Paul Tschoffen
Paul Marie Joseph Raymond Tschoffen (né à Dinant le - mort à Liège le ) est un homme politique Belge et ministre du Parti catholique.
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Ministre de la mobilité Gouvernement Vande Vyvere | |
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(à 83 ans) Liège |
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Tschoffen était Docteur en droit et avocat et fut député (1919-1922) et sénateur coopté (1924-1936) du Parti catholique. Il fut ministre du travail, de l'industrie et des affaires sociales (1924-1925), de la Justice (1925) et des colonies (1929 et 1932-1934).
En 1945, Paul Tschoffen fut nommé ministre d'État. Il est le frère de Maurice Tschoffen.
Famille
Paul Marie Joseph Raymond Tschoffen est né à Dinant le et décéda à Liège le , à l'âge de 83 ans[1].
Le premier Tschoffen a émigré en Belgique dans la province du Luxembourg en 1733. Sa famille fut au départ originaire d'une région du Tyrol dans la vallée de Montafon dans le Voralberg[2].
Depuis l’arrivée des Tschoffen en Belgique, ces derniers se spécialisèrent dans le droit. En effet, tous les ascendants de Paul Tschoffen devinrent magistrat. Cette lignée de magistrat se poursuivit jusqu’à la naissance de Paul Tschoffen en 1878[2]. Néanmoins, à l’inverse du reste de sa famille, le frère aîné de Paul Tschoffen, Maurice Henri Ferdinand Charles Tschoffen deviendra prêtre et chanoine[2],[3].
Le grand-frère de Paul Tschoffen, plus communément connu sous le nom de Maurice Tschoffen[4] est né en 1868[5]. Ce dernier, à la suite de l’obtention de son doctorat en droit, exerça la fonction de Procureur du roi dans la ville de Dinant. Durant la première guerre mondiale, Maurice Tschoffen fut nommé au poste d’officier de l’Ordre de Léopold et d’officier de l’Ordre royal du Lion, il devint également titulaire de la Croix civique de première classe. Il fut alors décoré de l'Étoile de service à deux raies[5].
Son père, Edmond Jean-François Tschoffen, est né en 1829 et a exercé successivement le rôle de juge au tribunal de Dinant[6] et de conseillé à la Cour d’Appel de Liège.
Il a épousé Charlotte de Vaulx de Champion, ensemble ils eurent trois enfants : Charles en 1868, Paul en 1878 et Marie dont la date de naissance nous est inconnue[2].
Paul Tschoffen fera la rencontre de Louise Dubois, avec qui il décidera de se marier en 1880. Cette union engendra deux enfants : André Tschoffen, né en 1905, et Madelaine Tschoffen, née en 1907[1].
Éducation
Paul Tschoffen effectua son enseignement secondaire au Collège Saint-Servais de Liège. Il décida de rentrer à l’Université de Liège[2] afin d’étudier le droit. Le , à la suite de son parcours universitaire, Paul Tschoffen obtient son diplôme de doctorat en droit auprès du Jury central de Bruxelles[6]. Il prononça alors son serment d’avocat le [2].
Tout en suivant ses études de droit, Paul Tschoffen obtenu une licence en histoire grâce à l’enseignement donné par de son ami et professeur Godefroid Kurth[2].
Le professeur Godefroid Kurth et l'abbé Antoine Pottier vont encourager Paul Tschoffen à se lancer dans la carrière politique, principalement dans le mouvement démocratique chrétien qui débutait alors[2].
Carrière professionnelle
Paul Tschoffen, à la suite de l’obtention de son diplôme de docteur en droit à l’Université de Liège, prononça son serment d’avocat le . Il commencera alors, trois ans après, sa carrière d’avocat au barreau de Liège[6].
En 1919, il fera partie de la Chambre des représentants[6] en étant élu député de Liège pour le Parti Catholique. En 1921, en tant que député, il participera au vote d’une loi sur la « liberté syndicale » qui vient abroger l’article 310 du Code pénal. Ce dernier visait à interdire les grèves et les coalitions[7].
En 1923, il démissionne de son poste de député car ses idées politiques ne conviennent plus à ses électeurs, surtout concernant la question de l’égalité entre Flamands et Wallons[2].
À la suite de sa démission et des élections de 1924, Paul Tschoffen est coopté au Sénat (il y siégera jusqu’en 1936)[2].
Dès 1924, il devient ministre de l’Industrie et du Travail dans le cabinet Theunis (dans le gouvernement de Georges Theunis). Par la suite, il restera ministre dans les cabinets Poullet, Jaspar et dans celui de Broqueville[6].
Paul Tschoffen deviendra, en 1925, ministre de la Justice et ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes. Il devint ensuite ministre des Colonies, une première fois en (pour une durée de deux mois) et une seconde fois de 1932 à 1934. Paul décidera, après avoir effectué un voyage professionnel au Congo en 1934, de quitter son poste de ministre des Colonies[2].
