Philip Collier

Philip Collier est un illustrateur français, né en 1950 à Saint-Quentin dans l’Aisne. Un des maîtres de l’hyperréalisme à la française, designer pour enfants, il est aujourd’hui le concepteur des panneaux de signalisation d’animation touristique de 2e génération, en camaïeux de marron dont il fut le créateur en 1984.

Philip Collier
Philip Collier
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Biographie

Des Beaux-Arts à l’aérographe

Passionné par le dessin depuis l’âge de 10 ans, Philip Collier passe brillamment le concours des Beaux-Arts de Reims à 17 ans. Arrivé premier, il peaufine un style à contre-courant et provocateur. En 1971, départ pour les Beaux-Arts de Lille où il s’initie à l’architecture d’intérieur, sa nouvelle passion. Il travaille alors en parallèle comme dessinateur dans un bureau d’études d’architecte d’intérieur et enseigne le dessin. Diplômé des Beaux-Arts en architecture d’intérieur et design, il commence sa carrière en concevant, avec sa femme Véronique (qu’il épouse en 1970), des prototypes de mobilier pour enfants. En 1976, il participe au concours « Vivre en bois blanc » lancé par la société Sicre Pont Neuf à Toulouse, pour lequel il conçoit un cercueil en kit ! Une provocation très appréciée par l’équipe déjantée du « Petit rapporteur », qui lui vaut son premier passage télé !

Malgré ce succès d’estime, il choisit de se consacrer à l’illustration plutôt qu’à la conception, à la demande d’Alain Mahieu, le patron de la plus grande agence de publicité lilloise des années 80, « MSDL », pour qui il réalise des campagnes de publicités dès 1976, au crayon et à l’aquarelle. L’été 1976, il signe ses 11 premières affiches en 4 × 3 pour le compte de l’Agence de l’eau Nord Artois Picardie, une première consécration. Devenu illustrateur indépendant en 1977, installé à Lille, l’agence lilloise DPS lui demande de se former à l’aérographe pour les besoins d’une campagne. Philip Collier se perfectionne en 6 mois et devient le seul illustrateur lillois à l’époque à maîtriser ce nouvel outil. Son style s’affine et se rapproche des peintres hyperréalistes américains tels que Norman Rockwell ou Edward Hopper.

Hyperréalisme et publicité

Pionnier de la nouvelle génération des dessinateurs à l’aérographe, il fait partie en 1980 des meilleurs en Europe et enchaîne les commandes publicitaires, qui vont lui valoir sa réputation de spécialiste des monuments et édifices français. Entre hyperréalisme et surréalisme à la Magritte, recherchant autant la précision que la provocation, il réalise notamment une campagne marquante en 1982 (pour la GB, annonceur la société Chaland), montrant l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel tronçonnés par une scie circulaire, le tout à l’aérographe et l’acrylique, sa marque de fabrique. Il vend alors ses droits à l’étranger, au Japon, aux États-Unis, en Suisse, en Allemagne dans les années 80 et se voit cité parmi les 5 meilleurs illustrateurs à l’aérographe mondiaux.

Sa spécialité : la réalisation et le détournement de monuments et édifices. Ses œuvres sont réalisées à partir d’une technique mixte (80 % en aérographe, 20 % pinceau et acrylique). En parallèle de la publicité, Philip Collier travaille les couvertures de livres de poche (pour des romans de Philippe Djian, Dalene Matthee…). Une trentaine au total pour les maisons d’édition J’ai Lu, Folio et Gallimard.

En 1984, son travail est repéré par Robert Carron, le directeur commercial de Cofiroute - l’un des principaux concessionnaires des autoroutes françaises - qui lui propose de repenser tous ses panneaux de signalisation. Son travail au crayon et acrylique, en aplat, sur le Château de Chenonceau est retenu. C’est le début d’une reconversion réussie, au moment même où l’informatique s’installe peu à peu dans la création graphique, signant l’arrêt de mort de l’aérographe. En 1987, son dernier travail à l’aérographe lui est commandé par la marque Louis Vuitton : une statue de la liberté habillée d’un drapeau franco-américain revisité qui symbolisera le Centenaire de la Statue de la liberté, parrainé par le célèbre maroquinier français, à la New York Public Library et au Musée des Arts décoratifs de Paris.

Campagne pour le Centenaire de la révolution française, peinture acrylique et aérographe

Signalisation touristique : une galerie à ciel ouvert !

L’aventure Cofiroute peut alors commencer. En 1985, le château de Chenonceau est décliné dans un registre de 5 couleurs imaginé par Philip Collier. Ce registre inédit, intitulé « camaïeux », est validé par la CNSA (Commission nationale de Signalisation et d’Animation), sous la tutelle du ministère des Transports et de la DSCR (Direction de la Sécurité et de la Circulation routière). C’est donc sous la palette graphique de Philip Collier que sont nés les panneaux d’animation touristique 2e génération. Pour rappel, la 1re génération, datant de 1972, représentait des pictogrammes, créés par le graphiste designer Jean Widmer pour les Autoroutes du Sud.

D’année en année, Philip Collier équipe tout le réseau Cofiroute du Grand Ouest (A10 Aquitaine, A 71 vers Bourges, A 11, A 28, A 81, A 85). D’après les statistiques du ministère des Transports, l’arrivée des panneaux de 2e génération aurait généré 20 à 30 % de fréquentation supplémentaires sur le réseau Cofiroute. « Ces panneaux ont été pensés pour inciter les gens à s’arrêter, à vanter un produit », explique l’artiste. Celui que la presse surnomme l’ “illustre inconnu” a réussi son nouveau pari ou comment convaincre un public en 4 secondes avec une œuvre d’art.

Depuis 1995, Philip Collier réalise l’intégralité de ces panneaux sur ordinateur. Maître de l’aérographe devenu illustrateur de signalisation touristique, il participe aujourd’hui activement à la mise en valeur du patrimoine. Il travaille désormais pour Vinci Autoroute, qui a racheté Cofiroute en 2000. La société vient de confier à Philip Collier l’identité visuelle de ses nouveaux panneaux en version totem de 6 mètres de haut sur 3 mètres de large (au lieu de 5 m × 4m actuellement). Ces panneaux - dits de 4e génération - comporteront une zone consacrée au développement durable et à l’écologie. Une galerie à ciel ouvert de 6000 kilomètres, peut-être la plus grande du monde !

Bibliographie

  • Carole Court. Panneaux du monde expliqués aux enfants. Paris : De La Martinière Jeunesse, 2011, p. 64. (ISBN 978-2-7324-4332-4)
  • Nicolas Couégnas. Affiches et paysages sur autoroutes : une sémiotique des non-lieux. Nouveaux Actes Sémiotiques en ligne à cette adresse. Actes de colloques, 2004, Affiches et affichage.

Liens externes

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