Paul Queney

Paul Queney (Lyon 4e, - Boulogne-Billancourt, [1]) est un météorologue français de réputation internationale. Ce scientifique était un précurseur dans la modélisation numérique du temps à venir et il a fait avancer de manière décisive la météorologie en tant que science. Il fut un grand précurseur à la théorie sur les ondes de montagne et en particulier il fut le premier auteur à donner une explication claire à la formation des rotors. Ses travaux furent initialement assez peu cités mêmes s'ils furent reconnus sur le tard. Ainsi, il fut le premier scientifique à expliquer les ondes orographiques et ses résultats précédèrent de 13 ans les résultats désormais célèbres de Richard Scorer.

Paul Queney
Naissance
4e arrondissement de Lyon ( France)
Décès
Boulogne-Billancourt ( France)
Nationalité Français
Domaines Météorologie
Institutions Faculté des sciences de Paris
Diplôme Docteur ès sciences, (Université de Paris)
Renommé pour Ondes orographiques, rotors

Biographie

Paul Queney est né à Lyon en 1905. Il réussit le concours d'entrée à l'École normale supérieure à l'issue de laquelle il réussit le concours de l'agrégation. Il fut ensuite affecté en tant que météorologue adjoint à l'Institut de Météorologie et Physique du Globe de l'Algérie[2]. Pendant ce temps, il préparait sa thèse sur l'influence du relief sur les éléments météorologiques qu'il soutint en 1936. Il fut ensuite nommé professeur à la Faculté des sciences de Paris, où il occupa la chaire de météorologie dynamique de l'atmosphère, et fonda en 1956 le Laboratoire de physique de la basse atmosphère[3], laboratoire devenu Laboratoire de météorologie dynamique par fusion en 1968 avec un groupe dirigé par le professeur Pierre Morel[4].

Recherches sur les ondes orographiques et autres effets similaires

Les ondes orographiques sont particulièrement puissantes et ont provoqué de nombreux accidents aériens où les avions s'écrasaient contre les montagnes. À l'époque de Queney, les ondes orographiques n'étaient pas comprises par les pilotes et une légende voulait que l'altimètre et le variomètre étaient déréglés[5]. Cependant il a développé une théorie qui s'est avérée valable mais qui fut alors peu connue dans le monde anglo-saxon. Cette théorie montrait clairement que les instruments de bord fonctionnaient.

Paul Queney publia ses résultats dans la thèse d'État intitulée « Recherches relatives sur l'influence du relief sur les éléments météorologiques » en 1936, soit 13 ans avant les travaux de Richard Scorer. La théorie développée est toujours d'actualité et est citée dans l'ouvrage de Jean-Marie Clément[6] qui traite de l'exploitation des ondes orographiques en planeur pour effectuer de gigantesques vols (de l'ordre de 3 000 km). Ce livre donne accès à l'original de la thèse de Queney sous forme de document PDF. Queney a participé à la 5e conférence de l'organisation scientifique et technique du vol à voile en 1955 où il a présenté son papier précurseur sur la formation des rotors basé sur la théorie de l'œil de chat[7]. Ces rotors peuvent être plus violents que de gros cumulonimbus et ont déjà brisé plusieurs planeurs. Ce papier a eu un impact très limité et la communauté scientifique s'était totalement désintéressée du sujet jusqu'à ce que les recherches reprissent au début des années 2000 en utilisant des puissances de calcul considérables. En comparaison, l'explication de Queney est très simple et ne nécessite aucun ordinateur.

Grâce à un modèle très simplifié, Paul Queney démontra que par flux de nord-ouest, une dépression dynamique se forme sur le golfe de Gênes appelée dépression du golfe de Gênes (ou dépression ligure). Ainsi, par un vent de 40 nœuds, en supposant que l'épaisseur de la chaîne des Alpes est 200 km, alors, le déficit de pression sera 5,2 hPa ce qui correspond à peu près au creux barométrique mesuré par violent mistral en Basse Provence. En outre, le vent sera de secteur est sur la Côte d'azur[8].

