-corse.fr et gallica.bnf.fr
- Matthieu Ollangnier, « Concours général », Le Petit Bastiais, , p. 1 (lire en ligne)
- page 136 du "Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse", 2005, fascicules No 710 et 711.
- René DE LESPINASSE, Bibliothèque de l'École des Chartes, Paris, Droz (Paris), , 766 p. (lire en ligne), p. 258
- René DE LESPINASSE, Bibliothèque de Bibliothèque de l'École des Chartes, Paris, Droz (Paris), , 714 p. (lire en ligne), p. 186
- Société d'économie sociale, La Réforme sociale / publiée par un groupe d'économistes avec le concours de la Société d'économie sociale, de la Société bibliographique, des Unions de la paix sociale, et sous le patronage de M. F. Le Play ; rédacteur en chef : M. Edmond Demolins, Paris, Secrétariat de la Société d'économie sociale (Paris), , 970 p. (lire en ligne), pp108-112
- L’Action française, 7 mai 1908 p. 2/4, (lire en ligne)
- Rubrique nécrologie du journal La Bastia Journal du , que l'on peut trouver en version numérisée sur le site des archives de Corse puis presse régional ensuite sélectionner Le Bastia Journal et ouvrir celui de à (vue 152/222).
- SAIMPRE, « Deuil », Journal des débats politiques et littéraires, , p. 2 (lire en ligne)
- Association des anciens élèves de lettres et sciences humaines des universités de Paris., Bulletin / Association des élèves et anciens élèves de la Faculté des lettres de Paris, Paris, , 23 p. (lire en ligne), p. 16
- Pierre Rocca (dir.), « un événement "La revue Kyrnos », A Muvra : bulletin régionaliste de l'île de Corse, , p. 3/4 (lire en ligne)
- mentionné dans la nécrologie de L'Avenir du Tonkin du 3 octobre 1931 page1/8 (lire en ligne) et sur Pascal Paoli: Père de la patrie corse d'Antoine-Marie Graziani, Tallandier Ed., 16 avril 2002.
- Rubrique nécrologie du journal "La Corse Catholique" du 20 août 1931, que l'on peut trouver en version numérisée sur le site des archives de Corse puis "presse régional" ensuite sélectionner "La Corse Catholique" et ouvrir celui de 1927 à 1931( vue 149/183).
- Pierre Rocca (dir.), Pontenôvu 9 Maghiu 1769, Ajaccio, Stamparia di A. Muvra, , 20 p. (lire en ligne), p. 20
- page 154 du "Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de la Corse", 2005, fascicules No 710 et 711
- Alain VENTURINI, « L'AUTONOMISME CORSE DANS L'ENTRE-DEUX-GUERRES : A MUVRA », sur https://histoire-image.org,
- H. Yvia-Croce dans son hommage à Paul Graziani en langue corse, dans l'Almanaccu di A Muvra de 1932 pages 72 et 73, évoque cette événement.(lire en ligne)[PDF]
- Archives nationales, cote AB/IVc/79, dossier 7, lettre adressée au directeur de la Sûreté générale, contrôle des services administratifs et contrôle des recherches judiciaires, 18 octobre 1929.
- Archives nationales, cote AB/IVc/79, dossier 7, lettre du ministre de l'intérieur(Sûreté générale) au ministre de l'instruction publique (Cabinet), 17 décembre 1930.
- Archives nationales, cote AB/IVc/79, dossier 7, lettre de Charles Schmidt à Nicolas de Susini, directeur de l'hebdomadaire La Nouvelle Corse.
- "A MUVRA " numéros 447, 15 août-septembre 1931,que l'on peut trouver en version numérisée sur le site des archives de Corse puis "presse régional" ensuite sélectionner "A MUVRAl" et ouvrir celui de 1931( vue 97/157).
- H. YVIA-CROCE, « Antologia di i Scrittori Corsi (Anthologie des Ecrivains Corse) », A Muvra : bulletin régionaliste de l'île de Corse, , p. 2 (lire en ligne)
- Abel Bonnard, Les familiers, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, , 260 p. (lire en ligne), p. 39
- Auguste Pierre Garnier, La Muse française : revue du mouvement poétique, Paris, , 479 p. (lire en ligne), p. 456-458
- François Pietri (dir.), La Corse touristique : organe mensuel des intérêts insulaires : économique, historique et littéraire, Ajaccio, , 207 p. (lire en ligne), p. 178-180
Voir aussi
Bibliographie
- Deborah Paci, Le mare nostrum fasciste. L'espace politique et culturel en Corse et à Malte au temps du fascisme italien, Rome, OpenEdition journals, (ISSN 1123-9891, OCLC 1029863309, lire en ligne)
- (fr + et + co) Diunisu Paoli, Dumenicu Agostini, Dumenicu Marfisi, G. M Geronimi, Ghiuvanni Olivieri, Hyacinthe Yvia Croce, Paulu Giuseppelli, Saveriu Paoli et Simonu di li Lecci, In morte di Paulu Graziani : accadatu l'11 agostu 1931, Ajaccio, Stamparia di A Muvra Ed., , 16 p. (OCLC 864179763, SUDOC 173111505)
- Émile Ripert, Le Dernier vol de l'aigle, roman corse (1927), Paris, Flammarion Ed., , 284 p. (OCLC 491956575, SUDOC 086853457)
- Francis Pomponi, Histoire de la Corse, Paris, Hachette Ed., , 447 p. (ISBN 2010038592, OCLC 419234287, SUDOC 000271276)
- (fr + et + co) Hyacinthe Yvia-Croce et U Sampetracciu., « Paul Graziani (1882-1931) », dans Dumenicu Marfisi, Pasquale Manfredi, P. di C., U Sampetracciu, Martinu Appinzapalu, Leca di Furcatu, M.A. di Chidazzu, Paduvanellu di Curzu, Dumenicu Agostini, G. M. Geronimi, G. di la Grotta, Hyacinthe Yvia Croce, Ghiuvanni Olivieri, Diunisu Paoli, Simonu di li Lecci, Saveriu Paoli, Paulu Giuseppelli, Almanaccu di A Muvra (1932), Ajaccio, Stamparia di A Muvra Ed., , 172 p. (lire en ligne), p. 70-75
- Jean-Paul Pellegrinetti et Ange Rovère, La Corse et la République : la vie politique de la fin du Second Empire au début du XXIe siècle, Paris, Éd. du Seuil, , 679 p. (ISBN 2020526298, OCLC 231986255, SUDOC 078179130)
- Marie-Claude Delmas-Bartoli, L'énigme Paul Graziani, archiviste départemental de 1916 à 1931, Paris, ENS Ed., , 40 p. (OCLC 493568685, SUDOC 105979775)
- A Muvra, Pierre Rocca (dir.), Ajaccio, no 447, 15 août-1er septembre 1931
Liens externes
- Orsu Ghjuvanni Caporossi, « Le répertoire des personnages (le who's who corse) », sur Cronica di A CORSICA
- Jean-Charles Bédague et Damien Vaisse, « Archives de l'École des chartes (1821-1945) : Répertoire numérique détaillé de la sous-série 93AJ » [PDF], sur Archives nationales (France),
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- Bibliothèque nationale de France (données)
- Système universitaire de documentation
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque royale des Pays-Bas
- Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale
- Bibliothèque apostolique vaticane
- WorldCat
- Portail de l’historiographie
- Portail de la France
- Portail de la Corse
- Portail du XXe siècle