Permesta
La Permesta (Piagam Perjuangan Semesta, en français : Charte pour une lutte universelle) désigne un mouvement rebelle et séparatiste d'Indonésie[1] lancé par des dirigeants civils et militaires d'Indonésie orientale le .
Date | 1957-1961 |
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Lieu | Est de l'Indonésie |
Issue | Victoire du gouvernement central. |
Indonésie | Permesta, soutenu par les États-Unis |
Soekarno Abdul Haris Nasution | Alex Kawilarang Ventje Sumual |
Le quartier général du mouvement est basé à Manado, la capitale de la province de Sulawesi du Nord. Son dirigeant est le colonel Ventje Sumual. Un autre officier originaire de la province, Alexander Evert Kawilarang, est général dans l'armée de la Permesta après avoir démissionné de son poste d'attaché militaire à l'ambassade d'Indonésie à Washington.
Dès le début de l'année 1958, la Permesta s'allie aux rebelles du gouvernement révolutionnaire de la République d'Indonésie (Pemerintah Revolusioner Republik Indonesia, PRRI) basés à Sumatra. Après les victoires du gouvernement central sur le PRRI, le conflit bascule à l'est, là où les rebelles Permesta sont actifs.
Les forces du gouvernement central réussissent à capturer la capitale des Permesta, Manado, à la fin du mois de juin 1958. Les rebelles de la Permesta continuent alors de combattre les troupes gouvernementales jusqu'à la reddition des derniers éléments. Une amnistie leur est accordée en 1961.
Origines
Les causes des rébellions dans l'est (de la Permesta) et dans l'ouest (du PRRI) de l'Indonésie sont multiples.
Tout d'abord, au cours des années 1950, certains groupes ethniques à Sulawesi et au centre de Sumatra estiment que les politiques gouvernementales de Jakarta stagnent l'économie locale, ce qui a pour conséquence de limiter les possibilités de développement régional[2]. Il y a aussi une certaine animosité envers le groupe ethnique javanais qui est le plus nombreux et influent dans l'État unitaire nouvellement créé en Indonésie[3]. Ainsi, ce conflit ne semble pas lié à des idées de sécession de l'État indonésien mais plutôt à une volonté d'avoir une répartition plus équitable du pouvoir économique et politique en Indonésie[4].
Participations étrangères
En 1957, les États-Unis deviennent de plus en plus préoccupés par le fait que l'Indonésie soit vulnérable au communisme en raison de l'influence croissante du Parti communiste indonésien. En , la CIA commence à développer des réseaux de soutien clandestins aux rebelles du PRRI et de la Permesta. Le soutien de la CIA aux rebelles de Permesta vient sous la forme d'un don de quinze bombardiers Douglas A-26 Invader et de chasseurs North American P-51 Mustang pour constituer une force aérienne, l'AUREV (Angkatan Udara Revolusioner, en français ; Armée de l'air révolutionnaire) basée sur l'aérodrome de Manado. Les rebelles reçoivent également des armes, de l'équipement militaire, des fonds et le soutien de mercenaires originaires de Taiwan, de Pologne, des Philippines et des États-Unis[5].
Grâce à ce soutien de la CIA, les rebelles bombardent des villes de Sulawesi et celles sur les îles Moluques tenues par le gouvernement central. Le , des avions insurgés bombardent le marché d'Ambon, tuant un grand nombre de civils célébrant le dimanche de l'Ascension.
Pour répondre aux attaques des insurgés, le président de la République Soekarno demande à l'armée indonésienne d'écraser les rebellions Permesta et PRRI. Une série de raids aériens de l'armée de l'air indonésienne (AURI) à Manado détruit la plupart des avions B-26 rebelles. Au cours de cette période, un bombardier rebelle B-26 est abattu le par le pilote indonésien Ignatius Dewanto au-dessus d'Ambon. Le pilote de cet avion, l'agent américain de la CIA Allen Pope, est capturé vivant, exposant l'implication profonde de la CIA dans la rébellion. En conséquence, la CIA commence à retirer son soutien à la rébellion. Pope est finalement jugé, condamné à mort à Jakarta, avant d'être libéré à la demande de l'administration John F. Kennedy le .
Après l'anéantissement de l'armée de l'air rebelle AUREV, les troupes du gouvernement central lance un assaut contre la capitale rebelle Manado. Les troupes indonésiennes expulse rapidement les rebelles. Ceux-ci continuent néanmoins le conflit sous la forme de guérilla dans la région du lac Tondano. Le gouvernement central finit par désamorcer le conflit en offrant une amnistie aux rebelles pour les inciter à la capitulation. Les derniers rebelles de Permesta se rendent et jurent fidélité au gouvernement central en 1961.
Notes et références
- Ricklefs 2008, p. 243.
- (en) W Lundstrom-Burghoorn, Minahasa Civilization : A Tradition of Change, Göteborg, ACTA Universitatis Gothoburgensis, , p. 43
- (en) M.J.C. Schouten, Leadership and Social Mobility in a Southeast Asian society : Minahasa 1677–1983, Leiden, KITLV Press, , p. 215
- (en) M Jacobson, Cross border triangles and deterritorialising identities. Assessing the diaspora triangle : Migrant-Host-Home, vol. 19, Hong Kong, South East Asia Research Series Publications, coll. « SEARC Working Papers Series », , 2–3 p.
- Leif Hellstrom, « Air War in Paradise: the CIA and Indonesia 1958 », Air Enthusiast, no 82, , p. 24–38
Bibliographie
- (en) Kenneth Conboy et James Morrison, Feet to the Fire CIA Covert Operations in Indonesia, 1957–1958, Annapolis, Naval Institute Press, , 218 p. (ISBN 1-55750-193-9)
- (en) Audrey R Kahin et George McT Kahin, Subversion as Foreign Policy The Secret Eisenhower and Dulles Debacle in Indonesia, Seattle and London, University of Washington Press, (1re éd. 1995) (ISBN 0-295-97618-7)
- (en) M.C. Ricklefs, A History of Modern Indonesia Since C.1200, Palo Alto/Basingstoke, Stanford University Press/Palgrave Macmillan, (ISBN 978-0-8047-6130-7 et 0-8047-6130-2)
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