Philipp Schwartz

Philipp Schwartz, né le à Versec (Hongrie) et décédé le 1er décembre 1977 à Fort Lauderdale (États-Unis) est un neuropathologiste. Durant l'entre-deux guerres, il était professeur à l'université de Francfort, en Allemagne.

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Philipp Schwartz
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Notgemeinschaft deutscher Wissenschaftler im Ausland (d)
Maître
Bernhard Fischer-Wasels (en)

De religion juive, il fut parmi les premiers professeurs à avoir été démis de sa chaire universitaire après la prise du pouvoir par les nazis en Allemagne en 1933. Il s'exile en Suisse, puis en Turquie et termine sa vie aux Etats-Unis.

Il fut une figure majeure de la communauté des scientifiques allemands émigrés.

Début de carrière

Il a étudié la médecine à Budapest et y a obtenu son doctorat en 1919. La même année, il devient assistant du professeur Bernhard Fischer à l'Institut de pathologie de l'université de Francfort, où il travaille pendant les 14 années suivantes. Il obtient son habilitation en 1923, devient professeur agrégé en 1926 et professeur titulaire en 1927.

Exil sous le régime nazi

En mars 1933 il est averti par des collègues de son arrestation imminente et décide d'émigrer à Zurich (Suisse) avec sa famille chez son beau-père Sinai Tschulok, professeur de biologie lui-même exilé de la révolution russe de 1905.

En avril 1933, constatant le grand nombre de scientifiques réfugiés condamnés à l'inactivité, il décide d'agir en fondant la Notgemeinschaft Deutscher Wissenschaftler im Ausland, organisation d'aide d'urgence destinée aux scientifiques allemands juifs persécutés afin de les aider à trouver un emploi dans des pays prêts à les accueillir[1].

Il fait connaitre l'organisation via le journal quotidien Neue Zürcher Zeitung. Peu de temps après la parution de l'article une personne contacte la rédaction et recommande de prendre contact avec le professeur d'éducation genevois Albert Malche, missionné par le gouvernement turc pour présenter une réforme universitaire ; des capacités seraient certainement nécessaires là-bas[2].

Université d'Istanbul

Prédisposée à la science et à la culture allemandes en raison des liens de longue date entre les deux pays et reconnaissant l'opportunité qui se présentait, la Turquie a invité Philipp Schwartz à Ankara pour des réunions avec des représentants du gouvernement. Schwarz a apporté avec lui une liste de noms de la Notgemeinschaft.

Parallèlement Albert Einstein, alors président de l'Union des sociétés pour la protection de la santé des populations juives (OSE), écrivait le 17 septembre 1933 une lettre au Président du Cabinet des Affaires Etrangères de la République Turque lui demandant d'accueillir les professeurs et docteurs allemands ne pouvant plus exercer en Allemagne.

Lettre d'Albert Einstein au président du Cabinet des Affaires étrangères de la République turque (1933).

En septembre 1933, 42 universitaires allemands ont commencé à travailler à l'Université d'Istanbul, avec des contrats de cinq ans et des salaires comparables à ceux qu'ils avaient laissés derrière eux. Au fil du temps, environ 150 universitaires ont immigré ainsi en Turquie. La plupart d'entre eux étaient issus des domaines économique, juridique ou médical[3].

En octobre 1933 Philipp Schwartz devint titulaire de la Chaire de pathologie de l'université d'Istanbul, poste qu'il a occupé pendant près de deux décennies[4].

Émigration aux États-Unis

N'ayant pas été autorisé à retourner à sa chaire de Francfort après la guerre, il a émigré aux États-Unis en 1952 et a travaillé comme pathologiste au Warren State Hospital en Pennsylvanie, où il y a présidé un département de recherche. Il a poursuivi ses recherches dans les domaines des traumatismes à la naissance, des accidents vasculaires cérébraux, de la pathologie tumorale, de la tuberculose, de la gériatrie et de la maladie d'Alzheimer[2].

En 1957, il a été officiellement réintégré en tant que professeur émérite de pathologie générale et d'anatomie pathologique à l'université de Francfort, mais l'université a cependant décliné son souhait de reprendre l'enseignement en évoquant son âge avancé. Philipp Schwartz soupçonnait que son travail pour les émigrés en Allemagne ne lui ferait pas honneur. Il s'exprimait ainsi dans un discours en 1972 : « Je ne veux pas manquer de souligner que mon travail en tant que fondateur et développeur d'une organisation d'émigrés en Allemagne a été considéré comme anti-allemand non seulement pendant le règne hitlérien, mais aussi après son effondrement[2].

En 1961 il signe l'ouvrage Birth injuries of the newborn, important recueil de données scientifiques mondiales sur les traumatismes cranio-encéphaliques par compression et par asphyxie du fœtus durant l'accouchement et leurs lésions associées.

Héritage

En Allemagne, la fondation Alexander-von-Humboldt a créé en juin 2016 la Philipp Schwartz Initiative. Ce programme a pour objectif de favoriser l’intégration des scientifiques étrangers réfugiés en Allemagne afin qu’ils puissent poursuivre leurs travaux de recherche. L'initiative accorde des financements incitatifs aux établissements d’enseignement supérieur et aux organismes de recherche publics qui proposent d’accueillir des scientifiques en situation d’urgence et de les accompagner dans leurs démarches administratives. En avril 2018 soit près de deux ans après le lancement du programme 124 scientifiques ont pu bénéficier d’un accueil et d’un financement dans 95 établissements[5].