Enseignement et recherche

Paul Queney était titulaire d'une chaire prestigieuse à l'Université de Paris et n'a plus publié d'articles de recherche proprement dite. Cependant, il a participé à la rédaction d'un ouvrage de synthèse[9] concernant la météorologie des montagnes auprès de l'organisation météorologique mondiale. Cet ouvrage est aussi (partiellement) disponible sur le site TopFly, l'URL du document étant documentée dans l'ouvrage précédemment cité[10]. Il a aussi publié à la fin de sa vie (en 1974) un livre appelé « Éléments de météorologie »[11].

Il travailla sur d'autres sujets relatifs à la structure de l'atmosphère. Il fut le premier à reconnaître que la haute stratosphère est chaude à cause de l'absorption des rayons ultraviolets. Il nomma cette région « couche chaude »[12].

Il est aussi un précurseur de la prévision numérique du temps. Carl-Gustaf Rossby assembla une équipe de météorologistes (terme employé à l'époque) et de mathématiciens pour numériser les prévisions météorologiques[13]. Ces recherches furent effectuées sous l'égide du Weather Bureau et de l'armée américaine. Rossby embaucha son ami Paul Queney qui était à l'époque directeur de l'Institut du globe de l'Université d'Alger. Cependant, Paul Queney quitta le projet en en partie à cause de ses relations distantes avec John von Neumann et de sa maîtrise limitée de la langue anglaise[14]. De plus, il fut reproché à Queney de développer des modèles « peu réalistes »[14],[Note 1].

Activités au sein d'organisations internationales

Paul Queney fut élu vice président de l'Association Internationale de Météorologie et des Sciences de l'Atmosphère qui est une des branches de l'Union géodésique et géophysique internationale au cours de la IXe assemblée générale de cette dernière. Cette élection eut lieu en [16]. Nominalement, l'Académie des sciences est le représentant de la France au sein de cette organisation. Queney fut ensuite élu Président de la section 5 (météorologie) du Comité national français de géodésie de géophysique (qui dépend de l'UGGI) pendant la période 1964-1967. Le siège de ce comité est sis à l'Académie des sciences[17].

Ainsi, Paul Queney était un acteur influent de l'UGGI. Il fut noté au cours de la XIIe assemblée générale de l'Association Internationale de Météorologie et de Physique de l'Atmosphère, qu'il effectua une « communication sur le mécanisme de l'entretien de la circulation de la troposphère qui semble avoir suscité de l'intérêt »[18]. Pour des raisons inconnues, Paul Queney n'a pas eu de relation particulière avec la Société météorologique de France.

Il participa aussi au comité consultatif de recherche sur la zone aride de l'UNESCO en tant que représentant de la France et qu'expert[19],[20].

Rédaction d'ouvrages grand public

Paul Queney a participé à la rédaction de l'Encyclopédie de la Pléiade concernant le volume relatif à la géographie physique[21].

Notoriété et prix

Il est maintenant reconnu que Paul Queney est le précurseur de la théorie des ondes orographiques. Des ouvrages faisant autorité, comme l'ouvrage de Cotton Storm and Cloud Dynamics[22], reconnaissent clairement la paternité de la théorie à Paul Queney et non à Richard Scorer.

Paul Queney reçut plusieurs prix de la part de l'Académie des sciences. En particulier, il reçut le prix Gay en 1965[23] et le grand prix Jaffé en 1975, « Pour l’ensemble de ses travaux météorologiques, en particulier sur les ondes de relief. »[24].

Notes et références

Note

  1. L'affirmation que Paul Queney développait des modèles « peu réalistes » est contredite par son travail de pionnier en matière d'ondes orographiques qui lui valut une reconnaissance a posteriori de ses travaux comme évoqués dans l'ouvrage universitaire de William Cotton Storm and Cloud Dynamics qui explique clairement que Queney fut à l'origine de cette théorie[15]. Cette théorie fut aussi reprise par Jean-Marie Clément dans son ouvrage destiné aux vélivoles Danse avec le vent[6].

