Paul Trouillas
Paul Trouillas, né le à Lyon, est un médecin neurologue universitaire, essayiste politique et philosophe français.
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Biographie
Débuts
Sa mère tenait une officine de pharmacie cours Lafayette à Lyon. Il a une sœur cadette Simone, également pharmacien, ancien interne en pharmacie des hôpitaux de Lyon, (1982). Paul Trouillas fait des études classiques au lycée du Parc de Lyon.
Dans le cadre des bourses Zellidja, alors gérées par l'Académie française, il part à seize ans à La Nouvelle-Orléans pour enquêter sur les francophones de Louisiane et obtient un prix pour son rapport « Étrange Louisiane », qu’il reçoit des mains de Jules Romains.
Sa carrière médicale
Interne des Hôpitaux de Lyon à 22 ans, Paul Trouillas obtient le certificat de biologie moléculaire de Jacques Monod et François Jacob, et une licence de sciences l'année suivante. Professeur de neurologie à 35 ans, il oriente d'abord ses activités de recherche vers le domaine des tumeurs cérébrales. Il s'intéresse ensuite aux maladies neurogénétiques, devenant président du conseil scientifique de l'association pour la maladie de Friedreich (1986-1996), et jouant un rôle dans la composition de l'équipe française qui participera à la découverte du gène de cette maladie (1996)[1].
Chargé par la World Federation of Neurology de l'élaboration d'une échelle pour les troubles de l'équilibre, il préside le comité « ad hoc » et propose l'International Ataxia Rating Scale (ICARS) (1997), adoptée ensuite comme échelle mondiale de référence. Frappé par l'importance du fléau que représentent les accidents vasculaires cérébraux (AVC), il fonde en 1990-1991 le Centre d'urgence des attaques cérébrales de Lyon et introduit en France la thrombolyse des artères cérébrales comme méthode thérapeutique de référence[2]. Ce protocole, dont le caractère novateur fait d'abord l'objet de critiques, est devenu par la suite le standard international de prise en charge à la phase aiguë des AVC. Il reçoit le prix de l'Hospitalisation française en 1992. La communauté internationale des experts en AVC lui confie en 2002 l'organisation et la présidence du Congrès mondial sur la thrombolyse et le traitement des AVC. Ses activités dans le domaine des maladies cérébrovasculaires lui valent d'être cité dans le rapport Even de 2008[réf. souhaitée].
Avec ses partenaires africains – dont le ministre de la Santé de Guinée Amara Cissé-, Paul Trouillas fonde en 2004 la Ligue franco-africaine contre les accidents vasculaires cérébraux et suscite des systèmes d’urgence AVC au Togo (Lomé), en Guinée (Conakry), en Côte d'Ivoire (Abidjan), au Cameroun (Douala). Son but est d’organiser en Afrique une prise en charge des patients victimes d'AVC, 2e cause de mortalité sur ce continent.
Essayiste politique et philosophe
Parallèlement à ses activités médicales, Paul Trouillas se consacre aux sciences humaines. Il entreprend à partir de 1977 une recherche de 20 ans sur le sentiment collectif français, politique et social, qui aboutira à la publication de Le complexe de Marianne en 1988 et de De la démocratie sociale en France en 2000.
Sa méthode consiste à rechercher des invariants structuraux (les emblèmes nationaux classiques, les comportements répétitifs de luttes des classes) et à les considérer comme des ensembles symboliques codés, à déchiffrer. Le contexte historique de ces manifestations, les commentaires, les productions littéraires et humoristiques, conduiront à leur signification profonde et permettront de reconstituer les éléments psychologiques enfouis dans l'âme collective, le plus souvent inconscients.
Ainsi seront mis à jour d’une part les ressorts cachés du patriotisme français - le complexe héroïque français dans Le complexe de Marianne -, d’autre part les éléments sacrificiels et mystiques de la lutte des classes française dans De la démocratie sociale en France.
Claude Lévi-Strauss écrira : « Le complexe de Marianne abonde en remarques pénétrantes, en interprétations ingénieuses et subtiles ».
Toutefois, De la démocratie sociale en France montre comment une société peut s’arracher à ses structures traditionnelles en inventant un nouveau système, la démocratie sociale, dans lequel les acteurs sociaux – au lieu de s’affronter férocement - sont contraints de coopérer dans de grandes structures comme l’assurance maladie, l’assurance retraite et l’assurance chômage. Ainsi sont posés, à propos de la France, le problème de la remise en cause des « invariants structuraux » et la question du processus du progrès historique. Paul Trouillas se tourne alors franchement vers la philosophie et entreprend une nouvelle réflexion, précisément pour aborder le problème du progrès historique.
Dans Séparation et civilisation (2010), il montre comment la séparation de domaines d’activité humaines – le spirituel et le temporel, l’Église et l’État, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, la vie personnelle et la vie publique, la vie professionnelle et la vie personnelle, la religion et le droit, etc.- promeut l’humanité de l’homme et provoque la genèse de nouvelles libertés. Il montre comment les Lumières du XVIIIe siècle furent de grandes séparatrices. En démontrant que la séparation de la sphère politique et de la sphère économico-sociale est une condition du progrès, Paul Trouillas s’oppose au marxisme traditionnel, qui prétend confondre les deux domaines.
