Pendus de Minsk

Les pendus de Minsk sont des partisans soviétiques de la Seconde Guerre mondiale exécutés par les soldats de la 707e division d'infanterie de la Wehrmacht le à Minsk en Biélorussie occupée.

Exécutions

Le , dix partisans sont pendus au centre de Minsk, par les soldats de la 707e division d’infanterie. Il s'agissait du début d'une série d'exécutions destinée à servir d'exemple. Les nazis interdirent de dépendre les corps des victimes pendant 10 jours, jusqu'à ce qu'ils soient en décomposition avancée.

Les photos prises par les bourreaux et leurs sbires sont restées célèbres.

Responsabilité des exécutions

L'Einsatzgruppe B, plus particulièrement le Sonderkommando 7B, arriva à Minsk le et y séjourna cinq semaines[1]. La responsabilité de la Wehrmacht et plus particulièrement de celle de la 6e armée allemande est clairement mise en cause :

« L'ordre du jour adressé le 10 octobre 1941 par Reichenau à la Sixième armée et approuvé par Rundstedt fait clairement partager au commandement de la Wehrmacht la responsabilité des atrocités commises contre les juifs et les civils... »

 Antony Beevor, voir Bibliographie [2].

Les pendus

Masha Brouskina

Masha Brouskina avec ses camarades Kyril Trus à sa gauche et Volodia Chtcherbatsevitch, à sa droite, avant sa pendaison à Minsk, 26 octobre 1941.

Maria Brouskina (diminutif hypocoristique : Masha), née en 1924 et âgée de 17 ans, était une infirmière volontaire devenue partisane. Elle rejoint le mouvement de résistance de Minsk. Elle se porte volontaire comme infirmière à l'hôpital de l'Institut polytechnique, qui a été mis en place pour soigner les blessés de l'Armée rouge capturés par la Wehrmacht. Là, elle intègre une des premières cellules de résistance. Son rôle au sein du groupe était de fournir des médicaments, des vêtements et de fausses identités aux prisonniers soviétiques afin de favoriser leur évasion vers les forêts avoisinantes. Le , elle et son groupe sont dénoncés par un officier de l'Armée rouge prisonnier : Boris Roudenko (qui sera jugé et condamné à mort pour trahison le ). Elle et ses onze camarades[3] d'infortune ne tardent pas à être arrêtés le . Masha est incarcérée à la prison de Minsk où elle est sévèrement torturée.

Volodia Chtcherbatsevitch

Âgé de 16 ans, Volodia Chtcherbatsevitch (en russe : Володя Щербацевич), né en 1925, a été pendu comme partisan au motif d'avoir tiré sur des soldats allemands. Il est âgé de 16 ans quand il est promené dans les rues de Minsk avec ses deux compagnons d'infortune, Masha Brouskina et le vétéran de la Première Guerre mondiale Kyril Trus, avant d'être pendu.

L'exécution eut lieu devant le « Minsk Kristall », une brasserie et distillerie sur la rue Nijne-Liahovskaïa (aujourd'hui 15, rue Oktiabrskaïa)[4].

Avant d'être pendu, Volodia Shcherbatsevich nargua ses bourreaux en leur déclarant que d'autres le suivraient qui le vengeraient.

Olga Chtcherbatsevitch

Olga Chtcherbatsevitch (en russe : Ольга Щербацевич), mère de Volodia Chtcherbatsevitch, fut pendue à la traverse des anciennes balançoires du jardin public en face du bâtiment de l'Académie des Sciences en compagnie de deux hommes dont l'un n'a pas été identifié, l'autre étant Nikolai Kouznetsov (en russe : Николай Кузнецов).

Elena Ostrovskaïa

Elena Ostrovskaïa (en russe : Елена Островская) fut pendue dans le square de Komarovskaïa, à Minsk, en compagnie de deux hommes (l'un était juif) non identifiés à ce jour.

Elena Ostrovskaïa était couturière et vivait à Minsk. Il semble qu'elle ait tenté de cacher un des hommes exécutés avec elle et qu'elle fut arrêtée pour cet acte.

Nadejda Ianouchkevitch

Nadejda Ianouchkevitch (en russe : Надежда Янушкевич) fut pendue à un arbre, rue Karl Marx, en compagnie de son mari Petr Ianouchkevitch (en russe : Перт Янушкевич) et d'un homme du NKVD, le commissaire politique Zorine (Зорин).

Kyril Trus

Tout ce que l'on sait de lui, est que c'était un vétéran de la première Guerre mondiale.

Occultations et revendications posthumes

Mémorial devant l'usine de bière.

Dès que la jeune suppliciée Masha Brouskina fut identifiée, elle devint un enjeu mémoriel entre les mémorialistes de la Shoah qui la revendiquèrent comme juive (son père étant un juif soviétique) et la relièrent aux Partisans juifs, et les mémorialistes soviétiques et communistes qui, eux, se référaient au modèle d'« héroïne de la Grande Guerre patriotique » Zoïa Kosmodemianskaïa, modèle où l'ethnie et la religion n'avaient pas à apparaître, seul comptant le fait d'être « une ardente militante du Parti communiste de l'Union soviétique ». Du fait de cette controverse, son identité ne fut pas révélée au grand public par les autorités soviétiques, qui refusèrent de modifier la liste des noms sur la stèle commémorative des pendus de Minsk, et c'est seulement en 2008 que le nom de Masha Brouskina fut officiellement inclus dans la liste[5].

Selon Anita Walke (2015) les réticences soviétiques proviendraient de l'intention soviétique (réelle) d'inclure les « partisans juifs » dans les « partisans soviétiques », en popularisant l'image des Juifs se laissant conduire à l'abattoir (véhiculée en URSS à partir de 1948, selon l'historiographie nationaliste). Les historiens David Marples, Nechama Tec et Daniel Weiss allèrent bien plus loin en accusant les autorités soviétiques d'antisémitisme[6] : elles auraient caché le nom de la jeune fille en raison de sa judéité[7] (bien que Brouskin ne soit pas spécifiquement juif). Après la dislocation de l'URSS et la disparition du pouvoir absolu du Parti communiste de l'Union soviétique les recherches historiques et les initiatives personnelles aboutirent en 2008 à l'apposition d'une plaque commémorative à Minsk sur les lieux de son exécution, à la suite des multiples insistances de ses proches, dont son amie Elena Drapkina, et d'érudits locaux. De ce fait, à Minsk, il y a désormais deux plaques commémoratives séparées : l'une pour les pendus de Minsk sans Masha, et l'autre pour Mascha Brouskina encadrée par Volodia Chtcherbatsevitch et Kyril Trus.

Annexes

Notes

  1. Voir le parcours du SK 7B.
  2. Antony Beevor, Stalingrad, 1999, p. 88.
  3. (en) Anika Walke, Pioneers and Partisans : An Oral History of Nazi Genocide in Belorussia : An Oral History of Nazi Genocide in Belorussia, Oxford University Press, , 344 p. (ISBN 978-0-19-933554-1, lire en ligne)
  4. Exécution publique à Minsk, 26 octobre 1941
  5. (en) Irina Mukhina, Bernard A. Cook (dir.), Women and War : A Historical Encyclopedia from Antiquity to the Present, ABC-CLIO, , 741 p. (ISBN 978-1-85109-770-8, lire en ligne), p. 88-89
  6. « A Historical Injustice: The Case of Masha Bruskina », (Holocaust and Genocide Studies 1997, 11:3)

Articles connexes

Bibliographie

Sources

Liens externes

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