Il quitte Bruxelles peu de temps après pour revenir s’installer à Liège, il décide de quitter son poste de sénateur en 1937 afin de se consacrer à sa carrière d’avocat auprès de la Cour d’Appel de liège, il obtiendra ainsi le titre de « bâtonnier »[8] de Liège de 1938 à 1939[6].
En 1940, commence alors la seconde guerre mondiale. Paul Tschoffen, étant recherché par les allemands, décide de quitter la Belgique afin de rejoindre Monaco. Le gouvernement belge, étant exilé à Londres, décide d’aider Paul Tschoffen. Cela va lui permettre, en 1943 de rejoindre un convoi à destination de Londres. En Angleterre, Paul Tschoffen intègre le Conseil des Ministres et obtient le poste de ministre d’Etat en 1945[2].
Paul Tschoffen, en 1932, devient aussi le cofondateur (avec Pierre Goemaere) de la « Revue belge »[2].
Carrière politique
La gauche chrétienne et la démocratie chrétienne
En 1919, Paul Tschoffen a été élu député de Liège pour le parti catholique, il démissionnera rapidement de ce poste pour faire partie de la Chambre des représentants. Il est considéré comme étant une figure importante de la démocratie chrétienne[9].
Le , l'encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII est publiée. Le pape y condamne "la misère et la pauvreté qui pèse injustement sur la classe ouvrière" et il dénonce "le socialisme athée". Cette encyclique a alors pour conséquence de promouvoir le catholicisme social et le syndicalisme chrétien, ces projets plaisent à Paul Tschoffen. Ce dernier fut l'un des pionniers de la démocratie chrétienne, en devenant avocat dans les affaires il finit néanmoins par s'éloigner de cet idéal de démocratie chrétienne[2].
La gauche chrétienne
Paul Tschoffen est fortement influencé par les idéaux de Godefroid Kurth et de l'abbé Antoine Poittier dont il fut le disciple. En effet, Paul Tschoffen partageaient les idées conservatrices de Godefroid Kurth dont il était admiratif, ils partageaient aussi ensemble les idées politiques populaires de cette époque à la suite de l'industrialisation[10]. Dans certains travaux de Paul Tschoffen, ce dernier mettra en avant les idées de "presses catholiques" propres à Godefroid Kurth[11].
Godefroid Kurth et Antoine Poittier permettront à Paul Tschoffen de participer à la création des premiers syndicats. Ces derniers avaient comme revendications principales l'acquisition des soins de santé et des congés payés aux ouvriers[12].
La démocratie chrétienne
Durant sa carrière politique, celui-ci a énoncé de nombreux propos qui démontraient clairement qu’il était contre le socialisme athée. Effectivement, celui-ci a dit : « Vous auriez tort d’essayer la constitution d’un gouvernement dirigé par un socialiste » car il se définissait comme un démocrate chrétien[9].
La démocratie chrétienne a comme particularité de placer l'humain et la famille au centre de ses préoccupations.
Le gouvernement catholique libéral
À la suite de sa cooptation au Sénat en 1924 où il siègera jusqu’en 1936[2], il a été élu ministre du Travail, de l’Industrie et des Affaires sociales dans le cabinet du gouvernement Theunis.
Le gouvernement Theunis était composé de catholiques conservateurs et de libéraux tous anti-sociaux[13].
À la suite d'un climat d'après-guerre, de nombreux mouvements dont le FNC visent la suppression des profiteurs afin de lutter contre le coût de la vie. Paul Tschoffen sera alors fortement influencé par les projets de ces mouvements[14].
Abrogation de l'article 310 du Code pénal
L'article 310 du Code pénal avait pour vocation d'interdire les grèves et les coalitions, cet article était alors contre les libertés syndicales. En 1921, Paul Tschoffen participera au vote[Comment ?] d'une loi qui abrogera cet article.
Le Congo belge
Lors de son mandat de ministre d'État, Paul Tschoffen participera au débat du relatif à l'indépendance du Congo belge. Il tente de voir si la loi fondamentale congolaise pourrait prévoir des garanties assurant la protection des biens et des personnes belges. Effectivement, à cette époque, les politiques belge avaient peur que le Congo ne ratifie pas cette politique de confiance[15].
La Deuxième Guerre mondiale
Le , Paul Tschoffen est arrêté par la Gestapo. Il finit en prison mais il sera libéré après quelques semaines de détentions sévères. Après sa sortie de prison, il reçut le grade de « lieutenant général »[6].