Famille

Philipp Schwartz a perdu sa sœur et sa famille dans les chambres à gaz allemandes.

Sa fille est la psychiatre zurichoise Susan Ferenz-Schwartz. En 2016, elle a apporté son témoignage sur l'exil de son père dans le documentaire Haymatloz, réalisé par la journaliste Eren Önsöz[6],[7].

Œuvre scientifique

  • 1930 : (de) Philipp Schwartz, Die Arten der Schlaganfälle des Gehirns und ihre Entstehung., J. Springer, (ISBN 978-3-642-88953-0, OCLC 29154396, lire en ligne)
  • 1931 : (de) H. J Arndt, C Benda, J Berberich et Josef Fiebiger, Anatomie und Pathologie der Spontanerkrankungen: Der Kleinen Laboratoriumstiere Kaninchen · Meerschweinchen · Ratte · Maus, (ISBN 978-3-642-91754-7 et 978-3-642-89897-6, OCLC 913801808, lire en ligne)
  • 1935 : (de) Philipp Schwartz, Empfindlichkeit und Schwindsucht, (OCLC 252960591, lire en ligne)
  • 1944 : (tr) Philipp Schwartz, Autopsia tekniği, (OCLC 1185323904, lire en ligne)
  • 1948 : (de) Philipp Schwartz, Die automatische, endogene, lymphadeno-bronchogene Reinfektion in der Initialperiode der Tuberkulose, (OCLC 73664859, lire en ligne)
  • 1949 : (tr) Philipp Schwartz, Tüberkülozun başlangiç devrinde otomatik, andojen, lenfadeno-bronkojen reenfeksiyon;, Kenan, (OCLC 14646210, lire en ligne)
  • 1950 : (tr) Philipp Schwartz, Tümörlerin muhtelif nevileri, (OCLC 1185611199, lire en ligne)
  • 1952 : (de) Philipp Schwartz, Neue Beitraege zur Morphologie und Pathogenese der Lungenschwindsucht., Fakülteler Matbaasi, (OCLC 14648870, lire en ligne)
  • 1953 : (de) Philipp Schwartz, Entzündung, Entzündungsbereitschaft und Immunität; eine morphologisch-pathogenetische Studie., Springer, (OCLC 11058364, lire en ligne)
  • 1956 : Birth injuries of the newborn. Morphology, pathogenesis, clinical pathology and prevention of birth injuries of the newborn. Arch. Pediat. 73: 429-150.
  • 1959 : Philipp Schwartz, Tuberculose pulmonaire, role des ganglions lymphatiques., Masson, (OCLC 14622265, lire en ligne)
  • 1960 : Cerebrospinal birth injury: Types, causes, pathogenesis, consequences, and prevention. Proc. 1st lntern. Med. Conf. on Mental Retardation. Grune and Stratton, New York. pp. 132-166.
  • 1961 : (en) Philipp Schwartz, Cerebral apoplexy; types, causes and pathogenesis., Thomas, (OCLC 4388673, lire en ligne)
  • 1961 : (en) Pr P.Schwartz, Birth injuries of the newborn., S.Karger, (lire en ligne)
  • 1964 : (de) Philip Schwartz, Geburtsschäden bei Neugeborenen: Bericht über morphologische, pathogenetische und klinische Untersuchungen bei Geburtsschäden mit Vorschlägen zu ihrer Verhütung, Gustav Fischer, (OCLC 63878541, lire en ligne)
  • 1970 : (en) Philip Schwartz, Amyloidosis; cause and manifestation of senile deterioration., Thomas, (OCLC 63366, lire en ligne)
  • 1972 : (de) Ph Schwartz, Über die Notgemeinschaft deutscher Wissenschaftler im Ausland: vorgetragen am 2. internationalen Symposium zur Erforschung des deutschsprachigen Exils nach 1933, Kopenhagen, 17. August 1972, (OCLC 835826839, lire en ligne)
  • 1995 : Philipp Schwartz et Helge Peukert, Notgemeinschaft: zur Emigration deutscher Wissenschaftler nach 1933 in die Türkei, Metropolis, (ISBN 978-3-89518-038-5, OCLC 34872573, lire en ligne)

Références

  1. (en) Arnold Reisman, « Albert Einstein in Turkey », sur www.jewishmag.com,
  2. (de) Brigitte Hürlimann, « Das Vermächtnis des Philipp Schwartz | NZZ », sur Neue Zürcher Zeitung (consulté le )
  3. Serap Gungor, « From Nazi Germany to Istanbul University », We Love Istanbul, We Love Istanbul
  4. (en) Grant Andrew Aut, « The unlikely haven for 1930s German scientists », Physics today, (DOI 10.1063/PT.6.4.20180927a, lire en ligne)
  5. Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « La Philipp Schwartz Initiative », sur France Diplomatie - Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le )
  6. (en) « ″Haymatloz″ – a film documentary: How Ataturk rescued the Jews - Qantara.de », sur Qantara.de - Dialogue with the Islamic World
  7. (de) « HAYMATLOZ der Film »

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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