Il contredit aussi Francis Fukuyama en démontrant qu’il n'y a pas de « fin de l'histoire » et que le processus de séparation ne s’arrête pas à la chute du mur de Berlin en 1989. « Au delà d’une liberté, il est toujours une autre liberté » écrit-il. Ainsi le principe de séparation peut apparaître comme une donnée significative.
Dans l'actualité du début du XXIe siècle, il apporte une contribution personnelle à la réflexion sur la recherche de solutions aux problèmes du Moyen-Orient[réf. nécessaire].
Responsable politique et social
Paul Trouillas est nommé expert au Commissariat général du Plan (1978-1979), et devient membre du cabinet du ministre de la Recherche du président Valéry Giscard d’Estaing (1980-1981).
En 1983, il est élu à Lyon conseiller municipal, conseiller communautaire et maire adjoint du 8e arrondissement de Lyon, chargé des affaires sociales. Président de la commission sociale du Conseil pour l'avenir de la France, il propose en 1986 le vote du budget de la Sécurité sociale par le Parlement, une mesure qui sera adoptée avec les réformes constitutionnelles le . En 2002, il est candidat DVD dans la 2e circonscription du Rhône, obtenant 2,42 % des voix.
Paul Trouillas poursuit une activité d'initiative politique. Dans L'emploi durable en France (2006), il propose un véritable système paritaire de sécurité de l’emploi, comportant un emploi conventionné et un statut du salarié du secteur marchand, en lieu et place des contrats d’emploi à effet d’aubaine proposés à chaque élection présidentielle.
Dans L'auto-interruption consciente et volontaire de la vie (2012), Paul Trouillas applique le principe de séparation au problème de l'euthanasie. Il explique que la confusion de la médecine classique et de l’assistance médicale à la fin de vie constitue la cause principale de « la crise de l'euthanasie » et du blocage des législations sur ce problème.
Il montre qu'une assistance médicalisée au « bien mourir » est possible en France, dans la tradition des droits de l'Homme, si cette assistance se fait de façon séparée vis-à-vis de la médecine classique, et si des critères juridiques stricts sont garantis.
Auditionné par la Commission Sicard en 2012, il s'oppose au système de « suicide assisté » proposé par cette commission et milite pour une véritable assistance d'État à la fin de vie volontaire.
En 2013, il est, avec Jean-Noël Jeanneney candidat malheureux à la succession de Jean Dutourd au fauteuil 31 de l'Académie française, attribué finalement à Michael Edwards au 3e tour de scrutin[3].
Bibliographie
- « Étrange Louisiane : vieille France in USA : terre du jazz », in Rapports de second voyage Zellidja jusqu'en 1974, 1960
- Les révolutions culturelles, Paris, Herytem, 1969
- Immunologie et immunothérapie des tumeurs cérébrales : à propos de 43 observations, Lyon, Association corporative des étudiants en médecine, 1971
- Thèse : Médecine : Lyon 1 : 1971
- La prise du pouvoir mondial (sous le pseudonyme de Jean Carral), Paris, Denoël, 1971
- Le complexe de Marianne, Paris Éditions du Seuil, 1988
- De la démocratie sociale en France : le pain, le sang, le droit, Paris, Éditions L'Harmattan, 2000
- L’emploi durable en France, Paris, Éditions L'Harmattan, 2006
- Séparation et civilisation, Paris, Hermann, 2010
- Marchés financiers et sécurité mondiale, Le Monde, 2011
- L'auto-interruption consciente et volontaire de la vie, Paris, Hermann, 2012
- Du sang sur les idées : Manifeste de la philosophie expérimentale, Paris, Hermann, 2017
Ouvrage scientifique :
- Serotonin, the Cerebellum and Ataxia, New York, Raven Press, 1993
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur, 2009.
- Chevalier de l'ordre national du Mérite, 1996
- Visiting scientist à l'Institut Karolinska, 1992
- Prix Merci de l'Hospitalisation française, 1992
Références
- (en) Campuzano V, Montermini L, Moltò MD, Pianese L, Cossée M, Cavalcanti F, Monros E, Rodius F, Duclos F, Monticelli A, Zara F, Cañizares J, Koutnikova H, Bidichandani SI, Gellera C, Brice A, Trouillas P, De Michele G, Filla A, De Frutos R, Palau F, Patel PI, Di Donato S, Mandel JL, Cocozza S, Koenig M, Pandolfo M, « Friedreich's ataxia: autosomal recessive disease caused by an intronic GAA triplet repeat expansion », Science, vol. 271, no 5254, , p. 1423–7 (PMID 8596916, DOI 10.1126/science.271.5254.1423)
- (en) Trouillas P, Nighoghossian N, Getenet JC, Riche G, Neuschwander P, Froment JC, Turjman F, Jin JX, Malicier D, Fournier G, Gabry AL, Ledoux X, Derex L, Berthezène Y, Adeleine P, Xie J, Ffrench P, Dechavanne M., « Open trial of intravenous tissue plasminogen activator in acute carotid territory stroke. Correlations of outcome with clinical and radiological data », Stroke, vol. 5, , p. 882-90
- « Élection de M. Michael Edwards (F31) », sur Académie française,
Annexes
Liens externes
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