En effet, durant la Seconde Guerre mondiale, Tschoffen fut emprisonné plusieurs semaines à la suite de la défense d’agriculteurs dans un procès qui s’opposait à une cooptation des nazis. Afin d'éviter une seconde incarcération, avec l'aide du gouvernement belge, il s'exilera à Londres. Paul Tschoffen fera alors une allocution au début d’une émission consacré à l’actualité olympique. Celui-ci exprime son soulagement d’avoir fui la Belgique où il était recherché et où l’oppression allemande s’était installée. Dans son discours, il encourage les Belges à résister face aux Allemands et il demande aux Anglais d’avoir confiance en la résistance belge[16]. À Londres, Paul Tschoffen rejoint le Conseil des ministres où il devient conseiller d’État. Le gouvernement Pierlot lui demande de se rendre en mission à Élisabethville au Congo. Lorsque celui-ci s’y rend il déclare que les Belges se sont adaptés à l’occupation allemande et sous-entend que le Roi s’est habitué à la situation. Ces propos suscitent de nombreuses réactions dont celle de Mgr Jean-Félix de Hemptine, vicaire apostolique du Katanga, qui envoie un mémoire au Premier ministre ainsi qu’au ministre des Colonies le . Celui-ci écrit « Il y a contradiction manifeste entre la position prise par l’envoyé du gouvernement d’une part, d’autre part les discours de M. le Premier ministre, et ceux de M. le ministre des Colonies (…) » . Cet événement fut nommé l’incident Tschoffen[17].
La question royale
Lors de la question royale qui consistait à se demander si le roi Léopold III pouvait récupérer son poste à la suite de la Seconde Guerre mondiale, Paul Tschoffen recommandait l’abdication du roi[2].
Le prince[Lequel ?] qui remplaçait le roi Léopold III durant son absence donna comme mission à Paul Tschoffen de former un gouvernement, il failli réussir lorsqu’une conjuration contre celui-ci fit échouer sa démarche. À partir de ce moment-là, celui-ci se retira totalement du monde politique. Il a même refusé l’invitation qu’il a reçue en tant qu’ancien ministre des Colonies aux manifestations qui s’opposaient à l’indépendance du Congo en 1960[2].
Distinctions
De par sa carrière d’avocat, Paul Tschoffen reçut en 1938 le titre de « bâtonnier » de Liège.
Du côté de sa carrière militaire, bien qu’il n’ait effectué que les gardes civiques en 1904, il obtint le titre de « lieutenant général » à Londres en 1944. De sa carrière politique, Paul Tschoffen devint « ministre d’État » en 1945[2].
Liens externes
Notes et références
- (en) « Family tree of Paul TSCHOFFEN », sur Geneanet (consulté le )
- Robert-Jones P. et alii, Nouvelle Bibliographie nationale, volume 12, Bruxelles, , p. 295-297
- L'information que Maurice Tschoffen est devenu prêtre et chanoine est controversée par deux sources qui indiquent qu'il a exercé la fonction de Procureur du Roi. Ces deux sources sont néanmoins plus anciennes, ce qui explique que nous préférons garder l'information la plus récente pour un souci de méthodologie.
- Institut royal colonial belge, Biographie coloniale belge, t. IV, (lire en ligne), p. 887
- R. Bonnaerens, Bibliographie Coloniale Belge, T.IV, Bruxelles, Éditions J. Duculots S. A., , p. 887.
- Salmon P et alii, Bibliographie belge d'Outre-mer, T. VII, Bruxelles, , p. 424-425.
- P. Delfosse, Enjeux, clivages et autonomie du Parlement en Belgique. Alliances et oppositions dans le premier Parlement belge issu du suffrage universel, p. 732-733.
- Bâtonnier est "un titre donné au président de conseil de l'ordre des avocats inscrits à un même barreau. (Le bâtonnier est élu pour deux ans, au scrutin secret, par ses pairs, les avocats.)" (Définition du dictionnaire Larousse).
- J. Vanwelken, Léopold III, Degrelle, Van Zeland et les autres..., Éditions Racine, , p. 139-140.
- P. Nefors, La collaboration industrielle en Belgique 1940-1945, Bruxelles, Éditions Racine, , p. 29-30
- A. Gauchie, Un grand historien belge Godefroid Kurth son action et ses meilleurs pages, Paris, Éditions Giraudon-Peigues, , p. 1930.
- R. Dresse du Carhop et alii., 125 ans en image, Éditions spéciale syndicaliste, , p. 2
- Emmanuel Gerard, Nouvelle histoire de Belgique (1918-1939) : La Démocratie rêvée, bridée et bafouée, Le Cri édition, .
- M. Schoups et A. Vrints, « Quand les anciens combattants belges s'érigent en justiciers », Guerre mondiales et conflits contemporains, , p.121-134
- J. Brassine de la Bruissière et G-H. Dumont, « Les autorités belges et la décolonisation du Congo », CRISP, , p. 9-117.
- « Les Actualités Olympiques : l'arrivée de Monsieur (...) », sur numeriques.be (consulté le )
- R. Meire, Le léopoldisme, Paul Legrain, , p. 36.
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