Références

  1. Acte de naissance à Lyon 4e, n° 314, vue 56/95, avec mentions marginales du mariage à Alger en 1934 et du décès à Boulogne-Billancourt en 1978.
  2. Robert Capot-Rey, « Études récentes sur le climat de l'Afrique du nord et du Sahara », Annales de Géographie, Paris, Armand Colin, no 297, , p. 39 (lire en ligne, consulté le )
  3. « Palaiseau. - Laboratoire de physique de la basse atmosphère (LPBA) / Laboratoire de météorologie dynamique (LMD). », sur FranceArchives (consulté le )
  4. « Les Sciences de la Terre à l’ENS (le Laboratoire de Géologie des origines à 2007). Création du Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD) » (version du 2 octobre 2015 sur l'Internet Archive), sur geosciences.ens.fr, (consulté le ).
  5. (en) Robert Whelan, Exploring the Monster Mountain Lee Waves : the Aerial Elevator, Wind Canyon Books, , 170 p. (ISBN 978-1-891118-32-6), p. 64
  6. TopFly, p. 96
  7. (en)Paul Queney, « Rotor Phenomena in the Lee of Mountains », Tellus, vol. VII, no 3, (DOI 10.3402/tellusa.v7i3.8873, lire en ligne)
  8. Paul Queney, « Recherches relatives à l'influence du relief sur les éléments météorologiques (suite) », La météorologie, , p. 458
  9. (en) Corby et al., The airflow over mountains Technical note 34, vol. 98, Organisation météorologique mondiale,
  10. TopFly, p. 97
  11. Éléments
  12. Grand Larousse encyclopédique, Larousse, (lire en ligne), p. 1272
  13. Weather by Numbers, p. 102-113
  14. Weather by Numbers, p. 113
  15. (en) William Cotton, Bryan et van der Heever, Storm and Cloud Dynamics (Second Edition), vol. 99, Academic Press, coll. « International geophysics series », 809 p. (ISBN 978-0-12-088542-8), p. 677-681
  16. Louis Dufour, La IX-ième Assemblée Générale de l'Union Géodésique et Géophysique Internationale, 28 p. (lire en ligne [PDF]), p. 18
  17. Gérard Grau et Jean-Pierre Legrand, « Histoire du CNFGG » (consulté le )
  18. R. Arléry, « Douzième assemblée générale de l'Association Internationale de Météorologie et de Physique de l'Atmosphère. Helsinki 1960 », Annales de géographie, vol. 70, no 377, , p. 99 (lire en ligne)
  19. « Compte-rendu de la cinquième session du comité consultatif de recherche sur la zone aride » [PDF], (consulté le )
  20. « Compte-rendu de la dixième session du comité consultatif de recherche sur la zone aride » [PDF], (consulté le )
  21. collectif, Géophysique. (La planète Terre, le globe solide, le magnétisme terrestre, les enveloppes gazeuses, l'hydrosphère, la géophysique appliquée), Gallimard, , 1305 p., chap. 8
  22. (en) William Cotton et Richard Anthes, Storm and Cloud Dynamics, vol. 44, Academic Press, coll. « International geophysics series », , 880 p. (ISBN 0-12-192530-7), p. 792-795
  23. « Comptes rendus hebdomadaires de l'Académie des sciences »,
  24. « Prix Jaffé » (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Stratified Currents with Applications to Air Flow Over Mountain Barrier, University of Chicago Press, , 81 p.
  • [Élements] Paul Queney, Éléments de météorologie, Masson, , 300 p. (ISBN 2-225-39182-3)
  • [TopFly] Jean-Marie Clément, Danse avec le vent, TopFly, , 304 p. (ISBN 978-88-903432-3-0)
  • [Weather by Numbers] (en) Kriste C. Harper, Weather by numbers, MIT Press, , 308 p. (ISBN 978-0-262-08378-2)

Liens externes

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